Théo passa la porte comme si la Troisième Guerre Mondiale avait éclaté et que ce bar était le dernier bunker où elle pouvait se réfugier. C'est du moins l'impression qu'en eut Raphaëlle depuis le bout de table où elle venait juste de s'installer. À part elle, d'ailleurs, personne ne prêta attention à cette énième arrivante qui s'était laissée surprendre par la pluie.
Théo n'avait rien du personnage dessiné sur son icône des réseaux sociaux ; une créature à la peau violette portant des lunettes de soleil sur ses trois paires d'yeux. Elle était, en revanche, restée très fidèle à l'image que Raphaëlle gardait d'elle depuis leur première et dernière rencontre. Ses cheveux avaient changé de longueur, mais à part ça, rien ne lui semblait bien différent.
Comme Théo se dandinait d'un pied sur l'autre en balayant la salle du regard, Raphaëlle leva une main timide pour lui signaler sa présence. Leurs regards se harponnèrent et Théo lui sourit en signe de reconnaissance avant d'entreprendre une traversée de la salle. Elle n'eut pas trop de mal à se frayer un passage jusqu'à la table : toutes les personnes qui croisaient sa route s'éloignaient prudemment de sa veste détrempée. Un drame pour Raphaëlle, qui n'aurait pas dit non à quelques minutes supplémentaires pour se préparer mentalement.
En arrivant à leur table, Théo souffla un bonsoir et profita d'être encore debout pour retirer sa veste en cuir noire dans une pirouette un peu maladroite. Raphaëlle comprit pourquoi en découvrant son bras droit encastré dans un plâtre. Elle eut juste le temps d'essuyer une dernière fois ses mains moites sur le pyjama de Jeanne avant que Théo ne prenne place en face d'elles. Les mots plein de charme et d'humour que Raph avait soigneusement répétés dans sa tête restèrent bloqués dans sa gorge. Elle se contenta donc d'observer muettement Théo qui clignait des yeux en dévisageant le bébé installé sur ses genoux. Sa mine décontenancée s'éclaira presque aussitôt d'un sourire.
— Salut à vous, lança-t-elle.
Le nœud qui empêchait Raph de parler se desserra légèrement, juste assez pour qu'elle articule faiblement :
— Salut. Désolée, j'aurais dû te prévenir. C'est trop bizarre.
— Oh non, ne t'en fais pas pour moi. Je ne m'y attendais pas, c'est clair, mais il n'y a pas de problème. Après tout, je ne t'ai pas prévenue pour mon plâtre.
La plaisanterie lui fit l'effet d'un bain chaud et Raph sentit les muscles de son dos se détendre un à un. C'était Théo, tout allait bien se passer.
— On est quitte, alors ? s'enquit-elle avec un sourire dans la voix.
— Absolument.
Sur ce, Théo agita doucement la main vers Jeanne pour lui dire bonjour.
— Et à qui ai-je l'honneur ?
— Elle s'appelle Jeanne.
— Salut, Jeanne.
La petite chantonna une exclamation en entendant son prénom.
— Tu ne m'avais jamais dit que tu avais une fille. T'es pas mariée aussi, j'esp...
— Ce n'est pas ma fille, corrigea-t-elle précipitamment.
— Ah, pardon, je trouvais qu'elle te ressemblait, c'est pour ça. Je n'aurais pas du faire de raccourci…
— Non, en fait, tu n'as pas tout à fait tort : c'est ma nièce. Mes parents disent aussi qu'elle me ressemble, mais en vérité, c'est surtout le portrait craché d'Emma. Sa maman.
Qui est morte. Non. Elle n'y arrivait pas. Pas grave, Raph, respire. Peut-être parce qu'elle avait perçu son léger malaise, Théo lâcha sans transition :
— J'aime bien ton piercing.
Raph n'était pas préparée à ce genre de fourberie et balbutia un remerciement en effleurant du bout des doigts l'anneau qui décorait son septum. C'est vrai qu'elle ne l'avait pas encore la fois où elles s'étaient vues. Elle qui avait tellement flippé au moment de se faire percer, voilà qu'elle en oubliait l'existence la plupart du temps. Pas comme Emma qui passait son temps à tripoter celui qu'elle s'était fait poser au-dessus du sourcil. Le mouvement de Théo qui se levait la tira de ses souvenirs dans un sursaut un peu paniqué. Est-ce qu'elle s'en allait ?
— Je te prends quoi ? s'enquit Théo, sa main valide à plat sur la table.
Ah, elle allait juste leur chercher à boire. S'efforçant d'ignorer son sentiment de stupidité, Raph balbutia sans réfléchir :
— Un Coca, s'il-te-plaît. Merci.
Tandis qu'elle suivait distraitement Théo des yeux, un éclat de rire général explosa autour de la table voisine. Ce fut trop pour Jeanne donc le petit corps s'agita de sanglots effrayés. Raph la tourna aussitôt vers elle et chercha son regard pour la rassurer.
— Je suis là. Regarde, tout va bien, je suis là.
Le son de sa voix calma Jeanne pendant un quart de seconde, puis elle se mit à chouiner pour de bon. Bien sûr, la moitié des personnes assises non loin se tournèrent vers elles, intriguées plus qu'autre chose. Raph sentit son visage devenir aussi rouge que celui de Jeanne. Qu'est-ce qui lui avait pris d'emmener un bébé dans un bar comme ça ? Personne ne faisait ça, et c'était pour une bonne raison. Pourquoi diable est-ce que Daya l'avait encouragée dans cette folie ? C'était sûrement la faute du cidre qu'elles s'étaient enfilé toute la soirée, Raph ne voyait que ça. Certes, il aurait été hors de question de faire garder Jeanne aussi prématurément, mais elle aurait pu tout simplement annuler ce rendez-vous absurde. Et Daya qui prétendait qu'au moins, avec un bébé, Raph ne se ferait pas embarquer pour un coup d'un soir… C'était ridicule, Théo n'était pas comme ça. Pff, qu'est-ce qu'elle en savait ? Ce n'était sûrement pas les occasions qui lui manquaient. N'empêche, si à cause de cette soirée, Théo faisait une croix sur elle, Raph s'en mordrait les doigts bien fort.
— Hey, tout va bien ?
Le retour de Théo, leurs deux verres calés au mieux entre son plâtre et sa main droite, accomplit le miracle d'apaiser aussi bien Raphaëlle que Jeanne. C'était surtout le miroitement des boissons qui semblaient fasciner la petite. Dès que Théo eut prudemment déposé les verres sur la table, Jeanne se contorsionna pour tendre ses mains potelées dans leur direction.
— Elle n'est pas prête de dormir, on dirait, commenta Théo en se rasseyant.
Histoire de s'éviter une réponse, Raph attrapa son verre de soda et le porta à ses lèvres sous le regard envieux de Jeanne. La première gorgée réveilla tellement sa soif qu'elle vida son verre d'une seule traite et le reposa sur la table à bonne distance de Jeanne. Théo prit à son tour une gorgée de ce qui ressemblait fort à de la bière. Jeanne fit mine de vouloir y goûter et Théo réagit avant Raph :
— Tiens, regarde plutôt ça, proposa-t-elle à Jeanne en lui tendant son avant-bras plâtré.
Après une seconde d'hésitation, les deux menottes vinrent tâter cette drôle de chose. Raph retint son souffle, s'attendant à moitié à ce que Jeanne éclate brusquement en sanglots. Mais elle semblait satisfaite de triturer le plâtre, et parfois aussi les doigts qui en dépassaient et que Théo agitait sous son nez. Tout en restant aux aguets, Raph décida de profiter de cette accalmie.
— Alors, raconte un peu, demanda-t-elle en désignant le nouveau jouet de la petite. Qu'est-ce qui t'est arrivé ?
— Petit accident de randonnée.
— Comment t'as fait ? Tu as eu vraiment mal ? Je ne me suis jamais rien cassé, je n'arrive pas à imaginer.
— Ah, je te raconte l'histoire dans les détails, alors ?
— Fais-moi rêver, acquiesça Raphaëlle.
Théo ne se fit pas prier et commença son récit au tout début, à savoir une sombre histoire de chaussures de marche trop grandes. Tout en parlant, elle buvait sa bière à petites gorgées espacées et se massait distraitement la mâchoire quand elle cherchait ses mots. Elle arrivait à la conclusion de son histoire quand un semblant de dispute transperça le brouhaha de la salle. Une chaise tomba bruyamment sur le sol et comme la moitié des personnes présentes, Théo tendit le cou pour voir ce qu'il se passait. Inquiète de la réaction de Jeanne, Raph fit à nouveau pivoter la petite vers elle. Elle la découvrit sans surprise en train de sangloter, la bouche en porte-manteaux. De son côté, Théo fit remarquer que la situation avait l'air de s'arranger. Tout le monde était d'ailleurs arrivé aux mêmes conclusions et la nappe sonore du bar se reconstituait déjà. Mais malgré les caresses et les supplications chuchotées de Raphaëlle, Jeanne ne se calmait pas. Entre ses cris, les regards en coin des tables voisines, l'air penaud de Théo et la migraine qui commençait à lui comprimer les tempes, Raph ne voyait qu'une issue. Elle se leva et s'excusa auprès de Théo en lui demandant si elle voulait bien surveiller ses affaires. Puis sans attendre la réponse, elle prit le chemin le plus court vers la sortie en serrant Jeanne contre elle.
Elle trouva un coin sous la grande tonnelle du bar, à distance raisonnable du nuage étouffant des fumeurs et plus ou moins l'abri de la pluie qui tombait toujours. L'air glacé de la nuit passait à travers les mailles de son gilet, Jeanne continuait de brailler dans ses oreilles, mais au moins elle n'avait plus l'impression de se donner en spectacle. Qu'est-ce qu'elle foutait là ? Piétinant sur place, à moitié pour calmer Jeanne et à moitié pour se réchauffer, Raph serrait les lèvres pour ne pas se mettre à pleurer aussi.
Elle n'avait aucune idée du temps qu'elle avait passé là quand une silhouette apparut dans son champ de vision. Un frisson la saisit en reconnaissant Théo, vêtue de sa veste noire et qui tenait les affaires de Raphaëlle à son bras. Et voilà, c'était fini. Elle avait tout gâché en voulant précipiter les choses. Théo allait enfin s'échapper de ce guet-apens et elle ne voudrait plus rien avoir à faire avec elle. Comment avait-elle pu croire, ne serait-ce qu'une seconde, que tout se passerait comme elle le voulait ? Elle ne pouvait pas tout avoir, et elle avait déjà choisi Jeanne.
Sans rien dire, Théo vint doucement déposer le manteau de Raphaëlle sur ses épaules, mais garda son sac en bandoulière. Tout en essayant de faire abstraction des braillements de Jeanne qui se tortillait dans ses bras, Raph guetta nerveusement le moment où Théo lui rendrait son sac en annonçant qu'elle devait rentrer. Au lieu de ça, elle l'entendit déclarer le plus naturellement du monde :
— Quand je regarde la pluie comme ça, je pense toujours à la chanson dans Bambi.
— Connais pas, répondit Raph comme un automate.
— Mais si, tu sais, le bébé cerf, avec le lapin et tout.
— Bien sûr que je connais Bambi ! se défendit-elle. Je n'ai juste jamais vu le dessin animé.
Théo avait l'air surpris, mais ne fit aucun commentaire. Raphaëlle reprit d'un ton plus détendu :
— On n'était pas très Disney dans la famille. Je suis désespérément inculte, comme tu peux le voir.
— Je t'aiderai à y remédier, si tu veux, histoire de sauver ton âme.
Théo se mit à danser d'un pied sur l'autre pour se réchauffer. Si la tonnelle les protégeait à moitié des gouttes, elle ne servait à rien contre le vent nocturne qui soufflait par bourrasques. Jeanne, Théo, et cette pluie qui n'arrêtait pas de tambouriner sur le store. Raphaëlle n'arrivait plus à penser correctement. N'y tenant plus, elle lâcha :
— Tu peux partir si tu veux, je ne te retiens pas. Tu as sûrement des choses plus intéressantes à faire que d'attendre sous la pluie avec un bébé qui n'arrête pas de pleurer.
Théo cessa de gesticuler et haussa les épaules.
— Pas vraiment, non. De toute façon, je ne peux pas rentrer chez moi pour l'instant. Mon frère a invité sa copine à notre appart, je suis censée attendre son feu vert pour me pointer. Je ne voudrais pas les interrompre en pleine action, si tu vois ce que je veux dire.
En d'autres circonstances, Raphaëlle aurait adoré soutenir le regard de Théo, mais ce n'était pas vraiment le moment de s'échanger des coups d'œil chargés de sous-entendus. Théo dut le sentir aussi, parce qu'elle enchaîna d'un ton bien plus innocent :
— Et puis, j'aime bien être là avec toi. C'est cool.
Manque de pot, cette remarque ne laissa pas Raph aussi indifférente qu'elle l'aurait souhaité. S'efforçant d'ignorer les picotements qui lui chatouillaient la nuque, elle s'arma de courage et lança :
— Je connais un endroit beaucoup plus calme, pas très loin d'ici. Ça te dit de se poser là-bas le temps que ton frère te sonne ?
Théo se fendit d'un large sourire. C'était décidé. Avant de partir, Raphaëlle lui fit ouvrir son sac dont elle extirpa une petite couverture en polaire, la peluche-chien de Jeanne et sa sucette pour bébé. Par bonheur, Jeanne arrêta de hurler quand elle eut enfourné sa tétine. Avec l'aide maladroite de Théo qui manqua de l'assommer avec son plâtre, Raph enroula sa nièce dans la couverture et cala le doudou près de son visage. Plutôt que d'enfiler son manteau alors qu'elle tenait Jeanne dans ses bras, elle proposa à Théo de le tenir au-dessus d'elles pour mieux les protéger de la pluie. Blotties toutes les trois sous ce grand chaperon, elles s'élancèrent cahin-caha dans la nuit.
Il ne fallut pas longtemps à Raphaëlle pour réaliser que leur parapluie improvisé laissait à désirer, tout son côté gauche était déjà trempé. En revanche, cette proximité chaotique avec Théo ne lui déplaisait pas. Au lieu d'une vulgaire marche rapide sous une averse printanière, Raph eut l'impression de vivre une aventure épique et exaltante sur les trottoirs sans merci d'une ville assaillie par la pluie. Il y avait des flaques impossibles à contourner, des parapluies énormes que les gens semblaient ouvrir davantage pour empêcher les autres de doubler que pour éviter de se mouiller, et aussi des gouttières, qui ne se contentaient pas de goutter mais déversaient de véritables chutes d'eau sur leurs têtes.
C'est rendues fébriles par la marche et une hilarité contagieuse qu'elles atteignirent le seuil illuminé du bistrot. Théo poussa la porte et elles s'engouffrèrent à l'intérieur. Raph baissa aussitôt le nez vers Jeanne, enfouie dans son giron.
— Elle dort ? demanda Théo en accrochant leurs deux vestes dégoulinantes à un porte-manteaux.
— Non, pas encore.
Cela dit, à en juger par son regard absent et sa façon de téter paresseusement sa sucette, le trajet l'avait rendue quelque peu somnolente. Raph remarqua du même coup la disparition de la peluche-chien. Elle en fit part à Théo qui fit tout de suite mine de remettre sa veste pour partir à sa recherche.
— C'est pas la peine, assura-t-elle en lui attrapant la main. Il fait nuit, tu ne vas jamais le retrouver. Et puis Jeanne en a plein d'autres, de toute façon.
Elle aurait bien prolongé l'air de rien ce contact physique improvisé, mais Jeanne était déjà en train de lui glisser des bras. Elle lâcha la main de Théo qui n'insista pas, et elles partirent en quête d'un coin où s'installer pour la suite de la soirée. Elles ne tardèrent pas à débusquer un canapé en vieux cuir qui leur tendait les accoudoirs depuis une alcôve aux murs recouverts d'affiches. Raph s'y installa bien confortablement pendant que Théo partait leur chercher à boire et à manger. Elle profita de son absence pour murmurer des paroles réconfortantes à Jeanne, la suppliant gentiment de s'endormir sans faire d'histoires. Quand Théo réapparut, elle s'assit juste à côté d'elle, si proche que Raph sentit comme un courant électrique remonter le long de sa colonne vertébrale.
— Dis-moi, Raph, t'as déjà été amoureuse ?
Elle faillit s'étranger avec sa frite et parvint de justesse à l'avaler sans cracher ses poumons. Histoire de reprendre contenance, elle s'accorda une gorgée de limonade.
— Et Edward Cullen, ça ne compte pas, ajouta Théo d'un air entendu.
— Tu sais parfaitement que ce n'est pas mon préféré, la gronda Raphaëlle.
— Bien sûr que je le sais. Bon alors, c'est si difficile comme question ?
Il fallait croire que oui. Après tout, Raph n'avait pas discuté de ce genre de choses avec qui que ce soit depuis un bon bout de temps. Enfin, si on oubliait l'interrogatoire que Daya lui avait fait subir la veille au sujet de Théo. La dernière fois, c'était sûrement avec Emma, quand elles avaient reparlé de Ronan. C'était peu de temps avant son accouchement, mais pour honnête, Raph se rappelait à peine leur conversation, si ce n'est la façon dont elle s'était terminée.
— On peut aussi changer de sujet, si tu préfères, glissa Théo.
— Ah ! Non, t'inquiète. En fait, j'ai été avec un gars, il y a longtemps, et j'avoue que je n'en garde pas un souvenir très… amoureux. Mais ce n'était pas trop mal, pour une première relation. Et puis voilà, depuis j'ai rencontré quelques filles par-ci par-là, mais ça n'a jamais mené à grand-chose, sentimentalement parlant.
— Et sexuellement ?
Un rire gêné lui échappa qu'elle décida de noyer à grandes gorgées de soda. Après avoir manqué de s'étouffer pour la deuxième fois en cinq minutes, Raphaëlle se râcla un peu la gorge et opta pour une contre-attaque :
— Et toi ? T'as dû sortir avec un tas de gens, non ?
Pouvait-on faire plus désespérée ? Rien n'était moins sûr.
— J'espère que tu vois ça comme un compliment, glissa Théo sans cacher son amusement.
Le regard de Raph se réfugia au fond du verre vide qu'elle faisait jouer entre ses mains. Étonnamment, l'intonation de Théo se fit presque sérieuse :
— Pour tout te dire, pas vraiment. Pas du tout même. Je n'ai eu que deux vraies relations, et la dernière remonte à presque un an.
— Tu as quand même eu des « fausses relations » entre temps, alors ? s'entêta Raphaëlle.
— Oh, je t'assure qu'elles étaient bien réelles, se targua Théo avec un petit sourire satisfait.
La nonchalance lui seyait beaucoup trop bien, c'en était presque indécent.
— On n'est vraiment pas au même niveau, se désola Raphaëlle dans un éclair de lucidité.
— Alors ça, s'esclaffa Théo en passant un bras par-dessus son épaule, c'est la chose la plus débile que je t'ai jamais entendue dire. Et pourtant, on s'en est racontées, toi et moi, des débilités.
Impossible de dire le temps qu'elles passèrent à discuter dans leur coin. Raph aurait même été incapable de savoir à partir de quand Jeanne s'était endormie pour de bon. Elle se souvenait d'avoir étouffé un bâillement dans son épaule, Théo s'était esclaffée et lui avait proposé de rentrer. Raph avait refusé sans aucune hésitation. Elle ne s'était pas sentie aussi bien depuis ce qui lui semblait une éternité. La seconde suivante, elle réalisait vaguement qu'on lui tapotait le genou.
— Debout, Cendrillon, murmura Théo. C'est l'heure de rentrer chez toi.
Se rappelant où elle était, Raphaëlle releva la tête qu'elle avait laissé tomber sur l'épaule de Théo. Oh non, faites qu'elle ne lui ait pas bavé dessus. Honteuse de s'être assoupie, elle osa à peine croiser son regard. Elle sortit son téléphone pour se réserver un Uber : son carrosse serait devant le bar dans une dizaine de minutes. Tout en l'aidant à sortir du canapé sans réveiller Jeanne, Théo s'excusa de l'avoir gardée aussi tard. Raph la rassura aussitôt, lui promettant que la prochaine fois, elle ne ferait pas la sieste au beau milieu de la soirée.
Quand Raphaëlle prit place sur la banquette arrière de la voiture, des bribes de leur rendez-vous valsaient encore allègrement sous son crâne. Alors qu'elle se perdait dans la contemplation des gouttes de pluie qui dégringolaient sur la vitre, son portable vibra dans sa poche. Théo lui souhaitait une bonne nuit, avec en prime un émoji. Elle lui renvoya la pareille du bout du pouce et reprit avec un sourire sa contemplation muette des gouttelettes. Entre deux feux rouges, elle songea que Daya avait surtout eu raison sur un point : n'eût-été la présence de Jeanne, cette soirée ne serait peut-être pas restée aussi bon enfant.
Les derniers mystères se lèvent dans ce chapitre, on y apprend que c'est la soeur qui est morte. Je pense que c'est pendant l'accouchement. Je ne pense pas qu'il soit très intéressant d'omettre cette réalité durant deux chapitres. J'ai vraiment cru que c'était la copine et je ne comprends pas pourquoi cette fausse piste et ce flou. Je l'aurais mieux comprise si on avait voulu me faire douter sur le fait qu'elle soit la vraie mère et découvrir qu'en fait non, ce qu'on ressent au tout départ en fait. Ca c'était sympas.
J'aime certaines de tes expressions, j'ai noté : l'effet d'un bain chaud, pour la plaisanterie, qui m'a fait sourire d'ailleurs.
- s'il-te-plaît (sans tirets)
Pas de bébés dans un bar ! Ca dépend de l'heure, mais je vois souvent de jeunes mères avec des bébés (mais c'est tôt dans la soirée, j'avoue)
- Elle faillit s'étranger avec sa frite (étrangler)
En tout cas, l'ambiance est toujours aussi tendre, douloureuse mais tendre. La relation avec Théo est réconfortante. J'ai envie que ça colle entre elles.
A bientôt
Merci merci pour ton retour, les petites coquilles.
Comme je disais, je suis d'accord que le flou sur l'identité d'Emma n'est pas si intéressant (mais je note le bon point sur le suspense du statut de Raph vis-à-vis de Jeanne dans le premier chapitre, je le garderai :)
Le bébé dans le bar le soir, c'est sûr que ça dépend en fait beaucoup de l'endroit ! Et d'ailleurs quand elles se déplacent ailleurs, Jeanne vit cette petite sortie beaucoup mieux.
A une prochaine fois j'espère :)
Très, très chouette de lire une scène où un perso gère un bébé mais où le love-interest est bienveillant, attentionné... Et puis avec des discussions intimes mais jamais intrusives.
A très vite !
J'allais partir dans des grandes phrases sur la place du love-interest VS le bébé dans le roman mais je risque de faire du spoiler par inadvertance donc je ne dis rien haha
Merci merci, à la prochaine !
Je viens de lire les deux chapitres d’une traite :3
Je dois dire qu’au global je trouve Raph très attachante et ton écriture très sensible. Jeanne est mimi et en même temps on comprend bien que c’est compliqué de s’occuper d’elle. Je n’ai pas trouvé ça trop melo donc c’est un bon point parce que c’est assez compliqué de doser je trouve.
Je pensais que Théo était un garçon au début au vu de son prénom mais du coup on comprend que c’est une fille x) Pour moi ça ne rend que les choses plus rattachables ! Je l’ai trouvé très prévenante mais aussi assez « straightforward » (j’arrive pas à retrouver le mot en français désolée… ) enfin au moins ça avancera vite x) En tout cas ça m’a donné envie de lire la suite !
J’ai juste tique sur l’allaitement de Jeanne mais je ne pense pas que ce soit la peine de t’embêter avec ça x)
A bientôt !
Mercii ton commentaire me fait super plaisir, surtout le fait que Raph soit attachante parce que c'est un point qui me fait pas mal douter ces derniers temps x)
Ouais Théo est assez straight-forward, mais en même temps elle est aussi du genre à laisser passer pas mal de trucs, enfin bref, cool qu'elle t'ait plu :)
Haha Nan mais maintenant que t'as mentionné unt truc avec l'allaitement de Jeanne je me demande trop ce que c'est XD XD
Merci encore pour ton comm, à bientôt peut-être ^-^
Tu vois c'est vraiment du pinaillage x)
J'ai été surprise que Théo devine tout de suite que Raph n'est pas la mère du bébé : apparemment elles ne se sont pas vues depuis longtemps, et qui d'autre qu'une mère amènerait un bébé de 6mois à un rendez-vous ?
La pauvre Raph a l'air bien dépassée avec le petit bout de chou, et Théo est une bouffée d'air, en plus de bien savoir gérer la situation ! bravo Théo !
La baston dans le bar et le groupe ont attiré mon attention beaucoup plus que ça aurait du :O
Sous la pluie, j'ai cru que Théo allait chanter, ça aurait été so romantic (et un peu gênant peut-être ? Je ne connais pas la chanson dont elle parle) Je me rappelle qu'il y avait déjà un bail d'inculte à Disney dans l'ancienne version, haha !
J'ai aussi cru que Raph allait inviter Théo chez elle ! C'était l'occaz parfaite, en plus d'être plus simple avec la petite. La prochaine fois qui sait~ <3
Yesss j'ai décidé de speed up leur relation, parce que bon, les émois secrets c'est bien, mais elles ont pas quatorze ans huhuhu Cela dit, c'est vrai que Raph pousse pas l'audace jusqu'à l'inviter chez elle haha (se faire potentiellement recaler après cette proposition là lui aurait faire perdre toute sa confiance en elle je pense XD)
Ooooh c'est pas bête que la première hypothèse de Théo soit qu'elle soit la maman !! Je suis trop pris dans mon histoire, j'y avais même pas pensé alors que bon, en plus elle a 27 ans, et logiquement la petite lui ressemble un minimum, donc c'est pas si invraisemblable quoi, je vais essayer de rajouter un bout de phrase !
Hehehehe la baston n'est qu'un prétexte, mais ton commentaire me donne trop envie d'imaginer un cross over avec la team de KEM qui met le bazar dans le bar kukukukukuku (même si bon, la plupart serait encore enfants dans cette temporalité mdr, osef)
Hehe ouais, j'ai gardé la petite réf Disney (qui n'était pas exactement la même mais well done pour t'en être souvenue !), et non, Théo va pas se mettre à chanter, elle serait plus du genre à danser sous la pluie, je dirais, huhu
Ooooh oui, la prochaine fois, la prochaine fois... ta patience sera récompensée, je te le promets !
Merci pour ce giga commentaire du feu des déesses <3
Le chapitre est beaucoup plus léger que le précédent, même si bon, il y a un moment où ça se passe un peu moins bien, ça montre juste à quel point Théo est grave cool, et ça donne vraiment envie que ça se passe bien entre elles deux, même si bon, avec un bébé et un décès récent, ça risque de ne pas être si facile que ça ^^' Personnellement, j'ai pour le moment beaucoup d'affection pour les persos et ça donne envie de suivre leurs aventures et de voir comment la relation entre Raph et Théo va évoluer ! =D
Bon courage avec la suite !
Ouaaaais, on peut dire que Raph a pas mal paniqué sur ce coup là hahaha, heureusement qu'en face c'est Théo qui, en plus d'être une personne bien, évidemment, est surtout dotée d'un incroyable sens de l'adaptation x)
Ah, je suis content de ton retour, c'était mon intention de faire coïncider l'apparition de Théo dans le roman avec une atmosphère plus légère (qui aura ses petits à-coups, of course), et puis de donner envie de les revoir interagir et tout, donc trop cool huhu
Merci encore pour ta lecture et tes retours, c'est très chouette ^-^