Lucidité

Grandissant, je gagnais des concours de poèmes.
J’avais le verbe avide et la rime puérile,
J’empoignais le BIC bleu mais je parlais de plume,
Je dactylographiais des topoï romantiques.

J’aime à croire aujourd’hui que je suis plus pudique.
Je dénature l’alexandrin que j’exhume,
Mais en sachant ma voix impuissamment stérile,
J’écris comme on remplit prosaïque barème.

juin 2023

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Gracchus Tessel
Posté le 02/09/2023
Ha ha, eh bien, j'aime décidément beaucoup ce poème! Je rejoins ce qu'écrit ci-dessous Adrien Vermeil, sur l'alternance entre le concret du bic bleu et le lyrique (avec les topoï - mon coeur d'helléniste était conquis) qui donne un charme et un ton particulier à ce poème.
Se permettre du second degré dans le fond en maîtrisant à ce point la forme, c'est très fort.
Adrien Vermeil
Posté le 24/06/2023
J'aime beaucoup ! Les alexandrins sont très fluides. Les deux strophes se répondant en miroir proposent une structure originale. Couronnons la forme d'un propos métapoétique mettant en scène une instance lyrique extrêmement "lucide" sur sa poésie et vous avez une petite perle de bonne littérature. « Mais en sachant ma voix impuissamment stérile », ce vers est d'une beauté éblouissante, par la profondeur de sa mise en abîme. Faire côtoyer le BIC au topos, voilà qui est neuf, pur et fécond. Merci pour ce partage.
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