Les murs ocres de l’aéroport,
la foule, houle bruyante,
une femme et deux enfants
figées sur un banc.
Une paire de boucles d’oreille,
reçues dans un colis,
petits éclats d’Eden,
rêve d’Amazonie.
Les chants brésiliens, languissants,
douces écorchures qui les lient
mais qui, lorsqu’ils s’achèvent,
font écho à la nuit.
L’absence défigure l’éclat de la vie,
l’enfant s’enferme à bégayer,
soubresaut de douleur
à chaque mots prononcés.
Depuis des mois
une femme
et deux enfants
l’attendent, éperdument.
A leur gauche, il surgit,
chimère, réalité ?
la foule disparaît
il sourit.
Contenue, tous ces mois,
la douleur sublimée,
déferlante brutale,
sidère les deux enfants.
Puis elles s’élancent,
tanguent,
se rapprochent,
conjure l’odieuse distance.
Les corps s’agrippent,
s’amarrent,
s’étreignent
se tendent,
se relâchent,
se vident,
puis se remplissent
d’une satiété
trop longtemps désertée.
La femme, belle,
regard de brume, scintillant,
s’approche de lui, lui d’elle,
éternel d’un instant.
Il la serre,
ils s’embrassent,
cristallisent le moment.
Leurs regards fascinent les enfants.
Il n’y a plus que ce banc
dans l’aéroport,
où quatre poitrines, ensemble,
reprennent à respirer.
Lyse