Le Trident de Poséidon - Chapitre 8

Par NaL

Professeur Abigaël: Le Trident de Poséidon

 

Chapitre 8

 

Abigaël reprit une douche pour s’éclaircir les idées. Elle venait de vivre une rencontre extra-dimensionnelle aux allures de trip LSD avec un être millénaire qui affirmait avoir vécu à l’ère préhistorique et connaissait tout un pan de la préhistoire humaine.

Abigaël avait tellement de questions à lui poser, elle se sentait extrêmement frustrée de ne pas avoir pu le faire. La force qui habitait son cœur, la passion qui la faisait se lever tout les matins et parcourir les quatre coins du monde à la recherche de cités disparues, c’était la découverte des millénaires oubliés de l’Histoire et elle avait approché la vérité de peu avant qu’elle se dérobe à elle. Atlas lui avait donné des bribes de vérités en lui promettant de lui en dire plus la prochaine fois. Autant dire qu’Atlas avait donné des miettes à une affamée en lui demandant d’être patiente en attendant le vrai repas. Autrement dit, Abby était rongée par la frustration. Sans parler de sa colère vis à vis de Drake.

Cette matinée avait été l’équivalent d’un grand huit émotionnel. Elle devait reprendre ses esprits et le contrôle de la situation.

En premier lieu, elle devait appeler Samir pour le tenir informé. Après tout, c’était son chef. Cela l’aiderait à prendre du recul et à savoir quoi faire.

Elle prit son téléphone et l’appela.

- Hm? Professeur Abigaël ? Répondit celui-ci. J’espère que c’est important, je suis en pleine partie d’échec skype avec Magnus Carlsen.

- Vous gagnez ?

- A votre avis ?

- Ben c’est quand même une légende des échecs.

- Oui, mais ce qu’il ne sait pas, c’est que j’ai crée une nouvelle intelligence artificielle à la logique anti-euclidienne. Je la teste sur Magnus à travers notre partie d’échec. Donc oui je gagne, parce que l’IA développe en temps réel des techniques complètement absurdes qui le prennent au dépourvu. C’est amusant de voir ses défenses psychiques s’effondrer une à une tandis que sa structure logique perd toute stabilité. Je suis en train de parier avec TT12 quand est-ce qu’il va décompenser et finir en hôpital psychiatrique.

- Ça pourrait être pas mal comme arme à utiliser à l’Agence. J’en connais un sur qui je serai ravi de l’utiliser.

- Ouais, je note l’idée. C’est votre ex dont vous parlez ? Il vous a fait un coup de pute ?

- Comment vous savez ?! s’exclama Abby.

- J’ai gagné mon pari, TT12 , s’écria Samir. Tu me dois une bière.

Abby entendit TT12 râler à l’autre bout du fil.

- Putain, mais vous faites des paris sur moi ?!

- A vrai dire, on pense tous les deux que vous devriez mieux choisir vos fréquentations, professeur Abigaël.

- Mais qu’est-ce que vous avez tous avec ça ?! s’exclama Abigaël. Enfin bref, on passe à autre chose. Je vous appelle pour le boulot. J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. Vous voulez commencer par laquelle ?

- La mauvaise, c’est toujours plus constructif.

- Eh bien, justement, cet ex… Il m’a volé mes notes sur la cité engloutie de Kumari Kandam et il est parti avec.

- Merde… Il agit seul ?

Abby réfléchît.

- Mon cœur me dit que oui, mais Drake m’a encore prouvé que je ne le connaissais pas vraiment. Peut-être bien qu’il travaille avec d’autres personnes. Cela fait sens en tous cas, parce qu’il ne peut pas trouver le trident tout seul. Il m’a roulé dans la farine en se présentant à moi seul sinon je me serai méfié, mais il travaille peut-être avec d’autres personne.

Samir réfléchissait à l’autre bout du fil.

- Bon… Je vais faire mes recherches de mon côté. S’il n’agit pas seul, alors qui d’autres que l’Agence peut s’intéresser aux armes légendaires ? Ça pue, cette histoire. Bon, et il a beaucoup d’avance ?

- Plusieurs heures.

- Ça se rattrape. Je vais t’envoyer quelqu’un pour t’aider. On sait jamais, s’il travaille avec une grosse entreprise, tu peux te retrouver en danger.

- Non, je préfère travailler seule.

- C’est le Colonel Jones.

- Ah bon, d’accord.

- Et la bonne nouvelle ?

Abigaël prit sa respiration avant de raconter sa rencontre astrale avec Atlas.

- Un homme à la peau bleue vieux de plusieurs millénaires ? Demanda Samir quand elle eut fini. C’est très étrange. Attends, je lance une rapide recherche.

Samir se tut. Abby savait qu’il ne cherchait pas sur un ordinateur ou autres. Il était en fait en train de chercher dans sa propre mémoire. Un jour, Samir lui avait dit au détour d’une conversation qu’il avait la mémoire absolue. Il pouvait se souvenir d’à peu près tout ce qu’il voyait, entendait et apprenait. Le chef des Gardiens lui avait ensuite expliqué comment il organisait sa mémoire d’éléphant et faisait lui-même le tri selon l’importance de la donnée. Elle était tentée d’en savoir plus, mais la conversation avait tourné court quand TT12 était venu lui annoncer que le dernier chapitre de One Piece était sorti. Samir s’était donc jeté sur le premier ordinateur venu en mettant fin à la conversation.

- J’ai beau chercher, je ne trouve rien qui corresponde à ce que tu décris. Jamais, au cours de mon travail en tant que chef des Gardiens, je n’ai entendu parler de ce genre de monstre.

- Il ne me faisait pas l’effet d’un monstre.

- N’empêche, il est différent et ce qu’il t’a raconté a éveillé mon intérêt. Avoir vécu plusieurs millénaires ? Et être disposé à en parler ? Très intéressant. C’est effectivement une bonne nouvelle.

- Oui, enfin la bonne nouvelle, c’est qu’il m’ait indiqué où se trouvait le Trident de Poséidon.

- Ça c’est une broutille. Si on arrive à choper cet Atlas, on pourra probablement découvrir bien d’autres armes légendaires !

- Ah oui, vu comme ça…

- Bon ! Allez on s’active ! s’exclama Samir à l’autre bout du fil. Je t’envoie le Colonel Jones comme convenu. Elle te retrouvera directement sur place, d’accord ?

- Ok.

- Bien, il n’y a plus qu’à y aller. Bon courage, professeur Abigaël !

Samir raccrocha. Abigaël posa le téléphone et souffla. Elle devait se dépêcher mais ces dernières heures avaient été éprouvantes. Elle devait se reposer, faire une petite sieste avant de se lancer à l’aventure. La jeune femme se laissa tomber dans le lit et s’enroula dans les drap frais. Elle s’étira comme une chatte et sentit le sommeil la prendre. Juste avant de s’endormir, elle pensa à la nuit dernière. Même si Drake avait son enfoiré, elle avait quand même pris son pied. Fallait voir le côté positif des choses.

 

 

Île de Santorin.

 

Drake conduisait à fond une Porsche Taycan dans les ruelles blanches et bleues des villes de l’île. Il avait rendez-vous avec des gens qui ne rigolaient pas et il était en retard. Ces individus le payaient une fortune pour ses recherches aux quatre coins du globe, mais il n’avait pas le droit à l’erreur. S’il merdait, il ne donnait pas cher de sa peau.

Il fila sur les routes sinueuses de l’île, le soleil encore bas dans le ciel. Il ressemblait à un pur touriste, avec son teint halé et ses lunettes de soleil, mais il cachait dans son coffre une arme à feu et une combinaison de plongée dernier cri. Il n’était pas là pour se dorer la pilule.

Drake s’en voulait d’avoir laissé Abigaël en plan, comme un gros salaud. Mais s’il ne le faisait pas, les gens pour qui il travaillait ne seraient vraiment pas content. Et il pourrait dire adieu à la grosse somme d’argent qu’ils lui avaient promis. L’acompte qu’il avait eu lui avait permis de s’acheter la Porsche et un appartement à Venise. Il se délectait de s’imaginer ce qu’il allait pouvoir s’acheter une fois qu’il aurait reçu tout le salaire. Ses pensées étaient néanmoins polluées par le mal qu’il avait causé à Abigaël. Il ressentait des regrets.

- Eh merde ! Elle avait pas qu’à me plaquer, la connasse ! Hurla-t-il en l’air, seul dans sa voiture.

Il se calma finalement et se concentra sur la route. Il arrivait à destination. La Porsche quitta la route et il s’enfonça dans une petite route de campagne. Drake finit par arriver sur une petite plage cachée par des arbres.

Une équipe d’une dizaine de personnes l’attendait là, habillées en combinaison d’infiltration noire, avec lunettes infrarouges et armes d’assauts. Le leader, un grand homme carré qui ressemblait aux stars de Bollywood, se tourna vers Drake qui éteignait sa voiture.

Il s’avança vers Drake.

- Alors, Drake, tu es en retard ? Demanda l’homme en lui serrant la main.

- Désolé, Rajan.

- Ce n’est pas grave, tu as fait du bon travail en récupérant les coordonnées. Bien joué.

- Merci, mais ces coordonnées ne sont pas précises. Il va falloir chercher.

- Pas de soucis, on était déjà sur le coup. On a envoyé des drones à vision 3D parcourir la mer aux alentours de l’île. On a trouvé trois formes étranges qui pourraient correspondre à des structures humaines, englouties dans l’eau.

- Vous savez que vous trouvez en à peine un jour ce que plusieurs équipes d’archéologues ont du mal à trouver en quelques dizaines d’années ?

- Le C.O.P.S.A.P. a beaucoup de moyens.

- Je vois ça.

- Allez, Drake, fit Rajan en lui donnant une lourde tape sur l’épaule. Mettez votre combinaison, on va trouver le Trident de Poséidon.

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