-Furtif ?
-Ouais ?
-Je crois qu'on a merdé...
-Merdé ? Quand ça? Ici?
-Ouais. Des nonnes Furtif, c'était des nonnes.
-Pardon mais, nonne, vierge ou nourisson, si ça me fonce dessus les yeux révulsés avec un casse tête dans chaque main, j'avoine.
-Quand même... j'ai le sentiment qu'on aurait pas dû.
-Dit-il avec les deux bras encore attachés au corps. T'aurais pu l'arrêter quand même.
-T'es malade ? Y'a pas de raison à faire des lames pareilles. Elle faisait trois fois la mienne.
-Ouais, sur, et bien affutée avec ça. N'empêche qu'elle m'a coupé le bras. Net. Pis c'est pas avec cette merdaille qu'on va payer l'mancien pour faire repousser tout ça.
-Celui de Vertance nous en doit une, faudra probablement allonger quelques rutils, mais t'auras ton bras comme neuf à moitié prix.
-Pas faux. C'était bien ça qu'elle voulait Grisoeil hein ? Dit il en m'agitant.
-Ouais, pas de doute.
J'étais là, dans sa main puante rendue grasse par la suie. L'homme ne m'inspirait qu'un léger dégout mâtiné de mépris, mais force était d'admettre que je lui devais une fière chandelle. Il était, après tout, mon sauveur.
Imaginez vous dormir des siècles entiers. Reprendre conscience pour sombrer l'instant d'après, confiné aux lisières de la réalité. Imaginez vous sentir le rythme d'un coeur apathique battre tout autour de vous. En permanence. Percevoir des femmes à la vie morne. Gouter l'amertume de leurs repas chiches sans même y participer, jour après jour . Vous noyer dans le silence permanent dicté par leur culte. Imaginez vous d'innombrables nuits froides, sans désir, sans gloire. Ainsi vivaient mes geôlieres, dernières représentantes d'une caste de nonnes guerrières sans croisade à mener. Imaginez, maintenant,deux hommes assez stupides pour vouloir piller un tel lieu. Assez fous pour tuer l'intégralité de la trentaine d'habitantes à l'aide de trois pieds de table, deux clous, un pavé déchaussé et une vieille épée émoussée. Imaginez, la joie furieuse et brûlante de les voir délier vos chaînes, et vous emporter loin des limbes de l'ennui éternel.
Sans dire un mot ils m'avaient ainsi trainé hors de l'incendie rageur, dissertant maintenant au calme suave du clair de lune.
-Furtif.
-Quoi encore ? Toi et tes états d'âme, c'est pas possible. Je te dis qu'on avait pas d'autre choix.
-C'est pas ça. C'est leurs turnes, les murs, y'avait quelque chose d'étrange. Comme... du sang.
-Ouais, j'ai vu ça aussi. Les murs saignaient et les statues... Enfin...
Furtif marqua une pause, hoquetant devant ce que son esprit avait manifestement occulté jusqu'ici, trop occupé à assurer sa survie. Il sembla soudain que l'homme à la forte stature et au regard habituellement fier se voyait surnager dans un puits sans fond, happé par d'insondables profondeurs.
Une claque retentit au creux de la vallée ou nichaient jadis les soeurs silencieuses et leurs secrets.
-Eh ! Furtif ! Les statues quoi?
-Putain Masse, elles criaient !
Trop rusés pour jouer les naïfs, ils inventèrent une cargaison de sauge des devins. Une de celles qu'ils avaient incendiées sans vraiment regarder. La sauge faisant ce qu'elle sait faire, ce qu'ils croyaient avoir vu n'aurait en fait été que d'absurdes hallucinations. Aucun d'entre eux pourtant n'adhérait vraiment à cette thèse. De véritables ingénus auraient d'ailleurs compris que fuir eut été plus sage. Eux choisirent d'assommer leur instinct à l'aide d'une bonne dose de déni et de quelques flasques d'eau de vie. Epuisés, ils omirent de s'intéresser à ma nature. Sans demander leur reste, les deux comparses chavirèrent dans une mer d'encre.
Non loin de la, quelqu'un avait observé les deux hommes disserter des heures durant tandis que mourait le feu qui lui avait tout pris. Ils s'étaient gaussés, s'étaient agités pris de peur, puis s'étaient calmés avant de s'endormir. S'assurant de leur sommeil profond, le petit homme pensa s'enfuir au point du jour quand, tandis qu'il s'éloignait, une pointe acérée traversa son estomac. Surpris de n'y point voir de flèche en baissant ses yeux, il comprit rapidement que c'était de peur et non de douleur qu'il se tordait. Cette peur qui vous fait vous jeter dans le premier buisson venu sans demander son reste, fut il couvert d'épines. De là il put voir les deux bandits se lever comme un seul homme et se faire face sans piper mot. Ils resterent quelques secondes à s'observer, calmement, puis comme si un terrible différend n'avait pas trouvé son terme dans ce bref échange de regards, entreprirent de s'entretuer sans pitié. Le soleil étira ses premiers rayons sur leurs corps méconnaissables.
C'était pour lui une opportunité inespérée. Sa peur envolée il s'élança vers le campement de fortune, électrisé par les multiples coupures que lui avait infligé son couvert. Il entassa toutes les possessions des deux hommes puis les emballa dans un maillot souillé de sang. Un papier froissé attira son attention, il le mit dans sa poche puis m'observa un instant, étonné. Chargés des derniers souvenirs de Furtif et Masse, nous primes la route sans plus attendre.
-Finalement, les dieux te sourient peut être Orbec. Je devrais tirer une belle somme de toute cette quincaille et peut être même de quoi me payer une nouvelle vie. Finies les corvées pour ces malades de Silencieuses. Pap et Mam n'auront qu'à le gagner eux même leur pain. Voyons ce que dit ce papier.
Equipé de maigres rudiments en lecture, il finit au prix de quelques rides supplémentaires et d'un bon litre de sueur par réussir à déchiffrer ces quelques mots :
"Vertance, Grisoeil, 16eme du levant"
Orbec en savait peu sur peu, mais que le seizieme du levant arrivait après le quinzieme, ça il le savait. Que le quinzième était aujourd'hui, il le savait aussi. Peu instruit mais probablement futé, il en déduisit rapidement que les deux hommes se seraient armés de chevaux si Vertance était une destination lointaine. L'imminence de l'échéance évoquée par ce papier pouvait indiquer deux choses : soit ceux qui semblaient être des mercenaires en quête d'une prime étaient parfaitement confiants quand à leur capacité à rallier Vertance promptement, soit ils étaient en retard et espéraient être attendus par ce "Grisoeil".
-Ca devait être une sacrée prime pour qu'ils se donnent autant de mal. Bon, je connais les champs dans cette direction, impossible qu'ils soient venus par le fleuve les soeurs auraient été alertées par les bateliers. Si je veux aller à Vertance, c'est probablement le Bois-Gris qui m'y menera.
Le Bois-Gris n'avait rien de notable, il était l'habituel repaire des tire-laines sans ambitions et bandits les moins dégourdis. Bien sur, l'ensemble des légendes et monstres locaux nichaient au coeur de ces quelques hectares d'arbres trop touffus et donc douteux aux yeux de tout bon fermier qui ne vivait serein qu'avec l'horizon au bout du champ. Les lieux auraient ainsi tiré leur nom des nombreuses nuits sans lune ou par devers ses frontières embrumées la forêt se taisait. C'était, disait-on, pour mieux cacher les complots qu'ourdissaient ses habitants impies.
Orbec s'y aventura sans penser à une seule de ces inepties, progressant d'un pas décidé vers son objectif. Il n'était que trop heureux d'avoir pour compagnon le silence séculaire des arbres, lui qui travaillait depuis ses huit ans pour nourrir son infirme de père et sa mère indigne. Faucher, lier, charger et vendre les misérables boisseaux d'orge qui servaient de seule distraction aux Soeurs de la vallée contre quelques pièces sitot englouties en pain par l'estomac de ses géniteurs. Telle était la pénitence d'Orbec depuis qu'il avait su additionner deux et deux pour ramener l'injuste rémunération de son travail. Ces années de labeur ingrat avaient façonné le jeune homme comme la faux qu'il maniait trop souvent. Le nez aquilin, le regard las, les pommettes rouge vif pour seul signe de vie sur son visage dont les lèvres pincées ne s'agitaient que pour d'inaudibles monologues.
" Finies les taloches et les semaines perdues à regarder la misère pousser. Qu'ils meurent de faim le bot et la folle. Moi, je m'en vais à la ville. Le grain et la fiente c'est marre ! Je serais forgeron. Non ! Tailleur ! Je commencerais par me faire quelque chose de plus confortable que ces chausses. Et après j'habillerais les dames. Oui, c'est ça ! C'est simple ça habiller les dames, une étoffe, une corde et trois fleurs suffisent.
-En tout cas c'est pas moi que tu habilleras comme ça gars. "
Orbec s'arrêta net au milieu du chemin. Un buisson venait de lui parler. Un buisson ? Non, pas ce buisson. Alors quoi? Trop lent, trop frêle, il n'évita ni la claque qui heurta violemment l'arrière de son crâne, ni le sol qui l'accueillit sans réserve. Par chance, l'humus dense et souple de la fôret adoucit sa chute au point qu'il ne perdit pas conscience, il en fit pourtant mine, tétanisé et incapable de faire face à ce qu'il croyait être son destin. Orbec ne voulait pas mourir, juste... Que voulait-il au juste?
-Il bouge encore ?
-Non, sonné, j'aime pas les fragiles, faut toujours les trainer jusqu'au camp et ça me rompt les reins.
-Oh, faut toujours que tu couines quand c'est à toi de t'y mettre, pis si tu voulais pas le porter, t'avais qu'a pas le frapper.
-Et puis quoi encore ? J'ai choisi bandit comme carrière, pas nonne.
-Allez c'est bon, je vais t'aider tiens. N'empêche, il a de la chance le petit, il aurait pu tomber sur les autres.
-Les autres ?
-Mais si, ceux qui les bouffent après, on fait rien que ça, retrouver leurs os autour de leurs anciens campements.
-Ah, eux. Sont pas humains ces types que je te dis.
Etant entendu que le silence suivait toujours de sages paroles, les deux brigands prirent la direction de leur camp de base encombrés d'un Orbec imitant avec brio l'invertébré. L'homme qui dirigeait la marche chancela brièvement, perturbé par le bruit soudain et si singulier d'une plume grattant le papier. Il tourna la tête, se rassura de l'air pensif de son ami et reprit son travail de porteur. Etrangement pourtant, il n'arrivait pas à se départir de l'impression que l'on grattait non pas derrière lui mais en lui. Oui, en lui, et plus précisément dans son crâne. Sinuant, volatil, le son l'obsédait, limait ses dents comme s'il serrait la machoire. Une griffure à l'âme, un grain que l'on frotte sur le cerveau. Insidieux, le son brouillait ses sens et semblait le mener à une acuité nouvelle.
"Regarde les" entendit il soudain soufflé à son oreille.
"Regarde, mon ami."
Son dos était léger. Où était passé l'imbécile qu'il avait... ligoté puis enfermé? Qu'est-ce...
Il était au camp, entouré de ses comparses, tous étaient la, Ydr, Orgun, Erg, Andra, Toedric et Goedric, Crapaud... L'homme n'avait aucun souvenir du trajet pourtant long d'une heure, qui séparait la lisière du campement.
"Tout va bien Olric ? "
Ils étaient tous debouts, à le regarder fixement. Le cuir de leurs pourpoints rougi par le reflet mat du feu de camp. L'air était chaud. La forêt semblait sur le point de s'embraser. La forêt ? Non, lui : il brulait.
"Vois ! Vois comme ils te veulent... Oh je le sais, je le sais. Ils vont te dépecer et t'arborer comme les bêtes qu'ils portent si fièrement."
Auparavant veule, le regard d'Olric vira. Révulsés, ses yeux roulèrent et il hurla. En lui, la fureur déferla, absolue, inaltérable.
D'un appui sur la jambe droite il se propulsa. Aussitot, l'épaule dévissa, le bras lancé vers la gorge d'Ydr. Dans un craquement humide les cervicales cédèrent une à une. Le temps que le corps heurte le sol et Orgun lançait déja ses couteaux. Un, deux, trois. Aucun n'échappa aux doigts agiles d'Olric. Un. Deux. Trois. Erg. Andra. Toedric. Orgun hurla, sa lame pour seul rempart. Oh ce regard, cette peur... Du bétail... Vous n'êtes que du bétail ! Le genou d'Olric fusa. Le soufflé coupé par la violence du choc, Orgun perdit prise et dans les mains d'un autre, son arme l'empala. Il garderait le silence dorénavant. Ah, la fragilité du fil de vos vies quand il croise celui d'une lame. Irisée du jus des jumeaux qui n'avaient plus de Goedric et Toedric que le soupir suspendu à l'air figé, la claymore échappa des mains d'Olric et vint clore la vie de Crapaud dans un râle bouillonnant.
Etourdi par l'éclair grandiose et fulgurant qui venait de l'habiter, l'homme tituba jusqu'au prisonnier. Son regard plongea dans le sien en quête d'une réponse éventuelle à la rage qui l'avait emporté et quitté aussi tôt ses amis massacrés. Il défit ses liens et sans mot dire, disparut dans les ténèbres du bois environnant.
Orbec avait mouillé ses chausses. Il avait vu des hommes se battre mais jamais habités par telle démence. Tandis que ses comparses préparaient le camp pour la nuit, il avait observé Olric, l'avait vu se gratter le crâne jusqu'au sang. Il avait même cru entendre les ongles du brigand s'enfoncer plus loin encore. Jusqu'a cet instant. Son regard avait changé, quelqu'un avait pris sa place, Orbec en était certain. Un homme pouvait il vraiment devenir la bête sanguinaire qui venait de le libérer ? Il jeta un bref coup d'oeil dans ma direction, étreint d'un doute soudain qu'il s'empressa de réprimer. Nu comme un ver avec pour seul habit une grossière amulette qu'il ne quittait visiblement jamais, Orbec entreprit de reprendre ce qui lui revenait de droit. Sa dignité et ses habits retrouvés il se précipita dans ma direction, s'agenouilla et nous entassa moi et ses possessions dans une besace dont ses captifs n'auraient surement plus besoin.
Dévêtu de sa peur et du sentiment d'urgence, il retrouva pleinement ses esprits. Le souffle coupé, Orbec balaya le camp du regard. Il n'aurait su dire quand, ni pourquoi, mais la forêt avait glissé hors de la réalité pour s'enfoncer dans une moiteur poisseuse. Seule autre témoin, la lune s'extirpait peu à peu des lieux étiolant ses rayons. L'ombre avait pris corps léchant jusqu'a la cime des arbres à la poursuite de l'astre. Auparavant fiers et massifs, les géants de bois s'étaient courbés, leur écorce comme fondue dans un hurlement venu d'un autre âge. Eructant de dégout le jeune homme tituba et chuta au milieu des corps encore chauds. Animés par une étrange activité les épidermes mêlés aux feuilles rougies ondulaient lascivement, fourmillant d'une vie nouvelle. Leurs extrêmités se lignifièrent, s'enfonçant lentement dans la terre jusqu'a ce qu'il ne reste d'eux qu'une boursouflure de chair et de bubons bouillonnante tenue en coupe par un bois aussi noir que la nuit. Le crissement d'un grain que l'on gratte envahit soudain la forêt. Couverts d'une écriture inconnue, des monstres de bois se courbèrent vers le corps tétanisé d'Orbec. Paralysé, il sentait quelque chose, quelqu'un fouiller ses pensées, il sentait une pointe erratique creuser des sillons en lui.
"N'aie crainte ."
Ses yeux voilés, sa bouche se déforma.
"Vois ma grandeur, admire mon pouvoir. Si tu te donnes à moi, tout ce que tu souhaites sera tiens. Oh je sais ce que tu veux, je sais ce que chacun de vous attend et chérit en son sein. Je me languis de tes secrets depuis cet instant ou tu m'as pris de tes mains. Ouvre toi à moi comme Olric l'a fait. Je sais ce que tu veux, tu...
Que veux tu au juste ? Pourquoi tu... "
Profondément enfoui en son sein, je trébuchais, happé par un maëlstrom invisible et rageur. Je hurlais, à travers chaque fibre de vie que mon pouvoir avait corrompu je hurlais, brûlé par une pointe acérée. Comment pouvait-il ? Comment était-il en dépit de moi ?
La plume s'arrêta soudain et la nuit emporta avec elle les miettes de la conscience d'Orbec.
Me voilà chez toi, et c'est avec plaisir que je découvre ton histoire. L'entrée en matière est intrigante et rythmée ; on est directement plongé dans ton univers, aux côtés de tes personnages qu'on découvre par des dialogues vivants et bien menés. L'intrigue, quant à elle, est encore obscure, mais je ne doute pas qu'elle nous réserve de belles surprises.
Personnellement, j'aime bien ton système narratif. Il pourrait gagner en clarté, mais ça reste un point fort de ton histoire ; je pense que ça pourra apporter des scènes très intéressantes, et puis c'est original et bienvenu.
Ce qui m'a plus gêné, par contre, c'est ta syntaxe. Comme tu ne mets pas de virgule, le sens de certaines phrases m'a échappé à la première lecture . Le fait de ne pas utiliser la ponctuation, notamment dans les dialogues, change complètement le sens de certaines répliques et... Ce n'est pas facile de suivre, surtout avec un début de texte où on a peu de repères.
C'est avec curiosité que je me pencherai sur la suite.
Au plaisir, donc !
Merci pour ta lecture attentive et merci aussi pour les points que tu soulèves ! Je note tout ça dans un coin. Ce chapitre ne pas tarder à passer à la moulinette de la réécriture (Il est vraiment trop bancal) et tes observations me seront précieuses pour l'améliorer !
Au plaisir également :)
Très efficace comme entrée en matière ! Après, je ne suis pas certain d'avoir tout suivi entre les bras coupés, les nuages de sauge, et l'épisode de possession dans la forêt ! ;-)
J'aime beaucoup l'idée du narrateur mystérieux qui semble mener la danse et les autres personnages. J'aime bien ce qui ressemble à un pacte avec le diable à la fin du chapitre.
Enfin, il me semble (mais peut-être que tu vas encore nous surprendre) que Orbec va être un personnage qui reste et là je t'avoue que je n'arrive pas à identifier qui il est, ce qu'il faisait là, pourquoi il est parfois paralysé par la peur, alors que 5 minutes plus tard sa peur s'envole et qu'il s'empare des reliquats d'un massacre, peureux et opportuniste ? Il ne me semble pas encore vraiment caractérisé (mais c'est peut-être voulu et nécessaire pour la suite de l'intrigue) !
A bientôt !
Je pense effectivement au regard de ton commentaire (ainsi que de ceux d'autres lecteurs et lectrices) qu'il me faut épurer un peu ce début en le rendant moins chaotique !
Le procédé est volontaire, mais encore maladroit, promis, j'y travaille !
En ce qui concerne Orbec, tu as du flair ! Il est là pour rester, sa caractérisation un peu floue est néanmoins volontaire ! Sans trop en dire, elle vient du fait qu'il est une anomalie pour le narrateur, et que ce dernier n'a pas entièrement "accès" à lui.
Si toutefois ce manque de caractérisation devait se prolonger dans tes lectures futures, n'hésites surtout pas à me le mentionner. Rater cela serait un écueil terrible pour mon roman !
Au plaisir de te lire,
Jolie entrée en matière ! J'aime bien ce premier dialogue. Il caractérise très bien Furtif et Masse. Le point de vue omniscient amené par un narrateur interne est super intéressant. J'avoue avoir joué un peu avec les narrateurs dans le passé et je suis friande d'histoires dans le genre. ;) J'aime bien ton style : c'est marrant, un peu sinistre et facile à lire.
C'est sûrement un parti pris, mais j'ai été déroutée par les changements constants "d'angles de caméra" dans ce chapitre, si ça te parle. Passer d'un oeil à l'autre sans préavis, comme ça. Et par la quantité d'ellipses.
Attention aux phrases à rallonge, qui manquent parfois de virgules ou de points. J'ai parfois eu du mal à reprendre mon souffle imaginaire. :) Et attention également aux phrases nominales : elles ont tendance à embrouiller le lecteur.
Je pense que tu peux travailler la clarté dans ton écriture, mais en dehors de ça, on est sur quelque chose de très bon. Un peu plus que cela, même.
Je lirai la suite de cette histoire avec plaisir !
Un grand merci pour ta lecture et ton retour !
Je fais la chasse à ces phrases qui serpentent et s'étiolent tant j'ai tendance à aimer les produire malgré moi ! Je te sais donc gré d'en avoir relevé quelques unes que je m'en vais découper de ce pas :)
Je te rejoins également sur la notion de clarté, surtout concernant cette entrée en matière, que j'ai encore à peaufiner !
En ce qui concerne mes angles de camera et certains "cuts" un peu abrupts (façon cinéma Hongkongais des années 80 en moins réussi peut être ^^"?) c'est parfaitement voulu pour cette première partie. L'idée est que l'on est situé à l'épicentre d'un évènement assimilable au début d'un cataclysme. Un peu comme si une tornade devait décrire sa naissance dans une bourgade à travers les yeux des habitants. On rebondit à travers de multiples point de vues présents dans l'espace ou à lieu l'évènement. C'est aussi intimement lié à la nature du narrateur qui me contraint dans l'écriture. Les choses s'apaisent très rapidement ensuite, mais tu comprendras avec le recul, je pense, le pourquoi de cette scène !
L'exercice est très délicat, et je pense encore au dessus de mes compétences :D Cela appuie donc plus avant le besoin de clarté que tu soulèves.
Pour le reste, merci beaucoup, cela fait chaud au cœur !
Ahah, jolies références. :) Je vois tout à fait ce que tu veux dire. Ça marche bien !
Bon courage encore !
Voilà un premier chapitre décoiffant ! Il surprend, il déroute autant qu'il accroche. Tu nous plonges dès le début dans une ambiance mystérieuse où maintes interrogations nous assaillent (au risque même de nous perdre un peu).
Le rythme est soutenu, les images fortes, la syntaxe osée.
La forme narrative interpelle (qui est ce je ? Un humain ? Un objet? Un esprit ?)
Je n'ai qu'une envie : lire la suite ;-)
Un grand merci pour ton message ainsi que ta lecture !
Normalement les choses devraient s'éclaircir sur les chapitres à venir. Cette confusion est volontaire néanmoins je resterais vigilant, il ne faudrait pas trop perdre les lecteurs non plus :) ! N'hésites pas à me dire par la suite si justement, le récit est trop cryptique.
Ravi par ailleurs que la forme narrative produise cet effet, c'est exactement ce que je souhaitais, et le lire me rassure quant à mon choix.
Il ne me reste plus qu'à m'y remettre !
J'aime bien l'attaque, au discours direct, sans aucun élément contextuel rendu par le voix narrative. C'est vif et dynamique, et finalement le contexte se forme par les dialogues, avec assez de précision pour nous accrocher.
Coquillettes et autres questionnements :
--Je crois qu'on à merdé... => a
- Des nonnes Furtif, c'était des nonnes => des nonnes, Furtif
- j'avoine => tiens, je connaissais pas le verbe "avoiner" :3
- j'aurais pas du => dû
- T'aurais pu l'arrêter quand même.
T'es malade ? Elle faisait trois fois la mienne. => je reviens sur ce que j'ai dit. Là, le jeu des pronoms sans référent, ça manque de précision, c'est peut-être volontaire mais risqué, un lecteur perdu au bout dix lignes, il va aller lire autre chose....
- -Ouais, sur, et bien affutée avec ça. => sûr, affûtée
-Celui de Vertance nous en doit une, faudra probablement allonger quelques rutils, mais t'auras ton bras à moitié prix. => ton bras ?
-la vie de ces nonnes était essentiellement composée de repas chiches, de nuits froides sur des lits de pierre et d'un silence quotidien. => aïe, j'ai mal au dos... (composée, je sais pas...)
- Jusqu'a ce qu'arrivent ces deux hommes. Assez stupides pour vouloir piller le seul couvent composé de Soeurs rompues au combat. => jusqu'à, mais il y a une contradiction. Tu viens de dire que la vie des nonnes était composée de... et dans le quotidien, il faudrait inclure les entrainements au combat.
-Une de celles qu'ils avaient incendiés sans vraiment regarder. => diées
- Ne semblant pas préoccupés par ma présence; épuisés, les deux comparses chavirèrent dans une mer d'encre. => revoir cette phrase
- l'improbable survivant de cette nuit noire avait observé les deux hommes disserter => perturbant. Un peu plus haut, ils étaient trois : les deux rigolos, et la personne libérée et qui dit "je" (je fais semblant de ne pas savoir, et forcément, pour un lecteur qui arrive, qui dit "je" est humain). Après, ils sont trois, les deux rigolos et l'improbable survivant qu'on identifie naturellement au libéré tout en sachant que ce n'est pas possible, sauf si tout d'un coup on a changé de voix narrative mais c'est peu probable, ou alors.... Et puis "survivant de cette nuit", ça voudrait dire qu'il était avec les Silencieuse, ou qu'il était une Silencieuse, ce qui n'a pas l'air d'être le cas. En résumé, le mystère, au début, c'est bien, mais s'il y en a trop, que le lecteur doit se poser trop de questions et faire trop d'efforts pour savoir qui, quoi, où....
- se lever d'un seul homme => comme un seul homme
- quand à => quant à
- passage avec Orbec avant qu'il tombe dans le traquenard est très clair et agréable à suivre.
-Auparavant veule, le regard d'Olric vira. Révulsés, ses yeux roulèrent et il hurla. [...] bouillonnant. => j'ai pas compris le passage avec le campement. Comment Orbec arrive là, pourquoi ? qui sont tous ces gens avec des noms bizarres ? pourquoi Olric se met à massacrer soudain tout le monde ? Pas obligé d'expliquer, on comprend plus tard que c'est le même type d'événement que celui qui a poussé les deux rigolos du début à s'entretuer, mais prendre le temps dans les transitions, les descriptions, les actions, pour qu'on puisse suivre. Ça peut être un moment d'écriture fascinant. Mettre l'histoire dans déconseillée au moins de 12 si tu développes la scène violente ou s'il y en a d'autres, peut-être.
-rage qui l'avait emporté et quitté aussi tôt ses amis massacrés. => aussitôt
- étiolant ses rayons. L'ombre avait pris corps léchant jusqu'a la cime des arbres à la poursuite de l'astre. Auparavant fiers et massifs, ils s'étaient courbés, leur écorce comme fondue dans un hurlement venu d'un autre âge. Eructant de dégout le jeune homme tituba et chuta au milieu des corps encore chauds. Animés par une étrange activité les épidermes mêlés aux feuilles rougies ondulaient lascivement, fourmillant d'une vie nouvelle. Leurs extrêmités se lignifièrent, s'enfonçant lentement dans la terre jusqu'a ce qu'il ne reste d'eux ....... je cite pas tout. C'est un très beau paragraphe, mais il est quand même un peu difficile à comprendre. L'évocation de la plume qui gratte, tout de suite, on n'est pas en état de comprendre. Sans l'identifier, parler d'une sensation désagréable de grattement, de crissement à l'intérieur de la tête ? Orbec ne peut pas savoir tout de suite de quoi il s'agit, si?
- Si tu te donnes à moi, tout ce que tu souhaites sera tiens => tien.
J'ai pinaillé beaucoup. On pourrait résumer le tout en une phrase : ralentis, ça va trop viiiite.
Et puis tu es fâché avec les accents aussi. Sont gentils, les accents, pourtant !
A bientôt ;p
Il est vrai que je ne suis pas copain avec les accents, je te promets d'essayer d'en oublier le moins possible à l'avenir (Même si ils me font la vie dure :| ). Je vais m'atteler à réécrire le chapitre en prenant tes corrections en compte.
Pour le reste, je vais essayer de poser un peu plus les choses. Même si le rythme rapide et le flou du départ sont volontaires et voués à servir la suite du récit je conçois que cela peut être trop brutal comme début et contribuer à perdre le lecteur. Par ailleurs, le récit est d'ores et déjà en - de 16ans par mesure de sécurité au regard de certaines scènes violentes.
Encore merci !