Notes de l’auteur :
Ma chère amie.Voilà qu’enfin je vous renvoie cette missive, avec un retard inacceptable. Je dois vous avouer qu’en cette heure tardive, je ne reste éveillé que dans le seul but de vous faire par de l’avancement de notre petite affaire.Avec délectation, j’ai passé l’après-midi avec notre merveilleuse et divine créature. Lucile, délicieuse Lucile, a été invitée par mon cher cousin, Edouard, à une petite réception organisée dan sa demeure de campagne. Alors qu’elle dévorait des macarons aux couleurs vives et appétissantes, je ne pouvais m’empêcher de la scruter, animé par une passion violente. Les tissus bigarrés de sa robe, son teint rose, sa mine d’enfant innocente, ses airs maladroits…Je ne puis oublier cet instant et alors que ma plume vous décrit mes sentiments, je me rends compte qu’elle ne pourra jamais vous dépeindre la véritable fascination qu’exerce sur moi, l’objet de mes désires. Bien-entendu, vous conviendrez que mon stratagème, aussi extravagant qu’il pouvait sembler, fut plutôt bien tourné. Grace à lui je parviendrai à approcher ma douce sans que celle-ci ne perçoive l’imposture. Lucile ignorait ma venue et c’est alors que j’ai profité de sa faiblesse pour l’approcher. Son père l’ayant prévenu envers ma personne, elle avait, jusque là, refusé toute entrevue, hors, hier, notre première rencontre eut véritablement lieu. Saviez-vous qu’un grain de beauté, espiègle, s’était niché dans son cou ?Alors qu’Edouard, au courant de notre petite affaire, me présentait sous un faux nom, elle sembla se complaire à notre conversation, je proposai une balade dans les jardins. Connaissant les lieux parfaitement pour avoir de nombreuses fois traversé ces allées avec vous, je l’entrainais vers la statue de Cupidon. Docile amie, elle me suivit, s’émerveillant comme une enfant de cinq et non pas seize ans. Alors que Cupidon apparaissait, dormant dans son corps de marbre, pour toujours juvénile, elle comprit le symbole. Se détournant et cachant son joli visage derrière son mouchoir, catastrophée, elle murmura quelques balbutiements inintelligibles que je trouvais fort charmant. Je dédaignais ses dires pour l’asseoir auprès du Dieu de l’amour.Riez chère amie, riez de l’ignorance de la jeunesse, de leurs petits pas dans notre société, de l’amusement qu’ils nous procurent, de la joie qu’ils nous insufflent bon gré mal gré. Son petit corps recroquevillé sous Cupidon comme pour s’envelopper de l’amour du dieu, elle m’écoutait raconter le mien. Tantôt tremblante, tantôt interdite, elle ne pouvait cacher son émoi. Pauvre enfant, si seulement elle se doutait qu’elle n’était que l’objet d’un jeu, rien de plus qu’une distraction parmi tant d’autres ? Je la plains. Amour, dans votre dernière lettre vous sembliez douter de mes sentiments à votre égard. Je pensais que tout ceci était claire, que mon amour pour elle ne pourrait, au grand jamais, égalé celui que j’éprouve pour vous. Amour, ne voyez-vous pas que vous êtes ma déesse parmi de simples mortelles. Ma chère Lucile n’a lieu d’être, j’ai gagé, elle est mon arme pour battre l’ennemi et remporter le butin. Oui sorcière, oui créature dont le venin se diffuse dans mon âme, démon, vous, mon ennemi, je remporterai cette bataille. La récolte de ce dur labeur sera le corps de Lucile et votre cœur. Amour, inhumain amour, insensible amour, inexorable amour, alors que je courtise un cœur pur, je suis épris d’un autre, ténébreux.Apprenez-moi un peu le déroulement de vos affaires. Quelles machineries avez-vous mises en place pour que de votre côté vous puissiez accomplir votre besogne ?J’attends de vos nouvelles avec impatience et souhaiterais revenir à la capitale le plus tôt possible, l’air frais de la campagne, pour certain à un effet bénéfique, mais loin de vous, je me meurs. Bientôt la flore dépérira et l’hiver s’installera dans mon esprit, le vent emportant avec lui, mes souvenirs de vous. Amour, d’un fallacieux baiser, vous m’achèverez...Thomas Des Grieux.
J'aime beaucoup ton style d'écriture (ou plutôt celui de Thomas). N'empêche, je n'ai pas compris une chose : il y a Lucile, et il y a "ma chère amie". Sont-elles la même personne ? Mais cela n'est pas possible ! Thomas éprouve de l'amour envers son amie, alors pourquoi lui décrire celui qu'il éprouve pour sa rivale ? Je ne comprends pas exactement... mais peut-être est-ce le but du jeu ?
Sinon, désirs s'écrit sans "e" (désires est faux), et la mise en page est parfois... intéressante.
Magnifique lettre, bravo !