L'évasion

Par Taranee

    N° 3 dormait encore quand Lorenn entra :

- Alexandre ?

Il se réveilla. De mauvaise humeur. Ce n'était pas étonnant vu la situation dans laquelle il se trouvait actuellement. Lorenn s'avança et s'assit sur une chaise à côté d'Alexandre :

- Je trouve que tu as mauvaise mine... Il faudrait que tu t'aères Alexandre.

- Pardon ?! s'exclama l'interessé, sidéré.

- Oui ! Il faut que tu prennes un peu de soleil ! Tu en as besoin !

- Tu te fiches de moi Lorenn  ! M'aérer ?! Tu vois pas comme un petit problème là ?

- Je suis sûr que tu pourras sortir ! Il faut juste avoir un plan parce que sinon tu vas te perdre dans le bâtiment !

- ... Mais qu'est-ce que tu dis ?!

- Il faudra faire attention !

N° 3 s'apprêtait à répliquer quand Lorenn murmura :

- Ils nous surveillent.

- Qui ?

- Bon tu veux t'aérer ou pas ?!

Alexandre comprit enfin. C'était l'heure. S'aérer. S'enfuir. C'est ce qu'il attendait. Et ce garçon inconnu lui en offrait l'opportunité ! Alors il demanda :

- Mais on ne va pas être arrêtés ? J'ai le droit de sortir prendre l'air ?

- On ne seras pas arrêtés si on fait attention ! Il faut juste prévenir les gardes ! On " demandera" la clef de ta cellule !

- Pourquoi tu m'aides Lorenn ?

- Parce que je ne suis pas avec eux .

- C'est toi qui m'a kidnappé pourtant.

Lorenn se leva, sortit un couteau et le lança dans un coin du plafond. Un grésillement retentit puis plus rien. N° 3 vit alors quelque chose qu'il n'avait pas remarqué jusqu'à maintenant : Une caméra ! Evidement ! Il était surveillé ! Lorenn se mit alors à parler à toute vitesse :

- Alexandre. Ecoute-moi bien. J'ai trois minutes avant que les réparateurs viennent remplacer la caméra et que je me fasse punir. Retiens ce que je te dis ! La prochaine fois que c'est moi qui t'apportes un plateau repas, tu regarderas en dessous de ton assiette. Tu casseras les caméras avant. A partir de là, tu auras trois minutes pour sortir de la cellule et te cacher. Quelqu'un te donneras une carte. Mais attention ! Cette personne doit connaître le mot de passe : Un petit homme marchait. Une comptine il chantait. Et pour l'accompagner, un oiseau sifflotait. Après, tu te rendras à l'endroit indiqué.

- Quoi ? Qu'est-ce que... Hein ? balbutia Alexandre qui essayait de digérer les informations.

- Souviens-toi : En dessous de l'assiète du plateau repas, trois minutes pour sortir, la comptine du petit homme !

N° 3 voulu poser d'autres questions mais la porte s'ouvrit et deux hommes apparurent. Ils installèrent une échelle dans la chambre et remplaçèrent la caméra. Ils remballèrent leur matériel et emmenèrent Lorenn avec eux. A partir de maintenant, il n'y avait plus qu'à attendre...

 

~*~

 

    Trois semaines étaient passées. Alexandre n'avait pas revu son complice. Chaque jour, Aldren Van' Shoff, le cerveau de l'opération de kidnapping, venait rendre visite au n° 3. Il lui posait des questions, lui faisait du chantage, des promesses qu'il ne tiendrait pas. Mais chaque jour il repartait bredouille. Alexandre avait une loyauté sans faille envers ses amis et il savait que s'il coopérait, il ne serait pas libéré de sa prison pour autant. Chaque jour, il se remémorait les parôles de Loren. Bien qu'il peinait à se rappeler des parôles de la comptine, il savait néanmoins de quoi elle parlait. Il passait ses journées à faire les cents pas dans sa chambre. Il ne dormait presque pas ; si bien qu'il avait un teint cadavérique sûrement pour la première fois depuis qu'il en était devenu un sur terre. A forçe de rester enfermé sans affaires et sans rien d'autre pour s'occuper que ses pensées, sa tenue ne pouvait plus seulement être qualifiée de "négligée". Son t-shirt noir était froissé, sa veste grise était roulée en boule dans un coin de la pièce et son pantalon était troué aux genoux depuis le jour où il s'était fait kidnapper. Ses cheveux roux fonçés étaient en bataille et masquaient ses yeux bleus. Des cernes noires entouraient ces yeux clairs. Alexandre ressassait les images de sa mort quand quelqu'un entra.

    L'adolescent se tourna et vit Lorenn, chargé d'un plateau repas. Il fit un signe imperceptible de tête pour lui signaler qu'il n'avait pas oublié le plan mais essaya de garder une attitude logique qui ne serait pas louche aux yeux des autres. Lorenn posa le plateau sur la table et repartit. Avant qu'il ne ferme la porte, N° 3 crût entendre un "bonne chance". Il attendit dix secondes puis marcha droit vers la porte. Là, il enleva ses chaussures et en jetta une sur l'écran de la caméra camouflée qui se brisa. Puis il remit sa basket  et s'empressa de regarder en dessous de son assiète. De petites inscriptions étaient marquées. Pour n'importe qui, elles auraient été invisibles. Mais N°3 était attentif aux détails. Il parvint à lire sans peine : Pose d'un lecteur d'empreintes digitales sur la porte en bas à gauche. Met ton oriculaire, appuie légèrement. La porte s'ouvre vers l'intérieur.

    Alexandre ne se fit pas prier. Il exécuta les ordres mais dû s'y prendre à trois reprises pour trouver l'endroit où le lecteur d'empreintes était caché. Effectivement, la porte s'ouvrit. Dehors, il n'y avait personne. Quelle heure était-t-il ? Peu importe. N° 3 referma la porte, se cacha et attendit. Au bout de quelques minutes, un homme apparût. Il chantait une chanson :

- Un petit homme marachait. Une comptine il chantait. Et pour l'accompagner. Un oiseau sifflotait.

Trois sortit de sa cachette et apparût devant l'homme qui lui remit une carte. L'inconnu allait repartir mais n° 3 l'interpella :

- Attendez !

- Quoi ?

- Vous... Êtes un ami de Lorenn ?

- Non. Mais j'ai une dette envers lui. Alors je l'aide à te faire évader.

- Vous êtes un homme de parôle.

- Ne gâche pas tes compliments gamin. Je pourrais très bien aller te dénnoncer dans cinq minutes alors tu ferais mieux de partir.

L'homme s'éloigna. Alexandre déplia la carte et découvrit un plan détaillé du bâtiment. Il se trouvait au deuxième étage, devant la cellule n° 238. Au dos de la carte, il vit les instructions à suivre, écrites hattivement :

Va jusqu'à la cellule 211, descend l'escalier, entre dans le placard à balais (porte 171). Attends moi.

Alexandre replia sa carte et fit demi-tour. Comme prévu, il trouva la 211 et commença à descendre les escaliers. Mais à ce moment, un garde surgît, grimpant les marches. Quand il vît que n°3 ne portait pas d'uniforme ou d'habits soignés, il comprit que c'était un prisonnier en fuite. Il tenta de donner l'alerte mais N°3, plus rapide, posa sa main sur la bouche du garde. IL lui donna un coup de coude dans les côtes et le garde s'effondra, le souffle coupé. Alexandre continua son chemin et parvint jusqu'au placard à balais. Il ouvrit la porte et entra. Il se cacha derrière une pile de cartons. Dix minutes plus tard, Lorenn apparaissait. Voyant le prisonnier sain et sauf, il poussa un soupir de soulagement et explica la suite du plan :

- Je vais te masquer le visage et t'accompagner. Je dirais que je t'emmène en salle d'interrogatoires. Tu ne dis rien, tu ne fais rien. Clair ?

- Clair.

- Alors on y va.

    Lorenn se saisit d'un sac de tissu qu'il enfila sur la tête de son complice. Il lui attacha les mains dans le dos et l'aida à se relever. Alexandre entendit un cliqueti et sentit une main pousser son dos. La partie la plus dure commençait. Lorenne devait se débrouiller pour faire sortir son "prisonnier" sans attirer l'attention. Les deux garçons marchèrent en silence, le son de leurs pas se répercutant dans le couloir. Avec le sac cur la tête, le champ de vision d'Alexandre était réduit au strict minimum et il ne pouvait voir que des formes et des couleurs floues. Soudain, le binôme s'arrêta. Alexandre reconnût une silouhette de femme. Une voix s'éleva de la personne qui leur faisait face :

- Halte ! Qui est cette personne que tu accompagnes ?! On m'a dit qu'un prisonnier s'était échappé !

- J'accompagne ce détenu à la salle d'interrogatoire. Il possède quelques informations interessantes. Et ça ne peut pas être celui que vous cherchez puisque je l'accompagne.

- Tu pourrais très bien l'aider à s'enfuir...

- Donc vous insinuez que je suis un traître et que ce prisonnier s'évade ? Vous savez qui je suis ? Peut-être au contraire que c'est vous qui me posez cette question pour masquer le fait que vous êtes une traitresse... En y réfléchissant, vous avez un visage suspect...

Il y eût un court silence puis la silouhette lâcha :

- Pardonnez moi jeune homme... Je ne voulais pas vous offenser... Il est vrai que je me méfie car je ne veux pas que ce prisonnier s'échappe. A ce qu'on m'a dit, il est très important... Mais je vous en prie, allez-y.

Lorenn se remit en marche, suivi d'Alexandre qui demanda :

- Qui était cette personne ?

- Une femme. Sûrement un garde. Alors comme ça ils sont déjà au courant que tu t'es échappé ? Qu'est-ce que t'as fait ?

- J'ai croisé quelqu'un dans les escaliers.

- Bon. L'exitaion n'est pas encore là. Je pense que la nouvelle ne s'est pas encore répandue. Mais il ne nous reste que peu de temps avant que ce ne soit le cas et que des personnes se mettent à patrouiller dans les couloirs et à vérifier les identitées. Alors dépêchons nous.

Au moment où il disait ça, la femme garde réapparût en compagnie de quatre collègues. Elle s'exclama :

- Vous ne bougez pas Mr. Lorenn. J'aimerais voir le visage de votre prisonnier !

- Vous connaissez les règles. Vous n'avez pas le droit de voir le visage des prisonniers si vous n'êtes pas chargée desa surveillance. Mais nous sommes en cas d'urgence. Le détenu le plus important vient de s'échapper, et je vous croise juste après, en companie d'un prisonnier.

- Cela ne prouve rien.

- Bon, ça suffit. Je ne suis pas sôtte ! Quand vous êtes reparti tout à l'heure, vous avez annonçé un plan. Un plan d'évasion. Montrez-moi le visage de ce prisonnier, Lorenn.

- Je regrette, je ne peux pas.

- Saisissez-vous d'eux ! Enlevez le sac et montrez le visage de cette personne ! s'exclama la femme.

Lorenn, prit au dépourvu, n'eût pas le temps de se débatre, deux des gardes l'avaient empoigné. Alexandre en revanche, malgré ses mains attachées et sa vue brouillée, se servit de ses autres sens pour repérer ses assaillants et les éviter. Mais ça ne dura pas longtemps. A deux adultes contre un adolescent, ils eurent tôt fait d'immobiliser le prisonnier. La femme retira la cagoule :

- J'en étais sûre ! C'est bien lui ! Lorenn est donc un traître ! Emmenez ces deux personnes dans la cellule d'attente ! Van'Shoff les interrogera !

Les gardes se mirent en marche et descendirent les marches. Ils emmenèrent Lorenn et N°3 au rez de chaussée, dans une cellule, tout près du bureau d'Aldren Van'Shoff, et les laissèrent là. Dès qu'ils furent partis ert que leurs pas s'éloignèrent, Alexandre sortit une fourchette de la poche de sa veste et entreprit de crocheter la serrure. Sous l'effet de l'empressement et de l'angoisse, cela ne lui prit que quelques minutes et, bientôt, les deux garçons se retrouvaient dehors :

- Où t'as appris à faire ça ?! s'étonna Lorenn.

- Dans la mafia je suppose ?

- Dépêchons-nous. Il faudrait efermer la porte à clef si possible.

- En foçant la serrure, je l'ai presque cassée. On ne pourra pas refermer.

- Alors on se grouille ! s'exclama Lorenn avant de prendre le bras d'Alexandre et de se mettre à courir.

Derrière eux, les deux complices entendirent une porte s'ouvrir et la voix de Van'Shoff s'écrier :

- Ils s'enfuient ! Vérouillez l'entrée ! Patrouillez dans chaque couloir !

N° 3, porté par une intuition, prit les devants et mena son allié à travers les couloirs. Bientôt, ils arrivèrent devant un mur blindé. Dans ce mur était installé une porte. Indicernable. Mais Alexandre réussit à la repérer et à l'ouvrir :

- Seules le personnel le plus haut plaçé connait cet endroit ! s'exclama Lorenn.

- J'ai eu une intuition.

- Tes intuitions sont incroyables !

Les adolescents avançèrent parmi le dédale de couloirs que présentait le passage secret et finirent par arriver devant une deuxième porte. Des rais de lumière filtraient par les interstices. Alexandre s'arrêta et contempla la lumière naturelle. Depuis combien de temps n'avait-il pas vu le jour ? Il se reprit et s'arc-bouta pour pousser la lourde porte. Elle céda et s'ouvrit. La lumière du jour aveugla les deux jeunes hommes.

 

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