-Que veux-tu dire ? demanda Théophane dans un souffle.
Mais il sut qu’il n’obtiendrait plus rien de lui. Armand n’ouvrait la bouche que de rares fois, pour des occasions exceptionnelles et presque vitales. Il avait dit le nécessaire, et c’était désormais à son père de s’occuper du reste. Son fils ne cessait de le fixer de ses yeux dorés, et Théophane tentait vainement de déchiffrer son expression. En transe, c’est lorsque son compagnon le rejoignit et lui demanda si tout allait bien qu’il reprit soudainement ses esprits. Sans prendre la peine de répondre, il laissa là son ami, et se précipita vers le chemin de la maison. Armand installé dans ses bras fut de quelque peu secoué dans la course. Certainement que le cerveau du père de famille n’avait pas eu le temps de tout bien assimiler. Son instinct le guidait, et seule la rapidité de ses pas comptait pour l’instant. Il donnait toute son énergie pour arriver à sa maison, mais sentait bien, pourtant, que cette démarche était inutile. Il le comprenait toujours un peu plus, au fur et à mesure qu’il se rapprochait de chez lui, comme si son logis lui envoyait lui-même le message : « tes enfants sont partis ». Il ne ferait que constater le malheur et risquerait de se retrouver sans explication face à un tel acte, dont il ignorait la cause.
À pleine vitesse sur le versant de la montagne, Théophane arriva assez vite jusqu’au village. Le terrain se faisait ensuite plus simple, pour arriver jusqu’à leur maison. Essoufflé, il posa doucement le jeune garçon sur le sol, et ouvrit la porte d’entrée. Un détail le frappa alors. Effectivement, lorsqu’il l’avait ouverte le matin même, il avait trouvé la porte non fermée. La perturbation de cette habitude si simple montrait en fait un changement radical. Une inquiétude indescriptible s’empara de lui alors qu’il en franchissait le seuil.
La maison pouvait bien sûr se tenir très calme, mais pas se sentir vide. Et c’est ce qu’il se passait ici. Pas une bribe de conversation, pas un bruit à l’étage, ni de respiration. Cela ne faisait aucun doute : il n’y avait personne. Théophane, ayant une vue d’ensemble sur la pièce de vie, comprit qu’aucun indice ne pouvait se trouver ici. Il se rua dans les escaliers pour arriver à la chambre de ses enfants. Là, il remua draps et matelas, bouscula les meubles et jetait partout des regards effarés. Même si la vérité s’imposait à son esprit, il voulut poursuivre sa recherche et sortit précipitamment dans le jardin. Il passa en revue la cave, les arbres et les hautes herbes, les endroits familiers où ses enfants aimaient se réfugier, les moindres recoins mais seul le silence lui répondait. Il s’apprêtait encore à partir au village pour visiter chacune des bâtisses, fouiller les vergers ou les champs, tous les lieux où ils auraient pu se rendre… Lorsqu’Armand le prit par le bras. Il semblait évident que lui seul acceptait la situation, et il voulait que son père la réalise également. Ils n’étaient plus que deux, voilà tout. Pour des raisons qu’ils ignoraient, les reste de la famille les avait quitté. Dévasté, Théophane, resté de marbre jusque-là, laissa couler une larme. Son visage ne se fissura pas sous le coup de l’émotion, mais celle-ci était bien assez pour prouver l’état dans lequel il se trouvait.
- Reste avec moi, je vais prévenir les autres. Reste avec moi.
Joignant la parole aux mots, le père de famille descendit pour la troisième fois depuis le commencement du jour, au village. Son fils dans les bras, il marchait à vive allure, animé par une espèce d'angoisse. Il voulait rester maître de lui, expliquer calmement la situation à Bariza et ne pas se laisser emporter par ses sentiments. Mais, au fond de lui, son organisation semblait toute renversée et il était presqu’incapable de former une pensée cohérente. Physiquement, Théophane montrait le plus grand des calmes, et à l’intérieur, une bataille faisait rage. C’étaient sa raison et son émotion qui se confrontaient, sa peur et son espoir, sa logique et son incompréhension. Il se força à reprendre son souffle et se poser quelques secondes pour remettre ses idées au clair. L’enchaînement des actions avaient été bien trop rapides, et même s’il était doté d’un esprit vif, un moment de réflexion s’imposait. En d’autre circonstance, jamais il ne se serait pardonné cette perte de contrôle. Cependant, c’étaient de ses enfants et de sa femme dont il était question, c’est pourquoi il tolérait cet écart.
Devant la maison du chef de village, le père de famille se tenait tête en bas, mains sur les genoux. Il inspira profondément, tenta de vider son cerveau de la masse d’informations qu’il contenait, puis reprit chaque événement, au cas par cas. Un groupe s’était proposé pour la recherche de Victoire, et maintenant ses enfants manquaient également à l’appel. La quête devait être maintenue, mais pouvait-elle être retardée ? Quel élément justifiait la conduite de ses enfants ? Même Hermance, fiancée, était partie. Seule une raison assez forte pouvait motiver cette fugue. Il semblait alors évident que retrouver leur mère était leur objectif. Ou bien une revanche sur les Boétiens ? Comment avaient-ils tous pu être aussi inconscients ?
Plus équilibré, Théophane se décida à frapper contre la porte de Bariza. Trois coups retentirent avant que le chef du village n’ouvre. Ses yeux reflétaient une agitation peu commune, il attendait que l’homme devant lui justifie son intervention, mais il semblait déjà deviner ce qui l’amenait.
- Monsieur, j’ai à vous parler… La situation est encore plus grave qu’il y a quelques instants…
Son interlocuteur posa ses mains sur ses épaules et l’enjoignit à continuer son récit. Jamais un dialogue ne pouvait être conventionnel ou reposant avec un être tel que lui. Toujours des réactions inattendues, des intuitions, des révélations. Aujourd’hui ne faisait pas exception à la règle. Personne ne pouvait prétendre avoir parlé de sujets prosaïques avec le chef de village…
- Il n’y a plus seulement Victoire à aller chercher, mais également trois de mes enfants… Mes aînés sont partis, j’ignore la raison.
- J’en suis profondément navré… Quelle épreuve cela doit être pour vous ! Que voulez-vous que je fasse pour vous ? Si je peux vous aider de quelque manière que ce soit, dites-le-moi, déclara-t-il très ému.
- Je vous remercie, Monsieur… Mais je ne vous entretiendrai qu’au sujet de la recherche qui aura lieu. Mes idées sont claires, néanmoins votre avis et vos conseils sont précieux. Notre quête doit être maintenue, effectivement, mais faut-il grossir le nombre de compagnons ? Supposons que mes enfants n’aient pas pris la même direction que Victoire, faut-il envoyer deux groupes ?
- Mon ami, ce qui devait arriver est arrivé. L’avenir de vos enfants est bien particulier et ils n’ont fait qu’accomplir leur mission, à nous de l’accepter. Bien sûr, de notre côté nous ferons tout notre possible, mais rien ne pourra changer le cours du destin. C’est le premier événement d’une grande aventure, pour eux. Et pour nous le début de la délivrance… Et dire que j’attends cela depuis vingt ans…
- Monsieur, je ne comprends pas… Vous ne répondez pas à mes interrogations, vous ne semblez pas m’avoir écouté.
On eût dit que le fondateur de Hure se faisait violence pour contenir son émotion. Une certaine angoisse se lisait sur son visage, et il avait peine à parler intelligiblement. Il reprit pourtant, plus clairement :
- Mais si. Enfin, pour me faire plus explicite et rationnel, la recherche sera maintenue. Je ne peux me permettre d’envoyer d’autres habitants, cependant. Il a déjà été difficile d’en trouver suffisamment pour une disparue. Le nombre est adéquat pour une expédition de ce genre. Il vous permet la discrétion et l’efficacité, c’est pourquoi je n’y reviendrai pas. D’autant plus que le village aura besoin du reste des chevaux, et ne peut se séparer d’un de plus. Pour quelle raison pensez-vous que vos enfants sont partis ?
- Je vous l’ai dit, je ne sais pas, j’ai…
- Vous devez bien avoir une idée.
- Ce doit être pour Victoire, effectivement, répondit patiemment Théophane.
- Pour Victoire… Oui, il faudra que je réfléchisse à la succession des événements… Alors mon ami, vos enfants tenteront de suivre sa piste, vous ferez de même, et alors si l’avenir est bien fait, vous vous retrouverez. Il sera bien fait, n’en doutez pas. Quoiqu’il en soit, je préviens de suite vos compagnons de route, l’affaire presse.
- Oui, en effet. Cependant – bien que vous ne soyez pas directement concerné – Armand est seul à présent. Et à qui le confier ?
- Ah, oui, bien entendu. Quel rôle joue-t-il dans l’histoire ? Aucun enfant n’est hors de l’aventure, tous participent. Alors je suis sûr qu’une bonne âme acceptera d’en prendre soin, sinon il serait parti aussi. Nous avons des crèches qui pourront l’accueillir, et même s’il est « particulier », tout ira pour le mieux. Je m’en occuperai personnellement si cela vous rassure.
Le père de famille ne comprenait qu’une phrase sur deux dans le discours de son supérieur. Il tenta de saisir l’essentiel, mais son attitude l’inquiétait et ne lui inspirait pas vraiment confiance. Bariza sortit de son entrée après avoir détaché ses grandes mains des épaules de Théophane. Sur la place, les cloches retentirent encore pour annoncer une mauvaise nouvelle. Les habitants, voyant l’heure inhabituelle où elles sonnèrent, une nouvelle fois, eurent un sursaut d’angoisse. Ils se rassemblèrent devant l’église, attendant des explications.
-Excusez-moi pour cette nouvelle onde d’inquiétude. Les Boétiens sont bel et bien loin de nous. En revanche, la conséquence de leurs actes se fait encore ressentir… J’ai le regret de vous annoncer que Hure est encore amputé de trois de ses habitants.
Une vague d’étonnement submergea la petite assemblée. Déjà, tous regardaient autour d’eux pour observer qui manquait à l’appel. Ils cherchaient les visages familiers, mais remarquèrent bientôt qu’ils ne pourraient pas même soupçonner qui était absent. Les morts avaient été nombreux, et une confusion entre disparus et trépassés se ferait très rapidement. Cependant, quelques-uns aperçurent Théophane, abattu, aux côtés de Bariza, et devinèrent une part de vérité.
- Vous savez qu’une petite troupe devait partir à la recherche de notre chère Victoire. Cette quête est bien entendu soutenue, mais elle devra aussi assurer les retrouvailles des enfants des trois aînés de Théophane : Hermance, Adélaïde et Ephrem… disparus ce matin.
Un murmure s’élevait de la foule et certains avaient portés la main à leur bouche, le souffle coupé. Était-il possible que le sort s’acharne contre une même famille ? Quel désespoir devait ressentir Théophane ! Lui, toujours si calme, laissait paraître sa profonde lassitude.
- Je voudrais que les personnes s’étant dévoués à la mission s’avancent, pour un chant d’au revoir. Vous devez être partis dans moins d’une heure.
Une première silhouette se détacha timidement de la foule. Puis, donnant le mouvement, les autres s’avancèrent également. La plupart d’entre eux conservait une attitude très humble et rougissaient, tandis qu’une petite minorité montrait leur fierté de participer à une quête de cette importance. Douze hommes et femmes se tenaient debout, devant l’assemblée qui avait sorti ses mouchoirs blancs en signe d’adieu. Douze individus, bourrés de défauts, mais prêts à tout pour aider et donner de leur personne. Chacun savait que les épreuves seraient nombreuses. Ainsi, ils s’efforçaient de trouver un véritable motif, grand et digne, qui les porterait dans leurs difficultés et leur permettrait d’avancer encore, lorsque leur ciel serait sombre.
Bariza entama alors un chant de sa voix profonde, et tout le village suivit. Madame Soline, en larmes, s’approcha du père de famille. Elle baissa respectueusement la tête, et tenta de former quelques mots, incompréhensibles. Théophane posa ses mains sur le visage larmoyant et regarda la femme bien face. Il compatissait avec elle, tous deux dans la souffrance. La nourrice retrouva alors un peu de paix, devant ces yeux droits, et cette prise douce et ferme à la fois.
- Je voulais tout d’abord vous proposer… enfin non, tout d’abord me désoler pour ce qui arrive… mais vous avez tout mon soutien. Je suppose que vous partez tout de même … ?
Ses phrases étaient entrecoupées de reniflements, et Madame Soline fondit en larmes plusieurs fois. Patient, Théophane l’écoutait et faisait de son mieux pour comprendre ce que voulait lui dire cette brave dame, au-delà de ses excuses. Elle se reprit de quelque peu lorsque l’eau eut assez couler sur ses joues blanches, puis poursuivit :
- Enfin, voilà pourquoi je vous ai abordé… Je ne vous ennuierai pas avec des discours sans fin et inutiles dans un pareil cas... Je veux simplement proposer mon aide. Voilà, si cela vous est pratique, je voudrai garder Armand avec moi. Je sais m’en occuper, le gérer, vous savez que je l’ai souvent fait. Il me semble indispensable que ça soit quelqu’un qui le connaisse pour le prendre sous son aile. Je voudrais que vous partiez l’esprit tranquille, et je demande alors votre confiance.
Son interlocuteur observa un moment de silence, et continuait à fixer sa bienfaitrice de son regard pénétrant. Le chant comblait le vide et donnait à cette conversation une ambiance particulière.
- Oh, Madame Soline, cela ne doit pas vous déranger…
- Mais j’insiste. C’est un devoir et ma seule manière de vous aider. D’autant plus que j’aime vos enfants comme si c’était les miens.
- Eh bien ma chère, Armand est à vous jusqu’à mon retour. Vous avez toute ma gratitude que je ne saurai pas très bien exprimer avec des mots, vous le savez…
- C’est avec plaisir, répondit-elle les larmes aux yeux et s’inclinant de nouveau.
Sur ce, Madame Soline s’éloigna. Les voix s’éteignirent peu à peu. Les compagnons de route de Théophane baissèrent tous légèrement la tête, puis regagnèrent leur place au sein des habitants. D’innombrables poignées de main et d’accolades furent échangées. Le père de famille était assommé d’excuses, et parfois de condoléances pour les plus pessimistes. Certains se courbaient à son passage, ne sachant quelle attitude adopter. Un ami s’approcha, et le prévint, au milieu du brouhaha ambiant, qu’ils s’attendraient tous près de sa maison, lorsqu’il serait disposé. Ce fut au tour de Bariza de venir, pour le presser un peu malgré sa peine. Théophane était déjà prêt à partir, matériellement. Mais quelques paroles devaient être dites auparavant. Il se dégagea des gens, collés les uns aux autres et l’interpellant sans arrêt, pour se frayer un chemin. Pour lui, seuls les mots utiles devaient être dits, et les conversations exigées édifiantes, sinon, il gardait le silence. Rien n’était pire que ces bavardages, conduisant bien vite aux critiques, et faisant perdre un temps précieux. Comme dans chaque communauté, Hure avait ce défaut, parmi ses respectables qualités. Théophane s’approcha alors d’une silhouette, qui n’était à première vue qu’une boule recroquevillée.
- Relève-toi mon garçon.
Aymeric se tenait agenouillé, tête baissée et poings fermés. A l’évidence, il consacrait toute son énergie pour ne pas hurler de rage. Il ressemblait à un poids abandonné là, que tout le monde pouvait piétiner à sa guise. Il n’avait que faire des interrogations des habitants, lui demandant sans cesse « est-ce que tout va bien ? », lorsqu’ils remarquaient ce corps replié et tremblant. Mais cette voix le rattachait précisément à ce qu’il avait perdu. Prenant sur lui, il se redressa, très raide, et demeura les yeux fixés au sol. Incapable de prononcer un mot ou d’esquisser un geste au risque de perdre le contrôle, le jeune homme restait muet. Il se passa un moment avant que l’un des deux ne se décide à ouvrir la bouche. Bien que cela fut difficile à Théophane de trouver l’expression juste, il prit l’initiative.
- Ne te décourage pas, elle sera bientôt là…
- Je dois partir avec vous désormais.
Toujours le regard baissé, Aymeric semblait résolu. C’était une affirmation et une demande à la fois. Hermance partie, son monde s’écroulait. Et la seule manière pour ne pas tout à fait sombrer dans le désespoir était de la chercher. - Ce ne serait pas possible, Aymeric. Bariza a refusé de laisser partir d’autres habitants. Ton père aura besoin de toi dans ce moment de deuil.
- Je lui en ferai la demande spéciale. Il ne pourra refuser.
Il semblait alors méditer sur ses phrases. Bien que parler à la légère ne soit pas dans son caractère, la souffrance influençait sa réflexion. Il se rendit compte alors que Bariza avait déjà été assez généreux pour autoriser une telle mission, et qu’il ne laisserait certainement pas un aussi jeune adulte, ivre de douleur, partir ainsi. Son élan avait été réprimé bien rapidement, par son propre bon sens, mais cela évitait à Théophane d’argumenter face à un cœur au supplice.
- Mais pourquoi a-t-elle fait ça ? Je sais qu’elle m’aime, elle sait que je donnerai ma vie pour elle, pourquoi est-elle partie ? s’interrogea-t-il, effondré.
- Je voudrais pouvoir te répondre, mais je ne comprends pas son attitude non plus. Cependant, si votre amour est aussi fort que tu le dis, elle ne t’abandonnera pas. Reste fidèle malgré tout.
- Bien sûr que je serai fidèle. Elle me haïrait que je continuerai de l’aimer. Jamais je ne l’aurais empêché de partir si elle le voulait. Je l’aurai simplement accompagné, elle aurait dû me faire confiance sur ce point…
- Ne doute pas de sa confiance. Son frère et sa sœur sont partis, il ne s’agit pas que d’elle. Nous ne savons rien de ce qu’il s’est passé cette nuit.
- Oui, il y a forcément une raison inconnue et un certain mystère pour qu’elle ait agi de la sorte. Jamais elle n’aurait voulu me faire de la peine, jamais… Or, son absence me terrasse.
- Que vas-tu faire ?
- Si je ne peux partir, j’attendrai. Je respecte de toute façon sa décision, mais je brûle de comprendre. Nous allions nous marier, et ma fiancée est partie. Je ne sais où elle est, peut-être exposée à tous les dangers, et je devrai rester comme un incapable, coincé à Hure. S’il n’y a pas d’autres choix, je l’attendrai.
Théophane vit alors la grande âme qu’était le fiancé de sa fille, et fut sûr qu’Hermance serait en sécurité et heureuse pour le reste de sa vie. Il posa sa main sur l’épaule du jeune homme, qui leva enfin la tête, et déclara :
- Il n’y en a pas d’autre mon garçon.
Le cœur lourd, le père de famille s’empara de ses affaires et sortit dehors, avec un dernier regard pour sa maison et le village en contrebas, qu’il n’était pas près de revoir. Il embrassa doucement Armand sur le front, absorbé dans ses pensées. Madame Soline pleura de nouveau et lui souhaita force et courage dans cette quête. Un peu plus loin, la petite troupe l’attendait. Son plus fidèle ami lui tendit l’encolure d’un cheval à la robe noir, et lui sourit timidement. A l’évidence, il était heureux de quitter un peu Hure pour une aventure, mais n’osait trop le dévoiler, devant une cause aussi consternante. Tous enfourchèrent leur animal et partirent tranquillement. Pour la troisième fois, le village voyait quelques-uns de ses enfants partir loin de ses montagnes.