Lettre au ciel

  Mon cher Ciel,

  J’ai remarqué tu sais. J’ai bien vu tes nuages sombres, tes humeurs changeantes… Tu es jaloux n’est-ce pas ? Jaloux parce que plus personne ne lève la tête vers toi. Parce que tout le monde a les yeux baissés sur leur écran, dans les transports, leurs pensées trop absorbées pour prendre le temps de te regarder. Tu les hais, hein, ceux qui ont monopolisé l’attention des Hommes… Tu ne pensais pas qu’arriverait le jour où l’on arrêterait de te vénérer.

  Mais je suis là, moi, je te regarde dès que je le peux. Je viens plonger mes rêves dans le creux de tes nuages… Mais sans doute est-ce trop peu…

  Je le vois, Ciel, ça te rend triste. La pluie de tes larmes se déverse de plus en plus souvent, c’est pour ne plus les voir, derrière leur parapluie, hein ? Dis-moi, Ciel. Je n’aime pas te voir triste comme ça. Tu sais, moi aussi ça me met en colère. Pourtant tu es si beau, si vaste. Tu mérites toute notre attention, tu mérites nos yeux émerveillés levés vers toi !

  Si je pouvais faire quelque chose, je le ferais ! Mais plus tu pleures et plus je me rends compte que c’est trop tard… Alors je pleure avec toi. J’aurais beau crier, ils ne m’entendraient pas. Ils monteraient le son le regard vide. Tout ce que je peux faire c’est te contempler encore et encore en couchant mes mots de papier.

  Ils emploient la violence, tu sais, les Hommes de cette Terre… Mais s’ils savaient… S’ils savaient comme ils ont tort de t’oublier, et combien tu es puissant toi, combien tu es juste et magnifique ! Suis-je la seule à m’en morfondre ?

  Mon cher ciel, si tu pleures, je serai là, sous tes larmes diluviennes. Je garderai la tête levée, fièrement, sans peur d’être mouillée, inondée. Si tu es gris, je serai là, et caché de tes nuages cendrés, tu pourras m’apercevoir, déterminée à te porter toute l’attention que tu mérites.

  Je ne te laisserai pas tomber Ciel, et si on regarde bien, je suis sûre qu’il n’ y a pas que moi.

Fy