L'enfant perdu

Par Moi
Notes de l’auteur : Bonjour, merci d'être là.
Tout ce que vous direz sera ajouté à ma réflexion, alors allez-y gaiement !

L’enfant perdu

  • Oùùùù suis-je ? cria un enfant perdu dans un désert d’une blancheur sans pareil.

Les grains sous ses pieds n’étaient pas de sable, non, mais bien de sel. Et dans cette immensité implacable, il poussa sur le sol pour se relever. Des cristaux s’enfoncèrent dans la chair de ses mains qu’il frotta vite une fois sur pieds.

  • Où suis-je ? répéta-t-il tout bas, comme si lui seul pouvait répondre à cette question.

Il se mit à marcher sans but à la recherche d’une réponse. Ce petit enfant perdu ne le savait pas encore, mais elle viendrait bien vite, accompagnée de la personne la plus extraordinaire qui lui serait donnée de rencontrer. Il erra ainsi avec le soleil dans son dos et pour toute indication du temps qui passe la longueur de son ombre qui tapissait ses pas.

La journée, qui lui avait parue interminable, touchait pourtant à sa fin. Exténué, Ewen s’était couché sur le sol inconfortable et regardait passer les nuages éclairés par les derniers rayons du soleil. Rouges, orange, vermeils, corail, mais aussi gris et blancs, l’éventail des couleurs qui défilait lui faisait presque oublier où il était jusqu’à ce qu’une rafale de vent glacial le rappelle à la froide réalité. Pris de vertige, il prit une grande respiration avant de hurla son désespoir.

  • Oùùù SUIIIS-je ?
  • Ici, tu es ici.

La voix qui avait répondu semblait n’appartenir à personne jusqu’à ce qu’une deuxième ombre vienne accompagner la sienne. L’homme à qui appartenait cette ombre était grand, son visage hâlé était creusé de rides et traversé par un sourire. Rassuré par cette autre présence, l’enfant perdu laissa sa curiosité naturelle prendre le dessus.

  • Oui, mais c’est où ici ?
  • Excellente question, ça ressemble à un désert de sel. 
  • Et qui êtes-vous ?
  • Je suis le Teneur de Contes.
  • Le Teneur de...
  • De Contes, oui.
  • Qu’est-ce que vous comptez ?
  • Parfois, je compte les roches, mais je suis le Teneur de Contes, d’histoires si tu préfères.
  • Et vous y tenez ?

Sur le visage couleur bronze où des sillons profonds avaient été creusés par des années de périples et d’aventures se dessina un large sourire.

  • Énormément, je dirais même qu’ils sont ma raison de vivre. Et pour quelqu’un d’immortel, ça veut dire beaucoup.
  • Quelqu’un d’immortel ?
  • Oui, je ne peux pas mourir, ou plutôt, je ne peux pas être tué. Vois-tu je mourrai le jour où l’on arrêtera d’écrire.
  • C’est utile ça, moi, je ne suis pas immortel.
  • Non, toi, tu es un petit homme. Et oui, tu vas mourir, mais pas tout de suite, du moins espérons-le.
  • Vous n’êtes pas un homme?
  • Pas exactement.
  • Monsieur le Comte, je vais mourir ? Il fait tellement froid.
  • Je ne suis pas comte. Et oui, tu vas mourir un jour, mais pas aujourd’hui. Commence par prendre une gorgée d’eau à ma gourde.

Ewen but goulûment avant d’être traversé par un frisson. Les dernières lueurs du jour allaient bientôt céder la place à la nuit noire et les rafales de vent avaient redoublé d’intensité. Ses dents se mirent à claquer par à-coups irréguliers. Il sentit alors une vague de chaleur suivie du contact pesant d’une cape lourde que le Teneur venait de poser sur ses épaules.

  • Rentrons vite, la nuit tombe.
  • Vous habitez par ici ?
  • Pas loin, oui, avance déjà, je te rejoins, ajouta-t-il en faisant mine de ranger précautionneusement sa gourde sous sa cape.

Le petit garçon avançait tout droit, comme indiqué, sans trop savoir où il allait dans cette vaste étendue, quand soudain, la nuit tomba sans crier gare.

  • Il fait nuit !

Il se retourna pour le voir et fut pris de vertige à la vue d’un dôme titanesque en plein milieu de nulle part, là où quelques instants auparavant il regardait les nuages.

  • Monsieur… Teneur… Comte !
  • Oui mon garçon ?
  • C’est gigantesque !
  • Effectivement, viens mon garçon, bienvenue Chez-Moi !

De part et d’autre du dôme, les derniers rayons d’un soleil rouge disparurent pendant qu’Ewen montait les quelques marches qui l’amenaient sur le porche derrière lequel une grande porte sculptée dans le sel s’ouvrait sur un hall d’entrée.

Ébloui par le lieu, Ewen trainait comme il pouvait la cape noire blanchie par le sel. C’est alors qu’une créature étrange lui cogna la jambe.

  • Poussière aime beaucoup rencontrer de nouvelles personnes !
  • Poussière ? répéta l’enfant sans trop oser bouger davantage en observant le chat gris qui écrasait son museau sur ses mollets.
  • Elle est adorable, tu verras. Suis-moi, allons nous réchauffer.

Il faisait déjà bien plus chaud à l’abri du vent, même après avoir rendu sa cape au Teneur. Ewen fut tout de même extrêmement content de s’asseoir devant l’âtre du Grand Salon. Il avait toujours été attiré par la danse des flammes et ce soir plus que jamais. Le Teneur saisit un gobelet de cuivre sur le rebord de la cheminée et ouvrit le robinet sur le côté de la cheminée pour y verser un peu d’eau chaude. La sensation réconfortante de la chaleur du gobelet métallique suffit presque à faire oublier au jeune garçon désormais enseveli sous des couvertures les tracas de la journée. Il n’en savait pas plus sur où il était ni comment il était arrivé là, et dans la chaleur épaisse du salon, confortablement installé, ses yeux ne tardèrent pas à se fermer.

 

La lumière du jour vint caresser son visage juste avant que quelqu’un frappe à la porte. Il ouvrit grand les yeux. Tout autour de lui était d’un blanc éclatant jusqu’à ce que ses yeux s’habituent à la pièce. Il s’assit les yeux à moitié ouvert.

  • Entrez ?

Un curieux individu vêtu de noir poussa timidement la porte.

  • Je veille ?
  • Oui, euh, non, j’étais réveillé.
  • Je veille ! répéta le petit être étrangement sombre dans la blancheur de la chambre.

Ewen se laissa tomber du lit qui se fit tout seul avant de se plaquer verticalement contre le mur. Seul au milieu de cette chambre vide, il décida de suivre l’homme en noir qui abordait désormais un sourire.

  • Je veille ! répéta-t-il une troisième fois.
  • Merci de veiller, dit alors une voix qu’Ewen reconnut aussitôt.

Le Teneur apportait avec lui des vêtements bien pliés qu’il donna au curieux personnage.

  • Je réveille, dit-il alors.
  • Oui, tu nous l’as réveillé, c’est gentil, que dis-tu de le laisser s’habiller ?
  • Je surveille ?
  • Non, pas besoin. Ewen, quand tu seras habillé, attends-moi dans le hall d’entrée.

Ewen reçut les quelques vêtements et glissa un merci maladroit à l’attention du bonhomme en noir.

  • Oui, j’arrive, répondit-il au Teneur sans la moindre idée du chemin à suivre jusqu’au Hall d’entrée.

Il enfila le pantalon, la blouse et les chaussures parfaitement à sa taille avant de jeter un dernier coup d'œil à la pièce complètement vide à l’exception du tas de vêtements qu’il laissait derrière lui. Il passa la porte mais revint sur ses pas et se força à plier puis empiler ses habits avant de les placer dans un coin.

  • Bon, où est le Hall d’entrée ?
  • Je veille, assura l’homme en noir.
  • Encore toi ? Je te suis j’imagine ?

En guise de réponse un simple hochement de tête suffit et voilà que le jeune garçon emboîta le pas d’un inconnu vers le hall d’entrée de Chez-Moi. Il tomba presque à la renverse au contact doux mais brusque d’un chat au poil long qui ronronnait de plus en plus fort.

  • Toi, tu n’es pas Poussière ! dit-il en s’abaissant pour caresser son nouvel ami vrombissant.
  • Et toi, tu es observateur ! fit remarquer une voix enjouée. C’est Suie, ajouta la petite fille en prenant le félin dans ses bras. Tu es observateur et tu es…
  • Ewen, je m’appelle Ewen.
  • Ah oui, tout le monde parle de toi, moi, c’est Mélodie.

Deux mains solides vinrent se placer sur les épaules de la jeune fille.

  • Je vois que tu fais déjà des rencontres. Merci Veilleur, je m’occupe de lui montrer Chez-Moi. Mélodie, tu pourras lui présenter les autres.
  • Avec plaisir ! Au revoir Ewen !

Suie, visiblement heureux d’être là, se laissa emporter.

  • Bien dormi ? Tu t’es endormi comme une masse hier soir, nous t’avons installé dans la chambre d’amis.
  • Merci, mais je dois partir, je dois retrouver mes parents.
  • Oh, je comprends, mais que dirais-tu de déjeuner d’abord ?

 

Ewen en était à son troisième bol de salade de fruits quand Poussière vint se coller à sa jambe, pour s’installer confortablement sur le banc du porche recouvert de coussins. Jamais auparavant il n’avait goûté de fruits si différents des pommes et des mandarines que sa mère lui préparait parfois. Coupés en petits dés soigneusement disposés sur le plat, ils offraient une explosion de couleurs et de saveurs.

  • Où iras-tu ?

Le Teneur, le jeune garçon et le chat faisaient tous les trois face à un horizon sans limite. Aucun nuage n’était au rendez-vous et l’air était si chaud que les courants de chaleur déformaient le lointain.

  • Tout droit ! affirma l’enfant en reposant sa cuillère avant de poser sa main sur le chat.

Plus il observait l’immensité qui se dressait devant lui, plus la peur de répéter ses aventures de la veille grandissait en lui.

  • La route sera longue Ewen, je te souhaite bien du courage ! J’ai demandé aux Veilleurs de te préparer une gourde et des fruits.
  • Je… Merci, répondit-il dépité à l’idée d’affronter une seconde fois le désert de sel.
  • Je voulais aussi te confier ceci, ajouta le Teneur en posant dans sa main un bracelet en métal noir. Si tu te perds, il te ramènera Chez-Moi.

Il voulut d’abord refuser ce énième cadeau mais finit tout de même par accepter. Il le fit glisser à son poignet, sans trop imaginer comment un bout de métal pourrait l’aider. Une fois à son poignet, le bracelet se referma tout seul. Poussière sauta du banc au bruit du cliquetis et Ewen le regarda filer à toute vitesse.

  • Je t’invite à partir bientôt mon garçon, les nuits sont dangereuses par ici. Quoi que tu fasses, fais en sorte d’avoir trouvé un abri avant le dernier rayon du soleil. Allons, les affaires prévues pour toi sont dans le hall. Les vêtements que tu portes sont aussi pour toi. J’ai à faire, merci pour ta visite Ewen.

Surpris par le ton solennel du Teneur, le jeune garçon le regarda partir et monter les marches du triple escalier du Hall d’entrée. Il se rendit lui aussi dans le hall, pris la gourde et les fruits séchés et les glissa dans un sac de toile où il retrouva ses vêtements propres disposés en petits rouleaux. Il voulut dire au revoir à Poussière et à Mélodie,  mais après avoir passé quelques minutes à les chercher en vain il regarda une dernière fois Chez-Moi et, bien résolu à retrouver ses parents, se mit en route direction tout droit.

La morsure du sel

Il ne restait plus qu'une petite poignée de fruits secs dans le sac du jeune Ewen,  et sa gourde, à moitié pleine, pesait de tout son poids dans le sac de toile.  Il s'imaginait déjà de retour chez lui à devoir expliquer d'où venaient son bracelet et ses nouveaux vêtements. Ses parents se faisaient certainement un sang d'encre, c'était une des premières fois qu'il délogeait.  pour accompagner sa solitude, il s'était mis à chanter les seules paroles qu'il connaissait de deux trois chansons que ses parents aimaient beaucoup.  Il avait fait de son mieux pour marcher tout droit, vérifiant quelquefois derrière lui si Chez-Moi était toujours là, Jusqu'à ce que le dôme immense se volatilise au loin.  Après ce qui lui sembla une éternité, il déchanta. Sa gourde était vide et les quelques miettes lui rappelaient son encas terminé depuis longtemps. Il marcha encore un peu et se retourna pour tenter de retrouver Chez-Moi. Rien n’y fit, il était là, perdu au milieu de nulle part.  Il faisait chaud, toujours si chaud,  les vêtements qu'il portait étaient noircis par sa transpiration au niveau de sa nuque et sous ses bras.  Il porta vainement sa gourde à ses lèvres gercées et ne sentit rien d'autre que l'odeur du métal  mêlée à sa propre haleine.  Pourquoi était-il reparti ? Qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir faire ? Le Teneur était si loin désormais. Il abandonna derrière lui ses anciens vêtements à l'exception de la chemise légère qu’il mit sur sa tête et continue à marcher encore et encore.

 

Le soleil lui mordait le visage de plus en plus fort. Il avait abandonné derrière lui ses vêtements, puis le sac, puis la gourde vide, égrainés comme des miettes de pain. Entre ses lèvres aussi sèches que le sol aride  sous ses pieds, sa langue pâteuse lui rappelait ô combien il avait soif.  Il èrait plus qu'il ne marchait, titubant quelquefois sans but aucun si ce n'est une idée désormais vague, celle de retrouver la douceur de son foyer. Il divaguait un peu plus à chaque pas, rejouant la scène qui l’avait fait partir de Chez-Moi  à la hâte,  et perdait l’espoir de retrouver un jour le goût des fruits ou la caresse d’un chat sous ses doigts.

 

Soudain son pied se posa plus bas que prévu.  Il se rattrapa comme il put et glissa dans une flaque parfaitement carrée.  Sa jambe était trempée  et le contact soudain de l'eau le sortit de sa rêverie. Remis de sa surprise, il chercha sa gourde abandonnée plutôt puis se rappela la mauvaise expérience et le goût amer et salé de la tentative de la veille, on ne l’y reprendrait pas à deux fois. L'eau était chaude et, ses vêtements posés sur le rebord, il se plongea tout entier dans ce miroir transparent dont la surface bleu ciel se détachait du blanc du sel. Il resta là quelques instants, son corps étonnamment léger flottait à la surface sans la moindre difficulté et dans la chaleur de cette flaque il se sentit presque enlacé dans les bras de ses parents. Après quelques minutes, il reprit ses esprits, se releva et observa autour de lui. Ce n'était pas le seul trou gorgé d'eau,  séparées de quelques mètres à intervalles réguliers, les autres piscines carrées partaient toutes dans la même direction.  Il sortit de l'eau pour examiner la flaque suivante plus petite, moins profonde.  Elles étaient toutes alignées et pointaient toutes vers le même cap. En aiguille, il arriva à l'endroit où devaient se rejoindre les lignes formée par ces reflets de ciel,  pourtant il n'y avait rien,  rien de plus que du sel, toujours du sel. La brise légère vite fait de  cristalliser le sel sur sa peau et de l’assécher un peu plus. Épuisé par ce qui aurait pourtant dû être un peu de repos, l’enfant perdu se coucha sur le sol dur et commença à parler tout seul. Plus qu’une plainte, c’était une requête qu’il adressait au désert.

  • Je veux… je veux tellement rentrer chez moi.

À ces mots, certain d’y laisser la vie, il perdit connaissance. Son bracelet, lui, prit vie. Du cercle métallique noir se détacha un autre cercle identique, blanc, relié au premier par de fins fils de cuivre, à l’exception de deux petites bandes plus épaisses qui finirent par se rejoindre. Une pyramide apparut alors sur cette base et autour d’elle, un dôme. La pyramide tourna plusieurs fois sur elle-même avant de disparaître comme elle était apparue, laissant derrière elle l'enfant perdu affalé sur le sol rude du désert impitoyable.

 

***

  • Combien de temps mettra-t-il pour s'en rendre compte ?
  • Un certain temps. Il avait l'air si résolu à les retrouver.
  • Et pour son poinçon ? Tu sais déjà ?
  • Sypio l’a observé et je suis d'accord avec ses conclusions.
  • Alors ?
  • Alors ce sera un serpent.

Les deux hommes discutaient face à la fenêtre ronde. Ils avaient suivi du regard l'enfant perdu jusqu’à ce qu’il ne devienne qu’un tout petit point et finissent par disparaître absorbé par le désert. À la découverte du totem du jeune garçon, Ayronn détacha ses yeux de la fenêtre pour se tourner vers le Teneur.

  • Lui aussi ?
  • Lui aussi, oui, comme bien d'autres avant lui.
  • Tu sais que tu as toute ma confiance...
  • Mais ?
  • Rien, nous verrons bien, je m'y attèle de suite.

L'homme bien bâti sortit de la pièce en direction de la forge et le Teneur porta à nouveau son regard vers ce qui n'était plus qu'un tout petit perdu au loin.

 

Rapide comme une flèche

  • Alors il est comment ?  Demanda Mapu à la jeune Mélodie assise au piano.

Elle interrompit sa ballade.

  •  Jeune, ce n'est qu'un enfant, je ne sais pas vraiment comment il est arrivé jusqu'ici.
  • Jeune 4 ans,  jeune 10 ans ? Plus jeune que toi ?
  •  Plus jeune que moi, oui,  mais l'âge a peu d'importance, le plus triste c'est qu'il avait l'air si perdu.
  •  Et il l'a laissé repartir ?
  •  Oui, tu sais à quel point la liberté est importante pour le Teneur.
  • Pas celle de tout le monde ! Rétorqua Mapu.
  •  Vu la taille de la bibliothèque, tu as assez de lecture pour t'évader toute ta vie.
  •  Mais moi, je ne lis pas les aventures…
  •  Tu les vis,  interrompit la jeune fille en refermant sèchement le clavier du piano. Oui, Mapu,  tout le monde le sait.
  • Mapu ?  héla la voix du Teneur depuis le couloir.
  • Oui ?
  • Tu as vu Flèche ? J’ai une mission à lui confier.
  • Une mission importante ?
  • Très !

 

Le vent soufflait plus fort à cette heure tardive, emportant avec lui les tresses et les cheveux longs de Flèche. Elle tira fermement sur la corde pour ramener la voile et le char à voile vira en direction du dôme. Elle n’avait pas compris les raisons qui avaient motivé la décision du Teneur, mais elle savait pourquoi il l’avait choisie. De tous les apprenants de Chez-Moi, c’était elle la plus rapide, la plus adroite et la plus prompte à traquer n’importe quel type de gibier.

  • Jusqu’où est-il allé?
  • Jusqu’aux restes de la porte, impressionnant.
  • La porte attire à elle celles et ceux qui ne la cherchent pas.
  • Oui, mais ça reste loin, surtout avec une gourde fine et une poignée de vivres, tu aurais pu mieux le préparer.
  • Il était et il reste libre.
  • Ce n’est qu’un enfant.
  • Cela enlève-t-il sa liberté ? C’est un enfant, oui, et il a beaucoup à apprendre.
  • Je te le confie, il est couvert de sel des pieds à la tête, il a dû tomber dans une des traces des piliers.
  • Quel drôle de petit bonhomme, je m’occupe de lui à présent. J’ai demandé aux veilleurs de ranger ton char à voile.
  • Je le ferai moi-même, je préfère. À plus tard.

La jeune adolescente partit d’un pas aussi vif que léger.

  • Flèche ?
  • Moui ?
  • Merci.

 

La promesse du Teneur

Cette fois-ci, l’enfant perdu mit une journée entière à récupérer. Un veilleur l’avait lavé et mis dans la chambre d’amis et un autre était venu s’asseoir à son chevet, ponctuant les longues heures d’attente de nombreux “Je veille !” prononcés tout bas, comme pour ne pas le déranger. Ewen gémissait dans son sommeil, se retournait brusquement et marmonnait des suites de mots sans queue ni tête et des bouts de phrases inachevées. À la tombée du jour, le veilleur alla chercher le Teneur.

  • Je veille ?
  • Merci de veiller sur lui.
  • Je réveille ?
  • Oui, s’il-te-plaît, j’aimerais lui parler.

Le veilleur, avec le plus grand soin du monde, saisit alors un linge blanc posé sur le rebord d’une bassine et le passa sur le front de l’enfant.qui grimaça au contact humide du bout de tissu frais. Il entrouvrit les yeux.

  • Maman ? Papa ?
  • Bonsoir Ewen, non, ce ne sont pas tes parents.

L’individu vêtu de noir prit la bassine et le linge puis sortit de la pièce.

  • Nous t’avons trouvé évanoui dans le désert.
  • De l’eau, il y avait de l’eau !
  • Oui, Flèche m’a dit que tu avais pris un bain.
  • Où sommes-nous ?
  • Chez-Moi mon garçon, et comme tu l’auras compris, ce sera chez toi aussi à présent.

Quelques larmes perlaient le long de ses joues. Leur goût salé faisait écho à ses mésaventures. Jamais auparavant il ne s’était senti si seul, si abandonné par les siens. Il pleurait désormais à chaudes larmes et le Teneur assis sur le rebord du lit comprenait sa douleur.

  • Je ne sais pas quand tu les reverras Ewen, mais je te promets que tu les reverras un jour !

Hoquetant, Ewen sécha ses larmes sur la couverture et passa sa manche sur son nez dégoulinant.

  • Quand ?
  • Je ne sais pas quand, mais tu les reverras.
  • Promis ?

Les yeux du Teneur sourirent presque autant que le reste de son visage.

  • C’est promis ! Tiens, bois ça, et dors à présent, tu dois reprendre des forces.

L’enfant saisit un petit bol aux odeurs de fleurs et d'épices qui lui rappelaient les soirées chez sa grand-mère. Il but une grande gorgée, posa le bol sur la table de nuit et reposa sa tête sur l’oreiller, puis ses paupières se fermèrent doucement. Il les ouvrit l’instant d’après.

  • Teneur ? hésita Ewen. Vous auriez une veilleuse ? demanda-t-il au Teneur qui avait atteint la porte. J’ai peur du noir.
  • Une veilleuse ? s’interrogea le Teneur, un peu surpris par la requête du jeune garçon. Nous avons la Veilleuse, oui.

Ewen attendit quelques instants mais le Teneur ne bougea pas. Perplexe, il ne sut pas vraiment quoi faire.

  • Eeet… vous pourriez l’allumer ?
  • L’allumer ? Ah, une veilleuse, bien sûr, oui.
  • Il fouilla dans sa poche et sortit une vasque métallique de la taille d’un coquillage. Il passa sa main à l’intérieur et une magnifique lumière bleutée s’anima à son contact.
  • Je la pose là. Prends-en bien soin, elle m’est extrêmement précieuse.
  • D…d’accord, répondit Ewen soudain subjugué par la lumière douce de la conque. Qu’est-ce que c’est ?
  • Une sorte de plancton un peu particulier, tu l’étudieras bientôt. Dors bien Ewen.

Il coupa ainsi court à la conversation et interrompit le flot de questions que le jeune Ewen voulait lui poser.

  • Bonne nuit Teneur, merci.
  • Avec plaisir, bonne nuit Ewen.
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Drak
Posté le 29/03/2021
C'est un univers qui paraît très intrigant et intéressant, mais du coup on aimerait plus ressentir l’étonnement du personnage et le fait qu’il est perdu.
Ensuite, les évènements s’enchaînent un peu trop, manquent de liants… et serait intéressants de s’attarder un peu plus sur les ressentit du héros, sur les décors, sur les actions, ainsi que sur les personnages…

À part ça, c’est un chapitre qui éveille plutôt bien la curiosité sur son monde !
Moi
Posté le 29/03/2021
Merci Drak !

Effectivement, tu es le deuxième à me dire ça, je vais donc m'attarder un peu plus sur le dialogue intérieur et sur les "liants" dont tu parles.

Merci pour ton temps !
Drak
Posté le 29/03/2021
de rien, j'ai hate de voir ça !
Sénéda
Posté le 28/03/2021
J'ai apprécié l'univers que tu proposes dans ton roman. Il a l'air riche et j'aime l'idée de ce désert de sel. L'aspect énigmatique de ce premier chapitre fonctionne aussi plutôt bien.

Le plus gros reproche que j'ai à te faire c'est que tout va trop vite. Il en découle beaucoup de petits problèmes. Par exemple, au début, j'aurais aimé que tu t'attardes sur l'errance d'Ewen. Il serait intéressant de connaître ses pensées, ses possibles souffrances, son inquiétude... Sa réaction me semble d'ailleurs plutôt surprenante: il peut se demander où il est mais il est peu naturel de le crier. Son arrivée au dôme et sa découverte des autres personnages est aussi très rapide. Ce serait peut-être plus intéressant et percutant s'il ne rencontrait la première fois que le teneur de conte.

D'un point de vue strictement formel, tu devrais faire attention à la manière dont tu présentes tes dialogues. Il me semble avoir vu un post dessus sur le forum qui t'expliquera en détail comment faire si tu ne sais pas.

Tu pourrais aussi diviser ce chapitre en trois chapitres puisque tu as ajouté des titres.

Si je devais résumer, et ce n'est que mon avis, je trouve que ton histoire a beaucoup de potentiel. J'aime l'univers et j'ai envie de le voir se développer mais il me semble que tu devrais prendre davantage ton temps et caractériser plus tes personnages et ton univers.
Moi
Posté le 29/03/2021
Bonjour Sénéda ! Un tout grand merci d'avoir pris le temps de commenter.

Tes commentaires sont très pertinents, je vais tenter de prendre davantage de temps pour installer les différents éléments.

En ce qui concerne les rencontres, j'ai envie d'accrocher le lecteur dès le début et de donner l'impression qu'Ewen est embarqué dans une suite d'événements malgré lui et que tout va très vite.

Toutefois, c'est très juste, trop vite pour Ewen ne doit pas dire trop vite pour le lecteur.


Encore merci pour ton temps !

Et j'irai chercher sur le forum la publication sur les dialogues, merci du conseil.
Sénéda
Posté le 29/03/2021
Je suis contente si mon commentaire a pu te servir. ;) J'irai jeter un oeil aux prochains chapitres. ;)
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