Il y eut beaucoup de nuits blanches et de prototypes. Il avait l’habitude d’utiliser des plans pour coudre lui même les ballons des montgolfières, mais ce projet là lui coûta bien plus en papier. Acacio cousu même une peluche en forme de caméléon taille réelle pour les essais en l’air. Il ne pouvait désormais plus se permettre de rêvasser ; le jour de son baptême devait être parfait.
« Tu devrais te reposer, sinon tu vas t’endormir sur la nacelle !
– Aucune chance. Allez, tourne-toi, que je vérifie la sangle. »
Ajustant les derniers préparatif de son invention, tout lui sembla prêt pour le jour prévu, qui arrivait le lendemain.
« C’est lourd, gamin ! J’arrive à peine à marcher avec, comment veux-tu que j’arrive à voler !
– J’ai pas dit que tu allais t’envoler là, comme ça, par le simple moyen de ta pensée ! Tu pourras voler quand tu seras sur la nacelle.
– Quoi ?
– Bah oui, andouille, tu vas m’accompagner ! Après tout, c’est grâce à toi si je peux monter dedans !
– Et tu es sûr que je ne vais pas finir comme une crêpe ?
– Absolument certain ! Tu me fais confiance, non ? »
Le caméléon ne savait pas faire de geste d’affection. Alors, pour tout réponse, il lui lécha la joue en moins d’une seconde.
Quand Acacio monta dans la nacelle, un jour où il n’y avait aucun client, monsieur Patrício remarqua la créature que tenait son fils fermement sur son bras.
« Mais… J’ai déjà vu, ce caméléon ? Que fait-il ici ? Et que porte-t-il sur le dos ?
– C’est mon ami, maintenant. »
Devant le grand sourire de son fils, l’homme s’avoua vaincu. Soupirant, il changea de sujet.
« Bien, tu te souviens parfaitement de toutes les manœuvres ?
– Oui !
– Si il y a le moindre problème, tu me contactes immédiatement et tu fais les manœuvres d’urgence. De toute façon, on reste en contact radio quoi qu’il arrive !
– Oui !
– Tu es prêt, mon garçon ? Parfaitement prêt ? »
Pour toute réponse, le jeune garçon hocha la tête. Le ballon rouge vif, qu’Acacio avait rafistolé lui-même plus d’une fois, n’attendait à s’envoler. Alors, il laissa tomber la corde qui le rattachait au sol. Le brûleur s’alluma dans un grand bruit, et sous les cris de joie du garçon, la montgolfière prit de l’altitude.
A cet instant où la montgolfière rouge s’éloignait quelque peu du plateau et que la voix de son fils, bégayante mais sérieuse, sortait de la radio, monsieur Patrício réalisa qu’il ne serait jamais un grand causeur. Il réalisa même qu’il aurait sans doute des difficultés pour communiquer jusqu’à la fin de sa vie. Mais il savait qu’au fond, ce n’était pas si important que ça, tant qu’il arrivait à être heureux, sur terre ou dans le ciel.
Dans la nacelle, Acacio s’activait sérieusement à faire voler le ballon comme il l’avait promis à son père. Mais quand il n’eut plus rien a faire, il éclata de rire en goûtant le vent qui balayait ses cheveux.
« C’est tellement haut !
– Alors, monsieur le dragon, on ose plus voler ?
– Tu n’as vraiment pas peur que je m’écrase au sol ?!
– Fais moi confiance, je te dis ! A moins que ce simple vol te suffise ?
– Ça pourrait me suffire, honnêtement, mais… »
Un œil du caméléon regarda en bas, alors que l’autre regardait ses ailes en toile.
« Oh et puis zut ! »
Disant peut-être au fond de lui-même adieu à la vie, il sauta hors de la nacelle. Émerveillé, le jeune garçon se pencha en avant. Un peu en dessous de la nacelle, le petit lézard vert criait de sa voix nasillarde.
« Je vole, je vole ! Et… Et je crache du feu ! »
Car Acacio avait créé les ailes du caméléon comme deux petites montgolfières indépendantes, sans nacelles. Ainsi, le caméléon pouvait choisir sa direction et sa hauteur avec des réglages ajusté sur ses pattes avant et sur sa queue, qui pouvait également lui servir de gouvernail. Le petit lézard volait dans l’immensité du ciel, aux cotés de l’enfant bègue.
« Je suis un dragon, Acacio ! Un vrai dragon ! Un vrai de vrai ! »
Le rire du jeune garçon en montgolfière face au bonheur d’un caméléon volant, virevoltant tout autour de l’immense ballon rouge, fut un spectacle que les collines des environs n’oublièrent pas de sitôt.
"Alors, il laissa tomber la corde qui le rattachait au sol. Le brûleur s’alluma alors dans un grand bruit, et sous les cris de joie du garçon, la montgolfière prit de l’altitude." deux "alors" dans deux phrases consécutives, un poil inélégant ;)
ensuite:
"tourne-toi"
"tu fais les manœuvres d’urgence." Je crois que y'a pas de S à urgence.
Et enfin concernant mon commentaire "final": chouette chouette petit conte ! Très belle découverte pour moi de ton univers déjanté ! Tu avais plusieurs mots en contrainte et je dois dire que vraiment tu t'es bien débrouillé pour assembler le tout ensemble, ça a donné une belle histoire pleine d'humanité et d'envie de se dépasser. Tes personnages sont touchants, tes dialogues vivants et drôles, c'était un vrai plaisir de suivre Acacio et ses petites peines de phonétique, si j'avais un enfant que je lui raconterai cette histoire pour sûr haha, elle est vraiment ludique et amusante et surtout on en apprend des choses sur la faculté de parler ! En somme, me réjouis de découvrir tes autres contes :)
Je suis heureux que ça t'ai plu ! J'espère que les autres histoires que je pourrais poster te plairont aussi ^^
Je n'en doute pas ;)