Monsieur le président
je t'écris cette missive
Que je te balance
Comme un de tes missiles
Monsieur le président
Ils sont devenus fous
Il est grand temps
de museler tes loups.
Ils saignent la patrie
Ils saignent ton peuple.
Prends garde, car bientôt
Il y aura dans le pays
Une nouvelle veuve.
La révolte grandit
Sans pardon, elle arrive
Cette belle révolution.
Ne sens-tu pas cette merde
Ne sens-tu pas ces ordures
Déversées avec colère
Aux portes de tes préfectures ?
Non ?
A Paris, tu ne sens pas la merde.
Tu ne sens que le blé
Qui pousse dans les beaux quartiers
Et ta merde bien ramassée
Par de pauvres bougres
Des travailleurs sans papier
Ne salit ni les Richelieu
Ni les costards bien taillés
De tes ministres bienheureux.
Monsieur le président
Sacrifie tes politiques
Plutôt que tes sans-dents
Le fumier continuera de fumer
Dans tes campagnes
Dans les mémoires
Quand tes os auront blanchi
Dans ton cercueil d'or et de platine
Quand tu auras gouté
Au charme de la guillotine.
Monsieur le président
Je t'écris cette bafouille
Invisible, un poing levé
Au milieu de foule
Anonyme, pour te demander
Si tu ne vois rien
De ce qui se passe
Au milieu de ton jardin.
Ton système est usé
La république ne sert plus
Le peuple mais les élus.
La république est fracassée
Violée par tes ministres
Et tes députés qui braillent
Comme des putes
Sur leur bout de trottoir, tristes
Artisans de la culbute.
Tes institutions sont détournées
Pour ceux qui n'ont jamais eu de métier.
Tes institutions sont dépouillées
Par ceux qui ne savent que profiter.
Par tous ces parvenus,
De la démocratie, ces élus
Le cul tanné
Par les cuirs de l'assemblée
Le regard voilé
Par les ors des palais
De ton pays et ses beautés.
Ne vois-tu pas que leur combat
Pour le pouvoir est indigne
Et que leur sang coulera
A nouveau entre les vignes ?
Monsieur le Président
Il faut en finir
Avec tes élections
Et les candidats professionnels.
Mille fois, on leur a dit non
Mille fois ils reviennent
Pour se faire élire
Sans raison.
Ils piétinent la démocratie
Et nos rêves de liberté
Car quelle est notre liberté
Quand on ne choisit pas
Pour qui voter.
Quelle est notre liberté
Quand notre voix n'est pas
Écoutée.
Monsieur le Président,
si tu es resté me lire jusqu'ici
Je t'en remercie
Mais maintenant
Renvoie tes ministres, tes présidents
Tes commissions, tes sénateurs,
Tes députés, tous tes menteurs
Tous tes élus
Tous tes divins
Qui ne connaissent rien à rien
Et écoute !
Écoute les chants qui appellent
Que renaisse la Commune.
Elle se nourrira du sang
Des versaillais et leur fortune.
Bientôt un échafaud
Place de la Nation
Se dressera à nouveau
Pour une belle révolution
Qui chassera de Paris
Les nantis sur notre dos enrichis.
Il est venu le moment
Du grand rassemblement
Celui des peuples qui veulent vivre
Sans nation, sans religion
Sans frontière, sans barrière
Riches de vers et de livres
Riches des verres et d’hommes ivres
D’amour et de volonté de survivre
Avec pour seul gouvernement
Trois poètes.
Ils mettront de la beauté
Dans ce monde.
Trois philosophes.
Ils mettront du bon sens
Dans ce monde.
Trois enseignants.
Ils apprendront à nos enfants
A écouter ce monde.
Trois auteurs de Science-Fiction
Ils prépareront le futur
De ce nouveau monde.
Trois mères de famille.
Elles portent en elle
L'espoir d’un monde sans haine.
L’espoir d’un monde de poésie
La voila mon anarchie !