Alourdie par la honte, le cœur en marée noire
Engluée d’un dégoût gavant jusqu’à ma bouche
Les fantômes de mains qui m’assaillent le soir
La violence est de chair et c’est ma peau qu’elle touche
Mes lèvres sont scellées par ton pétrole vicieux
Liquide chaud et amer qui glisse dans mon sang
Et je ne respire plus, et il coule de mes yeux
Ce poison invisible qui te fait innocent
Car comment pourrais-tu, innocent, ne pas l’être ?
Leurs yeux qui t’appellent Ange seraient-ils tous crevés ?
Cette voix que j’élève qui fait de moi la traître
Mérite l’auréole comme potence assurée
Et pourtant, innocent, comment pourrais-tu l’être ?
Si tu l’es d’où me vient ce frisson coutumier
D’où me vient cette horreur que provoque ton paraître
Et la peur de tes gestes, et ce corps entaché?
Mais retiens mes paroles puisque tu fuis mes yeux
Je renonce à la honte et garde le mépris
Mon corps est encrassé par ton être vicieux
Mais mon âme reste propre quand la tienne est salie.