Le Retour du Roi - Chap 3

Par NaL

L’agence

Le Roi Arthur

Chapitre 3


 

Nevada. Zone 51.

Arthur flottait, inerte, au milieu d'une cuve remplie de liquide bleuâtre. Des tuyaux alimentaient la machine de toute part, lui fournissant l'énergie nécessaire à son ouvrage. Un impressionnant tableau de bord gouvernait la machine. Pianotant sur les nombreuses touches colorées, un scientifique soupirait, l'air las.

- Sans déconner Arthur, tu vas rester comme ça combien de temps ?

Il se stoppa, enfouissant ses mains dans les grandes poches de sa blouse. L'homme, à la peau mâte et au regard vif, devait avoir une trentaine d'années. Ses cheveux bruns étaient tirés sur le côté avec minutie.

- Ça doit bien faire une semaine que j'ai pas dormi à cause de toi, fais un effort...

Évidemment, aucune réponse. Le colosse avait été tranché hors de la réalité par la cimeterre de Nergal. Cela signifiait qu'il était en stase hors de l'espace-temps : il n'existait à présent ni dans notre dimension, ni dans une autre. Et la machine n'allait plus pouvoir le maintenir « en vie » bien longtemps…

- Et le pire dans tout ça, c'est que vous avez baisé mon putain d'auto-cuiseur avec vos conneries ! L'ASR 7119 était une relique de scellement de niveau SS, bordel de merde !

Les reliques se voyaient attribuer une note en fonction de leur potentiel destructeur. Le système de notation était distinct des armes légendaires, terme désignant uniquement les entités pouvant s'utiliser directement en combat. Les reliques SS constituaient le fleuron de leur catégorie : seul un objet pouvant sévèrement altérer le continuum spatio-temporel recevaient une telle note.

- Bon, j'ai gagné le droit de m'en griller une.

Le scientifique sortit un paquet de Lucky Strike de sa poche intérieure. Il n'avait théoriquement pas le droit de fumer dans le laboratoire, mais il y était seul, et personne n'allait venir contester. S'asseyant en tailleur, il s'apprêta à allumer la clope lorsque les portes métalliques s'ouvrirent avec fracas.

- Qu'est ce que ?

Un robot s'autorisa à entrer. Il n'avait rien de transcendant. Sommairement, on aurait pu le décrire comme un cube en acier posé sur une roue unique. Ses deux yeux vitreux à la lueur jaunâtre clignotèrent distinctement. Il émis un bruissement désapprobateur à l'égard de son Maître.

- Ah, c'est toi TT12 ? Tu m'as fait peur.

- Maître Samir, vous n'êtes pas autorisé à fumer dans le laboratoire, asséna-t-il d'une voix saccadée.

- Certes, mais j'ai bien travaillé, c'est ma récompense.

Soudain, le robot ouvrit une des nombreuses trappes de son corps, dégainant une lance d'incendie. Un imposant jet d'eau arrosa Samir, éteignant sa cigarette. Le scientifique jura, jetant son briquet sur l’agresseur.

- TT12, je vais te démonter, littéralement.

- Maître Samir, vous n'êtes pas autorisé à me démonter. Je vous signale que je ne suis pas seulement le TIC-TOC XII, mais également l'ASR 1339, relique de scellement niveau…

- Bien sur que je m'en rappelle, c'est moi qui t'ai crée !

- Vous semblez fort énervé, Maître Samir. Que diriez-vous de lire le dernier chapitre de One Piece pour vous détendre ?

Une lueur d'excitation brilla dans le regard de Samir.

- On est déjà vendredi ? Génial TT12, tu n'es pas totalement inutile au final !

- Je suis sûr que vous allez apprécier la mort d'Oden, Maître Samir.

- PUTAIN TT12, TU VIENS DE ME SPOILER.

Furieux, l'homme se jeta de toutes ses forces sur le robot, qu'il plaqua au sol. Alors qu'il s’apprêtait à taper à grands coups contre sa coque renforcée, une sonnerie le stoppa dans son acte. Elle émanait de la poche de sa veste. Il dégaina son portable et grimaça en voyant le numéro s'afficher à l'écran.

- Bon sang, c'est encore le vieux schnock, j'ai pas envie de répondre.

- Vous y êtes obligé, Maître Samir. Bien que vous soyez le chef des gardiens, Zero reste votre supérieur.

- Pas faux TT12.

Il répondit, la voix maussade.

- Non Zero, je n'ai TOUJOURS PAS réussi à sauver Arthur.

- Justement Samir, vous pouvez stopper les tests. Nila vient de partir chercher le deuxième sabre de Musashi Miyamoto. La connaissant, elle devrait être de retour avec sous peu.

- Sérieusement, ça signifie que j'ai fait tout ça pour rien ?

- Pas pour rien mon ami, je vous rappelle que l'enveloppe physique d'Arthur aurait déjà dépéri sans votre grande compétence.

- La flatterie ne vous mènera à rien Zero, répondit-il en cachant difficilement sa satisfaction.

- Dans ce cas, que diriez-vous que je vous fasse livrer quelques artefacts de ma collection personnelle en récompense de vos bons et loyaux services ?

Samir sursauta, stupéfait.

- Vraiment ?!

- Je suis tout à fait sérieux. J'ai récemment récupéré quelques trésors de la première civilisation, je suis sûr qu'ils vous plairont.

- Parfait !

- Je vous recontacterai sous peu, prenez soin de mon agent en attendant le retour de Nila.

- Bien reçu Zero.

Le vieil homme raccrocha. Samir se releva en sifflotant, se dirigeant gaiement vers la cuve où flottait Arthur.

- Tu as entendu ça TT12 ? Des trésors de la première civilisation, rien que pour moi !

Il posa sa main sur la vitre renforcée de la machine, regardant Arthur flotter au grès du reflux. Son air redevint alors sérieux. Le corps du colosse commençait à devenir translucide, signe que son existence serait bientôt effacée de la réalisé. Le pouvoir de la cimeterre de Nergal était effrayant. L'arme de rang S s'était révélée pour l'instant inutilisable, mais vu ses capacités hors-norme, ça en était presque rassurant.

- Nila ferait mieux de se grouiller. Arthur ne tiendra plus très longtemps.


 


 


 


 


 

Angleterre. Cornouailles.

- À quoi tu joues, 40 ?

- Vous en avez déjà trop entendu, répondit celui-ci.

5 soupira, l'air las.

- J'espère que ce n'est pas encore un monstre polymorphe de la planète des Kongs.

- Tu sais vraiment pas quand la fermer, grogna 40.

Il pressa la gâchette, faisant exploser le crâne de son ancien collègue. Une giclée de sang arrosa le mur de la grotte. L'agent 12, horrifié, ne put rien faire pour sauver son subordonné. Un bout de cervelle lui éclaboussa la joue.

- Bordel de merde ?!

- Tu ferais mieux de te tenir tranquille si tu ne veux pas subir le même sort, « commandant ».

- Depuis quand tu travailles pour la Sacramentum ?

- C'est une question stupide, agent douze. Depuis le début.

Attiré par le coup de feu, les cultistes approchèrent, prenant connaissance de la scène avec stupéfaction. L'un d'entre eux, probablement le chef, comprit rapidement ce qu'il se passait. Le visage enfoui sous sa capuche, il s'adressa à l'agent 40.

- Je vois que l'Agence nous envoie ses rats. Beau boulot, espion.

- Un plaisir.

Quarante enfonça son automatique sur la tempe de son otage.

- Celui-ci pourrait nous être utile. Zero lui fait confiance, il a peut-être des informations primordiales.

- Dans ce cas, nous allons le ramener au manoir pour l'interroger.

- Si vous croyez que je vais vous laisser faire !

D'un geste vif, l'agent baissa la tête, levant sa main pour bloquer l'arme de son assaillant. De l'autre main, il dégaina sa propre arme pour tirer une salve sur l'ennemi. Ce dernier l'esquiva de peu, se réfugiant à l'abri. La grotte était remplie de monticules rocheux, créant un nombre incalculable de cachettes. Surgissant de nulle part, 40 fonça sur son ancien ami, déchargeant une cartouche dans l'action. 12 se jeta sur le côté, tirant une salve de balles pour repousser l'assaillant. Pris de panique, les cultistes se ruèrent vers la sortie en lâchant leurs torches, se bousculant avec férocité.

- Vous pensez vous en tirer comme ça, bande de bâtards ? cracha l'agent douze.

Dégoupillant une grenade, il la jeta au milieu de l'attroupement. Elle explosa quelques secondes plus tard, démembrant une dizaine de personnes sur le coup. Le souffle de l'explosion éteignit les torches, plongeant la grotte dans le noir. Au milieu d'une pluie de bouts de chair, 40 surgit de l'obscurité. 12 le plaqua au sol, évitant de quelques millimètres les balles qui lui étaient destinées. Il bloqua le bras de son ancien ami et pointa l'automatique sur son front.

- C'est fini, connard de traître.

La pression sur la gâchette n'eut aucun effet : le chargeur était vide. Profitant de cette occasion inespérée, 40 décrocha son plus beau crochet du gauche dans la tête de l'adversaire. Les lunettes à vision nocturne de 12 se brisèrent sous le coup, libérant une multitude d'éclats de verres dans ses yeux.

- Putain !

Il se réfugia hasardeusement derrière un rocher, tentant vainement de dégager sa vision. L'impact lui avait brisé le nez, et la douleur subite n'arrangeait rien. L'épais flot de sang coulant de son nez pénétra sa gorge, et il manqua de s'étouffer en crachant le liquide saumâtre. Le traître, moqueur, restait caché pour l'instant.

- Qu'est ce que tu vas faire, « commandant » ?

Pas de réponse.

- J'ai jamais pu vous blairer, toi et les autres ! Vous vous prenez pour des putain de super-héros ! Le Sacramentum régnera en maître !

- Tu parles trop fils de pute.

Se guidant à l'audition, l'agent douze jeta ses grenades en direction de la voix. Il en avait toute une ceinture à disposition.

- Putain de m-

Les explosions s’enchaînèrent, déstabilisant le sol rocheux qui se fendit de part en part. Les épais murs de pierre commencèrent à s'affaisser, et 12 en profita pour se ruer vers la sortie. Il trébucha sur un cadavre, se releva, repris sa course effrénée. Sans s'arrêter, le souffle court, il se traîna jusqu'à la plage voisine, à l'abri pour l'instant. Il enfonça son visage dans le sable froid, espérant que cela suffirait à calmer son mal de crâne carabiné. Après quelques secondes, il réussit à clarifier mentalement ce qu'il venait de lui arriver : 5 est mort. 40 est un traire. Le Sacramentum veut ressusciter le Roi Arthur !

- Bien résumé, je n'aurais pas fait mieux.

- Qui va là, hurla l'agent en brandissant son arme.

Personne. La plage était déserte. De l'autre côté, l'océan s'étendait à perte de vue. L'homme se demanda si la douleur ne le faisait pas halluciner. Mais la priorité était ailleurs, il fallait prévenir Zero.

- Malheureusement, je ne peux pas te laisser faire mon garçon.

- Quoi ?!

Toujours personne. Douze commença à s'inquiéter : il avait entendu la voix distinctement. Pire encore, elle semblait lire dans son esprit. Mais comment ? Un télépathe ?

- Tout juste.

- Montrez vous !

- Très bien.

L'homme sentit une aura monstrueuse dans son dos. Il n'eut pas le temps de se retourner, une main glaciale le saisit à la nuque et le leva à un mètre du sol. Cette fois-ci, ce fut une voix gutturale, effrayante, qui s'adressa à lui. Son adversaire communiquait de vive voix.

- Ton esprit est trop troublé pour que je le sonde. Mais quand tu te réveilleras, les secrets de l'Agence seront à nous.

- Qui... êtes..

- Je suis la Nuit.


 


 


 


 


 

Païtiti. Forêt Amazonienne.

- Crève !

Gene trancha le spectre de Francisco Pizzaro en deux. Mais une fois encore, la créature se releva, le regard malfaisant. Peu importe le nombre de fois qu'il la tuait, l'énergie rougeâtre continuait de rattacher son corps.

- Mais tu vas crever ?

D'un coup vif, Gene décapita l'adversaire, et s'empressa de donner un grand coup de pied dans sa tête pour l'envoyer valser. Rien à faire : telle une tentacule surnaturelle, l'énergie malfaisante du corps glissa jusqu'à la tête pour rassembler le monstre.

- Putain, rien à faire !

Cela faisait à présent quelques heures qu'il tuait l'ennemi en boucle. Loin d'être fatiguée, la nouvelle recrue de l'agence ne s'était jamais sentie aussi bien : la puissance de Durendal déferlait en lui, galvanisant son corps. Ses sens étaient affûtés et son esprit clair, bien qu'il n'avait pas vu le temps passer. Du haut d'une pyramide d'or, le Colonel Jones regardait la scène, satisfaite. En un temps record, son subordonné avait assimilé l'énergie d'une arme légendaire. Son entraînement était terminé. Elle jeta un coup d’œil au soleil, qui disparaissait derrière la ligne d'horizon. Les dernières lueurs du jour illuminaient la cité inca, lui donnant une teinte surnaturelle.

- Gene, on remballe. Hein, mais il est où ce con ?

Il avait disparu. À quelques dizaines de mètres de là, l'ancien soldat poursuivait sa cible au pas de course. Suite à la tombée de la nuit, Pizzaro avait pris la fuite, trop occupé à accomplir le cycle éternel auquel il était lié pour poursuivre le combat. La frustration avait pris le contrôle de l'esprit de Gene, qui serrait fermement son arme dans les mains.

- Tu vas pas te barrer comme ça enculé, reviens!

La créature ne répondit pas, trop occupée à s'enfoncer entre les feuillages. La jungle devenait de plus en plus dense : la végétation bloquait le chemin, contraignant les déplacements. La nuit tombante n'aidait pas à se repérer au milieu de ce labyrinthe d'arbres.

- On est plus dans la cité... donc théoriquement, j'ai le droit d'utiliser la pleine puissance de l'arme.

Il se stoppa, enfonçant fermement ses pieds dans la boue. Inspirant un bon coup, Gene brandit Durendal au dessus de lui. Ses mains profondément ancrées dans la poignée, il ferma les yeux. Il visualisa une rivière calme, s'agitant soudainement, pour devenir aussitôt un torrent déchaîné. L'énergie de l'épée traversait son corps, lui attribuant une puissance colossale. Il rouvrit les yeux. Il put apercevoir, au loin, Pizzaro sur le point de s'enfuir. Il n'aurait pas le droit à une seconde chance.

- Ok, je donne tout.

Abaissant l'épée, Gene libéra une lame d'énergie gigantesque. Elle traversa le mur du son, créant une explosion sonore assourdissante et anéantissant tout obstacle sur son passage. Le ciel se fendit en deux, et la terre se scinda face à la puissance de l'attaque. Inarrêtable, annihilant jusqu'au dernier rocher sur son chemin, l'attaque finit par s’effriter quelques kilomètres plus loin. Gene Redford tomba sur son postérieur, stupéfait.

- Oh, wow.

Ses mains étaient tremblantes, et ses yeux n'arrivaient à concevoir la destruction qu'il avait déchaîné. Face à lui, un gouffre avait séparé la jungle en deux. Il s'allongea dos contre terre, s'autorisant un instant de repos bien mérité.

- C'était ma limite, je suis crevé.

Un kilomètre plus loin, Jones s'était stoppée furieuse.

- Il a atomisé Pizzaro le con ! Comment on va faire pour entraîner nos recrues ?

L'avantage d'un adversaire immortel, c'est qu'il propose un entraînement infini. Il n'y a rien de mieux pour apprendre à maîtriser l'énergie d'une arme légendaire. Vous finissez pas utiliser inconsciemment sa puissance au fil des heures, et la symbiose est parfaite. Malheureusement, ce n'est plus possible quand votre nouvelle recrue nucléarise le seul adversaire immortel à disposition.

- Gene, sors de ton trou, je vais te botter le cul !

Alors qu'elle se rapprochait du point d'impact, la sonnerie de son téléphone satellite la stoppa. Surprise, elle décrocha.

- Zero ?

- Bonjour Colonel. Comment se passe l'entraînement ?

- Si on omet... quelques détails, plutôt bien. Il maîtrise quasi-parfaitement Durendal, et devrait s'en sortir avec n'importe quelle arme de rang S. À vrai dire, il vient de déforester un pan entier de la forêt amazonienne.

- Parfait, nous allons avoir besoin de vous deux, et rapidement. Il y a quelques heures, le Sacramentum a attaqué mon bureau. Nous sommes en guerre.

- Quoi, sérieusement ? Je récupère Gene et on vous rejoint.

- Parfait, je vous envoi un hélicoptère. Faites attention à vous Colonel.

- Bien reçu Zero.

Elle rangea le téléphone, l'air songeur. L'Agence était en guerre ouverte contre son ennemi de toujours. Cette fois-ci, l'adversaire n'était pas un singe géant ou un dieu oublié, mais une organisation millénaire connue pour utiliser tous les moyens à sa disposition. La mission de 12 lui traversa l'esprit. Comment s'en sortent les gars ? Elle espérait les revoir tous en un seul morceau. Voyant les dernières lueurs du jour disparaître à l'horizon, elle s'empressa de rejoindre son disciple. Ses inquiétudes allaient devoir attendre : l'important était de récupérer Gene pour retourner à New-York.

- Gene, bouge ton cul !

Pas de réponse. En rejoignant le gouffre, elle fut confrontée à une vision terrifiante : il était étalé au sol, au milieu de son propre sang. Durendal jonchait le sol quelques mètres plus loin. Au dessus de lui se tenait une figure encapuchonnée. Gene murmura quelques mots.

- Je suis désolé Colonel... je crois que je me suis encore... chié dessus.

La figure encapuchonnée se tourna vers Jones.

- Salutations du Sacramentum.


 


 


 


 


 

Lieu inconnu.

L'agent douze ouvrit les yeux. Il était attaché à une chaise de métal. La pièce dans laquelle il se trouvait n'était pas très grande. Cependant, elle était suffisamment large pour accueillir tout un panel d'instruments de torture. Au dessus de sa tête, une ampoule balançait, illuminant de sa faible lueur l'endroit grisâtre.

- Je suis dans la merde.

Son nez avait arrêté de saigner, mais son crâne lui faisait toujours un mal de chien. Quelques minutes plus tard, la porte s'ouvrit avec fracas. Quarante lui jeta un regard moqueur. Il avait visiblement survécu à l'affrontement de la grotte.

- Bonjour, « Colonel ».

- Salut, fils de pute.

- Toujours aussi poli. Tu feras moins le malin dans quelques instants.

- Tu peux toujours essayer, je dirais rien.

- Oh, tu penses que je viens t'interroger ?

Le colosse ne put s’empêcher de retenir un rire mesquin. Il s'approcha de son ancien patron et lui retourna un puissant crochet du droit. L'agent douze y laissa quelques dents.

- Je suis là pour te faire la peau, sale enculé ! T'as bien manqué de me crever tout à l'heure. Regarde mon visage !

Il s'approcha. La moitié de son visage avait été brûlée par les explosions. Il était défiguré.

- Putain Quarante, t'as réussi à devenir encore plus laid.

Il reçut une autre droite en réponse à la provocation. Le visage grimaçant, le traître se dirigera vers les instruments de torture.

- Je me demande avec quoi je vais te tuer.

Douze cracha le sang qui lui encombrait la bouche.

- T'es supposé m'interroger avant, sombre débile.

- Je t'ai déjà dit que cela ne sera pas nécessaire, grogna-t-il.

L'agent fronça les sourcils.

- Comment ça ?

- Le Commandant V a déjà lu dans ton esprit tout ce qu'il y a à savoir, révéla 40 en affichant un rictus.

- Qui ça ?

Un flash traversa l'esprit de douze. Il se remémora les paroles de son assaillant, sur la plage. Le télépathe avait vu ses souvenirs pendant qu'il était dans les vapes.

- Il a vraiment tout vu ?

- Oui, absolument tout, ricana 40.

- Mince, alors il m'a vu baiser ta mère.

- PUTAIN DE MERDE.

Enragé, quarante se rua vers douze pour lui asséner un violent coup de pied. Il y laissa quelques cottes sur le coup. La chaise se renversa. Cependant, l'homme y était toujours fermement accroché.

- Vous savez vraiment JAMAIS quand la fermer !

Reprenant son calme, il se dirigea vers l'atelier, saisissant une énorme pince.

- J'ai fait exploser la cervelle de quinze, mais pour toi, je vais prendre mon temps. Mon seul regret est de pas pouvoir tuer le nouveau et l'autre connasse.

Douze jeta un regard interrogateur à son ennemi.

- L'autre connasse ? Tu parles de Jones ?

-Exact. Malheureusement, un autre commandant du Sacramentum est parti s'en charger personnellement, je n'aurais pas ce plaisir.

- Elle t'aurait probablement botté le cul avant que tu puisses la toucher. Cela dit, t'aurais eu ta chance avec Gene. Mais pourquoi lui ?

- Tu déconnes ? En une semaine, vous lui avez accordé plus de considération que vous n'en avez jamais eu pour moi !

- Wow, sacré complexe d’infériorité.

Le traître releva la chaise de sa victime, puis traîna un seau jusqu'à ses pieds. Il s'assura que les liens soient encore bien attachés avant de commencer son œuvre. Un lueur malfaisante dans les yeux, il place l'auriculaire gauche de 12 entre les extrémités de la grosse pince.

- Tu fais moins le malin.

- Pour être franc, j'ai une dernière chose à dire avant qu'on commence.

- Très bien, j'écoute.

- Moi. 5. Le Colonel. Gene.

- Et donc ?

- T'as pas l'impression d'oublier quelqu'un ?

- Qui ça ?

Une lame trancha d'un coup sec la gorge de 40. L'agent 32 sortit alors de son dos.

- Moi.


 


 


 


 


 

Nevada. Zone 51.

Samir faisait face à Nila. Elle tenait dans ses mains deux armes. Les deux sabres de Masashi Miyamoto. Le scientifique leur jeta un regard dédaigneux.

- T'as du cran pour te pointer ici après avoir mis en péril nos relations internationales.

- Je suis prête à en subir les conséquences.

- Très bien. Dans ce cas, suis moi.

Ils s'aventurèrent dans la partie de la base réservée aux gardiens. L'endroit grouillait de monde : des scientifiques s'agitaient à chaque coin de pièce, déplaçant des cargaisons et s'échangeant des rapports. En passant devant les laboratoires, Nila put apercevoir d'étonnantes machines au coût inimaginable. Dans d'autres pièces, elle distingua des créatures toutes plus étranges les unes que les autres. Les gardiens évoluaient au milieu de ce bazar avec toute l'indifférence du monde. Samir eut un sourire amusé.

- T'es jamais venue auparavant ?

- Nope, moi mon boulot, c'est la baston.

- Vu l'état d'Arthur, tu devrais songer à te réorienter.

Elle lui jeta un regard glacial, qu'il fit mine d'ignorer avant de reprendre.

- C'est ici que sont confinés les ASR, ainsi que les armes légendaires. Et grâce à votre petite excursion, j'ai récemment ajouté la cimeterre de Nergal à ma collection. Cela dit, l'arme semble être inutilisable pour l'instant.

- C'est toujours un plaisir de me rendre utile, répondit-elle sèchement.

Il ricana. Le duo entra dans un ascenseur, qui commença à s’enfoncer rapidement dans les profondeurs de la terre après que Samir ait scanné sa rétine. Quelques instants plus tard, ils étaient au quatre-vingt-dix-huitième sous-sol de la zone 51. Ils entrèrent dans un laboratoire désert.

- Bienvenue dans mes appartements privés. Ne touche à rien, c'est fragile.

- À vos ordres, mon commandant, ironisa-t-elle.

Le scientifique pianota sur un de ses ordinateurs quantique, et une pièce dans le fond s'ouvrit. Arthur flottait dans une cuve bleuâtre, inerte. Nila se rua vers lui.

- Arthur !

- Il ne peut pas te répondre, mais tu t'en doutes. L'épée de Nergal l'a tranché en dehors de la réalité. Il faut que tu relies les deux parties de son corps à notre continuum spatio-temporel. À vrai dire, le mieux serait...

Il se stoppa net, le regard dans le vide. Il cria.

- TT12, mon café !

- Bien sur, Maître Samir.

Surgissant d'un coin de la pièce, le robot se rua vers son créateur. Une trappe s'ouvrit et il commença à préparer la boisson sous l’œil surpris de Nila.

- Un robot cafetière ?

- Je vous signale que je ne suis pas seulement un robot cafetière, mais également l'ASR 1339, relique de scellement niveau…

- Tais-toi TT12, je réfléchis !

Il descendit d'une traite son café, avant de sortir un calepin de sa poche pour commencer à y écrire quelques instructions.

- Oui, en reliant cette réalité là, puis en inversant la courbe du continuum... cela dit, il faut faire attention à la dimension X. Le vecteur 132 pourrait être altéré...

Quelques secondes plus tard, il tendit une feuille aux instructions très précises à Nila.

- Si tu suis mes instructions, on devrait s'en sortir.

- Merci, répondit Nila, surprise.

Étonnement, la marche à suivre était nette et compréhensible. Elle salua l'effort. S'exécutant, Nila commença à utiliser les sabres, faisant appel à leurs pouvoirs mystiques pour modifier la réalité. De l'extérieur, on aurait pu croire qu'elle dansait, agitant ses sabres dans le vide en alternant les mouvements gracieux. Cela dura un bon moment. Dans un coin de la pièce, adossé à TT12, Samir lisait son chapitre de One Piece. Après une bonne heure de travail, une lumière envahit la cuve, et la vitre explosa sous le regard surpris de l'assistance. Le scientifique se redressa d'un bon, tentant de dégager l'épaisse fumée qui envahissait la pièce.

- Tu as suivi mes instructions Nila ?

- Bien sûr !

- Alors, cela signifie...

Un épaisse silhouette se distingua à travers la fumée.

- My man !

- Arthur !

Alors qu'ils allaient s’enlacer, une alarme retentit soudainement.

- Alerte Maximale : Code Léviathan ! Tous les agents d'élite sont convoqués au siège de l'Agence pour une réunion de crise. Alerte Maximale : Code Léviathan ! Tous les agents…

- C'est quoi ce bordel ? questionna Arthur.

- Peut-être la fin de l'humanité, murmura Samir.


 


 


 


 


 

Siège de l’Agence à New-York.

Zero tournait dans son bureau, inquiet. Suite au rapport de Douze, il avait du organiser une réunion d'urgence. Les agents d'élite de l'Agence allaient arriver sous peu. Comment se préparer à affronter le Sacramentum ? Et surtout, comment les empêcher de ressusciter le Roi Arthur ? Excalibur, l'arme ultime, a le pouvoir de détruire le monde. Si elle tombe entre les mains du Sacramentum, l'humanité est condamnée à une éternité de servitude. Les portes du bureau s'ouvrirent avec fracas, laissant entrer Belzek, le chef des chasseurs.

- J'ai retrouvé la trace de Merlin.

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