Les écailles vertes, épaisses comme des plaques d’une armure, reflétaient doucement la lumière. Le long corps serpentait avec grâce entre les troncs épais des arbres. Dans cet océan de verdure le serpent était difficilement repérable.
Du haut de sa branche le lafloe l’avait néanmoins vu et l’observait avec attention. Il estima qu’avec la feuille au bout de sa queue le reptile devait atteindre une quinzaine de mètre, peut-être seize, un petit gabarit pour cette espèce. Le plus grand qu’il avait eut la chance d’observer atteignait les vingt-huit mètres.
Une fois le reptile hors de vue, le lafloe descendit de son perchoir. Il ajusta son sac une fois le sol atteint avant de reprendre sa route entre les fougères géantes et les racines démesurées.
La forêt de Lorem était pour dire le moins gargantuesque et du haut de son mètre vingt il était comme une souris dans le château d’un géant. Ou plutôt une minuscule fourmi. Lorem s’étendait sur prés d’un tiers du continent Siegon faisant d’elle la forêt la plus importante au monde. Au premier coup d’œil on pouvait dire que ce qui la remplissait était à son image, grand immense et le plus souvent vert. Mais pour ceux qui comme lui, la connaissait, c’était aussi truffé de plante et d’animaux minuscules. Il suffisait de savoir regarder pour voir la cohabitation.
Gwidwyn comme tout lafloe ressemblait à un lapin, un lapin marchant sur ses deux pattes arrières et dont la queue était une fleur, dans son cas un pompon jaune et aux bordures rouges. Ses deux oreilles tombaient sur le coté de sa tête jusqu’à en dessous de ses épaules avec chacune une boucle d’argent ou s’accrochait deux plumes. Son pelage bleu tel le ciel virait jaune aux extrémités. Avec la chaleur tropicale qui régnait, il n’avait pas besoin de vêtement.
Il transportait sur son dos un sac bien rempli, mais le plus important était accroché sur le coté : une petite lanterne de verre aux armatures d’ors ou brûlait une flamme aussi rouge que ses yeux. C’était son bien le plus précieux, un lafloe ne se séparait jamais de sa lanterne, car la flamme contenue était sa vie.
Ses affaires se composaient principalement de plume, d’encre et de feuillet remplis de son écriture quelque peu désordonnée. À cela s’ajoutait un petit couteau une gourde remplie d’eau, parfois des provisions et depuis peu quelques couvertures, qui lui serait fortement nécessaire au cours de ses voyages.
Gwidwyn n’avait jamais vu la mer. Il n’était, en faite, jamais sorti hors de la protection fourni par le couvert des arbres de Lorem. Après vingt ans à vivre dans la jungle, il avait fait une rencontre très particulière, pas que ce soit si étonnant de croisé un koriph ici, qui avait été le petit coup de pouce nécessaire pour qu’il ose se décider à partir. Il était tombé sur Marlotte, dans le sens le plus littéral qui soit, par hasard. Une sombre histoire de mousse gorgée de rosé au point d’être glissante même pour un habitant de Lorem.
Marlotte était… quelque peu particulière, dans le bon sens du terme, et heureusement c’était montrée très peu rancunière contre un peu d’encre. Une véritable passionnée de roche, au point de vouloir faire le recensement de toutes celles existant à Caeldass, ce qui lui avait valu le titre de philogiste.
Le métier ne ce limitait pas à l’étude des roches, tout dépendait du centre d’intérêt du philogiste concerné, il y avait donc un peu de tout. Certains étudiaient les étoiles, d’autres cherchaient à comprendre comment les insectes vivaient, ou comment les grenouilles percevait le monde. Bien sûr le tout en respectant le traité de Shenboah.
Gwidwyn n’avait jamais montré à personne, avant Marlotte, ses précieux croquis agrémentés de longues annotations, résultat de longue heure d’observation de la faune et la flore de Lorem, surtout la flore. Déjà qu’on le trouvait un peu bizarre pour passer des heures à observer, alors qui savait comment quelqu’un pourrait interpréter la description d’autant de plante.
Lui, il voulait juste savoir comment les choses fonctionnaient. La question qui le taraudait le plus était comment les arbres se nourrissait-il sans rien avaler ? Et les libéfeuilles ? Dont il n’était pas sûr, par ailleurs, s’il fallait les considérer comme des insectes ou des plantes.
Il se sentait heureux de savoir qu’il n’était pas seul à se poser des questions, et si d’autres réussissaient à parcourir Caeldass pour trouver des réponses, il pouvait très bien le faire lui aussi. De plus il avait un avantage de taille, les lafloes étaient acceptés partout.
Ni une ni deux il avait décidé de se joindre à Marlotte et de voyager de par le monde. Il finirait bien par percer des mystères. De préférence celui du système digestif des plantes. Il devait la rejoindre sur la côte sud-ouest de Lorem, Marlotte avant de partir passait par un lac, histoire d’inspecter les fonds rocheux. Cela lui avait laissé le temps de passé chez lui, dire au revoir à ses parents, avant de prendre la direction de la côte.
La mer sentait-elle vraiment le sel ?
Gwidwyn avançait d’un bon pas, il devrait arriver sur le bord du Lore avant la tombée de la nuit. Il descendrait le fleuve jusqu’à la côte qu’il suivrait jusqu’au point de rendez-vous. Il sifflotait un air que ses parents chantaient tout le temps en avançant. Hop sous une fougère, hop par dessus une racine, il progressait sans heurt.
En chemin il tomba sur une colonie de champignon-baie. Cette espèce, qui poussait souvent sur les troncs ou les racines des arbres, possédait un joli chapeau bleu taché de violet et ne dépassait jamais sa taille. Ils avaient la particularité d’avoir des baies sucrée et collante qui poussait au bout de filament sous leurs chapeaux, cela leur permettait de capturé des proies car c’étaient des champignons carnivores. Trop grand pour être mangé par les champignons, cela offrait avant tout un excellent repas.
Il utilisa son petit couteau pour détacher les baies, son expertise lui permettant d’à peine ralentir son pas tout en récoltant. Il ne prit pas non plus la peine de s’arrêter pour les manger.
« Berk, fit-il le repas terminé, sa pattes désormais poisseuse »
Si les baies se trouvait toujours être délicieuses et juteuses elles s’avéraient surtout extra collante, une véritable horreur pour le pelage. En fin rien qu’un peu d’eau ne pouvait pas effacer cependant.
Un tchac tchac rythmique le stoppa net, une frappe régulière sur le bois qui provenait d’en haut. Le son se rapprochait, les frappes trop peu nombreuses pour être le bruit d’un mille pattes se déplaçant se stoppèrent.
Gwidwyn leva la tête, sur le tronc de l’arbre une tête rouge suffisamment énorme pour cacher le reste du corps, se trouvait agrémenté d’une paire de pince bien plus petite, mais très épaisse. Ses poils se hérissèrent automatiquement.
Il sauta en bas de la racine est se mit à courir le plus vite possible, la termite aussitôt à ses trousses.
Le danger ne venait pas tant de sa taille, qui n’était pas non plus négligeable toute fois il y avait des créatures bien plus grande à Lorem, que de leurs habitudes. Pas de négociation possible, pas d’espoir à avoir, même le ventre plein elles chassaient tout ce qu’elles trouvaient. Mais par dessus tout le plus grand danger venait de leur nombre : elles ne voyageaient jamais seules.
Ce dernier détail ne tarda pas à se vérifier une autre termite tomba juste devant lui, mandibule grande ouverte. Gwidwyn transforma sa course en une glissade au dernier moment, les pinces claquant au dessus de sa tête.
Il modifia aussitôt la direction de sa course, son sac lui pesait, mais il grimpa avec vitesse sur une racine. Les termites étaient un peu plus lentes à réagir, mais l’escalade leur était plus facile, elles restaient sur ses talons se rapprochant rapidement. Comment les semer ?
Il fonça sur le tronc qu’il utilisa comme rebond pour un nouveau changement de direction il entendit les termites derrière lui grimper avant de se rendre compte qu’il était de retour au sol. Ça ne lui avait fait gagner que quelques secondes d’avance, amplement suffisant pour lui redonner un sursaut d’énergie et il accéléra.
À la base de l’arbre d’en face des armillaires à pieds clavés se développaient, formant un escalier montant dont les marches inégale ne dépassait pas ce qu’il pouvait gérer. Il n’hésita pas une seconde et sauta sur le premier chapeau du champignon orange.
À dix mètres au dessus du sol son souffle commençait à lui manquer et les termites ne lâchaient rien. Deux solutions : sauter sur un des pieds de champignon et se laisser glissé jusqu’en bas, ou sauter sur un amas de fougères-méduses qu’il apercevait en bas, il devrait bien atterrir sur une des feuilles.
Il utilisa toutes ses forces et se propulsa le plus loin possible de l’arbre. La feuille bleutée ploya sous sa chute avant de reprendre sa forme d’un petit plop retentissant. Il fut envoyé bien plus haut et sa course se termina durement à cause d’une branche très loin des deux termites. Il se hissa vidé dessus, grimaçant de douleur.
Il soupira de soulagement, il détestait ces insectes là, il avait l’impression que leur échappé revenait plus à de la chance qu’autre chose.
Tchac tchac tchac tchac.
Il regarda vers le tronc découvrant avec horreur une dizaine de termite. Trois prirent aussitôt sa direction.
Il couina en détalant vers l’extrémité de la branche ; très vite atteint. Malheureusement il ne distingua rien à quoi s’accrocher ou qui amortirait sa chute. Il n’avait aucune chance dans un combat, son couteau trop petit et les aptitudes guerrières lui faisant cruellement défaut.
Il se retourna vers les termites, et fit un pas en arrière. Quitte à devoir tenter le tout pour le tout il choisit le vide.
Un battement d’aile puissant assourdi tout bruit, du rose emplissant sa vision, ne laissant qu’entre percevoir une tête vert foncé, un bout d’éclat doré et une longue langue bien rose et baveuse. Puis l’instant d’après il se retrouvait ballotter dans les airs.
Gwidwyn cria de surprise, le sol défilant sous lui. Un hululement joyeux résonna au dessus de lui en réponse. Un vanmasî comprit-il. La vague de soulagement qui l’envahit le fit éclater de rire auquel de nouveau hululement gaies répondirent.
Son cœur ralentit et il profita du voyage, pendu à son sac. Ce n’était guère confortable, mais être emmené en sécurité loin des termites valait bien ce petit inconfort.
Gwidwyn fut lâché sur une plateforme suspendue et le vanmasî se posa à côté de lui.
Ils ne se trouvaient pas dans une ville suspendue à proprement parler, malgré les habitations rondes accrochées au nord de l’agglomérat de plateforme, il s’agissait plus d’un point de relais. Les nids, une vingtaine, servaient à passer la nuit avant de reprendre le voyage le lendemain. Des ponds de lianes reliait les différente plateformes et des échelles installé sur les bords de cette structure construite au dessus d’un fleuve permettait de descendre jusqu’au sol. Il n’y avait pas de réel bâtiment ou structure, chacun posait à même le sol ce qu’il comptait vendre, quelque uns étalait une couverture en dessous plus pour se démarquer qu’autre chose. Les gens se posaient de même, que ce soit pour se reposer une minute ou pour manger là ou il y avait de la place sans organisation particulière.
Seule exception la plateforme du culte de Lozonie, dieu dragon installé à Lorem depuis plus de deux millénaires maintenant. Des tapis rouges recouvraient le bois et le feuillage de la plateforme, des autels de bois sombre avaient été posé suffisamment écartés pour ne pas empiéter sur l’espace sonores les un des autres, mais pas trop pour ne pas perdre de place. Dessus chaque autel, une étoffe rouge vif où trônait une fleur de Lozonie avait été déposée avec soin. Les amaz du culte, dans leur tenue beige brodé de rouge et d’or, se tenaient prêt à accueillir quiconque venait prier, ou tout simplement voulant des informations.
Les gens leur jetèrent un petit coup d’œil rapide avant de retourner vaquer à leur occupation. Un lafloe et un vanmasî ne représentaient pas un grand danger, leur espèce étant plus connu comme pacifique qu’autres choses. Même belliqueux, un lafloe ne pouvait guère être un danger.
Ils s’accordèrent quelques minutes de repos pendant lequel il s’assura que sa fourrure soit propre et en ordre.
Puis Gwidwyn en profita pour observer son sauveur, semblable à tout les autres vanmasîs qu’il avait rencontrés. Il serait bien incapable de le distinguer d’un autre. Sa peau aqua semblable à celle d’une grenouille était néanmoins moins luisante, elle se couvrait de fourrure à partir du cou jusqu’au bout de sa tête ou des plumes roses surgissait à l’arrières. Des motifs dont la couleur pouvait varier selon la lumière parcouraient ses puissantes cuisses. Ses ailes commençaient en membrane mais s’achevaient sur des plumes à la base verte et l’extrémité rose où trônait un cercle jaune pour chaque plume.
Sa longue queue se balançait lentement avec à son bout une tête verdâtre foncé au long nez, une langue pendante et deux yeux jaunes en permanence ouvert. Personnes ne savait si c’était une tête comme n’importe qu’elle tête ou juste un appât capable en plus d’attraper les poissons. D’autres motifs parsemait la queue, dont certains gardait la couleur de l’or pour encercler sa base et son bout, juste avant la tête-appât.
Chaque vanmasî possédait un masque d’os couvrant le long museau et possédant des cornes partant vers l’arrière, à moins que ce soit leur os à eux. Gwidwyn ne savait pas de quoi était composé le fard à paupière vert qu’ils étalaient sur l’os au dessus de leurs yeux dorés, mais peut-être là encore n’en était-ce tout simplement pas. Le plus important se trouvait être les deux fines antennes s’épaississant sur leurs fins qui partait de sous l’os en dessous des cornes pour flotter aux dessus de leur tête. Parfois elles luisaient légèrement émettant une lumière qui pouvait être autant apaisante qu’énervante ou autres. Sans ils devenaient fous et succombaient rapidement.
Les vanmasîs n’étaient pas des oiseaux, mais ce n’était pas non plus des dragons, ils vivaient en colonie, construisant de nids et péchant pour se nourrir. Ils ne parlaient aucun langage que les espèces humanoïdes utilisaient, mais cela ne les empêchait pas de bien s’entendre avec celles-ci. Du moins les hommes-grenouilles, les lafloe et les koriph. Pour ce qui était des autres plus rare ou absente de Lorem Gwidwyn n’en savait rien. Mais il ne voyait pas pourquoi il en serait différemment.
Au bout d’un moment ils se levèrent reposés et rejoignirent le bord d’une plateforme offrant un accès au tronc d’un arbre. Gwidwyn sera sa lanterne contre lui et posa sa patte libre sur l’écorce. Il ferma les yeux et vida son esprit. Le flux de la sève se fit audible alors que tout le reste disparaissait. Il savoura le calme que cela lui apportait avant de mélanger doucement son énergie à celle de l’arbre.
Il rouvrit les yeux, gardant le flux comme sensation dominante. Des lafls poussaient sur l’écorce, les feuilles vertes se déployant la ou la place n’était pas encore prise.
Cette plante, spécialité des lafloes, poussait naturellement derrières eux, mais ils pouvaient très bien la faire pousser volontairement. Il sourit et quand il put en compter une vingtaine s’arrêta, un peu fatigué et bourdonnant comme s’il avait un peu trop bu.
Il coupa la tige d’une des lafl à sa base et le tendit à son sauveur qui l’accepta avec joie. C’était le minimum qu’il pouvait faire en remerciement.
À peine le Vanmasî envolé que quelqu’un s’approcha et le salua. Gwidwyn lui rendit le geste et commença alors les négociations. Lorem était peut-être une forêt tropicale luxuriante, mais les spécificités des lafls en faisaient un très bon produit qui remplaçait sans difficultés d’autres plantes. Même une fois fanées leur capacités isolantes restaient sans rivales, à condition de ne pas les grignoter.
À la fin de l’après midi, il avait récupéré plusieurs galettes, une gourde de sève bleue, quelques beignets et une toute nouvelle plume multicolore. Il s’installa dans un coin loin du tronc et dégusta les beignets tranquillement, l’intérieur sucrée et moelleux contrastait avec l’amertume et le croustillant de l’extérieur. Il rangea les galettes déjà soigneusement emballés ainsi que la plume. Il fut délicat avec elle, et fit aussi très attention à être discret en ouvrant son sac afin que le contenu reste privé. Il ne voulait pas être accusé à tord.
Un enfant koriph tomba juste devant lui se mettant à pleurer. Il rabattit rapidement le rabat et se précipita pour l’aider à se relever. Le bébé tigre sous forme d’un oiseau renifla, mais ce laissa néanmoins aidé, ses grand yeux violets brillaient de nouvelles larmes difficilement contenue.
Son parent arriva et le remercia en prenant le petit dans ses bras. Ce dernier reprit une forme plus féline et se blottit dans les bras connus. Le tigre noir métamorphe à deux cornes s’éloigna et Gwidwyn décida qu’il était temps de se diriger vers la plateforme du culte de Lozonie. Il passa son sac sur une épaule et y alla.
Il existait d’autres religions présentes à Lorem, mais celle-ci était la seule ou ses officiants servaient aussi de guide à tous le monde. Ils ne souciaient pas vraiment si les gens appartenait à une autre religion, pour eux ce n’était pas incompatible avec leur foi, et personne n’avait besoin d’être entièrement d’accord avec leur croyance non plus. En faites ils ne se souciaient pas de grand-chose et à moins d’insulter Lozonie ils étaient chaleureux avec tout un chacun.
Gwidwyn n’était pas un fervent croyant, mais il trouvait que remercier le dieu dragon de maintenir le froid de Laby loin d’eux de temps en temps ne pouvait pas faire de mal.
Gwidwyn fut accueilli par un amaz homme-grenouille au sourire gentil.
« Voulez vous offrir une prière ? demanda l’amaz.
– Oui s’il vous plaît, amaz, accepta Gwidwyn. »
Il fut conduit vers un des autels libres devant lequel ils s’agenouillèrent. Ou plutôt l’homme grenouille s’agenouilla, le lafloe s’assit normalement. Même pour les prières ils n’étaient pas stricts sur la marche à suivre, chacun faisait un peu ce qu’il voulait. L’amaz chanta et Gwidwyn ferma les yeux les pattes jointes, il n’avait jamais apprit les chants pour la prière, les amaz les récitants volontiers pour eux. Certains étaient même déçus de ne pas pouvoir rendre ce service. À la place de chanter il répéta en boucle, dans sa tête, ses remerciements à Lozonie pour sa chaleur. Il le fit une dernière fois à voix haute une fois les chants finis.
Ils s’écartèrent et l’amaz le raccompagna en bordure.
« J’ai aussi prié pour que vous fassiez un bon voyage et ayez de la chance. Si je peux d’être d’une quelconque utilité n’hésitez pas.
– Merci amaz, répondit-il. Je me dirige vers le sud ouest, savez vous si une flottille compte descendre ce fleuve bientôt ?
– Normalement il y en a une qui part après-demain. Cependant une armée rode là ou le fleuve se jette dans le lac. Il viendrait d’un peu plus au sud pour prendre contrôle de la ville s’y trouvant. D’après les dernières informations ... »
Gwidwyn cligna des yeux, comme toujours il recevait plus d’informations que demandé, mais par politesse il écouta l’amaz jusqu’au bout. Personne ne saurait qu’il c’était contenté de retenir après demain et devoir descendre de la flottille avant le lac. Puisqu’il ne comptait pas rester, suivre l’évolution des trahisons entre différent secteur et ville de Lorem n’avait plus beaucoup d’utilité, mais ça ne le dérangeait pas vraiment qu’on les lui donne.
Quand l’homme grenouille eut finit de l’informer, il le remercia chaleureusement.
« Que la chaleur de Lozonie soit avec vous, se saluèrent-ils. »
Gwidwyn se retourna pour emprunter le pond de liane, mais quelqu’un en sens contraire le bouscula. Il atterrit violemment sur son derrière.
« Ouille ! » Son exclamation fut le seul bruit audible, un silence pesant s’étant soudainement abattu.
Gwidwyn fronça des yeux, regarda à droite et à gauche, cherchant une explication à cette soudaine atmosphère. Il ne découvrit que des gens statufiés, horrifiés. Leurs regards posés sur des rouleaux de papier et des plumes étalés sur le sol, échappés de son sac. Son sang se glaça.
La foule repris vie.
Aux murmures affolés se joignirent les prières et les lamentations. Allaient-ils tous mourir ? Combien de mort ces recherches provoqueraient-elles ? Shenboah ne pouvait pas tous les punir pour le crime d’une seule personne, non ?
« Que va-t-on devenir si même les lafloe sont des traîtres maintenant ? demanda quelqu’un.
– Regardez ! Il inventait des poisons ! s’insurgea un autre.
– Non ! s’écria-t-il désespéré. Non, c’est faux. Je n’ai jamais enfreint l’accord ! »
La foule augmenta, comme si l’attention de tout le point relais ce concentrait maintenant sur lui.
On l’attrapa par les oreilles le faisant couiner de douleur. La foule devenait en colère en plus de transpirer la peur. « Noyons-le ! » réclamaient certains, pendant que d’autre suppliait Shenboah de croire en leur innocence et de les épargner.
On le tira, ignorant ces protestations, l’éloignant de sa lampe encore accroché à son sac. Ce n’était que des observations de plante, mais c’était déjà trop. La flamme vacilla et Gwidwyn hoqueta de douleur, un poing se resserrait sur son cœur et des ronces pouvaient très bien être en train de pousser dans ses entrailles.
Il sanglota et se tordit dans tous les sens, mais l’homme resserra sa prise l’entraînant toujours plus loin. Tous était flou, chaud et gelé à la fois.
« Stop ! »
Personne n’entendit le cri de l’amaz, personne ne prêtât attention à cet homme grenouille, personne sauf son collègue vanmasî. Le hululement qui retentit surpassa avec force tous les bruits avoisinant, les avalant comme si rien d’autre que ce cri ne pouvait exister sur plusieurs mètres à la ronde.
Tous se turent, laissant toute la place à l’amaz de parler.
« Lozonie a signé le traité et nous sommes sur ses terres. Laissons le juger, il ne peut qu’appliquer la juste punition.
– Et si ça ne suffit pas ? osa quelqu’un vite approuvé par des murmures.
– En quoi ça ne suffirait pas ? Nous assurons le respect du traité ainsi, c’est, de toute façon, la seule chose que nous pouvons faire, fut la réponse.
– C’est plus sûr que de le jeter dans le fleuve, il pourrait survivre, renchérit une voix provenant du milieu de la foule.
– Ouais, faisons ça !
– Et on fait quoi des recherches ?
– À la flotte ! Le papier ça n’aime pas l’eau.»
La foule accepta majoritairement cette solution et ses affaires furent jeter sans cérémonie par dessus la plateforme. Des années de relevés et de vie furent emportées dans le courant. Seule sa lanterne fut épargnée.
Gwidwyn se sentit instantanément mieux avec sa flamme plus proche. Les larmes ne se stoppèrent pas pour autant.
On le lança violemment dans une caisse vide.