J’étais jeune, tu sais.
J’avais tout devant moi. Toi tu avais déjà vécu, alors il a fallu que tu me prennes cette vie saine qu’il me restait à vivre. La paix que je chérissais tant. Alors oui, j’ai pleuré. Oui, je me suis mise en colère. Mais à quoi bon, puisqu’elle ne t’atteindra jamais ? Maintenant j’ai peur, et je t’en veux. Tu n’avais pas le droit. Je suis seule avec mes regrets et ma peine. J’attends que la tienne tombe, peut-être dans six mois, deux ans, qui sait… Le temps te guette, et il est absent pour me guérir. Alors que dois-je faire ? J’ai l’impression que ce chagrin restera éternellement en moi. J’essaye d’aller de l’avant. Parce que je suis forte. Plus que toi. Plus que tes mensonges. Plus que ceux qui n’ont pas eu à vivre ça. Mais est-ce que tu te rends compte de ce que tu as fait ? Tu penses encore à moi ? Tu me haïs pour m’être libérée en t’enfermant ? Est-ce qu’au moins tu regrettes ton immondice ? Souffres-tu comme ce que j’ai dû endurer à tes côtés ? Et ta femme alors ? Hein ? Est-ce qu’elle souffre de te voir parti ? Ou est-ce qu’au contraire je l’ai libérée elle aussi, avec toutes ces autres jeunes filles ? J’espère que cette simple question pourra te blesser, parce que c’est la seule violence que je pourrai te faire sans m’affecter de ces énergies négatives.
Combien de fois tes paroles me reviennent-elles en mémoire… Combien de litres de larmes ont coulé sur mon visage ? Combien de sacrifices ais-je dû faire ? Combien de temps avant de guérir ? C’est donc ça le prix de l’apprentissage ? J’ai payé pour toutes ces autres qui seraient tombées dans tes filets si tu avais continué. Je ne les connais même pas. Je ne te connais pas non plus. En un an et demi j’ai sauvé des personnes, j’en ai condamné une autre… Mais pourquoi moi ?
Maintenant je n’accorde plus ma confiance. Je ne montre plus mes failles. Je ne me justifie plus. Je ne crois plus à la gentillesse, à l’amour non plus. C’est donc ça, la conséquence d’avoir aimé la mauvaise personne ? Puis-je même parler de personne ? Toi qui n’as aucun sentiment. Aucun remords. Toi qui prends du plaisir à me voir souffrir, qui joues à n’en plus finir. Je te hais. Mais à quoi sert ma haine si elle ne peut t’atteindre ? Elle me ronge. C’est une double souffrance pour moi alors que tu demeures insensible. Alors que tu t’es tout permis. Alors que ta peine ne sera même pas à la hauteur de tes actes répugnants. C’est ça, la justice ?
Et moi ? Qui viendra me demander pardon ? Qui viendra panser mes blessures ? Qui me rendra ma joie, mon innocence, ma confiance, mon amour propre ? Personne.
Je ne peux compter que sur moi même. Alors gare à ceux qui voudront me couler une bonne fois pour toute, parce que je jure que ce seront ceux qui prendront pour toi aussi.
Fy
Bravo Fy pour ta belle écriture!
Merci également pour ta compréhension et ta bienveillance, tu as raison de conseiller l'espoir :)
Ton commentaire m'a réchauffé le coeur, c'est un texte écrit il y a un moment maintenant, et l'orage est passé, mais il fait tout de même partie de l'histoire, non seulement de la plume qui l'a écrite, mais aussi de plein d'autres jeunes femmes.
Merci encore et au plaisir de te lire !
Fy
Cette fois, c'est une lettre plus "sobre", triste, douloureuse.
Comme je l'ai dit précédemment, j'aime beaucoup comment tu personnifies des objets, des éléments... Mais lorsque, comme ici, la lettre est destinée et rédigée par un humain (du moins elle le semble), cela est tout aussi plaisant à lire ; c'est court, ça se lit d'une traite : c'est pourquoi je lis ces lettres avec grand plaisir !
A très bientôt !
H. M.
Merci et à bientôt !
Fy