De Thomas Oswald Orson
Le S. 14 Aout 1819
Mon fils,
J’espère que tu te portes au mieux malgré la dureté de la ville ici-bas. Ici, il pleut à verse ; cela nettoie les bas-quartiers de la ville. Je ne comprends toujours pas pourquoi perds-tu ton temps dans un projet aussi vain. Tu as les capacités de mener bien mieux et plus sage qu’une vie de vagabond en basse campagne. Je l’avoue, malgré les explications de ta mère et de ton frère… Ton projet me reste insensible au cœur et à l’esprit. Malgré tout, je regrette comment nous nous sommes séparés avant ton départ. C’est pourquoi je t’écris cette lettre, avec toute l’humilité que je possède, afin que tu reviennes au plus vite à Dublin.
Ta mère ne voulait pas que je t’écrive cette lettre, mais je pense que tu es en droit de savoir et de choisir la direction à suivre en ton âme et conscience. Après plusieurs jours de mal-être et de difficulté au travail, les médecins m’ont affirmé que j’avais contracté la phtisie. Cette maladie se propage partout en ville sans que rien ni personne ne puisse y faire. Il m’a été recommandé un repos absolu et de prier tous les jours mais… Tout le monde ici sait que mes jours sont comptés.
Il ne reste plus que Martin pour faire vivre le foyer. Il a trouvé un travail sur les quais du port, mais comme tu le sais, il n’a que quinze ans. Il ne peut subvenir seul à nos besoins, c’est pourquoi je t’écris cette lettre. S’il te reste un peu de sens de la famille, je t’en prie, si tu ne reviens pas pour me dire adieu, reviens au moins pour alléger le fardeau de ton jeune frère ! Rien ne t’y oblige, bien sûr ; mais tu couvrirais ton nom de honte et ferait preuve d’un péché immense envers tout ce qui t’es cher si tu reniais à ce point cette famille que tu as abandonnée.
J’espère que cette lettre arrivera à bon port. Ta mère m’a avoué que tu expliquais rester travailler dans un pub au large de Sligo dans ta dernière lettre ; j’espère que si ce n’est plus le cas ils sauront te renvoyer ce courrier vers l’endroit où tu te diriges à présent.
Ne fais pas preuve de plus de bêtises que tu en fais déjà, et rentre immédiatement à la maison.
Avec toute mon imploration,
Ton père.