Lui... Jaune. Elle... Noir

    Elle... Lui. Julie... Hugo. Noir... Jaune. Son humeur a changé. La foule s'est refermée sur eux. Le ciel a pleuré. Pleurs d'émotions, pluie de larmes tombant sur eux. Un instant figé, hors du temps, une bulle intemporelle, voilà ce qui les unissait. Sans même avoir prononcé un mot, ils savaient que leur lien était plus fort que tout. Jaune. Noir. Hugo a tendu la main vers elle, Julie l'a saisie, et la bulle a explosé.

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  Main dans la main, ils marchent. Julie ne voulait pas sortir. La lumière du jour l'aveugle. Mais Hugo a réussi à la convaincre. Pour lui, elle ferait tout. Mais lui ? Serait-il prêt à la suivre ? Même si elle ne connaît pas d'endroits, même si le sourire qu'elle voudrait montrer reste bloqué en travers de sa gorge ? Même si elle s'habille tout de noir et que ses yeux sont cernés d’insomnie ?

  Hugo est beau. Ses cheveux brillent, ses yeux pétillent, son sourire rayonne, il est tout simplement lumineux. Jaune. Il a beau être un peu timide, il éclairerait l'obscurité s'il s'y trouvait. Son obscurité à elle.

  Hugo regarde Julie, mais elle détourne la tête. Elle n'a pas l'habitude d'être observée. Le regard rivé au sol, elle le suit et se laisse guider par la main qu'il a mis dans la sienne. Elle ressent des choses nouvelles. Pour la première fois depuis des années, elle se sent bien, mais c'est comme si tous les muscles de son corps refoulaient cette sensation. Sa tête reste baissée, son regard hésitant et son air timide. Elle aimerait montrer à quel point elle se sent vivante là, sa main dans celle d'Hugo. Mais son être se contredit. Il sourit, lui. Elle le suit dans des rues que jamais elle n'a vues. Où l'emmène t'il ? Le soleil ne tardera pas à se coucher, la nuit à tomber. Elle aime beaucoup la nuit. Pas de gens, pas de jour, pas de lumière aveuglante et de remous incessants. Noir. Comme Julie.

  Ils sortent de la ville, et arrivent au pied d'une petite colline qui voit le jour s'éclipser. Hugo entraîne Julie dans les hautes herbes. C'est drôle de sentir la nature effleurer sa peau... Elle aime les sensations que cela lui procure. Depuis longtemps, elle avait oublié le goût de la nature... 

 Ils arrivent au sommet et s’assoient dans l'herbe. Elle lève les yeux devant elle. Le ciel a pris une teinte rose-orangée. Les rayons du soleil traversent encore les nuages et projettent sur eux une lumière d'or. Le spectacle est éblouissant. Comme Hugo, qui la regarde avec un sourire bienveillant. Les hirondelles virevoltent dans de gracieuses figures, et le vent souffle légèrement, soulevant les mèches noires de Julie. Elle n'avait jamais vu un tel coucher de soleil. Elle avait maintenant la certitude que c'était la plus belle chose qu'elle avait vue jusqu'ici. Le silence qui régnait entre eux avait quelque chose de rassurant. Pour la seconde fois depuis leur rencontre, elle osa croiser son regard. La lumière donnait à ses iris un aspect différent : quelques touches de jaune, dans ses prunelles noisette. Julie vit dans ses yeux une chaleur infinie. L'astre se perdit derrière l'horizon, reprenant ses derniers rayons dorés. Hugo brisa le silence :

     - Tu aimes les nuages ?

     - Non.

     - Qu'aimes-tu alors ?

     - Le tonnerre.

     - Tu es une fille chaotique. Tu n'en as pas l'air, mais en toi, c'est une tempête perpétuelle qui déferle...

     - Comment le sais-tu ?

     - Toi, tu vois des couleurs ; moi, je lis les gens.