Les bonnes gens

Notes de l’auteur : Ceci est peut être le début d'une longue histoire ?

 

Les bonnes gens…

 

Et si je vous racontais autre chose qu’une histoire qu’on invente ? Et si je vous parlais d’autre chose que des mensonges de la vie ? Si je vous racontais une histoire vraie ? L’histoire de ma vie ? Et bien alors vous diriez encore peut-être, comme tous les autres, arrête de me raconter des histoires. Parce que quand quelqu’un raconte une histoire, ça fait un peu rêver, on a envie de s’envoler dans l’histoire, dans la peau du héros, de partir avec lui, de ne plus être là, d’être un peu ailleurs. Puis quand l’histoire devient triste ou drôle, on est parfois un peu mélancolique ou content, et on suit le héros presque dans notre peau, parce qu’on pense que tout va s’arranger. C’est normal, on est dans sa peau, on est bien là, on ne va pas crever donc on peut continuer, on peut encore avancer, aller un peu plus loin…

Mais alors ? Alors moi ? Moi je ne vais pas vous raconter des histoires… Moi je ne rêve pas vous savez. Ca fait très longtemps que je ne rêve pas. Je me réveille le matin et la vie reprend comme hier, comme avant, comme je l’avais vue venir depuis longtemps…

Je ne vais pas vous raconter des histoires, parce que ce que je vais vous dire ne vous fera pas rêver. Vous ne penserez pas à vous mettre dans la peau du héros, parce que le héros il n’y en a pas. Le héros était un héros, et tout d’un coup, tout à coup, le héros il a disparu. Il a bel et bien disparu. Il a disparu de partout, de ma mémoire, de ma vie, de la belle histoire qu’il incarnait, de l’histoire de lui qu’on racontait. Il a disparu en vrai et ça ce n’est pas une histoire, c’est vraiment ça qui est arrivé, comme dans les vraies histoires qu’on raconte aux enfants. Le héros a disparu pour de vrai et moi je ne sais plus comment vous l’expliquer parce que je me suis trompée et je me suis trompée depuis si longtemps, depuis si si longtemps que je ne sais même plus quand. Ca c’est comme dans les vraies histoires où on perd la notion du temps. Je le savais depuis le début de mon historie et je ne voulais en même temps pas le savoir, parce que il y a des choses que les enfants ne peuvent pas savoir. Il y a même des gens qui sont très très très vieux et pourtant ils sont restés des enfants.  Vous savez, pas les enfants que l’on retrouve longtemps après les avoir perdus. Ces enfants-là on est si content de les retrouver, de les caresser, de les soigner délicatement comme nos plantes d’appartement. Non, il y a des gens qui sont restés des enfants tout le temps, en fait ce sont des gens bien, avec une bonne tête, des bons bras et des bonnes jambes. On ne les reconnaît pas vraiment tout de suite, il faut même parfois très longtemps, parfois toute la vie, pour savoir qu’ils sont restés des enfants, qu’ils ne se sont jamais perdus et puis retrouvés. Ces gens-là, qui ont des bonnes jambes, même quand ils ne marchent plus, ils s’enfuient à toutes jambes devant l’histoire quand elle les rattrape. Je vous jure que dans mon histoire je les ai vus partir. Ils étaient beaucoup, beaucoup ; il y en avait plein partout, et ils ne sont plus là. Ils ne sont pas très loin, ils se cachent dans la vie, dans leur vie. Leur vie les cache. On peut essayer de jouer avec eux, mais ils ne sont pas très drôles. Ils sont même tristes dans le fond, avec leur vie en bandoulière, comme un sac qui pèse trop lourd, beaucoup trop lourd. Parfois même le sac est si grand, si vaste, qu’on ne les voit plus les gens. Ils sont cachés dans le sac de leur vie, leur pauvre vie de malheureux qu’on a mise à sac. …

Parfois il y a un petit trou dans le sac, et alors on entend un petit quelque chose, un petit mot, une petite phrase, toute simple en apparence, et c’est cette petite phrase qui me rappelle qu’ils sont bien là. Ils sont bien vivants, mais écroulés sous le barda de leur vie. Et ils tremblent, de tous leurs membres, de tout leur corps malade…

 

 

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Espelette
Posté le 13/03/2020
Une petite coquille : "Je le savais depuis le début de mon historie" --> histoire
Et une suggestion grammaticale : "parce que le héros il n’y en a pas" --> parce que de héros, il n'y en a pas (sans inversion, on dirait "il n'y a pas de héros")

J'aime ton rythme, très rapide, qui tourne, tourne, tourne. J'ai l'impression de suivre une pensée qui volerait dans tous les sens comme un ballon de baudruche en train de se dégonfler. Comme dans ton texte précédent, je comprends bien l'utilité des répétitions, des sonorités, qui font rebondir le ballon. Les histoires, l'inconnu, la disparition, les bonnes jambes, le sac,... Il y en a quand même une qui m'a gênée : "Parce que quand quelqu’un raconte une histoire, ça fait un peu rêver, on a envie de s’envoler dans l’histoire". Peut-être parce qu'à ce moment-là, je n'étais pas encore immergée dans ton écriture comme je l'étais dans le reste du texte. Du coup, le 2ème "histoire" dans cette phrase-là m'a fait retomber au lieu de rebondir sur la pensée suivante. C'est évidemment un simple ressenti que je partage en toute bienveillance ;)
Filensoie
Posté le 15/03/2020
Merci Espelette... Je ne sais pas comment corriger dans le texte que j'ai déjà publié sur le site mais j'apprécie tes remarques, j'en tiens compte et les reporte dans le texte original... Je dois encore mieux comprendre comment fonctionne ce site...
Espelette
Posté le 15/03/2020
Je suis nouvelle aussi. Quand tu vas dans l’onglet « Mes histoires », tu as, sur la droite, un bouton « éditer l’histoire » et puis, en-dessous, à côté de ton chapitre « éditer le chapitre ».
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