L'esquisse d'une vie

Un trait de crayon esquissé

Sur la toile blanche de la Vie

Puis les courbes s'enchevêtrent, se multiplient

Pour former un corps recroquevillé.

Le croquis est un peu pâle,

On repasse ce physique grandissant

On encre son caractère doucement...

Et l'on obtient un individu au final.

Le petit être prend alors la couleur

Et de ses petites mains maladroites

Enlève lentement cette fadeur

Et titubant il exploite.

Puis le temps se mouve

L'enfant raffermit sa prise

Les difficultés l'éprouvent

Mais jamais la peinture ne s’amenuise

Les couleurs sont plus ou moins obscures,

Selon l'humeur de l'adolescent,

Du jaune-joie au noir-néant

Formant une bouillonnante mixture.

Des visages s'ajoutent

Famille, amis

Collègues ou ennemis ;

La toile devient carnet de route

Certains sont au premier plan

D'autres disparaissent en un rien de temps

Les couches se superposent,

Se fissurent, se recomposent.

Le petit être a grandi,

Tellement qu'il a même vieilli.

La toile de sa vie

Est immense, propice à l'oubli.

De ses doigts tremblants

Parfois il efface involontairement

Des souvenirs d'un coup de pinceau.

Quelques gouttes de peintures ou d'eau

S'écrasent sur ses yeux, ses genoux,

Ou encore ses oreilles,

Abîmant alors ses capacités par à-coups.

Et lors d'un réveil,

Sur la toile envahie,

Il n'y aura plus de place.

Plus un endroit où l'on repasse

Un peu de couleurs, finie.

Les mains colorées par tant de choses,

Le vieillard ajoutera la dernière touche :

Du bout de son pinceau farouche,

Il dessinera ses paupière closes.

Dans un bruit semblable à un doux vent,

Tout s'éteindra brutalement.

Mais il restera quelque part,

Un tableau, une vie sous forme d'art.