Je jouais distraitement avec mon stylo le regard fixé sur l'écran de mon téléphone occupée à chercher une bonne playlist, lorsque la voix mélodieuse de ma mère m'interrompit dans ma recherche.
– LYANA ! LÂCHES TON TÉLÉPHONE ET FAIS TON FRANÇAIS !
Prise en flagrant délit de procrastination, je cliquai en vitesse sur une playlist et me penchai sur mon clavier d'ordinateur afin de faire semblant de travailler. En fouillant dans mon dossier -parfaitement rangé- de français, je trouvai rapidement une analyse linéaire terminée et ouvrai le document. J'attrapai ensuite un livre qui traînait non loin et l'ouvrai sur une page au hasard. Puis, sentant le regard meurtrier de ma mère braqué sur mon échine, je fit semblant d'être occupée à analyser le texte.
Il ne me fallut qu'une poignée de secondes pour remarquer deux choses. De un, l'analyse que j'avais choisie était sur Le Mariage de Figaro, et le livre sur lequel j'avais jeté mon dévolu était Les Lettres Persanes. De deux, j'étais tombée sur une playlist Disney et ''Libéré Délivré'' était en train de faire saigner mes oreilles. Mais comme ma mère ne m'avais pas encore lâché du regard, je courbai l'échine et baissai le son au maximum, attendant que la musique cesse de résonner dans mon casque.
Lorsque enfin ma mère cru que je m'étais mit au travail, je me jetai sur mon téléphone et changeai de playlist au plus vite. Une fois mon audition sauvée, je fis ce que j'aurai dû faire bien plus tôt... C'est-à-dire fermer la porte de ma chambre.
Enfin tranquille, je repris mon téléphone et tombai sur une multitude de messages non lu. Une amie s'était décidée à m'envoyer toutes les blagues sur le confinement qu'elle avait pu trouver. Et il y en avait.
Ainsi, c'est en supprimant toutes les photos du chat d'une amie qui encombrait ma galerie que je me fit une remarque particulièrement stupide et qui n'avait absolument aucun rapport avec tout ce qui m'arrivait... Quelles étaient les 7 merveilles du confinement ? Était-ce la fatigue qui m'avait donné cette idée, ou le fait que ce soit la septième fois que ma mère me demandait de travailler ? Je ne savais pas. Mais rien n'empêcha le fait que je lançais une application de notes et commençai à réfléchir.
La première merveille me vint en un instant... Les pâtes. Ce qu'on avait pu en entendre parler des pâtes à la télévision ! Les premiers jours du confinement, ma mère en avait d'ailleurs acheté 3 kg. Pour le reste de la semaine, j'ai eu droit à toutes les déclinaisons de la cuisson des pâtes, soit en soupe, en bolognaise, à la carbonara, juste des coquillettes, au pesto, des lasagnes... J'ai cru que j'allais faire une indigestion de pâtes.
La deuxième merveille du confinement me sembla tout aussi évidente. Le PQ ! Ce divin papier toilette qui était passé d'objet délaissé, à produit de première nécessité. Le monde marche complètement sur la tête ! Encore je comprenais que tous ce soient rués sur le gel hydroalcoolique, produit primordial pour se désinfecter les mains, mais pas le papier toilette ! Si le PQ servait à désinfecter, on le saurait non ?
J'ajoutais alors papier toilette et gel hydroalcoolique à ma liste des sept merveilles. Super, déjà trois.
Je jetai un coup d'œil par la fenêtre désespérant devant la pluie qui tombait sans discontinuer. Le déluge avait commencé vers 4h00 ce matin et le bruit des grosses gouttelettes s'écrasant sur le sol m'avait réveillé. A moins que ce ne soit, le miaulement du chat qui hurlait à la mort devant la porte d'entrée. Je m'étais alors levée, me cognant les pieds contre un coin de meuble, mais Iggy s'était enfuit en me voyant arriver. J'étais alors retournée me coucher et avait essayé de me rendormir. Mais après une dizaine de minutes à entendre en alternance une bourrasque de vent et les miaulements du chat qui grattait à ma porte de chambre, je dû me relever pour aller lui ouvrir. Alors que j'ouvrai la porte, je la vis se faufiler dans l'ouverture et aller se coucher sur mon lit. Je refermai la porte, attrapai le chat, le posai à terre et reprenais la place qui me revenait de droit dans le lit.
Ce ne fut apparemment pas du goût d'Iggy, car elle sauta aussitôt sur le lit et se mit à me pétrir le ventre avant de se coucher dessus, ce qui n'était guère confortable. Je voulu l'en ôter, mais croyant que je voulais lui faire un câlin, elle se releva me meurtrissant les cotes, et me présenta son postérieur malodorant dans un concert de ronronnements ravis. Il me sembla alors que les grattouilles de ma main sur sa joue étaient bien plus intéressantes que mon confort personnel. Me résignant, je laissai Iggy profiter de cet instant de bonheur lorsque d'un seul coup, un éclair traversa le ciel illuminant ma chambre. Le chat se hérissa plantant ses griffes dans mon ventre, et quand le coup de tonnerre éclata, elle se propulsa hors du lit d'une grande poussée de ses pattes arrière, et alla se cacher sous un meuble en miaulant.
D'ordinaire, j'aurai essayé de la réconforter. Mais la douleur de ses griffes traversant mon T-shirt était trop vive. Essayant d'ignorer la douleur, les éclairs, la pluie et les miaulements du chat, je me tournai face au mur et essayait de me rendormir. Suite à cet incident, je n'avais presque plus dormi de la nuit et Iggy n'avait pas quitté son poste.
Étirant mes jambes, un miaulement mécontent me tira de mes pensées. Revenant au présent, je me penchai sur ma chaise et aperçu Iggy sous le bureau. Et au vu de la tête qu'elle faisait, je venais probablement de lui donner un coup en allongeant mes jambes. Sans faire grand cas de sa situation, je me re-concentrai sur ma tâche, soit trouver encore quatre merveilles du confinement.
A court d'idées, je restai bêtement face à l'écran de mon téléphone ne sachant qu'ajouter. Ce fut les grognements de ma mère et de ma grand-mère de l'autre côté de la porte qui me donnèrent l'idée suivante.
– Saleté de machine à coudre ! Le fil a encore cassé !
– A ce rythme là on en a pour des années c'est la troisième fois ce matin !
– J'en ai marre, j'arrête. La mairie a qu'à les faire elle-même ces masques !
Je me retenais alors de rire. J'avais perdu le compte du nombre de fois que ma mère avait dit qu'elle laissait tomber la création de masques. S'en était même devenue une véritable industrie ! Un sourire aux lèvres, j'ajoutais ''masque'' à ma liste de merveilles du confinement. Ces petits morceaux de tissus censés nous protéger étaient extrêmement rares, et étaient pour l'instant réservés aux soignants et aux personnes fragiles. Et dire que dans certains pays un peu plus à l'ouest, des habitants découpaient les leurs au niveau du nez et de la bouche sous prétexte que cela les gênaient pour respirer. Mais quels génies ! A propos de génies, il y en avait un assez doué aux USA... Un certain président qui proposait très sérieusement de s'injecter du désinfectant dans les veines et de boire de l'eau de javel.
Il me faisait un peu penser à Raoult, un médecin marseillais qui disait que la chloroquine était LE médicament qui pouvait stopper le Coronavirus. Evidemment, nombreux étaient ceux qui le croyait et qui s'étaient procuré de fausses ordonnances pour en acheter et pratiquer l'automédication. Grâce à eux, des patients avec des problèmes cardiaques étaient arrivés à l'hôpital surchargeant les docteurs qui n'avaient vraiment que ça à faire. Ce n'est pas pour rien qu'il y a une ordonnance sur la chloroquine... A croire que certains ont cru que c'était des mentos ou des chewing-gum.
Désespérée devant l'intelligence, frôlant le néant, de l'humanité, j'ajoutai ''chloroquine'' à ma liste.
Plus que deux...
Les deux derniers me vinrent assez facilement. Tout d'abord l'imprimante devenue indispensable pour imprimer les cours, scanner les évaluations que les professeurs nous demandaient de réaliser. Et enfin la connexion internet. Ah ! Cette divine connexion. Sans elle, il serait impossible de récupérer les cours sur les plateformes proposées par le lycée, voir pire je ne pourrais plus passer du temps sur mes réseaux sociaux. A cette idée, je pensais à Céline ma cousine et fan inconditionnelle de Harry Potter. Elle m'aurait probablement sortie cette citation avec laquelle elle me rabâche les oreilles tous le temps. Je ne m'en rappelai plus très bien, mais cela devait donner quelques chose comme ''elle devrait revoir l'ordre de ses priorités''. Ou quelque chose dans ce goût-là...
Enfin ravie d'avoir fini ma liste, je la relisais afin d'être sûr...
– PQ
– Pâtes
– Gel hydroalcoolique
– Masque
– Chloroquine
– Imprimante
– Connexion Internet
Pas très glorieux...
Alors que j'enregistrai cette note, Iggy en profita pour sortir de son trou et sauter sur le bureau me présentant à nouveau son postérieur. Agacée, je poussais sa queue qui balayait mon écran faisant beuguer mon téléphone et me demandai si elle pensai vraiment que son séant était la huitième merveille du monde.
Et dire que j'allais devoir supporter ça jusqu'au 11 mai car notre Président de la République s'était exprimé la veille au soir à 20h pour nous annoncer que le confinement était prolongé. Jetant un coup d'œil par la fenêtre je croisai les doigts pour que la pluie cesse rapidement et que le chat puisse retourner brouter de l'herbe toute la journée, et ce, jusqu'à se rendre aphone à force de tout avaler de travers.
Ahaha décidément les mamans, on les reconnait bien là !! Ça sent le vécu !
Juste petite coquille "Enfin tranquille, je repris mon téléphone et tombai sur tombai sur une multitude de messages non lu" tombai sur tombai sur à la suite.
J'adore le chat, j'ai le même à la maison... Et cette liste est bien pensée, je rajouterais farine et œuf mais ça fait plus que 7 ! Eux aussi étaient tout le temps en rupture de stock.
Toutes les mêmes (et y en a marre... bref !)
Bien vu ! Merci ! Je vais corriger !
Il y a aussi le sirop d'érable qui a été en rupture de stock...
Un super chapitre comme d'habitude, j'ai beaucoup ris entre les 7 merveilles du confinement +les troufions de chat, la surveillance des devoirs sur le KGB n'aurait pas à envier et le document de secours ouvert XD
Ça sent tellement le vécu qu'on se retrouve bien dans le personnage !
Juste 2-3 p'tites choses qui pourraient être corrigé pour atteindre la perfection : les répétitions. Il y en a pas mal du genre "me présentant à nouveau son arrière-train. Agacée, je poussais sa queue qui balayait mon écran faisant beuguer mon téléphone et me demandai si elle pensai vraiment que son arrière-train était la huitième merveille du monde." =Arrière train et c'est pas les synonymes qui manquent ;)
Mais après c'est du détail, je fais ma chieuse car c'est pas juste d'avoir une histoire toujours aussi bien ! XD
Bon J-1 avant Liberéeeeees, délivréeeeeees!!!
Bisous !
OUiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! Rendons-lui honneur !
Ok ! Je note ! J'essaie de corriger ça !
Bon ben... Tant mieux si ça te plait !
Ouais !!!!! Libéré ! Déconfiné ! Le Covid c'est presque du passé !
Enfin j'espère quand-même que vous aurez pas à faire "Les tribulations des reconfinées d'urgence"...
A très vite !^^