Il n’avait qu’à lui dire je t’aime pour couper court à toute discussion. Pour ne pas se souffler dans les bronches. Pour éviter les orages. Les tensions. Les disputes. Il lui disait je t’aime.
Il le pensait vraiment. Elle le savait. Alors elle lui pardonnait. Elle lui pardonnait son insolence, ses erreurs, ses défauts. Elle souriait à nouveau. Et prenait sur elle la colère.
Elle la gardait caché.
Ces « Je t’aime » étaient comme des formules magiques. Qu’elle aimait profondément. Et qu’elle craignait de ne plus entendre. Elle tremblait à l’idée de les faire fuir, de les rendre inefficaces. Elle avait peur que sa colère les avale tous entiers. Lui et ses formules magiques. Alors elle laissait sa colère au creux de son estomac. Elle la cachait. L’enfouissait. Juste à côté des peines et des angoisses. Les « je t’aime » soigneraient les crampes qu’elles provoqueraient.