La plupart des étés se ressemblent,
Et celui-ci ne fait pas exception.
Je pense à celui de mon initiation,
Il y a une éternité il me semble.
Nous étions si insouciants avec mes frères,
A courir derrières les papillons des heures durant,
Puis faire la sieste à l'ombre d'un pin rassurant,
Si bien que nous ne respections jamais les horaires.
Notre mère, pourtant, nous incitait à la prudence,
Elle savait bien que nous allions bientôt voler de nos propres ailes.
Un géant dévoué nous laissa ce jour-là une offrande sacrificielle,
Le don était si bon qu'un de mes frères se senti plein de vaillance.
Il voulut quérir une autre oblation plus conséquente,
Mais fit défaut de discernement dans son choix de pèlerin.
Je me souviens de ce monstre au regard perçant et aux poils bruns,
Et de son attaque inattendue et virulente.
Nous n'avons pu nous approcher de son corps qu'à la nuit tombée,
Tant nous tremblions encore devant ce déchaînement de haine.
Notre mère nous avait rejoint et nous partagions notre peine.
C'est ainsi que j'ai su la tâche qu'il m'incombait.
J'étais la seule de la fratrie à avoir hérité de ce talent,
Aussi bien ma mère m'apprit patiemment à le découvrir,
Afin qu'ensemble nous puissions guider cet enfant,
Vers la route qu'il avait maintenant à parcourir.
Il me faudrait encore de nombreuses saisons et peines,
Pour affuter mon aptitude sans relâche,
En compagnie de ma mère puis de sœurs par vingtaines.
Telle est ma mission jusqu'à ce que je puisse partir moi aussi avec panache.