L’ombre du doute

« Stella… »…maman? « Stella ma chérie... »

Mes paupières étaient lourdes, j’ouvrais difficilement un œil puis l’autre. « Maman? » « oui ma puce, je suis là ». Je sentis sa main serrer la mienne. Je regardais autour de moi les murs vaguement blanc et son beau visage rougit par les larmes. « Tu es à l’hôpital » 

« le labo…personne…brûlé? » 

« … » « non ma chérie, personne, le labo était vide…à part… » et sa voix se cassa «...toi! ». « Je suis désolée, je pensais vraiment que ça allait mieux ma puce… » commença-t-elle de grosses larmes coulant le long de ses joues. « Je suis tellement désolée... » «On ne va pas pouvoir continuer comme ça » s’éleva la voix grave et froide de mon père. Je ne comprenais pas où il voulait en venir. Ma tête me faisait mal.

Une infirmière entra dans la chambre, elle m’adressa un doux sourire « Aaaah ! Te voilà réveillée. Comment te sens-tu ? ». Elle m’examina avec douceur, ajusta un peu la perfusion puis ressorti. Ma mère regardait mon père d’un air suppliant, lui de son côté, affichait un mine sévère et déterminée. Je lisais sur son visage son fameux « pas de ça chez moi ». Je devinais sans difficultés que le « ça » c’était moi. Et un élan de tristesse et de colère m’envahit. « Je n’ai rien fait de mal papa » murmurais-je difficilement la bouche encore pâteuse. Il se tourna vers moi le regard furieux « Tu n’as rien fait de mal? Cela fait des mois que tu nous gâches la vie à te morfondre et à nous manipuler avec tes soi-disant tentatives de suicides ! » Je me redressais tendue tandis que ma mère se leva brusquement pour lui faire face. « Tu sors d’ici » « immédiatement ». Il m’adressa un regard noir puis sorti sans ménagement.

Les larmes me montait aux yeux. « Je ne voulais pas mourir…je… » « c’est bon ! » coupa ma mère sèchement. « Nous sommes tous épuisés. Je te laisse réfléchir à tes actes. Ton père à raison sur un point : cela ne peut pas continuer comme ça…» Elle déposa un baiser sur mon front « bonne nuit ! ». Puis elle s’en alla.

Le silence soudain était salutaire. Est-ce que j’ai voulu mettre fin à mes jours? Est-ce que c’est ça qui m’a guidé vers le labo? Non…mille fois non ! Non...je voulais m’assurer qu’il n’y avait personne, c’est évident ! …c’est évident? Ma tête me faisait souffrir le martyr. 

Je n’eu pas de visite le jour suivant à part le bal des médecins et des soignants. Physiquement j’allais bien. J’avais été un peu intoxiquée par la fumée mais rien de grave d’après le médecin. Maman est passée me voir accompagnée de Lena. Elle nous a laissé discuter un peu ensemble. 

« Tu as perdu la tête, Stella, on t’a vu t’avancer comme un zombie vers le feu… » 

 "Je ne m’en souviens pas, je…je… j’avais peur qu’il y ai quelqu’un qui reste coincé à l’intérieur. Je te jure que je ne me suis pas dit « tiens j’ai raté mon rôle de brûlée vive la dernière fois, je vais retenter le casting ! » ….vous me faites doutez tous…j’ai l’air si désespérée que ça ?"

"Tu es tout le temps toute seule avec tes bouquins et puis tu es étrange parfois, tu ne peux pas le nier…On a eu très peur. Je ne pourrais jamais assez remercier Youcef de t’avoir sortie de là. 

"Youcef?…oui…à l’occasion il faudra que je le remercie", répondis-je en pensant très fort que j’aurais préféré que ce soit quelqu’un d autre et  qu’il faudrait surtout que je m’excuse. 

"C'était très héroïque. On se serait cru dans un film hollywoodien, le beau brun ténébreux qui sauve la jeune fille des flammes. Elena est encore plus jalouse, toutes les filles bavent sur lui."

"Je ne vais peut-être pas m’excuser dans ce cas, si ça a servi son aura de mâle dominant", rétorquais-je avec un demi-sourire, 

"Tu l’aimes encore?"

"Tu m’as regardé ? Je ne suis plus dans sa catégorie…et encore mois avec cette histoire de désespérée suicidaire !"

"...Pour la deuxième partie j'avoue...Mais tu sais Stella, tes cicatrices se voient de moins en moins, c’est plus ton air absent et froid qui repousse que ton visage. Tu es belle, quoique tu en penses…"

"Toi, ça ne compte pas, je sais que tu m’aimes! Tu me verras toujours plus belle et plus brillante que je ne le suis en réalité. Et je te remercie pour ça. Tu es vraiment une amie exceptionnelle...Les larmes montaient et se mirent à couler quand je murmurais difficilement "Je sais où j’en serais si je n’avais pas ton amour...malgré tout, malgré moi, et c’est pas un bel endroit »

Lena m’a prise dans ses bras et j’ai pleuré. Pleurer parce que c’est injuste, que même si je n’étais pas une belle personne je n’avais pas mérité de vivre ça, d’en garder chaque jour le souvenir scarifié sur mon visage et mon corps. Parce que j’en ai besoin de cet amour plus que jamais et que c’est ça qui me sauverait même si ces cicatrices créait une barrière invisible entre les autres et moi. 

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Minerve
Posté le 14/04/2025
Bon le père nous est de plus en plus antipathique, mais c'est néanmoins réel que certaines personnes sont incapables de comprendre la douleur des autres et préfèrent croire qu'elles exagèrent...
Sinon un chapitre qui se termine sur une belle scène entre ces deux amies!
Et je me doutais bien que c'était Youcef qui l'avait sortie des flammes 😉😁
Paloma Chataig
Posté le 14/04/2025
Oui, c’est pas super original mais ça me rend encore plus désirable ce Youcef :-)
Minerve
Posté le 14/04/2025
C'est ce qu'on veut de toutes façon!! 😆
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