Le vent de foehn
Il y a longtemps, dans un pays lointain, vivait une petite fille appelée Eolène.
Elle était le soleil qui réchauffe et éclaire. Elle était la pluie d’été qui désaltère la nature engourdie ; la fraîche rosée qui orne le monde de ses perles ; le nuage voyageur qui promène son ombre sur de petits morceaux de campagne.
Elle était surtout la brise douce, qui se faufile, joueuse, égaye les feuilles des arbres, incline les herbes hautes, enlève aux roses leurs pétales fanés pour que leur beauté dure un jour de plus. Celle qui passe, imprime son mouvement sans jamais rien briser, s’en va plus loin, revient puis recommence.
Eolène, simple, vive, toujours gaie, répandait ce climat sur tout son petit monde.
Au lever du soleil, le jardin la voyait sortir pieds nus dans sa chemise blanche, courant dans le matin, pour faire voler derrière elle sa longue chevelure blonde. Ses parents riaient en la regardant, émerveillés que le destin leur ait donné un si joli papillon.
Tout le jour, elle était en mouvement. Butinant entre les visiteurs toujours nombreux dans la grande maison, les régalant de son rire cristallin, elle partait tout à coup grimper dans un pommier ou tremper ses petits pieds dans le ruisseau voisin. Puis elle revenait, posait une question et écoutait passionnément la réponse en tournant sur elle-même pour sentir l’air qui glissait sur son corps.
Le soir venu, les joues rosies, les yeux brillants, elle s’apaisait enfin pour profiter des bras aimants de ses parents, dans lesquels elle se blottissait, petit oiseau repu de courants aériens.
À mesure qu’Eolène grandissait, ses courses folles et ses explorations prenaient de l’ampleur et son monde s’étendait. À trois ans, le jardin à lui seul était pour elle un continent à découvrir. À six ans, elle se risquait jusqu’à la colline d’en face pour prendre son envol depuis le sommet en criant de joie. À neuf ans, elle connaissait les champs, les bosquets et les ruisseaux à deux lieues à la ronde.
Lorsqu’elle eut dix ans, elle eut envie de savoir si le vent apportait les mêmes parfums dans le pays au-delà de la rivière. Elle partit un matin, levant son visage vers le ciel, souriant à l’idée de nouvelles découvertes. Elle marcha sans effort et franchit le pont alors que les prés n’étaient pas encore secs.
Sur l’autre rive, elle grimpa en haut d’une colline toute blonde de blés. Là, face au vent, elle huma longuement. Elle perçut les senteurs qui lui étaient familières : herbe mouillée, humus, fleurs des champs. Elle distingua aussi un picotement inconnu : le foehn, qui frôlait les montagnes, apportait avec lui le parfum des glaciers. Il chantait pour elle.
Je suis le vent de foehn et je viens de la mer
J’ai pris à la montagne un peu de sa fraîcheur
Pour toi, jolie oiselle, qui joues avec mon air,
Qui danses et ris sans fin, et qui n’es que bonheur.
Grisée, Eolène ouvrit quelques boutons de sa robe, en dégagea le col, remonta ses manches. Bras écartés, tournant sur place, relevant ses cheveux, elle ne rouvrit les yeux que lorsque chaque parcelle de sa peau dorée eut été caressée par ce souffle frais et neuf. Alors elle redescendit la colline, en rêvant des neiges éternelles.
À mi-chemin de la rivière, elle vit qu’un homme était là, debout, adossé au parapet du pont. Il semblait l’attendre.
Quand elle approcha, il souleva son chapeau pour la saluer. Son sourire montrait de grandes dents blanches et d’étranges yeux jaunes brillaient dans son visage mangé par une barbe grise. Eolène pensa, sans trop savoir pourquoi : « le loup a faim. »
– Bonjour, petit nuage, lui dit-il. Tu te promènes seule ?
– Bonjour Monsieur, répondit la fillette. Je suis venue goûter l’air d’ici. Pourquoi m’appelez-vous petit nuage ?
– Parce que j’ai vu ta danse, là-haut. Tu te laisses porter par le vent de foehn. Tu le laisses te prendre, faire de toi ce qu’il veut... Comme un nuage d’été.
Eolène sourit. Le loup avait raison : c’était exactement ça. Elle était enchantée que quelqu’un la comprenne si bien.
– Tu veux bien recommencer ta danse un instant, pour moi ? demanda-t-il. C’était si joli.
Alors elle ferma les yeux, écarta les bras, tourna lentement sur elle-même.
Et ce fut la nuit.
***
Eolène s’éveilla dans une pièce sombre. Une bougie mourante en éclairait un angle. On l’avait allongée sur une paillasse humide qui, seule, meublait l’endroit. Elle ne vit aucune fenêtre et l’atmosphère de la pièce, immobile, viciée, s’abattit sur elle. Elle se recroquevilla dans un coin et pleura.
Après de longues heures, la porte s’ouvrit et l’homme-loup entra. Les lèvres retroussées sur ses crocs, les yeux avides, il semblait encore plus affamé qu’au matin.
– Viens, lui ordonna-t-il en lui tirant le bras. D’autres que moi veulent te voir danser, petit nuage.
Il l’entraîna dans un long couloir, lui fit gravir un escalier et la mena devant une porte capitonnée de velours rouge. Sans rien ajouter, il l’ouvrit, la poussa à l’intérieur et verrouilla derrière elle.
La pièce était très grande, tendue de draperies écarlates, éclairée de lampes couvertes de soie cramoisie. Partout des sièges moelleux, des coussins invitaient à s’alanguir. L’air était écœurant de chaleur et de parfums sucrés.
Le centre de la chambre était occupé par un immense lit recouvert d’oreillers, d’édredons et de voiles. Face au lit, une porte-fenêtre s’ouvrait sur un balcon. L’espace d’un instant, Eolène, les yeux résolument tournés vers l’extérieur qui lui manquait déjà, distingua dans la nuit les sommets blancs de pics montagneux, loin derrière les vitres.
– Bonsoir, petite biche, dit une voix grave et voilée.
Un ogre venait d’entrer. Immense, rougeaud, suant, sa chemise à demi ouverte tendue sur son énorme ventre, il s’approcha lentement. Il la regardait tout entière de ses yeux pleins de convoitise. Ses lèvres épaisses et molles s’ouvraient en un sourire gourmand.
La joie et l’envie se figèrent dans le cœur d’Eolène, pour la première fois de sa vie. Une peur sombre, aiguë, violente les anéantit comme un orage de grêle piétine les jeunes pousses. Elle ne savait pas qu’une telle frayeur existait, ni même que celle-ci pouvait encore grandir.
Mais elle enfla pourtant lorsque l’ogre passa la main dans ses cheveux et, soufflant comme un bœuf son haleine lourde, lui soupira :
– Danse pour moi, petite biche. Il paraît que tu danses dans le vent. Regarde, je le fais entrer pour t’accompagner.
Et il ouvrit la fenêtre.
Eolène écarta les bras et se mit à tournoyer lentement, tremblante de terreur. Elle serra les paupières sur ses yeux bleu ciel aussi fort qu’elle le put. Elle ne voulait rien voir de l’ogre qui la léchait du regard. Elle essayait de n’en rien entendre non plus. Ni ses mouvements, ni ses gémissements, ni ses phrases doucereuses qui se collaient à elle comme le jus épais de fruits trop mûrs.
Elle dansa longtemps, ses jambes ne la portaient plus. L’ogre lui tapota la joue, et l’air repu, la congédia :
– Va-t’en, petite. Tu as bien dansé.
A la porte, le loup l’attendait. Il la ramena à la chambre aveugle et l’enferma. Elle se laissa tomber sur le matelas sale et fixa longtemps la nuit.
Le lendemain, le loup revint. Il la conduisit de nouveau au boudoir rouge. Un autre ogre attendait. Plus petit que l’autre, il se faisait plus impératif. Ses ordres claquaient comme des fouets. Eolène sentit qu’il désirait sa chair, à mordre ou à déchirer. Il en frémissait. Elle dansa comme la veille, une ronde infinie, et fut enfermée de nouveau.
Et ainsi chaque nuit, elle tournait et tournait devant la fenêtre ouverte, pour un ogre ou plusieurs. Ils lui donnaient des petits noms, ils étaient cajoleurs ou cruels. Certains la regardaient, et d’autres la touchaient, la palpaient de leurs grandes mains moites. Parfois ils arrêtaient sa ronde et, dévorés d’envie, ils la dévoraient, elle ; ils la broyaient, la mâchaient sous leurs grands corps de monstres. Puis ils la recrachaient vers sa prison humide.
Le vent qui accompagnait son ballet devint plus âpre, mordant, à mesure que les jours se succédaient. Ce n’était plus le doux air des collines qui l’avait accompagnée toute sa vie. C’était la bise, piquante, râpeuse.
La peur avec le froid atteignit son paroxysme et le joli papillon fut emprisonné dans une glace épaisse. Eolène était vide. Elle ne sentait plus rien. Ni le souffle gelé, ni l’angoisse ; ni la douleur, le désir, le mépris ; ni même le temps qui passe.
Pourtant l’hiver s’écoula. Il mollit, s’adoucit et ne se défendit pas trop lorsque le printemps voulut prendre sa place.
***
Une nuit, alors qu’Eolène valsait pour rassasier l’appétit d’un géant, son visage fut caressé par un souffle tiède. Il portait sur son aile le parfum fragile de l’herbe tendre qui paraît sous la neige. Le vent de foehn. Sa douceur dégela un tout petit morceau du cœur de l’enfant. La glace en fondant forma une larme. Elle coula sur sa joue, la ranima. Puis Eolène perçut une mélodie qui n’était chantée que pour elle.
Je suis le vent de foehn, je dégèle la terre.
De mon haleine tiède, je ramène à la vie
La nature et ton cœur, prisonniers de l’hiver.
Renais, Petite Oiselle, ta vie n’est pas ici.
Une douce chaleur irradia dans son être. Tout le jour suivant, le glacier qui la piégeait se transforma en ruisseaux, puis en torrents. Ceux-ci bouillonnaient, éclaboussaient, coulaient dans ses veines, affluaient vers chaque partie de son corps amaigri. Ils charriaient avec eux des émotions nouvelles : la colère, le dégoût, la tristesse. Et une étincelle d’espérance.
La nuit revint, et avec elle, le loup qui la mena dans la chambre rouge. À peine eut-elle commencé à danser que la chanson se fit entendre.
Je suis le vent de foehn et je parcours le monde.
Courage, mon Oiselle ! Chaque nuit je viendrai
Te murmurer mon chant, rapportant sur mes ondes,
Les plus jolis trésors : des plumes, du duvet.
La rage et l’espoir renaissants l’aidèrent à supporter la nuit et son lot de souffrances. Au matin, elle sentit des frissons le long de son échine et comprit le sens des paroles du vent.
Elle dormit tout le jour : elle reprenait des forces. Elle mangea même jusqu’à la dernière bouchée l’affreux brouet qu’on lui jeta et auquel elle ne touchait d’habitude qu’à peine.
Quatre jours et quatre nuits passèrent ainsi. Fidèle, le foehn tenait sa promesse et chaque soir devant la fenêtre, il lui jouait son aubade. Eolène sentait sur son dos la magie opérer, alimentée par ses offrandes.
La cinquième nuit, l’homme-loup, comme à l’accoutumée, déverrouilla la porte de sa cellule et la conduisit vers la pièce écarlate. Eolène y entra et, surprise, le vit la suivre et refermer derrière lui. Très lentement, pas après pas, il avança vers elle.
– L’hiver ne t’a pas réussi, petit nuage, déclara-t-il de sa voix rocailleuse. Tu as perdu ta couleur, ta substance.
Il se rapprochait, dardant sur elle ses yeux jaunes et sauvages.
– Les ogres, bientôt, ne voudront plus de toi. Ils aiment la chair fraîche.
Dans un instant, il serait assez près pour la toucher.
– Mais moi, petit nuage, je t’aime comme au premier jour, quand je t’ai vue voler en haut de la colline. Alors cette nuit, c’est pour moi que tu danseras. Je t’admirerai, je te graverai dans ma mémoire. Et ensuite, je te goûterai, petit nuage. Je prendrai ce que les monstres ont laissé…
Il tendit la main vers son cou, ses lèvres retroussées sur ses dents acérées. Eolène sentit l’espoir s’échapper comme une brume. Mais quand il lui effleura la mâchoire de sa griffe, le foehn entra par la fenêtre en une bouffée salvatrice. Il secoua les tentures, s’engouffra sous les rideaux, en murmurant à la fillette :
Je suis le vent de foehn et je peux t’emporter.
C’est l’heure de t’élancer maintenant sur mon dos.
Va, cours, envole-toi, reprends ta liberté,
Moi je serai ton guide vers ton nid, mon oiseau.
Elle n’hésita pas. Elle courut vers le balcon, monta sur la rambarde de pierre, et s’élança. Le loup la poursuivit, il frôla sa cheville quand elle s’envola. Et il vit, fasciné, la toile de sa robe se déchirer au dos, laissant se déployer deux ailes blanches, immenses, brillant dans un rayon de lune.
Le foehn se gonfla, se mua en bourrasque, et de toutes ses forces, il souleva de terre le loup qui, lui, dépourvu d’ailes, tomba dans un long hurlement et s’écrasa en bas dans la ruelle noire.
Le vent tiède se fit douceur à nouveau et emmena Eolène loin de la chambre rouge, des ogres, de la peur et du froid. Il la déposa dans les bras de ses parents, dans le jardin de la grande maison, abîmée, mais vivante.
***
Eolène jamais plus ne fut la brise, le nuage ou la rosée. Mais elle devint le feu de cheminée, le thé au miel, la douceur des caresses, l’histoire avant de s’endormir, la chaleur du foyer. Elle fut heureuse ainsi. Parfois, quand la maisonnée sommeillait et qu’elle seule veillait encore, elle entrouvrait une fenêtre et écoutait, reconnaissante, la chanson du foehn.
FIN
Je suis arrivée ici suite à ton conseil et je ne le regrette pas !
Quelle imagination tu as !
C'est vrai que c'est un texte plus dur que ceux que j'ai précédemment pu lire de toi, mais il est aussi plein d'espoir et de poésie.
Pour moi, il est rempli de symboles. Ça m'a fait penser aux textes étudiés aux lycées où on se demande "l'auteur a-t-il vraiment pensé à tout ça ?". Je ne sais pas exactement ce que représentent pour toi le vent, le loup, la danse etc ... mais je crois que ce texte permet justement à chacun de se l'approprié et de l’interpréter selon son vécu.
En résumé je trouve ce conte très fort et je crois que c'est le plus beau texte qu'il m'ait été donné de lire sur ce site jusqu'à présent.
Bravo, tu as beaucoup de talent !
En ce qui concerne le symbolisme, j'espère ne pas te décevoir en t'avouant que je ne suis pas allée chercher très loin : tout ce qui est en lien avec la nature, les éléments météo, etc... représentent la pureté et l'innocence. Quant au loup et aux ogres, ce sont des prédateurs sexuels. Je les ai représentés sous cette forme pour rester dans l'univers du conte et surtout parce que cette image de monstres convenait très bien. Enfin, la danse, c'est tout simplement une danse, mais c'est surtout un geste de la petite fille qui teste sa sensualité au sens le plus basique et le plus innocent du terme (elle profite de ce que lui offre ses sens), mais qui est détourné et sexualisé par les hommes/monstres qui profitent d'elle. Est-ce que tu avais compris l'histoire comme ça ?
C'est marrant parce que je me suis attachée à n'utiliser que des métaphores, mais pour moi, il ne pouvait y avoir qu'une interprétation (pour un adulte, du moins). Or, en lisant les commentaires qui ont été laissés, je ne suis plus si sûre que tout le monde ait interprété comme je le croyais... Mais c'est ce qui est génial !
D'ailleurs, puisque tu sembles apprécier les textes courts, j'ai des recommandations à te faire :
- Dans le blanc, de Itchane (c'est l'idée d'interprétations multiples qui m'a fait pensé à celui-là) : très belle plume !
- A l'envers, de Tac (sujet difficile, par contre)
- Les premières fois (sujet trèèèèès difficile), et Le moucheur de nuages (un autre conte, très joli) de ChachaLaBaveuse
- L'imprévu, de Peneplop (très drôle, gagnante du concours de 1er janvier de cette année)
Voilà ceux auxquels je pense au cas où tu chercherais des idées ;) Mais il y a plein de textes courts magnifiques !
Merci beaucoup pour ta lecture et ton commentaire.
A bientôt !
Merci pour tes recommandations ! Je vais aller lire tout ça !
Je suis venue voir ce texte que tu m'avais conseillé.
Je ne m'attendais pas du tout à ça.
Je suis encore dans l'histoire, j'atterrirai plus tard.
À mon tour de passer donc, et punaise, je suis scotchée !
Comme j'avais lu en diagonale l'extrait proposé aux HO, je ne savais pas à quoi m'attendre. Ma curiosité a été piquée en lisant ta mise en garde, et je n'ai franchement pas été déçue.
Bon, je n'ai pas trop de problèmes avec le glauque ou les histoires lourdes, mais c'est vrai que j'ai une grosse préférence pour la suggestion plutôt que les propos crus. Enfin, ça dépend comment c'est fait, mais je ne sais pas, sans doute que les images me parlent plus.
Et là, bon sang, c'est tellement bien fait ! Les métaphores sont justes parfaites. Vraiment, j'ai eu la chair de poule tout du long ou presque, j'ai même détourné le regard, c'est dire la puissance de ce texte.
Je... Chapeau bas, vraiment. C'est un très beau texte, qui mérite amplement son prix.
À bientôt !
C'est ce que je voulais : rester dans la suggestion et la métaphore, sans enlever sa force au propos. Ravie de voir que ça marche !
Détourné le regard ? Ah oui quand même...
Le problème avec ce texte et tout ceux qui provoquent des émotions plutôt "négatives", c'est qu'on culpabilise un peu de brasser les lecteurs. Mais tu dois connaître ça, avec ton prologue ? ;)
Je suis toute tourneboulée par ton histoire ! Lyrique sans être lourde, poétique sans trop en faire, avec des métaphores et des comparaisons d'une délicatesse très agréable. Le récit en lui-même fait froid dans le dos. Au début, c'était si joyeux que je pressentais la couille arriver, et je me disais qu'elle allait être belle... ben j'ai pas eu tort. Mais j'ai adoré comment tu décrivais.
C'est trop triste que le vent de foehn ne l'aie pas tirée de là plus tôt :'(
En tout cas c'est trop bien.
Plein de bisous baveux
Le vent n'a pas pu la tirer de là plus tôt parce que c'était l'hiver et l'hiver, il est pô là...
Ouais je sais j'ai pas lésiné sur la couille...
Contente que ça t'ait plu, et merci pour ta lecture et ton adorable commentaire
Biiiiiiiisouuuuuuus
Merci à toi pour ta lecture et ton commentaire
Je passe ici dans le cadre des HO et wouah, voilà un superbe conte ! Il est très réussi à mon sens, le style est fluide et les images, autant que les émotions se rendent très bien. Le prix était mérité, tout comme ta nomination dans la catégorie !
Merci pour cette lecture, j'en ai la boule au ventre pour Eolène.
A bientôt
Le prix est amplement mérité.
Tu as su manier à merveille le langage implicite.
C'est horrible et beau à la fois.
Si on y regarde de près, beaucoup de contes sont cruels. N'ont-ils pas justement pour but de faire comprendre aux enfants les dures réalités de la vie?
Je n'oserais quand même pas lire ton histoire aux tous petits.
J'ai justement voulu jouer sur le contraste entre la pureté de l'enfance et de la nature et l'univers vicié où la petite fille arrive ensuite.
C'est vrai que beaucoup de contes sont très durs... Je crois que les enfants ne comprennent que ce qu'ils peuvent comprendre... ceci dit, je n'ai pas tenté l'expérience en le lisant aux miens non plus !
Merci pour ta lecture et ton retour
Pas étonnant que ton texte ait gagné le concours, il le méritait ! Comment t'es venu cette idée d'ailleurs ? Tu as lu quelque chose sur le vent de foehn ?
Vu la délicatesse de tes écrits, ça me touche beaucoup.
Je dois avouer que je suis assez contente d'avoir réussi à provoquer des émotions et des images fortes (positivement ou négativement) en n'utilisant que des métaphores.
Comment m'est venu cette idée ?... Bonne question ! Je crois que j'en avais marre des écrits jeunesse à ce moment-là (j'étais dans la fin de Prune), et que comme je suis une tête de mule, je me suis dit que tant qu'à me lancer dans un conte, j'allais prendre le contrepied du conte pour enfants en ecrivant du bien glauque. L'actualité a dû me souffler le reste. Et sans vouloir paraître sordide, le sujet était parfait pour le contraste entre la pureté de l'enfance et, comme tu dis, la "souillure" et la perversité décrite ensuite.
Le vent de foehn, c'est venu petit à petit parce que toutes les métaphores "météorologiques" visaient à renforcer l'idée de pureté. J'ai voulu donner à la petite fille un nom en rapport avec le vent, et en cherchant, j'ai trouvé ce vent de foehn. Le nom m'a tellement plu que j'ai voulu en faire quelque chose. En plus c'est un vent tiède donc, amical. Tout ça ne s'est pas forcément fait consciemment, alors je te restitue ce dont je me souviens, mais le reste s'est perdu dans les limbes...
Merci pour ta lecture et ton commentaire !
En dire peu pour en suggérer beaucoup, de ce point de vue je trouve ce conte (pas trop pour enfants...) très réussi.
Et j'aime bien la fin qui n'est pas "merveilleurse" mais assez réaliste puisqu'il dit bien que plus rien ne peut être comme avant, et que malgré le vent tiède, la petite fille est abîmée par ce qu'elle a vécu.
Bref, je trouve que tu as trouvé un ton très juste et poétique pour parler d'un sujet terrible, sans aucune mièvrerie.
(je t'aurai donné le prix aussi ^^)
Pas besoin d'avoir un truc original à dire, juste les compliments, ça me va ;P
Oui je ne me voyais pas faire une fin "comme si rien ne s'était passé", parce qu'à mon avis ce n'est vraiment pas possible.
Merci pour ta lecture et ton commentaire
Comme les autres plumes, je trouve que ton premier prix est amplement mérité.
Bien que ce récit soit écrit comme un conte, je ne le lirais pas à des enfants, même si je ne crois pas que ça les traumatiserait ; en effet, je pense que les enfants ne comprennent que ce qu’ils peuvent entendre.<br /> C’est un très beau texte, qui suggère plus qu’il ne décrit, qui raconte les choses à demi-mot, avec de magnifiques métaphores. Je le trouve aussi très bien construit ; le développement des sentiments et des prises de conscience d’Éolène se fait harmonieusement et dans les bonnes proportions. J’aime beaucoup le refrain du foehn qui, lui aussi, évolue au gré du récit. Ce mode de narration très imagé fait passer la pilule amère des horreurs évoquées. J’ai lu ce conte deux fois avec le même enchantement, savourant les tournures de phrases et le choix des mots.<br /> Tu as une très belle plume ; tu as du talent.<br /> Malgré tout, j’ai relevé quelques passages, quelques points de langue qui mériteraient d’être revus.
Coquilles et remarques :
apportait avec lui le parfum des glaciers [« apportait avec lui » est un pléonasme (de plus en plus employé, semble-t-il...)]
Pour toi, jolie oiselle, qui joue avec mon air,<br /> Qui danse et rit sans fin, et qui n’est que bonheur. [Pour toi (…) qui joues (...), qui ris (...), qui n’es que bonheur]
elle ne rouvrit les yeux que lorsque chaque parcelle de sa peau dorée ait été caressée [eut été]
A mi-chemin de la rivière [À ; l’Académie française et Grevisse recommandent de mettre les accents sur les majuscules, ceux-ci ayant pleine valeur orthographique]
Il la regardait toute entière [tout entière ; ici, « tout » a valeur d’adverbe et il s’accorde par euphonie avec les adjectifs féminins qui commencent par une consonne (« h » muet excepté)]
Il parait que tu danses dans le vent [Puisque tu emploies apparemment l’orthographe classique (comme dans « entraîna »), il faudrait écrire « il paraît » par souci de cohérence.]
ils étaient cajolants ou cruels [les dictionnaires que j’ai consultés* ne connaissent « cajolant » que comme participe présent ; l’adjectif est « cajoleur(s) »]
La peur avec le froid atteint son paroxysme et le joli papillon fut emprisonné [atteignit]
et chaque soir devant la fenêtre, il lui jouait son aubade [l’aubade est une musique matinale ; la musique du soir est la sérénade]
A peine eut-elle commencé à danser [À peine ; voir plus haut]
(Pour ma part, je ne vois pas de souci de transitivité avec le verbe « irradier » tel que tu l’as employé : il est intransitif dans une acception et transitif dans une autre.)
*Dictionnaire de l’Académie française, Robert, Larousse, Littré, TLFi.
Ton commentaire me touche énormément. Tu fais partie des plumes qui n'hésitent pas à dire franchement ce qu'elles pensent au risque de déplaire (ce que j'admire et que j'essaie de faire aussi, mais mon empathie me trahit parfois :) ) et je mesure donc l'ampleur des compliments que tu me prodigues !
Ce conte a été un exercice intéressant : respecter les contraintes du genre, trouver les métaphores qui éviteraient les mots crus sans minimiser l'horreur du sujet, m'en tenir aux 5 pages demandées... Les refrains du foehn ont été mes récréations. Je m'y suis d'ailleurs laissée aller à quelques libertés avec les alexandrins, qui n'en sont pas vraiment (mais avec quelques ellipses à l'oral, ça passe !).
Je suis atterrée par les coquilles de ton second point qui sont énormes... Ce qui est marrant, c'est que ce texte a fait l'objet de relecture par 5 ou 6 personnes différentes et que personne n'a vu ça.
Pour les autres, je sais que je progresse mais maintenant j'ai un gardien supplémentaire : antidote !
Enfin, pour l'aubade, je savais qu'il aurait fallu mettre sérénade, mais d'une part je pense que ça renverrait plus l'image d'un chant amoureux (mais c'est peut-être uniquement dans ma tête) et d'autre part, pour la musicalité de la phrase (que j'ai tenté de préserver pendant tout le conte), j'ai sciemment gardé aubade. En relisant, je me suis dit que j'aurais dû changer...
Encore une fois, merci pour ta lecture et ton commentaire très encourageant. Je me fais un peu d'autopromotion en te conseillant de jeter un oeil aux Princes liés, projet pour lequel je m'essaie également à un style imagé et poétique. Sans pression aucune, je serais curieuse d'avoir ton avis.
Pas étonnant que tu ai remporté le prix ! Ce conte est tout simplement fabuleux, que ça soit d'un point de vu narration, figure de style, naration... on a affreusement mal au coeur pour Eolèn, on admire sa douceur, sa légerté au début, on compatie à sa peine, on serre les dents de douleur pour elle, on se dit "mais comment ça pourrait bien finir ? Il va lui arriver des choses encore plus affreuses !", on a peur qu'elle ne s'envole pas en sautant, que le fhoen ai mentit.... et puis c'est un immence soulagement que de savoir que si, et qu'elle va pouvoir rentrer.
Franchement, bravo !
Alors pour la fin, le happy end était imposé. Si ça n'avait pas été le cas, je ne sais pas si je l'aurais sauvée. J'aurais été bien partagée entre l'intérêt de mon héroïne et le parallèle de l'histoire avec la réalité : malheureusement la fin n'est pas si heureuse pour tous les enfants qui subissent ça.
En tout cas je te remercie beaucoup pour ta lecture et pour ce commentaire plus qu'encourageant !
A+
En tout cas, tu raconte très bien ce conte, avec suffisemment de pudeur pour ne pas dire ce qu'y s'y passe et laisser le lecteur comprendre!
C'est gentil d'être venue découvrir ce conte.
Oui je ne voulais pas de mots crus, mais finalement, les images sont aussi fortes. Et en effet, j'ai pensé aux enfants qui subissent ça et qui n'ont pas d'ailes, pendant tout le temps que j'ai passé à l'écrire.
Merci pour ta lecture et ton commentaire
Mais, c'est un beau texte. l'aspect dur et violent est renforcé par le fait que rien n'est jamais clairement dit mais très suggéré. le contraste entre l'innocence d'Éloène et la brutalité du loup et des ogres rajoute encore à l'horreur de la situation.
Je craignais vraiment la fin de l'histoire en tout cas.
bravo en tout cas !
Le truc bizarre, c'est que je ne sais pas pourquoi j'ai eu envie d'écrire un truc aussi glauque... je crois que mes écrits jeunesse me tapaient sur le système, alors j'ai fait le grand écart !
Merci pour ta lecture et ton commentaire !
Oui, vaut mieux pas lire ça comme histoire du soir, hein, sauf si on tient à être réveillé par des hurlements en pleine nuit. Moi j'ai pas pris le risque...
Alors pas de suspense pour la fin : si le thème était libre, la fin heureuse, le récit au passé, et la magie étaient des figures imposées ;)
Merci pour ta lecture et ton commentaire
c'est un très beau texte, très émouvant. (J'ai relevé quelques maladresses (conjugaison, ou transitivité des verbes comme irradia dans son être), mais rien de très important. )
J'aime beaucoup la pudeur qui se dégage de tes mots. Oscillant entre poésie et horreur, pureté et vice, tu montres à quel point Eolenne se fâne et s'étiole pour la jouissance de ces monstres. C'est vraiment très fort et très bien amené. C'est révoltant aussi. Et puis, malgré tout, ça ressemble à un voyage initiative. On reste rarement idemne quand on traverse la vie, parce que le monde n'est pas toujours beau et que malgré ça, il faut avancer, il faut se battre pour réussir à s'envoler de nouveau, même si après plus rien n'est pareil.
Alors bravo et toutes mes félicitations pour ce prix bien mérité !!!
Qu'est-ce que tu as relevé comme erreur de conjugaison ? Pour "irradia dans son être", je me rappelle que je m'étais posée beaucoup de questions, et j'ai fini par l'écrire après avoir cherché plein de trucs sur internet. Il existe sous forme transitive (exposer à l'action de radiation) ET intransitive (Se propager en rayonnant à partir d'un centre) ;)
C'est marrant parce qu'en le relisant, j'ai aussi remarqué certaines tournures un peu maladroites. A croire que je me suis déjà améliorée depuis décembre dernier !
Oui l'exercice que je m'étais fixé consister justement à exprimer clairement quelque chose de très violent et traumatisant sans utiliser un seul mot ou une seule phrase explicite. En ce qui concerne le voyage initiatique, je ne suis pas forcément d'accord avec toi : un tel voyage est censé apporter quelque chose, non ? Là, à part un affreux traumatisme, je ne vois pas ce que pourrait y avoir gagné la petite fille. A mon avis, c'est trop chèrement payé pour s'initier à quoi que ce soit !
Merci beaucoup pour tes félicitations, ta lecture et ton retour.
Pour moi, on dirait le passage à l'âge adulte, d'une enfance insouciante vers ces horizons incertains de l'avenir et le chaos des adulteries qui viennent entamer l'innocance des jeunes brebis.
très joli :)
Encore bravo pour le 1er prix !
Je n'avais pas tellement écrit ça en pensant à une métaphore sur le passage à l'âge adulte. Je crois plutôt que ma tête de pioche a voulu ne pas faire comme tout le monde et mettre un sujet bien glauque sous une forme qui traite peut-être d'habitude de sujets un peu plus légers (quoique). Du coup, histoire d'y aller carrément et, j'imagine, influencée par l'actualité, j'ai pris ce sujet de la pédophilie qui me bouleverse.
C'est un peu hard comme passage à l'âge adulte ! Et en même temps, tu n'as pas tort : dans la douleur, ça doit faire sortir de l'enfance.
Merci pour ta lecture et ton retour.
Sur ton conseil, je suis venu découvrir ce texte dont tu m'avais parlé.
Effectivement, en terme d'écriture c'est beaucoup plus abouti que le dernier que j'ai lu (qui était le premier que tu avais écrit).
Sur le style, je n'ai rien à redire. C'est vraiment très bien tourné et l'on retrouve ta patte, à savoir un monde plein de poésie même lorsque tu racontes quelque chose de dur.
Je me répète, mais j'aime vraiment ton style et je pense que tu mérites amplement le prix!
A bientôt et encore bravo.
Jérôme
Merci pour ton retour élogieux ! Pour la petite histoire, j'ai écrit ça parce que j'étais bloquée sur Prune. Du coup j'ai décidé d'écrire à contrepied : pas du tout pour les enfants. Je trouve ça intéressant de se lancer dans un texte court pour un AT ou un concours si on est bloqué sur son gros projet. Ça donne de bon résultat.
Et tu soulignes ce que j'ai voulu m'astreindre à faire : parler de choses très moches en gardant la poésie et les métaphores. Tant mieux si j'ai réussi.
Merci pour ta lecture et ton gentil retour