Ma rencontre avec la star (spoiler alert : bienvenue au Pôle Nord)

Pour ma première prise de contact avec Sebastian Heart, j’avais décidé de me montrer professionnelle mais casual. Queue de cheval sobre, chemisier, jeans et Stan Smith du temps où j’avais les moyens de m’en payer. Autant dire que, même décapées, elles avaient l’air fatigué. Je tirai un peu sur la ceinture de mon pantalon qui me serrait. Ce foutu jean était pourtant neuf mais je m’étais débrouillée, une fois de plus, pour mal le choisir. Heureusement, j’étais passée maitresse dans l’art de camoufler le traditionnel bourrelet de taille. Avec une légère impatience, je regardai ma montre. L’attaché de presse de Sebastian était censé passer me prendre en voiture pour me conduire à l’hôtel de la star et faire les présentations. Il avait déjà dix minutes de retard. Ça commençait bien…

Un énorme 4/4 noir aux vitres teintées se gara devant moi. En descendit un type blond, à la peau dorée de surfeur, chemise ouverte et jeans artistiquement déchiré. Il retira ses lunettes noires, eut un temps d’arrêt puis se dirigea vers moi, la main tendue.

« Tu es Esmé Adler?
— Et oui. »

Je lui serrai la main, un peu dubitative. Il dût s’en rendre compte car il enchaina :

« Désolé, j’ai dû avoir l’air surpris. Je ne m’attendais pas à ce que tu soies si jeune. En fait, je m’attendais plutôt à un genre  de Penny Mitchell, en moins flippante, peut-être. »

Il se mit à rire.

« Tu l’appelles Penny? demandais-je d’un air faussement horrifié.
— Oh non! J’oserais pas. Mais Seb a le droit, lui! »

Il roula des yeux, toujours hilare. Bon. Ça se présentait mieux que ce que je craignais.

« Je m’appelle Jax, reprit-il. Tu dois à peu près savoir quel genre de boulot je fais pour Seb? »

J’acquiesçai. Il parut soudain un peu embarrassé.

« Ecoute, je crois qu’on devrait profiter du trajet pour… Mettre deux ou trois points au clair. Tu es d’accord?
— En fait, j’allais te proposer la même chose. »

En fait, pas du tout. Mais ça me paraissait une bonne idée. Autant la reprendre à mon compte. Nous montâmes dans le véhicule sans plus attendre. Avant de démarrer, Jax fouilla sur la banquette arrière. Il en ramena une tablette qu’il me colla sans cérémonie sur les genoux.

« Je t’ai préparé de quoi te mettre dans le bain rapidement. Là dedans, tu as son emploi du temps, les coordonnées de son coach sportif, de sa nutritionniste et de sa psy, entre autre. J’ai essayé de te rassembler le maximum d’infos. Y compris ses restos préférés. »

Il me fit un clin d’oeil et s’inséra en douceur dans la circulation. Jax avait peut-être l’air d’un surfeur mais il connaissait son affaire. Je parcourus en vitesse les différents dossiers. C’était vraiment super complet. Arrivée à l’emploi du temps de Sebastian, je restai un peu interloquée.

« C’est ce qu’on appelle planifier, dis donc… » murmurai-je.

Quasiment chaque heure de la journée était consacrée à une activité quelconque. Le plus souvent sportive mais je relevai aussi des rendez-vous réguliers chez la psy et la nutritionniste, des interviews, un essai de fringue pour une séance photo… Même ses soirées Netflix étaient notées. Deux fois par semaine, et pas après 23h. Je ne pus pas m’empêcher de renvoyer un regard légèrement hagard à Jax qui fixait consciencieusement la route.

« Tu avais des points à clarifier, tu disais…? » tentai-je.

Il se tourna vers moi, l’air mi-figue mi-raisin. Au moment où j’allais me mettre à raler, il se décida à parler.

« Ecoute, tu dois bien te douter que nous ne sommes pas ravis de te voir débarquer. Seb est conscient d’avoir merdé ces derniers temps, il va donc tout faire pour arrondir les angles et faire en sorte que ça se passe bien entre vous. Mais il n’apprécie pas beaucoup de devoir supporter…
— … Une baby-sitter?
— Voilà. Je suis content que tu aies conscience de la situation. C’est pas évident pour lui.
— Je m’y attendais.
— Alors on est sur la même longueur d’onde. Il faut que tu saches que Seb et moi, on se connait depuis l’école. C’est comme mon frère et c'est un type génial. C'est dans notre intérêt à tous qu’il aille bien.
— Il n’a pas l’air d’aller si bien que ça, j’ai cru comprendre. »

Esmé et l’art de mettre les pieds dans le plat, chapitre 1. Les épaules de Jax se tendirent.

« Je ne sais pas ce que Mitchell t’a racontée mais Seb est tout sauf un toxico hystérique. Je veux que ce soit bien clair.
— Je ne demande pas mieux que d’avoir ta version.
— Il est très stressé, ça s’arrête là.
— Casser la figure d’un paparazzi, c’est défendable pour un acteur. Démolir un fan, c’est un peu plus que du stress. »

Jax poussa un long soupir.

« J’aurais du me douter qu’elle te balancerait ça. Est-ce qu’elle t’a dit que le fan en question harcelait Seb sur les réseaux et jusque chez lui depuis des semaines? Il en pouvait plus, il a craqué.
— Je n’avais pas cette info, en effet. »

Merci Penny. Connasse.

« Le type lui court toujours après? demandai-je.
— Non. Les avocats du studio ont bien insisté sur le fait que son… dédommagement dépendait du fait qu’il ne s’approche plus de Seb. Normalement, c’est réglé. »

Parfait, un souci de moins. Il conduisit un moment en silence pendant que je continuai à étudier la tablette.

« En ce qui concerne l’emploi du temps, reprit-il, je sais qu’il est… très détaillé… »

J’aurais dit « complètement maniaque » mais bon…

« … Mais c’est une sorte de tactique que nous avons élaborée avec la psy de Sebastian. Le fait d’avoir des journées cadrées le tranquillise. Il sait ce qu’il a à faire, ça lui évite de se disperser. »

Okééééé. Personnellement, j’avais juste envie de brûler cet emploi du temps de l’enfer mais admettons. En y réfléchissant, ça me facilitait les choses. Je n’avais qu’à me laisser porter par les cases de couleurs qui jalonnaient sa semaine.

Jax s’engouffra dans la rampe du parking de l’hôtel.

« On y est. Tu es prête?
— Une dernière question. Et j’aimerais une réponse franche, que je sache à quoi m’attendre. »

Il soupira.

« Vas-y.
— A quel point je dois le surveiller? Je dois faire gaffe au bar? A l’armoire à médicaments? Ou à mes fesses? »

En face de moi, je pouvais admirer le visage bronzé de Jax qui s’allongeait de seconde en seconde.

« T’es sérieuse?!
— Plutôt, oui. Ecoute, tu peux penser que je suis une horrible conne mais je veux juste savoir où je mets les pieds. Ça me ferait vraiment chier de passer à côté de quelque chose de grave parce que tu as voulu me brosser un tableau pas trop méchant de ton copain de classe. »

Jared a raison. Je crois que j’aime bien horrifier les gens. Jax reprit sa respiration et une contenance.

« D’accord. L’alcool. Ça lui réussit pas. Si tu peux éviter qu’il prenne une cuite, c’est mieux.
— Noté. On y va quand tu es prêt. »

Je sortis de la voiture. Jax mit quelques secondes à me suivre.

Merveilleux premier contact, Esmé. Bravo.

 

***

 

L’hôtel était luxueux mais discret. Sebastian avait été installé dans une suite du dernier étage. Nous dûmes montrer patte blanche à deux reprises avant de pouvoir accéder à l’ascenseur. Jax en profita pour me présenter aux aux gardes du corps chargés de la sécurité de l’acteur. J’avais déjà tâté de la procédure. Je la trouvai toujours aussi étouffante. Enfin, nous nous retrouvâmes devant la porte du saint des saints. Jax entra après avoir frappé deux petits coups rapides. A mon grand soulagement, les gardes du corps étaient circonscrits à l’extérieur de la chambre. Nous entrâmes dans un salon cosy où régnait un léger désordre. Trois fois rien, un sweat qui trainait, un magazine en vrac sur la table basse. Juste assez pour montrer que quelqu’un vivait ici.

« J’ai une chambre au même étage, précisa Jax. On peut t’en avoir une aussi, si tu penses que c’est plus pratique pour toi.
— Je n’habite pas si loin. Pour le moment, ça ne me semble pas indispensable. »

Et j’espérais que ça reste comme ça. Aucune envie de dormir à l’hôtel avec les gardes du corps et tout le tralala.

« Salut, » fit une voix.

Je me retournais. Sebastian se tenait dans l’encadrement de la porte de la chambre. Pieds nus, en jeans et tee-shirt blanc informe, il avait encore les cheveux humides de sa douche. Il resta un instant sans dire un mot, à me dévisager. J’en profitai pour faire pareil. Je notais les cernes bistres sous ses yeux. Sans être la loque à laquelle je m’attendais, Sebastian n’avait pas l’air très en forme. Il finit par se décider à s’approcher de moi, me toisa une seconde du haut de son mètre quatre vingt avant de se laisser tomber sur le canapé le plus proche. Il me désigna le deuxième divan de l’autre côté de la table basse. J’obéis sagement et m’assis à mon tour.

« Je crois que nous pouvons nous passer des présentations. Jax a dû t’expliquer un peu comment on voyait les choses? »

J’opinai.

« Bien. Je dois être à la salle de sport dans 45 minutes. Tu as des obligations ailleurs ou tu démarres maintenant?
— Je suis libre comme l’air.
— Tu as des questions? »

J’en avais à peu près de quoi remplir un annuaire. A commencer par « cette ambiance de congélateur va-t-elle durer? » Pourtant, je préférai rester sur un neutre :

« Pas pour le moment. Je suis à ta disposition si toi, tu en as.
— Non, c’est bon. »

Un silence gêné s’ensuivit. Aux grands maux, les grands remèdes. Je me levais.

« Est-ce que je peux utiliser la salle de bain?
— Bien sûr, intervint Jax. Première porte à gauche. »

Je m’engageais dans le couloir, ouvrit la porte et la refermait avec bruit. Toujours dans le couloir, je revins sur mes pas dans le plus grand silence, merci la moquette. Dans le salon, Jax et Sebastian se montraient plus loquaces qu’en ma présence.

« Elle te fait quelle impression? demanda Sebastian.
— Mitigée. Au début, elle avait l’air plutôt sympa… Mais euh… elle peut être cash…
— C’est à dire?
— Elle m’a demandé si elle devait t’empêcher de te camer ou de picoler. Ou si tu allais la harceler. En gros. »

Je glissais un oeil prudent pour observer les deux hommes. Sebastian était adossé au dossier du canapé. Il leva les bras pour se passer les mains sur le visage d’un air accablé. Son tee-shirt remonta de quelques centimètres, exposant son ventre nu. Je découvris que les abdos sculptés étaient actuellement couverts d’une douillette couche de gras. Je ne pouvais pas lui jeter la pierre. J’avais la même.

« C’est parfait, dit-il. Elle me prend pour un junkie qui va la peloter à la première occasion, soupira-t-il.
— Je ne suis pas sûr… Ecoute, sois le gars cool que je connais et elle va vite oublier ses préjugés, t’inquiète.
— Le problème, Jax, c’est que je ne suis pas le gars cool que tu connais en ce moment. »

De là où je me trouvais, je pouvais voir une petite veine qui palpitait sur sa tempe. Tendu, le Sebastian, en effet. Bon, pour une première séance d’espionnage, ça suffisait. Je revins à la salle de bain, fit un peu de bruit avec la porte et retournait au salon.

« Alors, tu as un problème avec les femmes au volant ou je peux conduire? » lançai-je.

Sebastian me regarda avec des yeux ronds.

 

***

 

Sebastian n’avait pas de problème avec les femmes au volant. Au contraire, je découvris vite qu’il préférait jouer les passagers, avachi dans son siège, un regard vide sur le paysage. Pour être honnête, je me préparai mentalement à me barber profondément les prochaines semaines, vu son peu de conversation. Je me motivai en me rappelant qu’une partie du tournage aurait lieu en Angleterre, un pays que j’aimais beaucoup. Je n’avais que trois semaines à tenir avant le départ. Le trajet se déroula dans un silence morose. Je pris note de mettre de la musique au retour. Je lui infligerai du Taylor Swift s’il le fallait mais j’allais dégeler l’atmosphère.

A l’accueil de la salle de sport, je fus témoin, pour la première fois, des réels talents d’acteur de Sebastian. A peine nous eûmes passé la porte qu’il se transfigura littéralement. Il salua l’hôtesse avec un sourire chaleureux en l’appelant par son prénom et lui demanda comment allait son petit ami. Ils discutèrent à bâtons rompus le temps qu’elle lui remette sa clé de casier.

Là, je dois dire que je me sentis vexée. D’autant plus qu’il ne prit même pas la peine de me présenter. Je fis un petit signe de la main à la jeune femme en passant devant son comptoir auquel elle répondit avec un brin d’hésitation. Sebastian, lui, continuait à dire bonjour à tout le monde. Il gratifia son coach d’une étreinte affectueuse avant d’être expédié aux vestiaires pour se changer. Je me retrouvai, disons-le, comme une conne, au milieu de personnes qui n’avaient pas la moindre idée de ce que je foutais là. Joie. Le coach finit par réagir et s’approcha de moi. La quarantaine très très en forme, il avait les cheveux bruns coupés ras qui lui donnaient un petit air militaire.

« Et tu es…? » commença-t-il.

Je tendis la main.

« Esmé. La nouvelle assistante invisible de Sebastian. Enchantée. »

Sa poignée de main manqua me déboiter l’épaule mais son sourire était chaleureux.

« Je vois. Sebastian m’a dit qu’il risquait d’être accompagné pour ses prochaines séances. Est-ce que tu veux profiter des machines? Sinon, le café d’en face est sympa. »

Je jetais un regard d’horreur pure sur les instruments de torture qui jalonnaient la salle. Plutôt mourir. Le café était tentant mais j’avisais un coin genre salle d’attente avec quelques sièges depuis lesquels je pourrais garder un oeil sur Sebastian.

« Ça ne pose pas de problème si je m’installe là?
— Pas du tout, fais comme chez toi. »

Je ne pensais pas réellement qu’il essaierait de me fausser compagnie mais j’étais surtout curieuse de le voir s’entrainer. Et interagir avec des êtres humains pour qui il faisait l’effort d’être sympathique… Je me posai donc sur un des fauteuils et sortis mon carnet et un crayon au cas où je m’ennuierais ferme.

Sebastian revint en short et tee-shirt et l’entrainement démarra. Au bout d’un quart d’heure, il avait gagné mon respect éternel. A sa place, j’aurais déjà été allongée par terre en train de cracher mes poumons. Le coach ne lui laissait pas une seconde de répit. Dans la bonne humeur, certes, mais je voyais bien que la cadence n’était pas prévue pour les débutants. Au demeurant, Sebastian n’avait pas un mot pour se plaindre. Il encaissait, transpirait et souffrait en silence. D’abord fascinée, je finis par me lasser un brin de la séance de torture. J’ouvris mon carnet et relus mes anciennes notes. Comme d’habitude, je corrigeai, gribouillai, réécris plusieurs phrases avant d’attaquer la suite de mon scénario. Car, oui, alors que la plupart des habitants de Los Angeles rêvait du devant de la scène, moi, je n’aspirais qu’à écrire une histoire du niveau de « Retour à Cliff View ».

Autant dire que ce n’était pas gagné.

Je continuai à noircir du papier entre deux machouillages de stylo quand je m’aperçus que quelqu’un se tenait debout devant moi. Le torse nu et luisant de sueur, Sebastian s’essuyait le visage avec son tee-shirt en tordant le cou pour voir ce que j’écrivais. Je plaquai les mains sur mon carnet.

« C’est perso! »

Je me maudis intérieurement du ton résolument revêche de ma voix. Seigneur, on aurait dit une ado chopée en train d’écrire son journal intime…

« Excuse-moi. Je voulais juste te dire que j’en avais encore pour un moment. J’ai droit à un massage pour me récompenser de mes efforts. 
— C’est mérité. Tu es impressionnant. »

Il haussa les épaules.

« J’ai l’habitude. »

Il tritura un instant son tee-shirt trempé.

« Je m’excuse de m’être comporté comme un connard en arrivant. Tu n’as pas à supporter mes sautes d’humeur.
— Pas de souci. Je comprends que la situation soit… délicate. »

Sur un demi-sourire, il fit demi-tour et se dirigea vers le fond de la salle. Lorsqu’il passa la porte, je réalisai que je ne l’avais pas lâché des yeux pendant tout son trajet. La façon dont ses muscles jouaient sous sa peau était… fascinante. Sans compter que, même avec un léger embonpoint, ses épaules carrées contrastaient admirablement avec sa taille. Au moment où je commençais à avoir des considérations inavouables sur son postérieur, je mis le holà à mes pensées licencieuses. Ce n’était pas DU TOUT professionnel. De plus, maintenant que je le connaissais et qu’il m’avait fait des excuses, me comporter comme s’il était juste un morceau de viande me paraissait totalement déplacé. J’essayai de reprendre le fil de mon histoire mais je n’avais plus tellement la tête à ça. Pour ne rien arranger, l’heure du déjeuner approchait à grand pas comme me le fit remarquer mon estomac.

Sebastian finit par revenir, massé et douché. A peine un pied hors de la salle, son visage se ferma à nouveau. Je ne lui laissai pas le temps de recommencer à faire la gueule.

« Où veux-tu aller manger? attaquai-je.
— Ça n’est pas noté dans l’emploi du temps? »

Sérieux? Je fouillais dans mon sac à la recherche de la tablette. En effet, l’horaire du déjeuner était noté à la minute près, ainsi que le nom du resto.

« Tu dois pouvoir trouver le menu de la semaine quelque part aussi. »

Il monta dans la voiture pendant que je me mettais péniblement à jour. Nombre de calories, protéines, lipides, glucides, tout était détaillé. Déprimant. Je m’installai derrière le volant, hésitai un instant à faire une réflexion, abandonnai l’idée. Je n’avais pas à avoir d’opinion sur la question après tout.

 

***

 

J’ai pris des frites.

Je vous jure que ce n’était pas de la provocation mais je mourrais de faim. Et, sur les autres tables, elles avaient vraiment l’air super bonnes.

En fait, elles l’étaient. En face de moi, Sebastian mangeait de la viande blanche grillée et de la salade. Pas de pain. Le pain, c’est le mal. Enfin, je crois parce que moi, j’en étais à mon troisième morceau. J’évaluai mentalement à quel point je serais garce de me goinfrer un brownie accompagné de sa glace à la vanille devant lui et son assiette de fruits. Ceci dit, il n’avait pas l’air particulièrement contrarié. Juste absent. Il avalait sa nourriture mécaniquement, comme un enfant sage à qui on dit de finir son assiette.

Ce type commençait doucement à me faire déprimer.

Une notification fit vibrer son portable, posé sur la table. L’air de rien, j’essayais de lire à l’envers de quoi il était question (oui, ma vie privé me tient à coeur mais pas celle des autres). Il jeta un coup d’oeil à l’écran et fourra son téléphone dans sa poche d’un air rageur avant que j’ai pu satisfaire ma curiosité déplacée. Zut.

« Mauvaise nouvelle? » demandai-je.

Il parut d’un coup redécouvrir ma présence.

« Non. Aucune importance. »

Rha! Par pitié Esmé trouve un truc pour le dégeler!

« Je tiens à te prévenir que, si ces silences embarrassants se poursuivent, je vais être obligée de sévir.
— Et tu penses faire quoi?
— Tu aimes Taylor Swift? »

Je le vis me regarder par en dessous, à la recherche d’une réponse. Je ne lui laissai pas le temps de la trouver.

« Parce que, que tu l’aimes ou pas, je vais mettre du Taylor Swift dans la voiture. Et chanter à tue-tête. Crois-moi Sebastian, je n’ai vraiment pas envie d’en arriver là. Et toi non plus, tu n’en as pas envie, je peux te l’assurer. »

Ses lèvres frémirent mais il ne sourit pas. Résistant, le bougre.

Je poussais mon assiette vers lui.

« Une frite? »

Cette fois, il s’accouda à la table et masqua sa bouche de sa main.

« Tu es censé me surveiller. Pas me pousser à bouffer, » grommela-t-il derrière ses doigts.

Mais une petite étincelle amusée piquetait maintenant le bleu de ses yeux.

« On est d’accord que je ne vais pas être très bonne dans ce domaine.
— Et tu es bonne dans quel domaine?
— Pas dans la chanson non plus.
— Mais encore? »

Je me tapotai la lèvre pensivement. Il me posait une colle avec sa question. En quoi étais-je  douée en fait?

« Je crains de devoir répondre que je ne suis pas bonne à grand chose. »

Cette fois, je réussis à décrocher un rire. Discret, mais un rire quand même. Il se passa une main sur la nuque, un reste de sourire sur les lèvres.

« Ça nous fait un point commun, dit-il. Même si je pense que tu te fiches de moi. »

Allons bon. C’était quoi ce petit ego tout abimé?

« Tu es un bon acteur, dis-je.
— Il parait. »

A nouveau, il m’opposait un visage neutre, un regard vide. Le moment de grâce était passé. Je ressortis la tablette de l’enfer de mon sac.

« Bon! Si je suis bien le programme, je dois te ramener à l’hôtel pour que tu puisses faire quelques longueurs de piscine. Ensuite, Jax revient pour te faire un topo sur une interview que tu dois donner demain et quartier libre avant le diner. »

Diner soigneusement programmé dans le dossier « Menus de la semaine » Erk.

Trois semaines avant le départ pour l’Angleterre. Trois.

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Edouard PArle
Posté le 10/11/2021
Coucou !
J'aime beaucoup la narratrice et son caractère du coup par ricochets l'histoire est très agréable à lire. J'aime bien le début de relation "froid" avec l'acteur et le premier petit moment de grâce est satisfaisant.
La franchise d'Esmé est vraiment géniale, c'est vraiment un trait de caractère que j'aimerais bien avoir dans certaines situations ^^
Quelques remarques :
"montrer professionnelle mais casual." italique pour casual vu que c'est un mot anglais ?
"même décapées, elles avaient l’air fatigué." -> fatiguées
"J’aurais du me douter" -> dû
"et la refermait" -> refermais / refermai
(oui, ma vie privé me tient à coeur mais pas celle des autres). xD
Un plaisir,
A bientôt !
Aliceetlescrayons
Posté le 10/11/2021
Coucou,
je dois avouer qu'avec Esmé, je suis dans un idéal de répartie que j'aimerais moi-même avoir :D C'est très plaisant à écrire. Ca risquerait de l'être moins avec mon entourage, surtout professionnel :D
Merci beaucoup pour tes remarques et pour ton commentaire ^^
A bientôt
Alice
Trisanna
Posté le 08/11/2021
Bonsoir !

Alors alors ! Esmé est géniale. J'espère que son côté un peu folle va se marquer davantage dans les prochains chapitres. Elle sera de toute façon plus sauvage que Sebastian qui est tout penaud. Je me demande bien ce qui peut le mettre dans un tel état. On dirait presque un fantôme.

Dans tous les cas, c'est un très bon chapitre qui se lit avec facilité. Bon travail ! ;)

Bien à toi,
Trisanna.
Aliceetlescrayons
Posté le 10/11/2021
Hello ^^
Esmé ne va pas se priver de mener Sebastian à la baguette mais elle a aussi des facettes moins dingo qui, je l'espère, se révèleront.
De même que le côté un peu plus rigolo de Seb ;p
A bientôt
Alice
Trisanna
Posté le 10/11/2021
J'ai vu, oui !
AnonymeErrant
Posté le 28/06/2021
Hello !

Voilà donc Sebastian ! Le garçon a l’air un tantinet… névrosé ? x). On compte sur Esmé pour bouleverser son planning si millimétré (j’admire les gens qui organisent tout… ou pas, vive la surprise). Avec son tempérament, et le contraste entre les deux protagonistes, les étincelles devraient faire plus d’une apparition ;-P

Les titres de tes chapitres ressemblent un peu à un journal de bord qu’Esmé aurait pu consigner, même si on suit en direct son aventure, et annoncent la couleur…

J’ai pas grand-chose d’intéressant à raconter, une fois encore, mais je m’installe dans l’arène et j’attends le duel xD
Aliceetlescrayons
Posté le 30/06/2021
Coucou,
ce n'est pas vraiment Sebastian qui organise tout. Le pauvre s'est surtout laissé dépasser par le système :D
Pour les titres, j'ai toujours du mal à en trouver. Mais là, je me suis laissée toute latitude dans le n'importe quoi et ça a l'air de marcher xD
VavaOmete
Posté le 25/06/2021
Coucou Alice !

J'aime vraiment cette nouvelle histoire ! <3 Esmée est magique !
Sebastian par contre a l'air d'avoir pris du plomb dans l'aile le pauvre... j'ai hâte de voir comme Esmée va le retaper (sans le taper XD)

Des bisous !
Aliceetlescrayons
Posté le 27/06/2021
Coucou!
promis, elle ne le tapera pas :D Mais elle risque de le secouer un peu ;p
Merci beaucoup d'être venue jeter un oeil <3
Bisous!
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