Le prof de français nous a lu un extrait d’un poème d’Aragon : L’épilogue. Je ne suis pas une grande littéraire et je lis affreusement lentement, mais parfois, la beauté de certains mots, de certaines idées, me touche de façon intime. C'était le cas ce jour là.
« Songez qu'on n'arrête jamais de se battre et qu'avoir vaincu n'est trois fois rien,
Et que tout est remis en cause du moment que l'homme de l'homme est comptable,
Nous avons vu faire de grandes choses mais il y en eut d'épouvantables,
Car il n'est pas toujours facile de savoir où est le mal où est le bien »
Il faisait beau, le printemps était cette fois bien présent. J’étais allongée sur l’herbe à lire mon poème en regardant de-ci de-là, mes camarades vivre et pour certains flirter, s’aimer. C’était une belle journée. Je n’était pas jalouse de les voir ainsi, j’étais au delà de ça désormais. J’étais à côté de la vie, je l’observais comme une scientifique ou un dieu, qui tenterait de comprendre les fruits d’une expérience étrange.
Il eu alors une énorme détonation! Et puis un brouhaha confus…Je me levais tendue pour voir d’où cela pouvait venir. Une fumée grise s’échappait du labo de science. Instinctivement, alors que chacun s’éloignait, je me suis avancée pour voir de plus près. Sans bien me rendre compte de ce que je faisais, je suis entrée dans le bâtiment alors que tout le monde en sortait. Génia l’aide de labo m’a prise par le bras. « Hey Stella ! C'est par ici, tu sors ! C'est dangereux » « oui, oui » lui répondis-je sans m’arrêter d’avancer à contre-courant. Et puis une autre explosion. Sa main m’a lâchée.
J’ai mis mes mains sur mes oreilles et j’ai continué à avancer. « Il y a quelqu’un? » criais-je, malgré la fumée qui commençait à me brûler la gorge et les yeux. « S’il y a quelqu’un, il faut sortir ! C’est dangereux ! » criais-je encore. Et puis une nouvelle explosion qui cette fois me souffla au point de me faire perdre l’équilibre. Et soudain le feu…le feu!
Il était là devant moi. J’étais tout à la fois fascinée et sidérée. Ma tête me disait de bouger mais mon corps demeurait immobile. Les flammes s’entendaient, dansaient devant moi. Mon cœur battait à la chamade, mais non, impossible de bouger. Mes cicatrices de dragon semblait vouloir fuir mais ce corps, mon corps, lui restait immobile. J’étais pétrifiée de terreur. La fumée était de plus en plus dense, j’arrivais à peine à respirer et je me mis à tousser. Des flashs me revenait en tête, la maison, la douleur, les cris de mamie, l’odeur de chair brûlée…Non ! calme toi ! Ce qui c’est passé ce jour là ne peut pas se reproduire, c’est impossible, tu es en sécurité, ce n’est pas la réalité ! Et puis quelqu’un m’a tiré par le bras, m’a soulevé et m’a emmené à l’extérieur.
L'air frais entrait dans mes poumons et je me rendais compte que non, ce n’était pas un mauvais rêve…Le labo brûlait réellement ! C'est alors que je me suis mise à hurler ! Mais aucun son ne sortait de ma bouche, pourtant je hurlais ! J’avais la sensation de glisser à l’intérieur de moi-même, dans un tourbillon de terreur qui m’emportait. Je m’accrochais à un corps sans visage, je hurlais. J’entendais au loin « respire calmement » « tout va bien » Non ! Non ! Ça va pas ! C'est réel ! J'avais la sensation de ne plus sentir mon corps…J'étais en train de mourir, encore.
« Stella… reste avec nous. Stella… Stella … »
Bon déjà la pauvre, elle revit un réel traumatisme avec ce laboratoire en feu qui fait écho à sa propre histoire (qui est donc l'explosion de la maison de sa grand-mère, ou du moins un incendie qui a fait brûler la-dite maison)!
Après, si je ne me trompe pas, le poème souligne le fait que même après avoir enduré ça une première fois, elle doit le revivre une deuxième et refaire face à ses angoisses qu'elle avait partiellement réussit à vaincre. Très bien trouvé!