Dans la quiétude de Baker Street, je m’affalai dans mon fauteuil. Je me demandais comment Holmes faisait pour tenir une telle pression à chaque enquête. Mon regard se posa sur son bureau qu’il avait laissé tel quel. Un dossier épais repose à côté d’une lampe à huile allumée, son ombre projetée créant des formes allongées sur le bois sombre. La couverture du dossier, d’un cuir rouge cardinal, me fit frémir. À l’intérieur, les pages sont remplies d’une écriture serrée et méthodique, avec de fréquentes annotations en marge, témoignant de la profondeur de l’analyse et de l’intensité de la réflexion.
Chaque feuille contient des informations compilées avec une précision obsessionnelle, allant de photographies à des coupures de journaux, en passant par des cartes annotées de différentes régions de Londres. Des graphiques complexes montrant des réseaux de connexions et des hiérarchies criminelles sont épinglés à plusieurs endroits, chaque ligne et chaque nom méticuleusement relié pour démontrer l’étendue et la complexité de l’empire sous-jacent. Des notes manuscrites, écrites à l’encre noire, couvrent presque chaque espace libre. Elles détaillent des observations sur des rencontres clés, des comportements suspects et des transactions douteuses, ainsi que des hypothèses sur des stratégies criminelles et des prédictions sur des coups futurs. Plusieurs pages sont consacrées à l’analyse de documents financiers, retraçant leurs provenances et leurs auteurs, soulignant ou entourant des chiffres indiquant des flux d’argent potentiellement liés à des activités illicites.
En outre, le dossier contient des lettres interceptées qui, bien que cryptées, ont été partiellement déchiffrées par Holmes. Ces lettres suggèrent des communications entre des lieutenants clés et leur chef, dont les directives semblent orchestrer des opérations à grande échelle, bien au-delà de Londres et du pays.
Vers la fin du dossier, une série de rapports de surveillance décrit en détail les mouvements et interactions de certaines figures, leurs rencontres dans des lieux discrets et à des heures irrégulières, suggérant des efforts pour rester sous le radar des autorités conventionnelles, négligeant la surveillance accrue de Holmes.
Je pensais que Holmes avait archivé ce dossier au grenier, mais il semblerait que sa dernière journée en ma compagnie lui ait inspiré une quelconque recherche. J’ouvrai le dossier, et je parcourus les nombreuses notes et documents qui le constituaient. J’avais un aperçu direct de la pensée méthodique de Holmes en regardant sa compilation. Je découvris comment après de très nombreuses années d’enquêtes, mon ami avait pu enfin mettre la main sur le professeur, de façon non officielle. C’est ce qui l’avait amené à se jeter dans le torrent des chutes de Reichenbach trois ans plus tôt.
« Tout ça, pour ça… Holmes… murmurai-je. »
Puis soudain, mon regard se posa sur un nom. Un nom que je venais seulement de connaître et qui n’aurait jamais dû figurer parmi ces notes. Sur un document, il était fait état d’un versement entre feu le professeur et un certain Sir Nightshade. Je me saisis du document en exultant.
« Bon sang Holmes ! Quel génie vous êtes ! »
Une preuve, tangible et présentable du lien qui affiliait ces deux hommes. Mais nous étions déterminés à faire tomber Nightshade non pas pour un versement au Napoléon du Crime, mais bien pour ses actes de tortures au sein d’un des plus anciens asiles de Londres. Je fis glisser mes doigts sur l’écriture fine et précise de Holmes. De nombreuses références, nombreux croquis et noms codés y étaient inscrits. Je me saisis des documents et les étalai au sol pour avoir une meilleure vue d’ensemble. Une pensée traversa mon esprit, comme un écho: « Vous appliquez mes méthodes, Watson ? », ce qui m’arracha un sourire.
Parmi les différents documents concernant Moriarty se trouvaient des achats de terrains, de propriétés, de petits et moyens commerces. Il y avait également tous ses travaux en tant que professeur de mathématiques. Holmes avait voué toute une partie de sa vie à le coincer. Il était normal que je retrouvasse dans ce dossier tout un pan de la vie du génie du crime. Cependant, je ne m’étais certainement pas attendu à tomber sur deux certificats de naissance, et deux certificats de décès. Moriarty avait eu et perdu deux enfants. Est-ce que Holmes s’en souvenait ? Il ne m’en avait jamais parlé auparavant, peut-être avait-il jugé cette information inutile dans sa quête contre Moriarty.
Je passais le début de ma nuit à réfléchir, cherchant un moyen pour faire tomber Nightshade dans un temps qui commençait à me manquer. Je comprenais au fur et à mesure de mes investigations que le Napoléon du Crime perpétrait crime après crime dans Londres, mais s’était également engagé à démarrer une guerre en Europe. La raison de son association avec Nightshade m’apparut aussitôt: il développait des méthodes innovantes de traitement des maladies mentales, il aurait pu s’exercer sur les soldats revenant des différents fronts. Mon sang se glaça à cette éventualité.
Selon Holmes, ses motivations n’étaient pas uniquement financières. Il y avait une dimension plus sombre et personnelle à ses actions. Les notes suggéraient que Nightshade avait perdu un frère aux Indes, un frère qui était revenu brisé, tant physiquement que mentalement. Consumé par la culpabilité et une soif de rédemption tordue, il avait cherché à concevoir des traitements pour les symptômes dont son propre frère souffrait, tout en restant aveugle aux ramifications éthiques de son partenariat avec Moriarty.
Bien que les notes de Holmes fussent fournies, le seul versement entre les deux mania du crime ne suffisait pas. Il me fallait d’autres preuves, mais le temps pressait. Je m’effondrai de fatigue au milieu des papiers et autres gribouillis de Holmes. L’un étant né en 1873 et l’autre en 1868. Aucune mention d’une mère n’était faite. Mon regard fut attiré sur les avis de décès sur la signature du médecin: un certain Dr Richard Cunningham.
Je passai les portes de Bedlam, le pas sûr, la démarche déterminée. Mon regard rivé devant moi, une tension musculaire palpable. Il fallait que j’apporte cet élément à Holmes. Comme à mon habitude depuis plus deux semaines désormais, je laissai mon manteau au vestiaire des visiteurs, sous le regard suspicieux du chef infirmier. Je le saluai et lui fis savoir que je connaissais le chemin. Il m’attrapa par le bras et je me retournai vivement, prêt à armer mon poing droit.
« Monsieur, je suis le Dr John Watson, 5e régiment des Royal Northumberland Fusiliers, campagnes de Kandahar et de Maiwand, veuillez, je vous prie, me lâcher le bras. Il n’y a aucun danger pour moi en ces murs, si vous voyez ce que je veux dire.
— Les dangers sur le front et dans cet hôpital docteur, avec tout le respect que je vous dois, sont assez différents.
— Traitez ces hommes avec respect et bienveillance et ils ne vous feront rien. Maintenant, laissez-moi voir Holmes. »
Mon regard suffit à dissuader l’infirmier qui me relâcha, je pouvais sentir son regard se fixer sur ma silhouette avançant vers la salle commune. Le silence qui régnait était étrange, un mutisme que je n’avais encore jamais vécu à Bedlam, comme si l’asile entier s’était tu. Dans un coin de la salle, je remarquai Arthur, prostré dans l’angle, il se balançait d’avant et arrière avec force sans jamais que sa tête n’entre en collision avec le mur derrière lui. Je m’approchai de lui, prudemment. Je m’assis face à lui, l’observant soucieusement. Son regard balayait la pièce de gauche à droite avec une frénésie démente. On aurait dit une bête apeurée que l’angoisse consumait à petit feu. Sa respiration est courte. Son balancement rapide. Ses mains crispées autour de ses genoux. Je ne capte pas son regard, mais je n’en avais pas besoin pour communiquer avec lui.
« Arthur, tout va bien..? lui demandai-je en chuchotant.
— Dr Watson. Sherlock. Pas vu. Trois jours. Isolement. Attaché. »
Je déglutis difficilement. Je penchais la tête sur le côté et le regard d’Arthur se fixa dans le mien, il inspira profondément, cherchant à s’apaiser.
« Sauver Sherlock et laissez-moi ici. Il est plus important.
— Mon garçon, Holmes encourt de grands dangers pour justement vous sauver, nous ne repartirons pas d’ici sans vous.
— Personne ne sort de Bedlam, Dr Watson. »
Mon échine se raidit d’un coup. Holmes avait prononcé ces mêmes mots avant son départ. Le bras d’Arthur se leva et il m’indiqua le couloir où les cellules des patients étaient. J’acquiesçais légèrement.
« Arthur, dites-moi ce qu’ils vous ont fait. J’ai besoin de savoir.
— Rien, Dr Watson.
— Vous n’êtes pas dans votre état… normal, dis-je timidement, incertain du terme employé en ce lieu.
— J’ai refusé de me soumettre. Voilà tout. Et quand on refuse, on se prend des coups. Simple et efficace.
— Vous êtes blessé ? demandai-je, inquiet.
— Comme tout le monde ici, Dr Watson. »
Je sentis une présence dans mon dos, c’était le colosse qui venait interrompre notre petite conversation. Avec un sourire, il tendit à Arthur un verre d’eau rempli d’une substance jaunâtre. Arthur me lança un regard furtif avant de se détourner pour boire son traitement docilement.
« C’est bien Arthur, gentil. »
Je me relevai d’un bond, m’interposant entre Arthur et l’infirmier en chef. Les muscles de mon visage secoués de légers spasmes incontrôlables. L’infirmier fit demi-tour en gardant son rictus.
« C’est bien parce que Monsieur Cunningham vous a invité, Dr Watson, que je vous laisse tranquille. »
La menace était réelle. Je laissai Arthur pour me diriger vers le couloir. L’air est lourd, imprégné d’une odeur de renfermé, mêlée à celle, plus âcre, de la peur et du désespoir. Le silence est presque total, interrompu seulement par le lointain écho de gémissements étouffés et le claquement occasionnel de portes qui se ferment ailleurs dans l’institution. Par moments, une ombre se glisse rapidement à travers le couloir – une infirmière ou un gardien, leurs visages marqués par la fatigue et une forme de résignation sombre, ces mêmes expressions que lors de ma première visite.
Mon corps fut assailli de frissons dû à la fois au froid et à la sensation inévitable que ce couloir est un limbe, un entre-deux où les âmes sont perdues avant même de quitter ce monde. Les faibles lueurs des lampes projettent des ombres allongées sur le sol, comme les barreaux d’une cage immense enfermant tout espoir et toute échappatoire. À chaque porte passée, le sentiment d’oppression grandissait, comme si les murs eux-mêmes voulaient murmurer des histoires de douleur et de folie que je préférais ne jamais entendre. C’est ici, dans ce couloir qui semble s’étendre à l’infini, que je sens le poids de la tragédie humaine, palpable dans l’air stagnant, suffoquant, un rappel constant que dans cet asile, la lumière de la raison et de l’humanité a depuis longtemps été éteinte.
Alors que je naviguais sur ce qui me paraissait digne du Styx, je remarquai la porte de la geôle de Holmes ouverte. À peine eus-je franchi le seuil que la scène devant moi me pétrifia. La fenêtre qui s’était ouverte à moi, laissait apparaître un spectre prisonnier des bras de l’enfer, dans un état que je n’aurais jamais pu imaginer, même dans mes cauchemars les plus sombres.
Il est là, sanglé à son lit, une camisole de force entravant ses mouvements, son corps immobile reposant sous les sangles serrées le maintenant fermement contre le matelas mince et usé. La lumière blafarde de l’unique lampe éclaire un dossier aussi mince qu’une feuille de tabac, posé sur le bord du lit. Le silence est presque total, interrompu seulement par la respiration lente et régulière de Holmes, bien que je ne puisse dire s’il dort ou s’il a été rendu inconscient par quelques procédés… Je sens mon cœur se serrer pour la énième fois depuis le début de cette affaire, une douleur lancinante qui, je crois, finira par avoir raison de moi. Je m’approche doucement, presque à tâtons, ma main tremblante tandis que je cherche un signe de conscience, un indice qu’il est toujours parmi nous malgré les apparences. Son pouls est régulier, sa respiration lente.
Je le laisse se reposer, et me saisis de son maigre dossier. Maigre, car il ne contient qu’une simple et vulgaire feuille. Je le lus attentivement, du bout des lèvres.
« Rapport médical : Évaluation d'entrée et Plan de traitement
Patient : M. Sherlock Holmes
Date d'admission : 4 novembre 1894
Établissement : Bethlem Royal Hospital
Référant : Dr John H. Watson
En parcourant les pages du dossier de Holmes, mon cœur bat à tout rompre. Chaque ligne lue me plonge un peu plus dans un état de profonde consternation.
I. Raisons de l'admission :
M. Holmes a été admis à la suite d'une série de comportements erratiques et de délires rapportés, comprenant des hallucinations auditives et visuelles, une paranoïa accrue, et une incapacité à fonctionner dans la vie quotidienne. Des symptômes de retrait social sévère et d'agitation ont également été notés. Une recommandation d'admission en urgence a été faite par Dr Watson après consultation avec des collègues.
II. Historique médical et psychiatrique :
Le patient a un historique de consommation de substances, y compris l'utilisation occasionnelle d'opium et de tabac. Aucun antécédent familial de troubles psychiatriques n'est rapporté. Historiquement, M. Holmes a démontré une haute capacité à gérer le stress lié à son travail de consultant-détective, mais les événements récents ont conduit à une dégradation notable de sa santé mentale.
III. Évaluation clinique à l'entrée :
À son arrivée, le patient était visiblement agité et méfiant envers le personnel et d'autres patients. Il a montré des signes de désorientation temporelle et spatiale et a résisté à l'évaluation initiale. Des signes physiques d'autonégligence sont évidents, et le patient a admis une diminution significative de l'appétit et du sommeil.
IV. Diagnostic :
- trouble psychotique aigu, probablement exacerbé par la consommation de substances et le stress extrême.
- insomnie sévère.
- anxiété et symptômes paranoïaques.
Mais rien ne m’avait préparé à la section qui suivait…
V. Plan de traitement :
- isolement temporaire : M. Holmes sera placé en isolement pour réduire les stimuli externes et surveiller son comportement dans un environnement contrôlé.
- hydrothérapie : Des sessions d'hydrothérapie froide seront utilisées pour gérer l'agitation et aider à stabiliser l'humeur du patient.
- traitement pharmacologique :
- sédation : Administration de chloral hydrate pour induire le sommeil et réduire l'agitation nocturne.
- bromures : Utilisation de bromure de potassium pour diminuer l'excitabilité nerveuse et les symptômes d'anxiété.
- contraintes physiques : Utilisation de camisoles de force si nécessaire pour prévenir l'automutilation ou le comportement agressif.
- évaluation de l'électricité médicale : Considération d'un traitement expérimental par des chocs électriques légers si aucune amélioration n'est observée avec les méthodes conventionnelles.
Les mots « traitement expérimental » et « chocs électriques légers » me frappent avec brutalité d’un coup de poing. Comment peuvent-ils qualifier de « légers » des chocs électriques ? La seule idée que des courants puissent être volontairement envoyés à travers le cerveau de Holmes me remplit d’une horreur indicible. Malgré moi, je me représente Holmes, allongé sur une table, des fils reliés à son crâne, les muscles de son visage se contractant sous l’effet de la tension artificielle. Mon estomac se tord à cette vision. Je serre et froisse le document entre mes mains, mes yeux s’assèchent et mes mains tremblent.
- traitement moral : Interaction régulière avec le personnel pour encourager la socialisation et le maintien des fonctions cognitives dans un cadre structuré.
Le traitement moral venant après cette atrocité me laisse à penser que j’arrive peut-être trop tard. Je me retourne brusquement vers le visage de Holmes, observant ses tempes à la recherche de traces de brûlures. Il ne semble rien y avoir.
VI. Objectifs à Long Terme :
- stabilisation de l'état psychiatrique de M. Holmes.
- réintégration progressive dans un environnement moins restrictif à mesure que son état s'améliore.
- réévaluation continue pour ajuster les traitements selon les réponses du patient.
VII. Signatures :
Une signature digne de médecin y est apposée, que je ne reconnais pas être celle de Cunningham.
Bethlem Royal Hospital »
Une force brutale m’envahit, mon sang afflue dans mes veines, mon cœur palpite, ma respiration s’accélère, mes muscles se tendent. Je serre la mâchoire et manque de déchiqueter le rapport médical entre mes mains crispées. Un mélange corrosif de rage impuissante et de frustration ardente bourdonne, me ronge et me consume. Voir Holmes dans cet état me devenait insoutenable, mais découvrir son dossier, lire les traitements… était au-dessus de mes forces.. Holmes risquait-il vraiment sa vie pour celle d’un seul individu ? Mon regard balaya son corps et je secouai la tête.
« Non, vous ne le feriez pas pour un seul individu, mais pour des centaines… »
Je reposai le dossier là où je l’avais trouvé. Et je m’installais sur le bord du lit, posant ma main sur son épaule.
« Holmes… murmurai-je. »
Il ne bougeait pas, ne donnait aucun signe qu’il m’avait entendu.
« Holmes, s’il vous plaît…,soufflai-je ma voix se brisant légèrement sous le poids de mon émotion que je peinais à contenir. »
Je le saisis par les épaules et le secouai doucement, cherchant à provoquer une réaction. Ses yeux s’ouvrirent avec difficultés, perdus derrière un voile vitreux.
« Watson..? Que.. que faites-vous ici..? Ce n’est pas sûr… murmura-t-il enfin, sa voix étonnamment douce malgré la froideur de ses yeux.
— Il n’y a aucun lieu où je devrais être, sinon ici, répondis-je, m’efforçant de cacher le tremblement dans ma voix. »
Une lueur, au fond de sa rétine, brilla d’un éclat vif. Il souffla doucement, une esquisse de sourire tragique flottant sur ses lèvres. Me voilà rassuré ! Sans avoir échangé un mot de plus, j’entrepris de le défaire de ses sangles et de sa camisole. Après tout, en ma qualité de médecin, je pouvais tout autant prendre des décisions pour mon référé. Dans ces instants, nous n’avions que rarement besoin de mots.
Ces derniers vinrent à me manquer lorsqu’une fois Holmes libéré, je m’aperçus avec effroi de sa maigreur alarmante. Des ulcères étaient visibles au niveau de ses plis inguinaux, ainsi qu'au niveau des aisselles et de son cou. Les mots qu’il prononça achevèrent mon diagnostic. Il me déroula une tirade empreinte d’un profond désarroi, et ce que j’aurais qualifié de délires, car jamais Holmes ne m’aurait tenu de tels propos s’il avait été en pleine possession de ses moyens.
« Watson, vous voyez ces ombres, n'est-ce pas ? Elles glissent le long des murs, murmurant des secrets que je ne parviens plus à saisir. C’est comme si chaque coin sombre de cette chambre renfermait une énigme que même mon esprit ne peut déchiffrer. C'est terrifiant de ne pas pouvoir distinguer le réel de l'illusion. Parfois, je me demande si mes facultés m'ont enfin abandonné. Les fils qui relient mes pensées se sont emmêlés, Watson. Les voix, elles ne cessent de parler, mais leurs mots sont comme des énigmes enveloppées dans des énigmes. J’essaie de les assembler, de retrouver le fil de ma pensée, mais chaque tentative me semble plus vaine que la précédente. Savez-vous ce que c’est, de sentir que votre esprit, votre plus grand allié, devient votre geôlier ? Il est là, ce brillant instrument, mais il joue une mélodie que je ne reconnais pas, une cacophonie qui ne cesse de grandir. Je crains que si cela continue, je ne puisse plus jamais revenir à moi, à ce que j'étais. Et vous, mon cher Watson, vous restez à mes côtés, inébranlable. Votre présence est peut-être la seule chose réelle à laquelle je m’accroche dans ce chaos. Mais je vous en prie, ne me laissez pas sombrer. Aidez-moi à naviguer à travers ce brouillard, car je crains que sans votre aide, je ne puisse jamais retrouver mon chemin. Gardez-moi ancré, rappelez-moi qui je suis lorsque je ne peux me le rappeler moi-même. Je suis fatigué, Watson, si fatigué de lutter contre mon propre esprit. Chaque moment de lucidité devient plus précieux, mais plus douloureux, car je vois ce que je deviens... ce que je risque de devenir définitivement. Ne m'abandonnez pas maintenant, pas lorsque j'ai le plus besoin de vous. »
La perte de poids, les ulcérations, et maintenant ces délires mélangés à une mélancolie que je ne lui connaissais guère me faisaient craindre le pire. Dans son dossier, il était question de bromures… Holmes s’en retrouvait empoisonné. Si le traitement n’était pas rapidement stoppé, je craignais que nous ne connussions notre dernière conversation. Je mesurais désormais l’ampleur que prenait l’affaire, et Holmes avait atteint ses limites.
Cette partie est tout juste incroyable, si bien écrite. Ta plume est très agréable à lire et je peux dire que j'ai passé un très bon moment à lire tout ça !
J'attends la suite avec impatience :)
Je me suis bien amusé à l'écrire aussi je dois dire. La rédaction d'un rapport médical était bien fun à faire !
La suite arrivera après correction, ne t'inquiètes pas tout est déjà écrit ! :D