Chaque paysage, chaque visage
Chaque mot de chaque page de chaque livre
Chaque instant et moment, et jour, et année
Chaque éternité effleurée
Chaque fleur de sensation
Chaque sentiment, ressentiment et ressenti
Chaque désir furtif, chaque rêve d’infini
Chaque amitié et chaque amour
Chagrin et chaque fin
Chaque indistinct bonheur
Chaque début trébuchant de chaque espoir
Chaque lueur
Chaque ombre d’une douleur
Chaque esquisse de splendeur
Chaque constellation de regard
Chaque larme étoilée
Chaque céleste sourire
Chaque cave d’ennui
Chaque pensée lacérée et chaque pensée étirée
Chaque clignement d’oubli
Chaque attention, chaque distraction
Chaque déclaration
Chaque parole saisie
Chaque voix
Chaque rire et chaque soupir sous cape
Chaque menue note de chaque musique
Chaque murmure qui perdure
Chaque frôlement d’âmes
Chaque bruissement de non-dit
Chaque intense silence
Chaque souvenir d’avant d’avenir, goutte à goutte enfiolé.
Reliques du temps alignées : miroitant, tragique, hypnotique, et suave liqueur.
Des effluves brumeux tressautent des fioles ; la senteur voleuse de présent s’échappe.
Le souvenir sanglé au cœur s’use et sèche. Il ne reste qu’un lambeau doré. Mélancolie étranglée n’est plus jamais réalité. Les heures estompent toujours l’odeur de joie, l’odeur de peur ; les années effacent toujours du liquide la couleur.
Un flacon parfois éclate, une réminiscence entame une brusque sonate et déchire le temps…
L’éphémère lampyre s’éteint.
L’étagère poussiéreuse n’est qu’un amas défraîchi de substances aqueuses, entre mémoire et oubli.
Merci beaucoup pour ton commentaire, je suis heureuse de pouvoir toucher des personnes qui ne sont pas particulièrement fan de poésie hihi :)
Salut.
Un petit cri d'émerveillement parce que je me suis laissé prendre par la houle.
Il y a une autrice de livre pour enfants : Anne Herbauts, dont l'écriture me fait un effet très particulier, qui parfois me berce au point que j'oublie d'essayer de comprendre ce que les mots disent juste pour suivre leur mélodie.
Cette première bulle m'a donné une impression comparable.
Merci :)
Je vais en lire une autre.
Je reprends ton exclamation pour souffler ma joie !
J'ai été voir les illustrations de Anne Herbauts, que je trouve très jolies, si je tombe sur un de ces livres, je m'empresse de le lire !
Merci...
E.
Oh, mais merci beaucoup ! J'espère que la suite vous plaira aussi :)
E.
Deux mots, trois mots, ensemble, magnifiquement couplés : voilà la seule matière que tu as eu besoin pour me toucher. Vraiment, on sent dans tes mots que tu as vécu des choses, et je sens en les lisant que je les ai vécu aussi : "Chaque désir furtif, chaque rêve d’infini", "Chaque esquisse de splendeur", "Chaque frôlement d’âmes", "Chaque intense silence" et, mon préféré d'entre tous "Chaque éternité effleurée".
Merci de m'avoir réconcilié avec la poésie ! Reste simple, reste dans le vrai ! Hâte de lire la suite !
Alex
Je trouve ça toujours incroyable de pouvoir toucher quelqu'un avec quelques vers... c'est tellement fort !
C'est vrai que parfois - et je plaide coupable - la poésie est si abstraite à cause de la forme étrange qu'elle prend. Mais j'aime bien aussi ce mystère, comme si on avait pris l'essence de quelque chose. Enfin, bref, si je peux te conseiller un poète concret (à un niveau bien supérieur à moi) c'est Prévert.
Encore merci
E.
AGL
"Chaque murmure qui perdure" —> c'est fort de dire que même ce qui perdure est éphémère !
Je suis aussi très sensible aux images de certains vers : "Chaque cave d’ennui" ; ou les expressions que tu peux trouver... c'est fou le nombre de bonnes idées que tu accumules ici ! : "Chaque esquisse de splendeur" ; "Le souvenir sanglé au cœur s’use et sèche" (jolie allitération de s)… Tes mots sont très évocateurs : "Chaque intense silence" ; "Chaque attention, chaque distraction" (avec le double-sens du mot "attention", qu'on ne capte qu'au moment où arrive la "distraction")
J'ai relu plusieurs fois ton texte, que je trouve super riche ! Hâte de lire les prochains poèmes de ce nouveau recueil :D
Tiens, petite citation de circonstances, un des rares poèmes que je suis encore capable de réciter ;) :
Passons passons puisque tout passe
Je me retournerai souvent
Les souvenirs sont cors de chasse
Dont meurt le bruit parmi le vent
(Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913)
Voir que mes mots parlent aux autres... wow. J'en perds mon latin.
Oh, oui, Apollinaire ! Je suis en train de lire Alcools, justement (bon, ça fait deux mois, mais je pioche des poèmes de temps en temps) Il a de très fortes images... qui font plus ou moins rêver aha.
J'espère que la suite te plaira autant, c'est un recueil plus structuré et travaillé que les autres (normalement ^^)
Encore merci,
E.