Elle marche. Les gens sont nombreux, se croisent, se bousculent. Bleu. Vert. Marron. Elle se fraie un chemin, tête baissée, regard rivé sur ses chaussures. Le ciel est gris. Pluie. Les nuages, menaçants, ne tarderont pas à se déverser. La rue est une marrée humaine. Bleu. Marron. Elle, la naufragée, tentant de ne pas couler. Noir. Son coeur se serre. Plus rien n'a d'importance. L'espoir est parti comme se coucherait le soleil, envolé comme un oiseau dans le ciel. Elle a compris. Compris que rien ne sert plus d'attendre. Elle n'est pas spécialement belle, n'a pas un sourire éclatant, ne s'habille pas "joliment" ni à la mode, ne parle pas souvent. Elle est elle. Naturelle. Terre à terre. Silencieuse. Pourtant, elle aurait eu des choses à dire. Mais le temps a effacé sa volonté, sa patience, ses paroles, ses espoirs, elle. Le temps l'a effacée. Alors elle se contente de sa place à l'ombre, de vivre de ses pensées.
Des images défilent dans sa tête. Des couleurs. Ternes. Des questions aussi... Sans réponses. "Qui veut de moi ?"
Une voix interpelle son attention. Elle sonne différemment. Jaune. C'est la couleur qu'elle évoque. Jaune, lumière. C'est rare, le jaune dans une foule. Souvent, les gens donnent du marron, du bleu, ou encore du vert... Un peu de rouge parfois. Mais du jaune ? Elle lève la tête. Là bas, droit devant, c'est de là que provient le jaune. Elle accélère le pas, sort de la foule. Yeux fermés, elle se laisse guider par l'intuition. Jaune. La couleur s'accentue, elle approche. Et elle le voit. Jaune, c'est de lui que provient cette couleur, elle voit défiler devant ses yeux les nuances lumineuses qui ne s'arrêtent plus. Elle s'approche encore, et, d'un coup, il se retourne. Nez à nez avec lui. Jaune, croisements de regards. Ses yeux sont noisette. Ses lèvres fines et délicates. Il a l'air perdu, lui aussi. Peut être pas autant qu'elle... Ils se toisent. Une émotion passe. Instant fugitif. Tension électrique. Jaune. Son aura rayonne. Ils ne bougent plus. Au milieu de la foule, figés, hors du temps. Les gens s'affairent, passent, les contournent, telle une vague se fendant en deux sur un rocher. Dans leur regard passe tout les non dits. Elle sait qu'il comprend. Il sait qu'elle comprend. Plus rien ne pourra les séparer. Ça aussi, elle l'a compris.
Tu as raison, le quotidien est effacé de cette histoire, car l'histoire même est sensée devenir le quotidien de notre héroïne ;)
Merci pour ton retour, il fait plaisir !
Fy
Le style est très particulier, et très efficace. J'ai beaucoup aimé ces phrases courtes qui donnent beaucoup de rythme et qui rendent de façon si juste l'isolement et les pensées sombres qui tournent en boucle dans la tête de l'héroïne. L'utilisation des couleurs c'est aussi très bien trouvé, c'est tellement évocateur. On ressent bien le changement de ton dans le dernier paragraphe, l'attraction vers la lumière, la chaleur. Comme un papillon qui s'approche de la flamme...
Il y a peut-être une phrase ou deux dans le premier paragraphe qui pourraient être coupées pour garder le rythme haché, mais c'est vraiment du détail.
Je trouve que les phrases courtes sont plus évocatrices. Au lieu que le cerveau s'emmêle avec des mots superflus, le texte va à l'essentiel, et on comprend mieux. Mais je précise que ce n'est pas mon style d'écriture initial, même si à mon avis on peut en adopter plusieurs ^^
Pour les quelques phrases plus longues, je ne pense pas changer car j'en dissémine dans les prochains chapitres aussi. Disons qu'elles servent à couper un peu et reposer le lecteur, ralentir le rythme :)
Merci à toi pour ton retour, il fait plaisir !
Bonne suite !
Fy
Je me reconnais tellement au milieu de la marée attendant ma couleur jaune...
Tu décris très bien les deux états. Celui d'isolement subi et de non communication puis soudain, celui de l'isolement voulu, deux êtres et plus rien n'a d'importance autour.
Bon, c'est vrai, cette rencontre est un peu trop merveilleuse pour être vraie, mais bon, peut être est-ce voulu ? ;)
Contente que ce début t'ait plu en tout cas ^^
Fy
Je vais voir pu retravailler la phrase du milieu, merci pour ta remarque :)
Merci à toi pour ton commentaire, il m'a fait très plaisir !
Bonne suite,
Fy
J'adore ce premier chapitre, et tu verras en lisant BLEU COBALT que c'est parce que j'adore les couleurs ! Le jaune est d'ailleurs ma préférée. J'aime beaucoup le rythme du récit, les sonorités et les liens avec les couleurs. C'est joli, bref et doux.
Merci à toi pour ton gentil commentaire, il fait plaisir :)
(et bienvenue sur PA aussi ;)
Au plaisir de te lire,
Fy
ps : juste une petite remarque en passant : pour "Nuages menaçants ne tarderont pas à se déverser" je dirais plutôt "DES nuages menaçants (...)" mais bon ce n'est que mon avis !
je ne m'attendais pas du tout à un commentaire de ta part, c'est drôle parce que justement, j'ai appelé mes personnages Julie et Hugo ;)
Cette histoire m'est venue comme ça, de nulle part... Une couleur : Jaune. J'ignore d'où, et comment, mais en tout cas j'ai suivi cette idée sans prévoir et ça a donné cette histoire ^^
je suis d'accord avec ta remarque, en effet ça fait mieux "des nuages" :)
Merci beaucoup pour ton gentil commentaire :)
Fy