— Merci pour cette soirée sympathique, Liam, lança Maïwenn alors qu’ils étaient au pied des escaliers la menant à sa chambre.
— Mais je t'en prie, ce fut un véritable plaisir. Laisse-moi t’aider à mettre le pendentif, insista le jeune homme en le lui prenant des mains.
Elle se retourna alors pour faire face à l’escalier et souleva ses cheveux. Liam passa doucement ses mains autour de son cou et attacha le bijou. En faisant cela, il ne put s’empêcher de poser un baiser sur son épaule.
— Voilà qui clôture bien ma journée, sourit-elle.
— Nous pourrions trouver une meilleure fin encore, lui souffla le jeune homme à l’oreille tout en l’enlaçant.
C'est à ce moment-là que Maïwenn leva les yeux et vit Mathias, en haut des marches, qui les observait.
— Besoin de quelque chose Mathias ? demanda Liam d'un ton sec en le remarquant à son tour.
— Non, je venais voir comment allait Maïwenn, mais je vois qu'elle est entre de bonnes mains. On se lève tôt demain, lâcha son rival avant de regagner sa chambre.
— Oui papa, murmura Liam.
Cette phrase fit rire Maïwenn qui se retourna vers lui et l’embrassa.
— Il n’a pas tort. En d’autres circonstances…
— Je sais, je comprends, la coupa le jeune homme. Un jour peut-être, finit-il en se dirigeant vers la sortie du pub.
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Alors qu’elle était dans sa chambre depuis trente minutes, on frappa à sa porte. Persuadée de se trouver face à Liam, elle ouvrit avec un grand sourire aux lèvres qui disparut instantanément lorsqu’elle vit Mathias.
— Visiblement, ce n’est pas moi que tu attendais. Je venais juste te dire que Liam et moi allons à Southampton. Son père n'est toujours pas rentré et je vais l’aider à le chercher, mais je ne voulais pas que tu t'inquiètes… Au cas où tu me cherches cette nuit.
— Ne t'inquiète pas, aucun risque, répondit-elle froidement.
— Au fait, tu es ridicule en pyjama, se moqua–t-il en partant.
Maïwenn lui claqua presque la porte au nez et regagna son lit pour reprendre sa nuit là où elle l’avait laissée. Pourtant, son sommeil fut une nouvelle fois perturbé par des cris dans le pub et quelques minutes plus tard, le bruit d'une porte enfoncée la réveilla définitivement. Quelqu'un venait de forcer la chambre de Mathias. Elle n'eut pas le temps de sortir de son lit que sa porte était fracturée à son tour. Un homme l'attrapa alors violemment par le bras et l'arracha à ses couvertures en lui ordonnant de le suivre. Il lui jeta quelques vêtements et ses chaussures au visage, mais sans lui laisser le temps de les enfiler et pendant que cet homme la molestait, un second fouillait toutes les chambres de l'étage. Un frisson d'effroi la parcourut alors, car s'ils trouvaient la cassette qu’elle avait cachée derrière la vieille télévision de sa chambre, tout était fini.
Son agresseur lui fit traverser le pub où elle put voir Owen qui gisait sur le sol. Cette vision décupla sa peur et la paralysa complètement et c'est pourquoi elle n'opposa aucune résistance lorsqu'on la traîna dehors où un SUV aux vitres teintées les attendait. L'homme projeta Maïwenn à l'intérieur et monta à ses côtés. Le second les rejoignit quelques secondes plus tard à l'avant du véhicule. Ses passagers à bord, le conducteur partit en trombe sous les aboiements des chiens du quartier que ce remue-ménage avait réveillés.
— Tu as trouvé quelque chose ? demanda le conducteur.
— Rien du tout à part du liquide. Kenneth va être fou.
— Ne t'inquiète pas, la demoiselle lui dira ce qu'ils ont trouvé, rétorqua l'homme près de Maïwenn, tout en passant sa main dans la chevelure de la jeune femme.
Transie de froid et surtout de peur, cette dernière entreprit de passer son pull, mais son action fut stoppée par l'homme qui la plaqua contre son siège, la saisissant par la gorge.
— Pas bouger mignonne !
— J'allais mettre mon pull, j'ai froid, balbutia-t-elle.
Il consentit alors à enlever doucement sa main pour la laisser passer son pull noir, son jean et ses chaussures.
— Où m'emmenez-vous ?
— Pas de questions non plus, lui lança le conducteur qui l'observait dans son rétroviseur. Bande-lui les yeux, je ne veux pas qu'elle puisse voir le chemin, dit-il à l'homme près d'elle qui s'exécuta aussitôt.
L'angoisse de ne pas savoir ce qui l'attendait la fit frissonner alors que le tout-terrain s'immobilisait. Soudain, elle sentit une main s'approcher d'elle et une odeur étrange lui brûla les narines. Une fraction de secondes plus tard, on lui collait un chiffon sur le visage.
Du chloroforme, pensa-t-elle avant de s'effondrer.
Lorsqu'elle reprit conscience, la voiture était à nouveau en marche. Elle n'avait aucune notion du temps qui venait de s'écouler et décida de ne pas leur montrer qu'elle s'était réveillée. Le véhicule s'immobilisa encore et les trois hommes en descendirent, la laissant seule. En prêtant un peu l’oreille, elle entendit le grondement de vagues se brisant sur les rochers et l'idée qu'ils puissent la noyer lui vint à l'esprit. Elle paniqua. Ils ne l'avaient pas attachée, peut-être la pensaient-ils trop apeurée pour tenter quoi que ce soit ? Alors, elle arracha son bandeau, ouvrit sa portière et partit en courant sur le chemin de terre qu'ils avaient probablement emprunté quelques minutes plus tôt. D'aussi loin qu'elle se souvenait, jamais elle n'avait couru si vite, en chaussettes qui plus est.
C'était une nuit sombre, seul le croissant de lune offrait un peu de lumière dans ce chemin accidenté, si bien qu'elle trébuchât à plusieurs et se blessa à la cheville. Les pieds meurtris, trempée et glacée, elle resta quelques secondes immobile, assise dans le chemin. À quelques mètres de là, ses ravisseurs venaient de remarquer sa disparition et s'activaient pour la retrouver. Elle devait à tout prix se cacher. Sa cheville lui faisait horriblement mal, mais elle put tout de même s'enfoncer dans la forêt mêlée de grands arbres et de petits arbustes épineux, qui longeait ce chemin. Malgré les épines qui lui rentraient dans la chair, Maïwenn continua d'avancer puisant dans ses dernières ressources.
Les hommes dans le chemin de terre arrivèrent bientôt à son niveau, armés de lampes torches. Elle arrêta d'avancer, sur le qui-vive, contrôlant jusqu'à sa respiration pour ne pas se faire découvrir. Leurs lumières vinrent dans sa direction, sans la démasquer, et ils firent demi-tour. Allaient-ils lâcher prise aussi facilement ? Elle n'y croyait pas. Aussitôt partis, elle redoubla d'efforts dans les broussailles qui la mutilaient encore et encore. Elle devina bientôt les marquages d'une route, elle avait peut-être une chance de s'en sortir. Bien qu’à bout de forces, elle pressa encore le pas, mais à mesure qu'elle s’en approchait, quelque chose semblait se dresser devant elle. Le désespoir l'envahit lorsqu'elle comprit que c’était un grillage qui la séparait de la route, à un mètre d'elle. Maïwenn le secoua de rage puis, s'assit désemparée.
Si j'avais au moins eu mes chaussures...
La jeune femme fit alors un peu plus attention à ce qu'elle portait et réalisa que ce n’était pas ce qu’elle avait lors de son enlèvement. Elle se leva alors difficilement et regarda la lune, haute dans le ciel. Soudain, celle-ci vacilla.
— C'est pas vrai...Pas encore...Réveille-toi. Réveille-toi. Réveille-toi, se persuada-t-elle.
Un horrible mal de tête lui martela alors les tempes et son nez se mit à saigner. La forêt autour d'elle valsa et se déforma à l'en rendre malade. Tout se déchira comme un décor de papier, laissant place à un salon où elle était ligotée et entourée d'inconnus.
Trempée par la sueur et surtout terrorisée, elle tourna la tête à la recherche d'une personne familière. Sa vision était trouble, mais elle distingua tout de même ses ravisseurs qui la scrutaient avec intérêt. Ensuite, elle reconnut Lukian, qui la regardait d'un air inquiet. Assis en face d'elle, un homme pâle et fin la fixait. Il avait l'air contrarié, mais en même temps, il jubilait.
— Elle est forte, très forte. Cependant, je ne suis pas homme à me laisser impressionner. Tenez-la, avant qu'elle ne reprenne ses esprits, dit-il à l’un de ses hommes.
L’un d’eux s'exécuta et se plaça alors derrière elle pour éviter qu'elle ne bouge. Maïwenn tenta de se débattre, mais elle était exténuée et lui, avait beaucoup plus de forces.
L'homme au teint blafard apposa ses mains sur les tempes de la jeune fille qui sentit revenir cette douleur atroce dans sa tête... Elle hurla.
— Kenneth, laissez-la tranquille, vous voyez bien qu'elle souffre trop ! cria Lukian.
Il tenta de s'approcher d'eux, mais on l’en empêcha. Ce dernier sortit alors de la pièce, refusant d'assister à ce spectacle.
— À nous deux maintenant, montre-moi ce que tu sais !
Kenneth était déterminé à briser la volonté de Maïwenn, c'était devenu une question d'honneur. Jamais personne ne lui avait tenu tête et ce n’est pas elle qui allait commencer.