Le sépulcre de San-Trine

Notes de l’auteur : Avant-dernier chapitre :)

L'adorateur Milaïd, de tous les serviteurs du Parakoï, était certainement le plus dévoué.

Le poids de la bourse à son ceinturon n’était pas étranger à cette soumission aveugle. Un non-initié à la liturgie parakoïale ne pouvait soupçonner la manne financière qu'un dogme à faire respecter engendrait. Le Parakoï s'appuyait sur un réseau enraciné d'adorateurs scrupuleux. Le stolon étreignait amoureusement une ouaille docile qui crachait écus et devises. Les dons au culte, encouragés par la promesse d'indulgences, ou contraints par des contributions obligatoires, garantissaient une richesse à rendre jaloux le plus émérite des investisseurs. Contre une pièce négligemment glissée, le fidèle s'attachait l'écoute d'une oreille attentive et le soutien d'une parole influente. Pour une rémission totale ou partielle d'un délit temporel, le soudoyeur s'achetait une âme nouvelle. Le pardon divin se monnayait. L'adorateur ponctionnait. Quand le spirituel enrôlait les esprits pieux ou apeurés, la main vénale se fermait, au mépris de la morale éclairée.

Milaïd entendit la clochette tintinnabuler puis le bruit si plaisant d'un écu glisser dans la boîte aux offrandes. À son oreille experte, le choc léger annonçait une pièce de cuivre, un rustique venait apaiser son âme en peine. Les petites fortunes se bâtissaient sur les maigres économies. Milaïd, peu consciencieux à la tâche mais tatillon sur le picaillon, entra dans le confessionnal par une porte dérobée.

Une claie au tressage serré pour séparation, la pénombre pour pénitence, le repentant s'annonçait lorsqu'il entendit le souffle de l'adorateur :

— J'ai fauté.

— Le Parakoï vous écoute et vous pardonnera. Il est la Bonté, la Miséricorde.

L'introduction ritualisée émise en échange d'une si petite offrande, Milaïd se désintéressa des tracas de son visiteur. Trop occupé à chasser à coup de langue un pépin de pomme coincé entre deux dents en quinconce, l'adorateur ne captait que des bribes de mots mâchés dans un accent campagnard.

— ... des œufs sur le rebord de la f'nêtre pour le roi d'Outre...

Milaïd s'agaça, non pas à cause de l'aveu hérétique : il échouait à déloger le pépin. Le directeur de conscience marmonna un acquiescement pour simuler une écoute prévenante. La langue impuissante, il introduisit un ongle beaucoup trop long entre ses dents à la recherche du pépin.

— ...comme argonaute dans sa coquille qu'ils disent. Douter de notre Bien-aimé, est-ce me condamner ?

L'adorateur Milaïd extirpa enfin l'inopportun. Il exprima sa satisfaction, sans s'en rendre compte, à mi-voix, l'objet de sa réussite entre les doigts :

— Tu croyais m'échapper ? Tu ne connais pas ma ténacité, ma persévérance à me débarrasser des misérables comme toi.

Le raclement d'un pied de bois sur la pierre annonça le départ précipité de l'inconnu venu se confesser. Son attachement au monde temporel et à ses chiches réjouissances l'invita à déguerpir au plus vite, sans attendre la consécration de son indulgence. Son âme devait-elle traîner des impuretés, il s'en contenterait.

Milaïd, au bout d'un silence qui perdurait, prit enfin conscience qu'il bredouillait tout seul. Il se leva et conclut l'entretien, en bon adorateur qu'il était, par la formule habituelle :

— Vous voilà un nouvel homme à l'esprit régénéré, par la volonté divine du Parakoï.

Sa mission rigoureusement menée à bien, Milaïd baissa la tête. Il se faufila sous la poterne et reprit les petites affaires ludiques qui occupaient son temps précieux. Si un fervent séculier espérait que le salut des Trois pays fut entre les bonnes mains des adorateurs du prieuré de Doues, valait mieux qu'il ignorât la nature des agitations qui animaient ce lieu promis pourtant au recueillement.

Milaïd laissa glisser sur le sol la longue toge blanche qu'il devait porter en permanence. L'adoration pour le Parakoï relevait de la soumission continuelle. Nuits et jours, comme une seconde peau, l'adorateur soucieux s'enveloppait de ce manteau spirituel. Pourtant, dans cette salle commune, les mantes religieuses jonchaient le sol comme cadavres sur champ de bataille. L'alcôve réservée à la prière perpétuelle était désespérément vide, le relai entre les adorateurs depuis longtemps abandonné. Milaïd croisa l'un de ses semblables, large sourire aux lèvres, ajustant son habit liturgique. La clochette de son isoloir venait de tinter et la boîte qui recevait son don légèrement résonner. De connivence, Milaïd hocha la tête et, avec un éclat malicieux dans le regard, il plaisanta :

— N'est-ce pas la troisième fois que ta pastourelle vient chercher sa doléance cette semaine ?

— Son esprit est en peine, je me donne âme et corps à son prompt rétablissement.

Il partit d’un pas précipité, heureux comme un gamin qui avait reçu une récompense depuis longtemps attendue. L'influence d'un adorateur se payait chèrement ; les échanges en chair et ses plaisirs éphémères complétaient souvent les pièces en métal et leur réconfort plus pérenne. Étonnamment, ces entretiens, couverts par le secret de la confidence, s'éternisaient. L'adorateur ne comptait pas son temps pour une âme en perdition.

La compassion en filigrane et la débauche en démonstration, le prieuré de Doues voguait paisiblement dans la mer déchaînée d'un Parakoï aux abois. Milaïd enjamba un adorateur dont le combat avec sa bouteille d'hypocras avait rendu son verdict. L'ivresse avait posé ses bagages dans le prieuré et faisait partie intégrante de la communauté. Elle laissait, dans le sillage de ses effluves, corps endormis et esprits engourdis. Contre les murs ou sur le sol, les soldats spirituels du Parakoï rendaient les armes avant de les reprendre, en ardent combattant, dès qu'un répit de lucidité les éveillait. Ornements de granit et gisants de pierre se voyaient contester le monopole de l'immobilité.

Milaïd s'attabla après s'être faufilé entre les jambes étendues et les ronflements enivrés. Les cris de réjouissance de la pastourelle rebondissaient sous les voûtes et remplaçaient les incantations désespérément délaissées. L'adorateur reprit les cartes qu'il avait confiées à la garde vigilante de son binôme de jeu. L'instant était crucial : sur cette main se jouait le gain de la Lune noire. Comme à chaque nouvelle lune, quand l'obscurité engloutissait entièrement l'astre, les quatre acolytes s'opposaient par cartons interposés pour obtenir la mise tant convoitée, ou plutôt la perdre car les heureux perdants devraient assurer l'encadrement de la nuit des prières. Une nuitée entière à psalmodier des chants à la gloire du Parakoï avec les fidèles venus de toute la contrée pour l'occasion, Doues ouvrait une fois par mois ses portes, charge aux vaincus du soir d'accueillir les agnelles en quête du divin.

Les gouttes de sueur dues à la tension ruisselaient avec celles que la chaleur étouffante du foyer suscitait. Les doigts moites, les yeux transpirants, Milaïd déglutit en découvrant sa main promise à la défaite. La mine déconfite de son partenaire n'encourageait pas à l'optimisme. La corvée liturgique lui ouvrait ses bras.

Un bruit enchanteur vint retarder l'inévitable. La clochette de son confessionnal carillonna. Une pièce, de beau gabarit, certainement en argent véritable, glissa dans son boîtier personnel. Écho suivi d'un deuxième. Puis un troisième. Un quatrième et un cinquième lui firent écarquiller des yeux cupides. Son vice s'affola lorsqu’une cascade de cliquetis déferla dans la caissette de bois. Les joueurs tournèrent la tête vers la source d'abondance. Le miracle leur fit oublier la partie de cartes en cours. Le contenu d'une large bourse, voire une supplémentaire, dégringolait sans jamais s'arrêter. Ce mystère réjouissant virait à l'incongruité lorsque la caissette, gorgée de pièces, ne put en accueillir une nouvelle. L’avarice affirmée de l'adorateur ne l'empêcha pas de ressentir une inquiétude primaire.

Milaïd se leva, il ne voulait pas faire attendre un donateur si généreux. Il se fraya un chemin à travers le fourré humain et ramassa à la va-vite son manteau blanc. L'adorateur baissa la tête pour ne pas se cogner à l'encadrement de la porte et s'installa dans la pénombre de son isoloir.

— Et bien mon p'tit gars, ai-je atterri dans un bordel ou la puterelle que j'ois jusqu'ici est votre enfant de chœur qui braille vos cantiques ?

L'entrée en matière de son visiteur désarçonna l'adorateur un fragment de seconde. Pourtant, devant tant de désinvolture, la religiosité qui lui faisait jusqu'alors défaut, parla d'une autorité affirmée :

— Votre langue blasphématoire déshonore votre main généreuse. Le pardon du Parakoï est infini, tout comme sa colère contre les impies.

— J'crois bien que votre Parakoï a un tintouin bien plus urgent à gérer que ma p'tite personne, j'vous le dis, hérésiarque. Cependant, ma modeste donation ne mérite-t-elle pas votre oreille attentive ? L'argent, après tout, n'a rien d'hérétique, d'où qu'il vienne. Et puis, j'dois bien vous l'avouer, j'suis un grand ami de notre Parakoï adoré, même s'il l'ignore encore. Je n’lui veux que du bien.

L'écoute habituellement absente devint des plus actives. Milaïd se trouvait face à l'œil d'un cyclone en approche, il sut que la rencontre serait inévitable. Les ennuis le menaçaient, sa nouvelle fortune le réconforterait. Après tout, entendre la requête du blasphémateur ne valait pas caution. Convaincu qu'une joute verbale ne lui serait en rien bénéfique, Milaïd effaça de sa mémoire les premiers mots échangés et préféra retenir le cliquetis monétaire qui l'avait appelé.

— Le Parakoï vous écoute et vous pardonnera. Il est la Bonté, la Miséricorde.

— Oui oui, il est surtout le mal barré.

Malgré les abus qui l'ont accompagné par le passé, Milaïd se sentit obligé de défendre l'honneur du Parakoï par un mensonge assumé :

— Attention à vos paroles irrespectueuses. Tout l'or du monde n'achètera pas le pardon divin.

— Le dépravé serait-il en plus demeuré ? Je n’suis pas ici pour la clémence du roi des nigauds.

Une force incroyable vint saisir Milaïd à la gorge. Elle l'enserrait pour qu'il put encore respirer mais suggérait qu'à tout moment elle pouvait le priver du souffle vital. Une brutalité fantasque s'invitait dans son isoloir. La voix calme du confessé vint caresser son esprit paniqué :

— La pédagogie n'a jamais été mon fort. J'n'ai accouché que de cancres. Soit ma première offre vous rend bon élève, soit j'serai contraint de rappeler mon serviteur des ombres.

L'étreinte s'évanouit mais non pas la frayeur de l'adorateur. Il se massa le cou à la recherche d'une main absente. Chevillé à son tabouret, il écouta ce professeur aux pratiques cruelles.

— La petite fortune que j'ai glissée dans votre tirelire vous appartient si vous répondez favorablement à ma requête. J'reviens de Baëlys. J'sais pas si vous connaissez cette charmante bourgade. J'ai cru comprendre que celui que vous faites passer pour notre créateur y demeurait. Avec mes amis, nous espérions lui rendre une visite courtoise, que dis-je, je manque de franchise, nous volions à son secours ! Tel ne fut pas notre surprise lorsque nous nous vîmes refuser l'accès à la cité. Tout y est bloqué, tout. Main de Justice au cou ou vociférations poétiques n'ébranlèrent la volonté du guet. Ce scélérat de Loren, si jamais il ose s'en prendre à mon pantin, parole de...

Un silence agité coupa la parole du visiteur. L'agacement qui pointait dans ses derniers mots se confondit avec un marmonnement grincheux. Milaïd resta interloqué devant ce déballage sans queue ni tête. Un soupir exacerbé annonça la suite de ce conte loufoque :

— Pardonnez mon emportement. Je n’vais pas vous faire un rapport détaillé de c'qui s'passe à Baëlys, vous vous en contrefichez, et vous avez bien raison. De surcroît, nous n'avons pas l'temps pour papoter, vous et moi, pendant qu'on m'vole mon Parakoï soumis. L'Empire encercle la ville. Le Premier Sujet s'apprête à livrer Baëlys, et votre bon Parakoï, en échange de la clémence de l'ennemi. Ah ça ! J'vous l'demanderais bien ! Qui du négociateur ou de l'oppresseur est l'ennemi ? Je n’vous l'fais pas dire.

Nouveau silence. Nouveau grognement d'irritation. Un reniflement disgracieux assura la transition avec la suite de la requête :

— M'voilà donc ici, avec mes amis, pour vous savez quoi. Si vous faites semblant de n'pas comprendre, sac à vin, j'vous créant que j'vous enverrai une charmante demoiselle qui n'aura pas ma patience. Ce qu'elle fera alors de vous, j'n'en pourrai ni ho ni jo. Nous voulons votre plus grande discrétion, d'où la clinquaille généreuse. S’il faut obtenir vos services par une force plus coercitive, nous n'hésiterons pas, quitte à enterrer les ambitions d'un passage furtif.

L'adorateur tenta, pour la première fois, un coup d'œil à travers la grille en osier. La silhouette de son interlocuteur se fondait dans l'obscurité. À la recherche de ce serviteur qui menaçait de réapparaître, Milaïd murmura, les lèvres tremblantes, la langue sèche :

— Que suis-je censé savoir ?

— Mauvaise réponse !

La griffe des ombres étrangla à nouveau l'adorateur jusqu'à, cette fois-ci, lui faire entrevoir une fin parfumée d'agonie. Milaïd aimait trop se complaire dans sa vie de débauche pour la quitter si abruptement. Si l'inconnu ne l'achevait pas sans lui donner une dernière fois la parole, il lui offrirait sans condition son aide tant qu'il put retourner à ses occupations, à ses privilèges, à ses plaisirs immoraux. Seulement, la libération se faisait désirer. Un acouphène strident vint marteler ses tympans. Milaïd inspirait le vide. Sa coopération, sa soumission était acquise à son tortionnaire or, il ne pouvait la clamer. L'étourdissement annonciateur du pire, la vision trouble et l'impuissance à survivre l'englobèrent. Et la pastourelle qui n'en finissait pas d'exprimer outrageusement sa jouissance. Serait-ce donc la dernière perception qu'il aurait de sa vie ? Le plaisir extatique d'une autre en oraison funèbre, à moins que ce ne fût les premiers échos d'un eden fantasmé ? Ses concubines célestes auraient-elles commencé les festivités charnelles sans lui ? L'obscurité de l'isoloir s'intensifia. Le champ de vision rétrécit pour n'être plus qu'un point flou.

Le serviteur replongea dans les ombres, Milaïd revint alors dans le monde des vivants, presqu'à regret. Pareil à un nourrisson qui inspirait pour la première fois, l'adorateur gonfla ses poumons d'une vitalité qu'il ne voulait plus laisser partir.

L’inconnu resta muet un long moment, comme s'il hésitait à reprendre ses menaces. Après un raclement de gorge rocailleux, l'étranger reprit finalement son interrogatoire :

— La cabosse a-t-elle eu le temps de se remplir pendant cet intermède quelque peu étouffant ?

— Quand un ingénu veut satisfaire son instructeur mais qu'il peine à comprendre où il veut en venir, il serait pédagogue d'être plus explicite. Un étudiant qui a à cœur de plaire à son maître, se soumettrait à toutes les exigences, le sourire aux lèvres. Puisque vous êtes l'ami de notre Parakoï, je me vois dans l'obligation de satisfaire vos désirs. Caissette pleine ou vide.

Même si la sincérité de la dernière affirmation ne dupait personne dans le confessionnal, le précepteur désigné félicita son disciple :

— Vous êtes plus doué que mes deux autres cossards de cancres, j'dois le reconnaître. Au moins assimilez-vous rapidement l'intérêt de l'obéissance. Puisque vous semblez nager en eaux troubles, laissez-moi être le phare qui illumine vos connaissances obstruées.

D'un revers de manche, le maître-chanteur essuya une goutte au nez qui ne le quittait plus depuis plusieurs jours. Afin de s'assurer que la gêne soit éradiquée pour la prochaine minute, il renifla bruyamment pour introduire son propos :

— Dix lieues vous sépare de votre Parakoï mais l'ignorance dans laquelle est plongée votre prieuré m'épate. Vous l'aurez compris, votre vénéré est entouré. Nous voulons le rejoindre. Vingt mille affamés, au bas mot, espèrent planter leurs crocs dans sa chair divinement avariée, Émissaire en tête, Loren en fourbe. Ce déicide programmé depuis des lustres joue les dernières notes de sa composition musicale méticuleusement orchestrée. Bref. Conduisez-nous à la crypte et au sépulcre de San-Trine.

Milaïd ne put retenir un léger sursaut de surprise :

— Le sépulcre ? Comment savez-vous ?

— Certains coups du sort vous convainquent que le Destin vous trainera toujours sur les chemins périlleux de l'aventure.

 

***

 

Les monts et les vallons du pays Lectois défilaient laborieusement au prix d'efforts insensés et d'un souffle saccadé. Les jambes de Fil tremblaient sous le poids de la fatigue d'une marche forcée, d'une fuite en avant sans repos ni répit. La peine en sourdine, il courbait le dos pour se faufiler sous les buissons, il allongeait le pas pour enjamber les ruisseaux. La fougue de la jeunesse et l'ivresse naïve d'un avenir heureux avaient été balayées en plein vol comme une mouche pénible. La Justice sur ses pas et l'ombre du Second Sujet Loren à la suite, Fil et ses déchirures au cœur couraient, fuyaient. Il laissait derrière lui son enfance et ses rêves du bonheur à bâtir avec Maydine.

Les premières nuits, son père l'avait accompagné et lui avait montré le chemin à suivre. Désormais, sa survie dépendait de lui, de sa volonté, d'une envie de vengeance déjà profondément ancrée. S'il n'échappait pas à la meute à ses trousses, jamais il ne pourrait assouvir cette rage qui éclatait dans sa poitrine.

Les aboiements lointains de corniauds le rappelaient à la vigilance et à la lutte. Il n'avait plus dormi depuis deux jours et, pour alimentation, s'était contenté de pain rassis. L'hiver contre lui, il ne sentait plus ni ses orteils ni ses doigts. Il escaladait des parois abruptes et traversait le courant puissant de cours d'eau gonflés par les neiges abondantes avec ses fils mentaux. Ses traces de pas s'évaporaient alors à l'œil de ses traqueurs, son odeur disparaissaient à la truffe affinée des cabots.

Cependant, la fatigue triomphait toujours de la bête acculée. Fil prit appui contre un conifère stoïque à sa détresse. La paume de la main contre l'écorce en plaque écailleuse donnait l'impression de caresser un reptile millénaire. Les vêtements gelés, collés à la peau, Fil s'écroula. Le matelas neigeux amortit sa chute et l'accueillit dans une chaleur glacée.

— Gamin, ce n'est pas le moment de mourir.

Ne pouvait-on pas le laisser expirer son dernier frisson en paix ? Pourquoi se retrouvait-il dérangé au moment fatidique comme dans une piètre utopie aux rebondissements prévisibles ?

Fil leva les yeux. Un vieillard monté sur un mulet à l'air endormi le dominait. Une chevelure blanche pareille à une couronne de laurier enlaçait son crâne dégarni. Il lui souriait.

— Gamin, ce n'est pas le moment de mourir.

Si les mots paraissaient clairs à l'esprit de Fil, sa réponse ne fut que marmonnement aux oreilles du barbon :

—J'suis mort depuis longtemps.

— Lève-toi, Gamin.

Fil referma les yeux, cette illusion finirait bien par s'en aller.

— Lève-toi, Gamin.

Le souffle régulier, Fil ne répondit pas. Il préféra écouter l'appel d'un monde sans peine.

— Bien. Bon trépas jeune homme.

Le vieillard talonna son animal. La neige craqua sous les sabots. Une branche du mélèze se courbait sous l'accumulation de flocons. S'inclinant bas devant la nature, la branche finit sa prosternation et déversa au sol une cascade cotonneuse.

Le manteau neigeux pour linceul, la clarté poudrée en cierges de veillée, Fil laissa voguer son esprit meurtri pour enfin ne plus rien ressentir. Libéré de son fléau. Délesté de cette souffrance insurmontable. Mourir pour ne plus souffrir. Quelle fin appréciable. Laisser aux vivants le privilège de la meurtrissure. Quel vœu admirable. Son instinct primaire ne pouvait se contenter de cette reddition sans saveur. S'abandonner aussi lâchement serait l'abandonner elle, une seconde fois. Il ne laisserait partir cet esprit tourmenté que lorsque Maydine au cœur d'or serait vengée.

Fil releva le menton. Il puisa dans des forces insoupçonnées pour tendre une main rougie par le froid vers le mulet. Fil lança son appel au secours dans une brise quasi muette :

— Attendez. J'vous en supplie. Aidez. Moi.

Puis, il s'effondra.

La pointe métallique d'une galoche renforcée vint secouer la masse corpulente enfoncée dans la neige.

— Gamin, un effort. Je ne pourrai pas te soulever. Tu pèses ton poids pour un cadavre affamé.

Son corps ne lui appartenait plus, il ne commandait plus à ses muscles. Son inconscient prit les devants. Fil bougea ses jambes. Un automate d'os se souleva alors péniblement et s’appuya l'épaule du muletier et traîna sa carcasse jusqu'à la bête. Après un effort démentiel, il se hissa sur la selle. Enfin, il s'abandonna aux bons soins de son sauveur providentiel.

 

***

 

La résonance d'un chant aux harmonies graves vint tirer Fil de ses songes tourmentés. Des notes gutturales vibraient et berçaient le lieu réchauffé par un doux foyer. Trois voix, s'il ne se trompait pas, sondaient les profondeurs des sons audibles. Une quatrième, par-dessus, psalmodiait dans une tonalité cristalline. La mélancolie vibrait. Fil s'éveillait, la fatigue au loin mais la brume de la confusion encore prégnante.

— De retour parmi les vivants, Gamin ?

Assis à son chevet, le muletier tendit un gobelet d'eau et une miche de pain aux noix. Le tout fut englouti en un rien de temps, suivi d'une purée de fèves et d'une grappe de raisins au jus onctueux. L'insipide mouron reprit des saveurs et des rondeurs appréciables. Le gosier rafraîchi revigorait un corps, une panse satisfaite apaisait l'âme. La langue encore pâteuse, Fil remercia son bienfaiteur d'un hochement de tête. Il osa le questionner :

—Où suis-je ?

— Au prieuré de Doues. À dix lieues de Baëlys-la-Belle. Nous t'offrons le repos. Le Parakoï te couve de sa bonté.

L'ironie de la situation aurait tiré un sourire gouailleur au fanfaron qu'il avait été avant son union avec Maydine. Si le Parakoï avait ses propres extravagances, pouvait-il être tenu pour responsable des cruautés perpétrées par Loren, son nouveau Second Sujet ? Un Fil avec une vie entière derrière lui pour expérience aurait tranché la question sans hésitation. Celui de cette époque lui accordait le bénéfice du doute.

Fil passa deux jours dans le prieuré. Il ne quitta pas sa couche, les cantiques en réconfort après des réveils en sursaut. Les cauchemars le harcelaient, les cris de Maydine le hantaient. Devrait-il, toute sa vie durant, supporter la vision de la neige ensanglantée dès qu'il fermerait les yeux ? Devrait-il endurer le regard suppliant de Maydine et son impuissance à lui venir en aide ? Une vie dévorée par la culpabilité, un avenir rongé par la prostration, quel intérêt à subir cette torture ? Où résidait donc l'égoïsme de mettre fin à cette existence alors qu'il se noyait dans la solitude et qu'il ne manquerait à personne ? Fil avait de nombreuses fois entendu la prétendue faiblesse de ces malheureux qui passaient à l'acte. Ces nuits-là, luttant contre ses démons intérieurs, il admirait leur courage.

Aux coups de cloche qui annonçaient le milieu de la nuit, Fil repoussa le drap blanc qui lui couvrait les jambes. Pour la première fois depuis des heures interminables, il posa le pied sur une dalle fraîche. L'esprit morose, il laissa ses pas le traîner dans les larges couloirs du prieuré. L’écho des chants sacrés l'accompagnaient. Il découvrit d'innombrables tapisseries murales à la gloire du Parakoï. Des chandeliers suspendus faisaient vivre sur les murs des ombres qui s'étiraient et semblaient se mouvoir par une volonté propre. À travers les fenêtres, les étoiles brillaient froidement et continuaient leur rotation, insensibles aux tourments de cet homme, de cette âme errante.

Après des égarements sans but, en évitant de croiser les adorateurs du prieuré, Fil se retrouva devant une porte métallique peinte en noir et merveilleusement sculptée. Il passa son doigt sur la ciselure géante et caressa ce qui ressemblait à une foule, les bras tendus vers le ciel. Au milieu de la représentation, un corps sans vie drapé du manteau funèbre montait vers des cieux rayonnants. En y regardant de plus près, l'assemblée n’était composée que de squelettes implorants. Le défunt ne rejoignait pas un paradis céleste : son ascension le ramenait à la surface de la terre, baignée par la lumière du soleil. Il quittait le monde des morts pour revenir, homme nouveau, dans celui des vivants. La toreutique renvoyait, comme un miroir, Fil à sa condition. Son instinct lui soufflait que sa renaissance, si tant est qu'il y en ait eu une, débuterait derrière cette porte.

Des toiles d'araignées s'emmêlaient dans un large anneau de cuivre. Le royaume souterrain n'intéressait guère ceux affairés ici-bas. Les visites étaient rares, la projection dans le monde d'après bien trop angoissant, même pour des hommes de foi.

L'envie de communion avec les morts enracinée au cœur, Fil tira sur la poignée. Par l'entrebâillement, il entra dans la crypte.

En lieu et place de la sérénité des défunts, une meute de belettes accueillit le presque mort. Une marée de poils et une fanfare de couinements se carapatèrent au premier faisceau de lumière. Au lieu de se disperser anarchiquement, le flux, comme aspiré par un goulot d'évacuation, convergea vers un même point et, dans l'ombre, disparut. Le sol de fourrure retrouva son caractère minéral, froid. Un dernier trille annonça la désertion du caveau.

Ce mystère singulier eut le mérite d'extirper Fil de sa léthargie. L'énigme dans son enveloppe ésotérique raviva sa nature curieuse. La lumière de la rationalité pénétra son esprit et éclaira la crypte sombre. Il avança vers la zone incriminée bien décidé à trouver une réponse satisfaisante à ce miracle. L'humidité flottait dans l'air de cet endroit hors du temps. Plus aucun bruit, seule la paix battante du repos éternel. Bien avant l'heure, le futur roi d'Outremonde apprivoisait la quiétude du monde souterrain et de ses occupants.

Un léger courant d'air caressa la joue de Fil, son sifflement invitait à l'approche. Devant lui, dans la lueur chaude des flambeaux du couloir, un tombeau entrouvert soufflait son secret. Aucun cercueil ne reposait dans la case prévue à cet effet. Un escalier sculpté dans la roche s'enfonçait dans les profondeurs de la terre. Fil mit un pied dans la tombe et lut l'épitaphe inscrite sur la stèle. San-Trine, premier des adorateurs. Souhaitant enterrer ce qu'il restait de sa vie, il enjamba le soubassement. Il s'enfonça dans le royaume des ténèbres et son obscurité réconfortante.

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Syanelys
Posté le 13/05/2023
Hey Clem' !

Avant-dernier chapitre assez laborieux à lire car tu donnes l'impression de vouloir "casser" le rythme soutenu qui accompagne souvent la fin d'une histoire. Introduire Milaïd pour placer stratégiquement le sepulcre de San-Trine de cette façon enlève en effet tout caractère urgent de la situation.

Fil a même le temps d'insister, en reformulant, qu'avec tout l'argent confié, la confession devait venir de l'autre côté. Du coup, puisqu'il s'étale dans ses discours et joue avec sa victime, j'ai eu l'impression qu'il prenait son temps pour jubiler, de la même façon que Velya faisait ses adieux à son père.

Le flash-back rajoute un obstacle. On se doute qu'un renvoi en arrière est posé pour apporter de nouveaux éclaircissements sur le prieuré et sur un éventuel passage secret. J'aurais préféré qu'il ouvre le chapitre pour "avertir" le lecteur qu'il nous manque des pré-requis pour avancer.

Concernant Maydine, j'aurais aimé un peu plus de ressenti de la part de Fil. Il l'évoque très peu depuis qu'il a acté le fait qu'elle représente la base de sa vengeance. Là, son nom est à peine évoqué, ce qui rend moins sincère sa pensée du moment. Comme si elle venait terminer la "to check list" des arguments qui poussent Fil à se fritter contre le Loren.

J'espère que ce chapitre permettra une entrée dans la fin de l'histoire par les coulisses histoire de mettre un peu d'action. Je vois que l'ultime chapitre s'intitule "Le dilemme" et je me doute qu'il sera posé sans vraiment de réponse clairement choisie XD

Au plaisir de lire la suite :)

Petit coquille sinon : J'ai cru comprendre celui que vous faites passez pour notre créateur y demeurait. -> J'ai cru comprendre que*
ClementNobrad
Posté le 14/05/2023
Hello,

J'avais en effet besoin d'introduire le passage secret pour accéder à Baëlys. Je me suis un peu inspiré de feu Jean Teullé et sa description des monastères moyen-âgeux où la décadence était monnaie courante.
Tu n'es pas en effet le premier à me dire que le rythme s'en trouve ralenti. Je ne pensais pas que ça allait autant se ressentir et paraître si négatif dans la lecture. Ce passage "lent" était voulu justement pour faire monter la tension, l'envie de découvrir ce qu'il va se passer dans le chapitre final. A prendre son temps comme ça, (le plan est foireux ou pas, comme toujours avec Fil), forcément que ça va mal finir (Je réponds ici, car je sais que tu as lu le dernier chapitre aussi). Loren a déjà tout prévu, et le Parakoï est mûr pour être tombé sans difficulté (commencement de réponse à ta remarque du dernier chapitre). Le trio avance tranquillement dans son boyau, imaginant que le combat fait rage au-dessus de leur tête, alors que pas du tout, tout est déjà joué, plié, scellé.

Après, sur le côté "jouer avec sa victime", je ne suis pas tout à fait d'accord. Il sait qu'il y a un passage secret dans le prieuré, mais pas où exactement. Il a besoin que Milaïd lui montre le chemin, il veut le faire parler, mais Milaïd lui donne un peu du fil à retordre. Cette séance de "torture lente" est le moyen le plus rapide.
Oui mais Vélya ? elle aurait pu montrer son insigne et se faire obéir? Je tente une réponse dans le texte, qui n'est peut-être pas satisfaisante, mais ils veulent entrer le plus discrètement possible dans le tunnel, sans éveiller les soupçons pour l'armée de Loren et de l'Empire. Si Velya arrive avec sa posture, pour sûr, son passage serait ébruité...

Pour 'Maydine", à quelle pensée fais-tu référence?

Double coquille corrige, "passez" en "passer" aussi :D
Camille Octavie
Posté le 06/04/2023
Bonjour :)

J'aime bien ce chapitre, c'est intéressant de revenir sur le passé de Fil ainsi, en fondation pour une astuce pour rejoindre le Parakoi.
Avais-tu mentionné dans les premiers chapitre cette fuite de Fil et son bref passage dans un prieuré ? Je trouve que ça serait intéressant de le faire, le lecteur attentif se dirait "aaah mais oui je m'en souviens !" et ça éviterait que d'autres se disent " ah bah voilà, quelle coincidence, c'est beau la vie hein ?".

Pour faire le lien avec les commentaires précédents, je ne trouve pas le flash-back placé, mais je trouve que dans le début il y a encore quelques lourdeurs qui rendent la lecture difficile, surtout dans ce contexte de "on est pressés", qui du coup ne transparait pas vraiment.
J'ai l'impression que Velya est avec Fil dans le confessionnal aussi, mais je ne sais pas si c'est volontaire.

Je suis vraiment curieuse de la fin, parce que même en fin ouverte, faire une fin satisfaisante sur "sauver le parakoi" en un chapitre, c'est du challenge ! ^^
ClementNobrad
Posté le 07/04/2023
Coucou,

Merci d'être arrivée jusque là !

Non, je n'ai jamais mentionné le passage dans ce prieuré, c'est en effet une bonne idée, je pourrai ajouter cette référence au début de l'histoire pour que éviter l'effet "belle coïncidence", je note ça tout de suite :)

Tu n'es pas la première à me dire que l'effet "on est pressé" / "tension qui monte" n'est pas trop ressenti. J'ai dû foirer quelque chose... Va falloir que je revois ça aussi alors... Pas évident ^^

Non Velya n'est pas dans le confessionnel avec Fil. On peut supposer qu'elle n'est pas loin avec le reste de la troupe, prête à entrer dans le tunnel dès que Fil lui montrera le chemin :)

Bon j'espère que tu ne seras pas déçue par le dernier chapitre...

Au plaisir de te relire !
Peridotite
Posté le 30/03/2023
Coucou Clément,

Dans ce chapitre, j'aurais du mal à résumer la première partie que je n'ai pas comprise, mais ensuite on a un flash back sur la vie de Fil qui est perdu dans la neige, est sauvé par un prêtre et descend dans une crypte. Le chapitre s'arrête là. Est-ce bien l'avant-dernier chapitre ? Je ne suis pas sûre de comprendre.

Attention au style dans ce chapitre. Il est (trop) lourd, il y a parfois deux adverbes par phrases, ce qui crée un sentiment pompeux, et rend le texte difficile à lire par moments. Je n'ai pas relevé ces nombreux passages, mais je te conseille de relire à tête reposée. J'ai moi-même lu deux fois le chapitre à des jours différents pour être sûre que j'étais pas crevée ou quoi, avant de t'écrire ce commentaire.

Désolé de ne pas être plus positive, mais je suis vraiment perplexe. Je ne crois pas que j'ai compris ce chapitre.

Mes notes de lecture :

"Le serviteur replongea dans les ombres. Milaïd revint dans le monde des vivants, presqu'à regret."
> On n'a pas le temps de comprendre ce qui lui arrive. Il s'évanouit puis se réveille d'une phrase à l'autre. (enfin je crois, j'ai du m'accrocher pour suivre)

"Bref. Conduisez-nous à la crypte et au sépulcre de San-Trine."
> ? Je peine à comprendre ce que veut Fil. N'était-il pas écuyer dans l'armée du Parakoï au chapitre précédent ?
> ou depuis avant, qui parle ? Ce n'est pas Fil ? Il en a l'exact parler.

"dans une brise casi muette"
> quasi

"Si le Parakoï avait ses propres extravagances, pouvait-il être tenu pour responsable des cruautés perpétrées par Loren, son nouveau Second Sujet ?"
> Fil devrait aussi détester la soeur de Krone qui a agi exactement comme Loren en assassinant le maire et les siens. Les premiers sujets sont en fait au-dessus des lois et peuvent tuer sans être inquiétés. Ce n'est pas sur ordre du Parakoi. Si Fil s'est dit ça étant jeune, pourquoi cette haine contre le Parakoï ?
ClementNobrad
Posté le 31/03/2023
Coucou Peridotite,

En effet, après relecture, j'ai enlevé une tonne d'adverbe qui n'avaient rien à faire ici et qui n'apportaient rien du tout :)

Peut-être que si j'avais inversé la structure de ce chapitre (et commencé par le flash back de Fil), tu aurais mieux compris où je voulais en venir.

Fil est bien le visiteur mystérieux. Il arrive dans le confessionnal pour demander au "prêtre" de l'amener au sépulcre de San-Trine. Ce qu'il y a dans ce sépulcre, on ne le sait pas encore. Comment Fil a-t-il connaissance de ce lieu? > Flash back, il l'a découvert 30 ans auparavant, lors de sa fuite après le meurtre de Maydine.

Qu'est ce qu'il y a dans ce sépulcre? > Pas une tombe, mais pourtant il s'enfonce dedans... Il y a un tunnel qui mène directement à la capitale, passant ainsi directement sous l'armée de l'Empereur qui est en ce moment en train d'encercler la ville. Il y avait quelques phrases qui faisaient comprendre qu'ils allaient passer par un passage souterrain. Le prochain chapitre commence d'ailleurs dans ce tunnel...

Je ne sais pas si j'ai réussi à éclaircir tout ça :D

Je n'ai pas tout a fait compris ta dernière question.

J'espère que la fin te plaira. Clairement, c'est la fin d'un premier "cycle". Les pérégrinations ne sont pas finies après...

A très vite.
ClementNobrad
Posté le 31/03/2023
PS : Fil avait emprunté ce tunnel il y a 30 ans, il ramène maintenant sa petite troupe dans le même tunnel pour rejoindre la capitale.
Peridotite
Posté le 01/04/2023
Oui, désolé, ce chapitre a été confus pour moi. Peut-être que si le flash back est amené avant dans un chapitre précédent, j'aurais mieux réussi à rattacher les wagons ? Je ne sais pas. Quelque chose m'a perturbé à la lecture, mais je ne sais pas trop quoi, peut-être l'enchaînement inversé comme tu l'as dit. Il fait un truc (en plus du point de vue d'un prêtre qu'on ne connait pas - or, tu es dans l'avant-dernier chapitre donc c'est chaud d'y introduire de nouveaux persos) et seulement ensuite tu expliques pourquoi. Peut-être faire l'inverse ? Les raisons de Fil ne sont pas clairement exposées. Je n'ai pas compris ce qu'il faisait ni pourquoi.

"Si le Parakoï avait ses propres extravagances, pouvait-il être tenu pour responsable des cruautés perpétrées par Loren, son nouveau Second Sujet ?"
> Tu as cette phrase qui montre que Fil sait que Loren n'était pas sous les ordres du Parakoï quand il a tué sa femme, que le meurtre gratuit est un privilège des Premières Lames. Donc sachant cela, pourquoi Fil en veut au Parakoï ? Pour accorder ce privilège ? Mais dans ce cas pourquoi n'a-t-il pas la haine contre Velnya qui est toute pareille que Loren (c'est une meurtrière, une psychopathe qui tue des innocents de sang froid, incluant ses propres hommes).
Flammy
Posté le 26/03/2023
Coucou !

Je dois admettre que je suis un peu perplexe face à ce chapitre ^^' Pas qu'il soit mauvais en soit. La façon dont tu dépeins le religieux est très cynique et bien fait, c'est cool, mais c'est vrai que je me suis demandée si ça avait vraiment sa place dans l'avant dernier chapitre du roman, sachant qu'il y a encore énormément de choses à conclure. Certes, tu m'avais prévenu que c'était une fin ouverte, mais j'ai du mal à concevoir que le dernier chapitre conclu assez de choses pour que ça ne soit pas trop frustrant ^^' Ou alors, il faut dire franchement que c'est une histoire en deux tomes. D'ailleurs, le fait d'avoir au final pas mal de choses en ellipse (l'arrivée à la capital, Loren qui les envoie chier, le plan de secours), c'est un peu frustrant à un tel moment de l'histoire, parce que tu aurais pu en profiter pour faire monter la tension, plus qu'avec le passage avec le religieux je pense. Mais c'est que mon avis. (Après j'insiste, je trouve pas que le passage soit mauvais, au contraire, c'est plus sur sa position dans le récit).

J'attends du coup de voir ce que donnera le dernier chapitre, mais je suis un peu circonspecte en attendant ^^'

Sinon, flashback sur le passé de Fil et comment il a découvert ce passage secret. Un peu pareil, même si c'est intéressant en soit, et que ça justifie que c'est pas juste un truc tombé du ciel pour aider les héros, ce petit détour dans la narration à l'avant dernier chapitre coupe un peu la tension dramatique. Vu qu'en plus, dans le présent, on est pas du côté de Fil mais de quelqu'un qui y comprend rien, je trouve qu'on sent beaucoup moins la tension/stress/angoisse à se dire que le Parakoi est peut-être déjà mort, que leur plan a foiré et qu'ils ont fait tout ça pour rien. On regarde ça comme un observateur extérieur et, personnellement, ça m'empêche de m'inquiéter. Après, ce ne sont que mes ressentis à moi.

Petit détail pour la fuite de Fil, s'il a traversé un torrent en plein hiver, il devrait être mort d'hypothermie ^^' C'est assez fatal ce genre de chose ^^

Désolée pour ce retour plus critique que d'habitude ^^" Encore une fois, c'est pas un problème d'écriture, c'est bien écrit, et ce chapitre à n'importe quel autre endroit, j'aurai été content. Mais là, en terme de rythme d'histoire, cela me laisse surtout très perplexe t du coup, je préférai le dire ^^'

Bon courage pour le dernier chapitre, en espérant ne pas t'avoir trop refroidi ^^'
ClementNobrad
Posté le 26/03/2023
Coucou Flammy,

Je ne suis pas du tout refroidi :) Merci pour ton retour, je préfère savoir le ressenti des lecteurs que des compliments qui ne font pas avancer le bousin ^^

Après, comme tu l'as dit, l'histoire (si je la continue) est clairement en plusieurs tomes. Toutes les intrigues ne seront pas levées dans le chapitre suivant, au contraire, de nouvelles vont être ouvertes jusqu'au dernier chapitre. Tu me diras ce que tu en penses si cette "fin" de tome/livre est satisfaisant en soit. Je pense qu'il va être "frustrant" sur certains aspects, et c'est l'effet un peu recherché ^^ Mais dans la perspective d'un autre tome des aventures du trio/quatuor/cinquor démoniaque, je pense que tout ceci peut se tenir :)

J'ai hâte d'avoir tes derniers ressentis. Je posterai ça très prochainement :D

Encore merci pour ta lecture attentive et régulière. J'espère que ces quelques moments passés en compagnie de Fil et Krone t'auront quand même distraite :) C'est le but premier de mon univers :D

A très vite !
Flammy
Posté le 26/03/2023
Oui oui, j'ai été distraite, sinon je ne me serai pas acharnée ^^ Mais du coup, je pense que si c'est un truc en plusieurs tomes, tu devrais pas hésiter à l'assumer ^^ On construit pas pareil une histoire en un temps (même avec fin ouverte) et avec plusieurs tomes, et là ça donne une impression d'entre deux ^^'

Mais on verra bien avec le dernier chapitre =D
ClementNobrad
Posté le 26/03/2023
Bah la fin du dernier chapitre fini par "Fin de la première des Pérégrinations"... La suite est sous entendue :D
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