Le Tréport

Par Bruns


Sorti du trou comme un nouveau né
Sous son regard crucifié
Entre tes falaises, Le Tréport dort, tu m'attends.
Dans ton manteau d'ardoise, brillant
Comme une vieille fille offerte,
Usée, fatiguée, les jambes ouvertes,
Je me suis plongé dans tes plages froides de galets
Cinglées par le vent soufflant tonitruant
Déchaîné par les dieux perdus de l'océan.
Je me suis rendu dans tes rues vides
Aux murs sombres comme le fond des abimes.
J'ai cherché en vain la beauté de tes femmes.
J'ai cherché dans le vin tes démons épiphanes.
Dans tes brasseries, j'ai bu ta bière avec tes vieux enkystés,
Sur les canapés rouges à bourrelets
Passant leurs journées à mater les culs des serveuses surannées,
Engrossées par les marins, partis chercher fortune
Et des rêves de gloires posthumes.
Ils me racontent, ces vieux, ta petite mort.
Cette vie qui s’échappe de ces mers du nord.
Ils me rappellent les rires de leur jeunesse,
L’insouciance, ivres du vin de messe.
Ils se rappellent les premières filles abandonnées
Pour l'amour de la mer et de ses vagues chaloupées.
Ils pleurent les femmes oubliées pour aller se battre
Dans une guerre, pour le devoir, pour la cocarde.
Ils rient quand je pleure avec eux,
Partageant mon cœur avec ces vieux merveilleux.
Mais entre deux verres, de vin, de bière,
Au loin, tonnent les canons, les échos d'une guerre.
Le Tréport,
Le Feu approche.
Réveille tes morts.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Vous lisez