— Hahaha, alors, c'est tout ce que vous savez faire ? fit un Jeffrey hilare en esquivant un coup au visage.
Cela faisait maintenant plusieurs semaines qu'un mystérieux justicier corrigeait les criminels de Lakeland City. On avait commencé à parler de lui. Un homme habillé de noir qui se déplaçait seulement de nuit. Il aidait chacun des citoyens, de la jeune femme au vieillard, du bourgeois au prolétaire, du pauvre au nanti. Tout le monde parlait du protecteur de Lakeland City.
Jeffrey avait vu se manifester de spectaculaires améliorations sur son métabolisme, même s'il n'avait plus modifié sa formule depuis de nombreux jours.
Sa force s'était améliorée. Il pouvait soulever, seul, un réfrigérateur rempli et le projeter sur une distance de dix mètres, et bondir sur n'importe quel toit.
Sa vitesse avait considérablement augmentée. Il pouvait sprinter à environ cent cinquante kilomètres à l'heure et tenir cette allure plusieurs minutes.
Sa cicatrisation s'était accélérée. Une plaie se renfermait en l'espace de quelques minutes, les hématomes étaient de l'histoire ancienne.
Sa tolérance à la douleur s'était étonnamment élevée. Il pouvait prendre n'importe quel coup de poing ou de pied sans broncher et même des coups de poings américains ne lui faisaient qu'une douleur timide et passagère. Il ne ressentait plus la gêne, ni la température extérieure, ni la peur.
Sans qu'il ne sache pourquoi, la durée d'effet des doses avait doublé en l'espace de deux semaines, et, de manière générale, des effets résiduels persistaient même après la fin de l'activité d'une injection. Cela n'avait aucun sens, avait commencé à se dire Jeffrey, mais il n'en avait plus cure désormais. Il pourrait même se passer de doses pour régler des affaires simples, mais il n'en était rien.
Il avait empêché des accidents, aidé des gens piégés dans un incendie, dérouillé des trafiquants, arrêté des braquages... Il était maintenant aux prises avec un groupe de dealers qui avait tenté d'étendre leur trafic d'héroïne vers le Canada en passant par Lakeland. Mal leur en a pris.
Ils étaient à présent en train de faire face à un ouragan instoppable et moqueur.
— Vous ne vendrez pas votre merde dans cette ville ! déclara Jeffrey.
Il esquiva le coup de couteau d'une des racailles et d'un coup d'épaule bien placé, l'envoya à terre. Avec précaution et retenue, telle était sa devise, mais il ne fallait pas que ça empêche de s'amuser ! Il saisit sa victime par le col et la projeta contre le plafond avec force. Le malheureux revint ensuite s'écraser au sol dans un bruit d'instrument à percussions.
Cela fit rire Jeffrey de plus belle. Il sentit un coup dans le bas de son dos, comme un mouvement subtil mais sans doute destiné à lui faire mal. Il décocha alors un coup de pied dans le bas ventre de son agresseur, qui alla s'écraser sur la table au fond de la pièce.
Il vit ensuite le dernier antagoniste charger son arme à feu et la braquer dans sa direction. Jeffrey ressentit alors une hésitation en lui : il n'avait jamais été touché par une arme à feu, il ignorait tout des conséquences que cela allait entraîner en l'état. Cela demeurait un danger mortel. Il ne prit pas la peine de peser le pour et le contre. A la vitesse de l'éclair, il s'élança sur le tireur et lui envoya son genou dans le menton. Il n'eut pas le temps de réagir.
Le choc fut tel que l'homme passa à travers le mur auquel il était adossé et s'écroula de l'autre côté, jusque dans la rue. Il ne s'agissait pas de traîner. Jeffrey sortit par l'arrière et disparut dans la pénombre des toits. Alors qu'il relevait sa capuche, seule garante de son identité, il se rendit compte que ce dernier coup avait sans doute été fatal. Il n'y avait pas lieu d'utiliser sa puissance pour s'abaisser au même niveau que ceux auxquels il faisait face.
Lorsqu'il rentra chez lui ce soir-là, il n'était pas d'humeur à faire la fête. Il verrouilla sa porte et se servit un grand verre d'alcool. Il porta le liquide à ses lèvres, quand soudain, il se rendit compte que quelque chose n'allait pas. Il jeta un coup d'œil circulaire dans sa cuisine et remarqua bien que tout n'était pas comme lors de son départ. Il soupira. Il fallait bien que cela arrive un jour.
— Comptes-tu te cacher encore longtemps dans ma salle de bain Victoria ? dit nonchalamment Jeffrey.
Un léger bruit en provenance de la dite salle lui indiqua qu'il avait vu juste. Elle seule avait les clés de toute façon. La porte s'ouvrit et vit apparaître une Victoria radieuse, de manière habituelle, mais partagée entre la stupeur et l'inquiétude.
— Alors, c'est toi ? Le protecteur de Lakeland City ? prononça-t-elle de manière plus ou moins assurée.
— Je n'ai pas choisi ce sobriquet si cela peut te rassurer, répondit le héros d'un ton sarcastique.
— Peu importe, renchérit-elle, tu es un héros ! Attends, attends... Depuis toutes ces semaines, c'est toi qui sauve les gens. Qui envoie les truands à l'hôpital... Et tu te sers de ça !
Elle sortit alors un stylo auto-piqueur rempli du mélange orange.
— Je fais ça pour aider les personnes de cette ville, elles en ont besoin. Les super-héros n'existent pas, il n'y a pas de pouvoirs. On n'est pas dans un comics Victoria. J'ai fabriqué cette substance pour m'aider à faire le bien.
— Tu te mets en danger ! Tu ignores quelles conséquences cette substance va avoir sur le long terme ! Sans compter que tu te mets à dos, non seulement les forces de police, mais aussi des gens qu'il ne vaut mieux pas contrarier, même moi je le sais !
— Pour l'instant, je n'ai pas encore trouvé ce qui peut me tuer, répondit calmement Jeffrey. Tu t'inquiètes pour rien. Je ne fais qu'étendre le principe d'éthique tel que nous l'a enseigné Douglas, te souviens-tu ?
Je fais cette recherche pour le bien commun, et si tu ne t'accordes pas à mon choix, au moins, respecte-le. Je le fais pour les autres, avant moi, mentit-il à moitié.
Victoria avança vers lui et le prit dans ses bras. Sans doute pensait-elle qu'il disait la vérité.
— T'es mon meilleur ami Jeffrey, dit-elle au bord des larmes, j'ai perdu presque toutes les personnes qui me sont chères, je ne veux pas te perdre aussi, je t'en prie.
Jeffrey l'enlaça également.
— Je comprends Victoria, fit-il d'une voix douce, je ferai attention, je te le promets. Mais essaie de comprendre à ton tour : Vermont ne peux pas tout régler par ses propres moyens, il y a des gens ici, qui sont au-dessus des lois, mon intervention est nécessaire.
La jolie blonde opina du chef, et se sécha les yeux.
— Je garderai ton secret. Mais tu vas devoir improviser rapidement et redoubler de prudence, les choses vont monter d'un cran.
— Que veux-tu dire ? questionna-t-il.
— Tu n'as pas regardé les infos ? Le maire ainsi que les forces de l'ordre vont faire une déclaration publique demain, à ton sujet, enfin, au sujet du « Protecteur de Lakeland City ». Tout le monde est prié d'y aller ou de la regarder.
— Est sommé, corrigea Jeffrey.
— Oui, bref... Je file. Fais profil bas quelques temps d'accord ?
Jeffrey la gratifia d'un sourire de remerciements.
— Victoria ? dit-il à l'instant où celle-ci allait ouvrir la porte.
— Oui ? répondit-elle en se retournant.
— Mon injecteur est toujours dans ta poche, fit Jeffrey d'un ton mielleux, puis-je le récupérer s'il te plaît ?
Par contre si j'ai bien compris, il a tué quelqu'un ? Il a pas l'air de se sentir tres concerné
Merci pour ton retour ! :)
Ha ben on rentre tranquillement dans l'histoire il semblerait !
c'est bien ! intéressant ! on s'écarte des sentiers battus car j'ai été surpris que son amie découvre aussi vite qu'il s'agissait de lui (en général on attend les révélations de fin saison ;) )
Donc beh maintenant on attend de voir ce qu'il va se passer vu qu'une partie de l'histoire n'était clairement pas orientée vers la garde de son secret vis à vis de ses proches
Par contre, je n'ai pas bien saisi comment elle l'avait découvert
juste parce qu'il est habillé en noir en rentrant chez lui ? ou que y a du bazar dans son appart ? (ca, elle devait déjà avoir l'habitude je dirais)
Et puis, je trouve sa réaction trop calme peut être ? comme si elle n'était pas si surprise que ca. fin, je me met à sa place, si je découvrais qu'un super pote, qui en plus n'est pas spécialement porté sur la violence et la force, était en fait une sorte de hulk sans le côté incontrôlable, beh je tomberais des nues :)
Elle s'inquiète, ca je trouve cette réaction tout a fait à propos par contre
Bon après je chipote (mais si on peut plus chipoter ...) mais je trouve que le héro n'est pas très perturbé par le fait qu'il vient de transformer un mec en bouillie pour animaux (passer à travers le mur porteur d'un immeuble, j'imagine même pas le résultat). Il l'est, mais pas assez je trouve. Même si c'était lui ou le vilain. En fait, il n'a pas le temps d'être perturbé, vu que son amie est là. Peut être le sera-t-il plus tard ?
Hâte de lire la suite !
A plouss !
Ça peut-être effectivement un point faible du récit ici, je prends note! Après j'essaie de m'éloigner progressivement des codes du genre (pas de masque, de cape, peu de secrets) pour m'orienter vers un récit plus sombre et psychologique.
C'est pour cela que je ne me suis pas (peut-être pas assez, tu fais bien de me le signaler !) attardé sur ce meurtre, je voulais signifier que, même pour lui, il 'e s'en émeut pas plus que ça, à part sur le coup.
Tu comprendras plus tard, mais sa substance le fait lentement vriller, d'où le fait qu' une soudaine hausse d'assurance, un manque d'inhibition, et un sentiment de supériorité, font que ça ne l'affecte que peu.
Mais tu as raison en le sens où je n'indique pas assez cet état de fait, me laissant à l'appréciation du lecteur qui ne peut pas forcément le remarquer.
Merci pour ton commentaire très utile en tout cas! :)
Je me suis peut être mal exprimé, si c'est le cas, je suis désolé
J'ai été en fait agréablement surpris qu'elle le découvre et que tu soulages pour le coup ton récit de ce poncif :)
Oui ! oui, je comprends (je crois) ce que tu veux faire
c'est cool ! c'est un bon programme !
A bientôt pour la suite alors :)