Aujourd'hui, je vais vous raconter l'histoire de mon dessert favori lorsque j'étais enfant.
N'avez vous jamais remarqué que ces moelleuses galettes ressemblent à la surface de la Lune ? Toutes deux sont rondes, toutes deux sont blanc nacré, et toutes deux sont parcourues de cratères.
Il y a là, les indices qui nous disent qu'il y a une origine commune.
Sur la Lune, il y a des plaines d'herbes blanches, des lapins qui gambadent en liberté, des lacs et des rivières d'eau lactée, des galets blancs et brillants qui portent le nom d'opale, des mines et des moulins.
Les meuniers qui y habitent commercent avec les étoiles, ces dernières ont besoin d'une poussière, très particulière, pour se transformer en étoiles filantes et parcourir la galaxie. Cette poussière vient d'une pierre qui se trouve au cœur de la Lune, elle porte le nom de ''larme impétueuse''. Les mineurs l'extraient, les meuniers la broient, les étoiles la mangent, rayonnent, et filent à travers l'espace, vers des lieux qui nous dépassent.
Un petit garçon lunaire observait les étoiles venir et partir, et il eut envie de faire comme elles. Il voyait la Terre, notre Terre, bleue et brillante, détentrice de trésors insoupçonnés, et il se dit : « Un jour, moi aussi, je quitterai la Lune, et j'irai là bas. »
Il ne devint pas mineur, il ne devint pas meunier, il devint inventeur.
Il construisit un bateau, un voilier, splendide, droit et sûr, capable de résister au vide spatial. Cela lui prit des années pour le fabriquer. Le plus dur, ce fut la voile : il n'y a pas de chanvre sur la lune, il dut faire autrement.
Il prit les opales qui jonchaient sa route, les ouvrit, et en récolta le cœur fondant. Il incorpora de la poussière de larme impétueuse, et la mélangea avec les opales ; la mixture commença à briller. Puis il déroba de l'eau aux rivières lactescentes, et il dilua sa pâte. Enfin, il étala sa préparation au sommet d'un plateau et la laissa sécher à la lumière du Soleil et de la Terre.
Il attendit, 12 jours et 12 nuits, sans lâcher son œuvre des yeux.
Des étoiles curieuses vinrent lui rendre visite, elles lui demandèrent ce qu'il faisait. Il leur répondit qu'il maturait.
Au 13ème matin, il souleva sa voile, tenta de la déchirer, mais il n'y parvint pas. Satisfait, il l'emporta et l'accrocha au mat de son voilier. Il passa une dernière journée sur sa Lune natale, et lui dit adieu. Il embarqua, largua les amarres et, au premier vent solaire, il quitta son pays.
Il se retrouva au milieu des étoiles, dans l'espace. Il y faisait chaud et froid en même temps, les ténèbres et la lumière y régnaient sans contrôle ; seul le silence était maître.
L'aventurier s'y sentit bien.
Le voyage dura des jours, puis des semaines, puis des mois. Il ne s'en lassait pas, mais il n'était pas encore satisfait.
Un jour, il croisa une nébuleuse et il voulut aller à sa rencontre. Sa robe rouge pourpre se colla à la voile, il fut curieux et en mangea un peu. Il trouva la chose délicieuse et sans s'en apercevoir, il mangea un bout de sa voile.
Rien qu'un tout petit morceau.
Ce fut doux, moelleux et sucré. Il s'arrêta brusquement, de peur de détruire son bateau ; mais ce dernier voguait toujours à bonne vitesse. Alors l'aventurier quitta la nébuleuse et continua son voyage.
Plus tard, il croisa un champ de poussière d'étoile, et ces curieux petits cristaux se collèrent à sa voile, la faisant scintiller de mille feux. Il fut curieux, et en mangea un bout.
Rien qu'un tout petit morceau.
Ce fut doux, croustillant et savoureux. Il s'aperçut qu'il perdait de la vitesse alors il s'arrêta, et continua son voyage.
Sur le chemin de la Terre, il percuta une météorite qui resta collée sur sa voile, le Soleil la fit fondre, et une couche brune et luisante en coula. Il fut curieux, et en mangea un bout.
Rien qu'un tout petit morceau.
Ce fut doux, chaud et parfumé. Mais il avait mangé presque toute sa voile, il n'avançait presque plus. Il finit par dériver et échoua par chance sur la Terre. Cependant, il ne put plus repartir.
Il voyagea quelques années, il découvrit des merveilles, mais... Il n'était toujours pas satisfait. Et il ne pouvait plus repartir, sa voile était détruite, il était à nouveau emprisonné.
Il essaya maintes et maintes fois de reconstruire celle ci, en vain. La Terre n'est pas la Lune. On n'y trouve pas d'opales facilement, il n'y a quasiment jamais de rivières lactescentes, et les larmes impétueuses n'y existent pas.
Et puis, finalement, il rencontra une femme, qui elle souhaitait se rendre sur la Lune. Ils sympathisèrent, ils se regardèrent, ils s'aimèrent.
Ils eurent une fille aux cheveux blancs qui riait face à la vie, d'un sourire aux dents manquantes de petite fille.
Le père l'aimait, il lui raconta son voyage et comment il avait fait pour fabriquer sa voile. Il prit des œufs de poules, les brisa et en récolta le cœur fondant, comme les opales. Il y incorpora de la farine , comme la poussière de larme impétueuse. Puis il déroba du lait aux vaches et il dilua la pâte, comme l'eau des rivières lactescentes. Et puis, il fit chauffer son œuvre dans une poêle, et il obtint une crêpe.
Curieux, il la prit dans sa main et s'aperçut avec bonheur qu'il venait de recréer sa voile. Il allait enfin pouvoir repartir !
Mais curieuse elle aussi, sa fille la lui déroba, et en mangea un bout.
Rien qu'un tout petit morceau, en laissant un trou à cause de sa dent manquante.
Et puis elle s'écria : « Mais ! F'ait trop méga déliFieux ! F'est tout doux ! Tout doux ! Fiens Papa ! On va mettre de la confiture de groFeille ! Ou du Fucre ! Ou bien ! Ou bien...du Focolat ! Fiens, tu Ferras, F'est tout bien ce qu'il te faut ! »
Le père regarda sa fille qui lui prenait la main avec le sourire, il fixa le ciel, et il comprit qu'il était enfin satisfait.
« Oui ma fille, tu as raison, c'est tout bien ce qu'il me faut. »
La Mousse
C'est trop mignon !!!
- il voulu aller à sa rencontre : il voulut
J'aime beaucoup les passages : "Il fut curieux, et en mangea un bout. Rien qu'un tout petit morceau." Et la fin qui va parfaitement bien avec : La fille tient bien de son papa visiblement ! 🤣
C'est la seule histoire que j'ai faite avec la pretention de faire une histoire pour enfant. Après je me suis oublié.
Quelques remarques, une sérieuse et une moins :
- "Il s'aperçut qu'il perdait de la vitesse alors il s'arrêta, et continua son voyage" —> "s'arrêta" et "continua son voyage" entrent en conflit, il faudrait selon moi reformuler. De plus, inutile de mettre une virgule avant un "et" !
- "Et puis, il fit chauffer son œuvre dans une poêle, et il obtint une crêpe" —> une POELE ?! Sacrilège ! Les crêpes ça se fait sur un billig ! 😱
=)
Merci pour ce petit commentaire, c'est chouette de ta part.
En effet il faut que je précise plus qu'il s'arrête de manger pour se remettre en route, c'est plus logique.
Ensuite, mon ami de la côte armoricaine, est ce que tu aurais une bonne recette de galette au blé noir pour la pauvre âme que je suis qui n'a pas eu droit à une enfance sur le bord de la mer ? J'ai grandi sans billig, je ne connais donc pas tout ce que j'ai raté. Je sais juste que l'on utilise du saindoux pour graisser la billig mais c'est tout.
Merci encore pour ce petit passage, ça fait très plaisir =)
Par contre ce sont des crêpes bigoudennes : elles sont bonnes, mais elles tellement fines qu'elles n'ont qu'une seule face 🤔
C'est trop mignon et super du bien écrit: je me régale ! (Désolé mais le thème de tes histoires est très propice à mes mauvais jeux de mots xD).
Le premier aliment choisi c'est une valeur sûre, une madeleine de proust assez universelle ; les crêpes ! J'aime beaucoup la comparaison avec la lune.
J'attaque le suivant avec appétit !
J'ai adoré ! Je mets dans "ma pile à lire". Quelle imagination ! J'ai été toute sourire jusqu'à la fin !
Cela m'a rappelé une histoire que mon école primaire m'avait conté : "la tarte volante". C'était pas le même style et le même genre, mais j'ai repensé à cela car c'était un vaisseau 100% alimentaire qui s'était posé sur la Terre dans cette histoire-là.
Un énorme merci pour ce moment !
mais c'est génial comme projet !
J'ai adoré ce premier chapitre, hmmmm ça donne tellement envie de manger x'D
Tout est très bien écrit et bien mené, je me suis régalé, je file découvrir les autres recettes ♥
En espérant encore me régaler dans les prochains chapitres,
A bientôt !
Je voulais me donner des croyances afin que je puisse plus apprécier la nourriture que je mangeais, en me créant une légende. Pour combattre mon coté blasé.
Finalement je mange toujours aussi mal, mais je profite malgré tout de ma bouffe =)
Je te félicite aussi pour avoir réussir à construire une histoire autour des crêpes, vraiment tu gères !
Merci en tout cas =)
Ça fait longtemps que je n'avais pas eu de commentaire, ça fait plaisir.
J'espère que tu trouveras ce que tu cherches ici.
J'ai trouvé ce que je cherchais : des textes super sympas à lire ;)
C'est une jolie histoire sur l’origine des crêpes. Tu fais preuve d'une grande créativité. Comment ça te vient ? Est-ce que tu revisite des contes existants ? Est-ce que tu y réfléchis beaucoup avant d'écrire ou ça te vient comme ça ?
C'est gentil de me dire que tu as bien aimé.
Pour construire une histoire comme celle-là il faut que je sois en bonne forme, si j'ai pas envie d'écrire j'écris pas, première règle.
Ensuite si je suis motivé, je me pose dans un endroit calme et je construits mon histoire suivant les images qui me viennent à l'esprit, j'écoute de la musique, et je suis concentré. Très. Comme dans une transe, parce que je sais que ce que je suis entrain de faire est important, parce que personne à part moi ne peut extraire de mon esprit les fruits de mon imagination.
Ça prend une heure généralement. Je prends les images qui marquent, les symboles, et je décide sur le moment si je rajoute une morale. Une fois que j'ai le squelette de l'histoire, je peux commencer à écrire, la suite vient toute seule, je rajoute la chair, les couleurs, les plumes. Ça je ne peux pas l'expliquer, sans doute parce que j'ai beaucoup écrit, la plume s'assouplit.
Un exemple d'exercice que j'ai fait : pendant 2 mois j'ai imaginé une fois par jour une créature magique à partir d'un objet au hasard dans le dictionnaire, 4 ou 5 lignes, c'est suffisant.
Et pas de drogue. Y' en a pas besoin pour se créer un monde =)
Peut être que ça te parlera puisque tu as toi aussi raconté tes histoires amoureuses dans un de tes contes je crois. J'irai les lire un jour ou l'autre, ça m'avait intrigué
N'hésite pas à publier lorsque tu en auras envie, je serai là =)
Cela donne immédiatement envie de lire la suite en mangeant des crêpes bien entendu :).
Profite bien !
Merci beaucoup !! En plus les crêpes moi aussi cela a bercé mon enfance, ainsi que mon désir de décrocher la lune, alors merci d'avoir décroché mon cœur par tes jolis mots lyriques au profit de notre estomac cérébral et "ventral". Merci :)
Mettre de vraies recettes n'est pas une mauvaise idée, mais je le ferai sans doute pour certaines plus complexes, ou lorsque j'aurai trouver des recettes dignes de ce nom.
Ensuite je ne sais pas ce que c'est pour toi les "histoires insolites" et la radio. C'est une sorte de concours dont le gagnant à le droit de raconter son histoire à la radio ? Ça peut être kiffant =)
Merci de me lire en tout cas, c'est important pour moi d'exister sur le plan artistique, c'est comme créer quelque chose de vivant que l'on se partage des uns aux autres.
Continue d'être extraordinaire.
Par contre, les contes au présent c'est surprenant, puisque la formule de contes la plus connue est "Il était une fois..." À l'imparfait sauf erreur.
Je vais lire la suite en tous cas.
Merci pour ton encouragement en tous cas !
Une petite coquille pas évidente : "Le père regarda sa fille qui lui prenait sa main avec le sourire" --> quand on dit "sa" main au lieu de "la" main, ça implique que l'on sait de quelle main tu parles et donc que cette main a un problème. Il est donc plus correct de dire "Le père regarda sa fille qui lui prenait la main avec le sourire".
A l'oral, les contes sont généralement contés au présent pour rapprocher l'auditeur de l'histoire. Je me demande ce que donnerait cette histoire écrite au présent et si on ne serait pas encore plus embarqués sur le bateau à voile de l'inventeur.
My bad...
Je viens de relire mon texte au présent, et j'ai tellement eu l'impression de lire la bible, j'avais pas remarqué qu'elle était au présent elle aussi =)
Ce que tu dis est intéressant, il s'agit bien de contes mais comme je n'en ai pas lu depuis mon enfance j'ai sans doute raté quelques notions importantes. J'essayerai de le réécrire au présent et je verrai si mon public le préfère au passé simple (en plus ce sera moins soutenu et donc plus accessible à des enfant).
Merci du conseil Espelette.
"Tu ne tueras point"... Mouais...
C'est créatif, bien pensé, bien écrit (alors que parler de crêpe sans ennuyer n'a pas l'air aussi facile que ça en a l'air), et la fin est mignonne comme tout sans en faire trop.
Je voulais au début un peu critiquer les explications à la fin du conte (je trouve plus stimulant de déduire qu'elle sont les différents ingrédients par nous-mêmes), mais après c'est vrai que c'est un conte pour tous, et les "petits" auront peut-être besoin d'une petite aide.
Bref: je suis un "grand", j'ai adoré et j'attends avec impatience la suite. Et maintenant j'ai faim.
Je ne tiendrai pas la main pour toutes les autres...