Je l’observais depuis bientôt dix minutes. Il jouait de la guitare sans jamais s'interrompre, comme si il composait une mélodie tout en en jouant une autre.
Il leva enfin la tête vers moi et me sourit. Sa mélodie s'arrêta brutalement.
-Tu cherches quelqu’un ? L’avantage c’est qu’il ne risque pas de bouger.
Il rigola à sa blague.
-Si on peut même plus faire des blagues sur les cimetières maintenant, soupira t’il, bon, honnêtement, tu fais quoi ici ?
Comme aux autres, je ne lui répondrais pas. Jamais ils n’auront un mot de ma part, ils ne le méritent pas.
-Je t’ai posé une question, tu veux quoi ?
Je continuais de le fixer dans les yeux. Il n’avait pas l’air déstabilisé, au contraire.
Il soupira et reprit son morceau.
La mélodie était légère et douce.
-T'as toujours pas décidé de bouger apparemment. Allez, viens tu vas avoir mal aux jambes.
Il se décala pour me faire un place.
-Tu sais parler ?
Je détournais mon regard du sien. Je n’aime pas cette question que tout le monde me pose.
Qu’est-ce que ça peut leur faire si je ne parle pas.
-Tu sais ça fait longtemps que je n’ai pas parlé avec quelqu’un. Tu veux savoir pourquoi je suis là ?
Je hochais la tête. Il me sourit et prit une inspiration.
" Il y a, je sais pas… quarante ans, je crois, j’ai rencontré une femme. C’était la plus jolie que je n’ai jamais vu. Comme toi, il fallait persévérer pour m’arracher un mot. Mais elle, elle a eut la patience de le faire. Tous les jours, elle me parlait, essayait de me faire la discussion.
Je ne lui répondais jamais, mais je savais que le soir elle allait m’attendre à la sortie de l’école. Pas une fois elle a été absente. Toujours présente avec son sourire qui rendait le soleil bien sombre en comparaison.
Au bout de deux ans, elle a inventé un code qui nous permettait d’échanger des messages à l’insue des autres. Chaque lettre était représentée par une suite de notes à la guitare.
Ce fut la première fois que j’ai parlé à quelqu’un.
Etant voisin, nous discutions par la fenêtre le soir.
Un soir elle n’est pas venue, et le soir suivant non plus.
Par l’intermédiaire de mes parents j’ai appris qu’elle avait été hospitalisée.
Le lendemain matin, j’étais dans sa chambre avec ma guitare. Elle était trop faible pour me parler, donc moi je lui jouais des morceaux.
Son état s’est dégradé très rapidement, en quelques jours seulement. Elle me le cachait au maximum pour ne pas que je m'inquiète.
Un matin, une infirmière nous a appelés pour nous dire qu’elle était morte dans la nuit. Pendant deux mois, je suis resté dans ma chambre. J’étais anéanti.
On m’avait donné une amie et on me l’a retirée de la façon la plus cruelle qui soit.
Depuis, je viens lui « parler » tous les soirs, comme avant sa mort.
Je sais qu’elle m’entend, où qu’elle soit. "
Il me sourit et me tendit sa guitare.
-Tu sais en jouer ?
Oui je savais en jouer depuis longtemps.
-Tiens, c’est notre code. Je t’ai donné mon histoire, à toi de me donner la tienne.
Pour la première fois, j’ai accepté de discuter avec quelqu’un.
« Je m’appelle Émilie » telle furent mes premiers « mots ».
Des fautes comme confondre é/er, des maladresses de conjugaison… Je te conseille une bonne relecture, ce qui mettra bien plus en valeur ton histoire.
à+ ! ;)
Merci beaucoup je vais la relire pour corriger tout ça.
C'est vrai que j'ai tendance à faire tout le temps cette faute.
Merci encore
A bientot