Pauvre Joffrey

Notes de l’auteur : Bonjour à toi qui te perds par ici. J'espère que cette histoire te divertie un peu ou qu'elle te fait te changer les idées pour quelques minutes...C'est son but en tout cas!
Par contre, je préfère te prévenir que dans ce chapitre, il va y avoir de la violence physique et psychologique.
Alors si cela te rebute; voilà ce qui se passe en résumé: le personnage de Kenneth apparait ici et c'est un homme (bourreau) que Maïwenn rencontrera et dont elle devra se méfier!

Bonne lecture sinon :-)

L'atmosphère était humide et froide, au point que Joffrey Donwell pouvait sentir la condensation sur le sac plastique qui recouvrait sa tête. Il avait été poussé dans une voiture à la sortie de son travail, conduit dans cet endroit puis passé à tabac. Après s'être défoulé sur lui sans aucune explication, ses agresseurs lui avaient jeté un seau d'eau glacée pour être sûr qu'il soit encore vivant. Depuis, ils l'avaient laissé seul, ensanglanté, assit sur cette chaise dans le froid et les mains liées dans le dos. Il n'aurait bientôt plus de forces. L'avaient-ils laissé là pour qu'il agonise ? À la résonance des lieux lorsqu'il avait imploré leur clémence, il se trouvait dans une cave. Était-ce en rapport avec l'aide qu'il avait apporté à l’enquêteur ? Il en était persuadé et avait même cru reconnaître parmi ses agresseurs l’un des agents de sécurité de la banque.

Soudain, il entendit une porte s'ouvrir et des pas se diriger vers lui. Une main enleva le sac de sa tête, mais le sang qui coulait sur ses yeux l'empêchait de distinguer quoi que ce soit.

— Qu'est-ce que vous lui avez fait ? C'est horrible, s’insurgea une voix féminine.

— Ah ouais, ils ne l'ont pas raté celui-là ! C'est écœurant. Kenneth, je croyais qu'ils devaient juste le conditionner à parler ! dit une voix masculine cette fois-ci.

Kenneth ? Ce n'était que le début de mon calvaire, pensa immédiatement Joffrey.

Tous les deux se connaissaient depuis des années et ne s'appréciaient guère. Alors que Donwell avait sympathisé avec Pierre, Kenneth, lui, avait tissé des liens avec Richard. Joffrey se souvenait bien de cet homme, grand et squelettique, au regard inquiétant. Il était Guide lui aussi, mais avait des capacités beaucoup plus développées que celles de ses congénères. Il n'avait qu'à toucher une personne pour la plonger instantanément dans ses angoisses les plus secrètes. Même si Joffrey ne l'avait jamais vu à l'œuvre, il avait entendu parler des séances de tortures qu’il avait infligées aux concurrents de Richard.

Rumeurs ! lui avait-on rétorqué lorsqu’il avait alerté son chef de branche.

 

— Vous avez les gènes de votre mère, jeune homme. Une vraie petite nature, dit Kenneth de sa voix profonde et calme à celui qui venait d’intervenir.

Il lâcha ensuite le sac qu'il avait dans les mains et repartit en direction de la porte.

— Amenez-le moi dans le salon que l'on puisse commencer à travailler tranquillement et essuyiez-lui le visage qu'il ne salisse pas tout, ordonna-t-il enfin.

— Julie, Agathe, aidez-moi à le porter jusqu'à la salle de bains qu'on le soigne un peu.

— C'est d'un docteur dont il a besoin Lukian, pas juste d'un pansement !

— Agathe, arrête de faire ta rabat-joie et aide-nous, rétorqua Julie.

Richard avait été prévenu de l'arrivée de Maïwenn et Mathias par un de ses contacts et il avait immédiatement envoyé ses petits-enfants sur place pour suivre les opérations. Roselyne était plus expérimentée, mais son départ précipité aurait pu éveiller les soupçons. Ils avaient pour objectif de découvrir coûte que coûte ce que l’enquêteur venait faire dans le pays.

Une fois lavé de son sang, Joffrey fut placé sur un fauteuil de cuir au milieu du salon. Encore endolori par les coups, il put tout de même entrevoir ses ravisseurs. Lukian et Agathe, quant à eux, étaient de part et d'autre du fauteuil, quelque peu choqués par son visage tuméfié. Ils se regardaient d'un air inquiet. Jusque-là, ils n'avaient pas pris conscience des moyens que leur grand-père était prêt à employer pour atteindre son but. Ils venaient de se rendre compte que quelque chose de grave allait se produire et que d'une façon ou d'une autre, ils y seraient mêlés.

Julie ne semblait pas avoir autant d'états d'âme. Elle avait fait le tour de la propriété et rejoignait maintenant le salon pour profiter du spectacle avec eux. À chaque pas, elle soulevait les draps que Rose avait disposé sur les meubles, pour les admirer. Le bruit des vagues et les bougies disposées aux quatre coins de la pièce accentuaient encore l'ambiance lugubre des lieux.

Kenneth entra dans la pièce silencieuse. Il avait retiré sa veste et retroussé avec soin les manches de sa chemise blanche, faite sur-mesure.

Lukian et Agathe se reculèrent instinctivement, lui laissant ainsi tout l'espace nécessaire. Sans un mot et avec un calme déconcertant, il saisit une chaise et s'assit en face de Joffrey.

— Est-il vraiment utile d'avoir recours à cette méthode ? Ne pensez-vous pas qu'il parlera si on l’interroge ?

Tous les regards se tournèrent vers Lukian qui avait osé rompre le silence presque religieux. Kenneth tourna calmement la tête vers le jeune homme.

— Bien sûr qu'il parlerait, mais où serait mon plaisir dans tout cela ? rétorqua-t-il.

Le sourire sadique qu'il arborait glaça le sang de l’apprenti Varlarc’h qui baissa les yeux et recula d'un autre pas. Julie au contraire profita de l'occasion pour s'approcher un peu plus de lui.

— J'aime votre façon de penser et j'aimerais beaucoup avoir un pouvoir comme le vôtre. Je peux faire quelque chose pour vous aider ?

— Vous taire, ce serait parfait. Mais vous pouvez rester près de moi et m'observer en silence mademoiselle.

Il semblait aimer avoir une admiratrice. Il la regarda avec complicité, puis posa ses mains sur les tempes de Joffrey qui écarquilla les yeux et hurla de douleur.

 

Réveillé en sursaut dans le canapé de son salon, Joffrey Donwell essuya la sueur qui perlait de son front. Il appela Martha, sa femme, puis Liam, son fils, mais la maison semblait vide. Il regarda sa montre qui indiquait vingt-deux heures trente et bien qu’il ne soit pas homme à paniquer, il était inquiet.

— Un mauvais rêve, rien de plus, se convainc-t-il avant de se diriger vers la cuisine.

En passant devant une commode, il remarqua un article de presse posé contre leur photo de mariage. Son cœur fut alors transpercé de part en part, il ne pouvait croire ce qu'il était en train de lire. Affolé, il monta quatre à quatre les escaliers menant à l'étage, entra dans sa chambre et ouvrit le dressing de son épouse, complètement vide. Le sang glacé, il se précipita ensuite dans celle de son fils, plus aucun meuble.

Joffrey redescendit, traversa la cuisine, prit une lampe torche puis courut dans le jardin où il les appela encore et encore. Tournant et virant à travers les parterres de fleurs, il finit par tomber à terre, laissant la lampe torche lui échapper des mains. Lorsqu'il la retrouva enfin, il la dirigea vers ce qui l’avait fait trébucher et qu'il prit d'abord pour une dalle de béton. Ce n'est qu'en se rapprochant davantage qu'il réalisa que c’était une pierre tombale.

La mémoire lui revint alors, l'article trouvé dans le salon disait vrai : sa femme et son fils étaient morts dans un accident quelques mois plus tôt et il se tenait devant leur sépulture. Comment avait-il pu oublier cela ? La douleur était telle qu’il ne parvenait pas à reprendre son souffle. Jamais auparavant, il n'avait connu un mal si grand. La main sur sa poitrine, il allait mourir là d'une crise cardiaque. Joffrey cessa de se battre et s'allongea sur la tombe avant de perdre connaissance.

Plus aucune peine, plus aucune souffrance, plus aucun sentiment... Le néant l'entourait, mais après quelques minutes de plénitude, une nouvelle douleur se fit sentir, encore plus intense que la précédente et accompagnée cette fois-ci d'une bouffée d'angoisse. Son cœur venait de repartir. Un battement... Puis un autre... Encore un autre... Jusqu'à redevenir régulier. Lorsqu'il reprit conscience et ouvrit les yeux, Kenneth était au-dessus de lui, contemplant son œuvre d'un air satisfait. Joffrey réalisa alors que tout ceci n'avait été qu'illusion et qu'il était toujours prisonnier.

— Maintenant, si tu ne veux pas que tout ceci devienne ta réalité, dis-moi ce que tu sais, lui murmura son bourreau.

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Den ar vilin
Posté le 21/10/2024
Excellent chapitre que voilà. C'est vrai que jusque là, à part quelques sbires, nous n'avions pas connaissance des atouts dans la manche de Richard et Kenneth en est un parfait aperçu : froid, cruel, prêt à tout pour servir son employeur. La suite promet d'être intéressante pour sûr !
Portequigrince
Posté le 29/10/2024
Je suis contente que ce nouveau personnage te plaise, il va avoir son importance dans l'histoire, mais d'autres vont venir aussi. J'espère que cela te plaira.
Merci de continuer à suivre!
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