Dès qu’Alexandre rentra dans la cours de récréation, il poussa un cri de joie.
« Il y a des fleurs ! »
Sans porter plus d’attentions aux autres camarades, il se précipita vers elle. La cours de récréation comportait une partie pour apprendre aux enfants à jardiner, néanmoins en ce début d’année, tout était en friche. Seul restait des coquelicots, tremblant d’un rouge vif sous les pas de course des enfants. D’autres enfants remarquant qu’Alexandre s’était précipité, ils le suivirent en pensant que quelque chose d’incroyable s’était produit sous leurs yeux. Mais là où Alexandre était fasciné par la couleur fripée des petites fleurs, les autres garçons le regardèrent avec un air déçu :
« Pfft, ce ne sont que des coquelicot ! C’est un truc de fille, ça !
– Pourquoi c’est un truc de fille ? S’indigna Alexandre, blessé dans son honneur de petit enfant.
– Parce que les fleurs, ce sont des trucs de fille ! C’est tout petit et tout fragile, comme elles ! C’est nul ! »
Surpris, voyant le regard agressif de l’autre enfant, il eut presque envie de pleurer. Mais il savait que s’il s’effondrait dès maintenant, il était fini. Il imagina ce que son pama aurait pu répondre et prit tout son courage à deux mains en s’écriant :
« Je ne vois pas en quoi une fleur c’est fragile ! Les coquelicots, d’abord, ce sont les tombes des coccinelles qui sont tombées au combat !
– Qu’est-ce que tu dis ? C’est n’importe quoi !
– Si ! Insista Alexandre, se raccrochant à ce qu’il pouvait pour ne pas laisser ses larmes couler. Les insectes entre eux, ils font de grosses guerres, et les coccinelles, ce sont les plus grandes combattantes. Elles pourraient même s’attaquer à des grenouilles ! Alors, quand elles meurent, elles deviennent des coquelicot, parce qu’elles ont été si courageuse et si forte qu’il faut que tout le monde le voit.
– Et pourquoi ce serait vrai, ton histoire ? Demanda un autre gamin, suspicieux.
– Parce que… Parce que les coquelicots sont rouge ! S’écria Alexandre. C’est la couleur du sang et de la guerre. Et c’est aussi la couleur des coccinelles ! Alors, c’est la preuve que j’ai raison ! »
A sa grande surprise, les autres enfants regardèrent les coquelicots avec plus d’attention. Tremblant, il attendit qu’on lui réponde pour savoir ce qu’il allait devenir. Il s’imaginait déjà se cacher dans les toilettes en pleurant et essayer de s’enfuir de l’école, quand un petit garçon poussa un cri strident :
« C’est vrai ! C’est vrai, il a raison, je vois une coccinelle au pied du coquelicot !
– Sérieux ? Moi aussi, je veux voir ! Pousse toi ! »
Tous les enfants qui avaient écouté la plaidoirie passionnée d’Alexandre se précipitèrent pour observer les coquelicots qu’ils avaient boudés quelques minutes auparavant. Surpris et soulagé, Alex voulu s’éloigner un peu pour respirer, quand il se fit bloquer par le même garçon au regard agressif.
« Moi, j’y crois pas, à ce que tu as dit ! Et les histoires, c’est aussi un truc de fille !
– C’est pas vrai ! S’écria Alexandre, en colère. C’est pas parce que tu ne sais pas raconter d’histoire que c’est interdit aux garçons !
– Répète ça ! Cria le garçon, encore plus énervé. »
Alors qu’Alexandre allait répéter, et que les autres enfants quittaient les coquelicots pour observer la bagarre avec un regard avide, un maître intervint avec un air réprobateur.
« Ah non, vous n’allez pas vous disputer dès le premier jour ! Rejoignez vos classes, l’école va commencer ! »
Forcé au silence, Alexandre se rappela la promesse qu’il avait fait à son pama et se tut immédiatement. Vexé d’avoir été surpris, son interlocuteur avait désormais lui aussi les larmes aux yeux. Il aurait aimé s’en moquer, mais il préféra s’éloigner. Déçu de ne pas s’être fait un premier allié à l’école, mais un premier ennemi, il retrouva la maîtresse que ses parents lui avaient présenté lors de l’inscription à l’école et la suivi jusque dans la salle de classe.
« Très bien, les enfants ! Déjà, je tiens à vous rappeler que vous êtes maintenant en CP, et que donc, vous n’êtes plus des bébés ! Il va falloir maintenant travailler comme des grands.
– On va faire quoi en classe, maîtresse ? Demanda une petite fille au premier rang.
– Cette année, on va apprendre tous ensemble à lire et à écrire ! Bientôt, vous saurez lire des livres tout seul, comme des grands.
– C’est tout ? Continua la petite fille. »
Pour toute réponse, la maîtresse se prit à rire.
« Je ne vais pas tout vous dire dans le détail, vous verrez bien quand on y sera ! Tout d’abord, afin qu’on apprenne tous à se connaître, j’aimerais que chacun se présente à la classe. On va passer dans l’ordre alphabétique. Vous le connaissez, les enfants ?
– Oui ! Lui répondit un chœur d’élève.
– Très bien, alors, la première lettre, c’est ?
– A, répondit a nouveau tous les élèves. »
A l’entente de la lettre, Alexandre se leva de sa chaise. Les autres enfants, surpris, chuchotèrent entre eux, si bien que la maîtresse du réclamer le silence. A son encontre, elle demanda :
« Pourquoi tu te lèves ? Quelque chose ne va pas ?
– Non, répondit Alexandre, c’est juste que c’est moi qui vais me présenter en premier.
– Oh ? Comment tu t’appelles ?
– Alexandre.
– Et bien, tout le monde, on applaudit le courage d’Alexandre ! Tu viens au tableau ? »
Il entendit ses camarades l’applaudir et il repensa aux soirées contes et aux applaudissement que pouvait recevoir ses parents dans leur travail. Grisé, il se dirigea vers le tableau, rempli de fierté. Mais quand il fit face à tous ces yeux qui le fixaient avec interrogation, il se décomposa. Il n’avait aucune idée de ce qu’il pouvait dire. Dansant d’un pied sur l’autre, il regarda la maîtresse en espérant que celle ci pourrait le sauver. Compréhensive, elle lui demanda :
« Alors, dis nous fort comment tu t’appelles !
– Je… Je m’appelle Alexandre ! Cria le petit garçon.
– Pas si fort, pas si fort, répliqua la maîtresse en souriant. Quel âge tu as, Alexandre ?
– J’ai 5 ans. »
A l’annonce de son âge, les autres enfants chuchotèrent entre eux. Une fille fini par lever la main en disant :
« Il ne faut pas avoir six ans, pour rentrer au CP ?
– Séléna, c’est bien que tu lèves la main, mais attends que je te donne la parole avant de parler ! »
N’ayant pas répondu à la question de l’élève, et n’étant pas au courant d’être plus petit que la majorité de ses camarades, Alexandre se sentit perdre pied. Beaucoup d’émotions se bousculaient dans sa tête et il ne trouvait pas le moyen de les exprimer sans se mettre à pleurer. Se mordant la joue pour ne pas que ça arrive, il regarda à nouveau la maîtresse avec désespoir. Elle répondit alors :
« Non, il ne faut pas avoir forcément six ans pour rentrer au CP. Il y en a parmi vous qui sont plus petit, ou plus grand, et ça ne dérange personne. Toi, Alexandre, tu es né en fin d’année, c’est ça ?
– Oui ! Récupérant la perche lancée par la maîtresse. Je suis né le six décembre. J’aurais six ans ce jour là.
– Est-ce qu’il y a des enfants qui sont né plus tard dans le mois de décembre ? Demanda la maîtresse à la classe. »
Même après une longue attente laissée à la réflexion, personne ne lui répondit. Par réflexe, Alexandre recula.
« Et bien, Alexandre ! Reprit la maîtresse. Il semblerait que tu sois le plus jeune de la classe, cette année !
– D’a… d’accord !
– Et dis moi, alors… Est-ce que tu as des frères et sœurs ?
– Non…
– Tu as des animaux de compagnie ?
– Non plus.
– Et tes parents, qu’est-ce qu’ils font, dans la vie ?
– Mon papa, il donne des cours de danse ! S’exclama Alexandre, fier de pouvoir parler de son père.
– Oh vraiment ? S’étonna la maîtresse. »
Voyant qu’une enfant levait la main, elle la laissa parler.
« Mais la danse, c’est un truc de fille ! »
En entendant à nouveau cette phrase, le petit garçon eut envie de pleurer à nouveau. Il en avait déjà assez de l’école. Il voulait voir ses parents, danser avec eux et entendre son pama lui raconter des histoires. Mais se rappelant qu’il avait promis d’être sage, il répondit :
« Non, c’est pas un truc de fille ! Mon papa, il fait de la danse où on tape des pieds très fort pour accompagner la musique. Parce que mon papa, il est irlandais, et là bas, tous les irlandais font ça ! Et même que les irlandais qui ne le font pas, ce ne sont pas de vrais irlandais et ce ne sont pas de vrais garçons non plus ! Alors mon papa, il fait pas un truc de fille !
– Oh, c’est bien, Alexandre ! S’écria la maîtresse. Est-ce que vous savez où c’est, l’Irlande, les enfants ? »
Aucun élève ne lui répondit. Alexandre, pour reprendre contenance, assura :
« Moi, je sais où c’est.
– Oh ? Tu pourrais me montrer sur la carte ? »
La maîtresse montra la grosse mappemonde murale accrochée sur le mur et pendant un instant, il eut peur de se tromper. Mais William était un homme fier de ses origine, et s’il lui avait montré très souvent quelque chose, c’était où se trouvait la France, l’Irlande et bien d’autres pays où lui et son compagnon avait pu aller. Se rappelant donc où le doigt pointait sur la carte, Alex pointa très grossièrement l’endroit qui lui semblait être l’Irlande du nord. Charlie, pour l’aider à se rappeler, lui avait un jour raconté l’histoire d’une noix et d’un haricot, après que son garçon lui ait dit que l’Angleterre et l’Irlande collé à elle sur la carte lui faisait penser à ça. Surprise qu’il ait touché juste, la maîtresse lui demanda alors par confirmation :
« Et tu sais de quelle ville il vient, ton papa ?
– Trop facile ! Il vient de Belfast.
– Comment ça, trop facile ?
– Il chante tout le temps des chansons qui parlent de sa ville, répondit Alexandre comme si tout ceci relevait de l’évidence. She is handsome, she is pretty, she is the belle of Belfast city. She is courting, one, two, three ! Please, won't you tell me who is she? »
Pour illustrer son propos, il avait négligemment imité la voix et les pas de son père. Ce n’était qu’une piètre imitation de quelques secondes, il pensait même entendre des rires, mais à sa grande surprise, tout le monde resta bouche bée. Même la maîtresse, choquée, resta un moment silencieuse. Le cri d’une petite fille mit fin à l’instant de stupeur :
« Alexandre, tu chantes trop bien !
– Et tu parles trop bien anglais ! Tu as dit quoi ?
– Répète ce que tu as dit, répète !
– Et bien, Alexandre, tu vas pouvoir nous aider dans les leçons d’anglais, n’est-ce pas ? »
Surpris, il ne trouva rien d’autre à faire que de répéter les pas et les mots qu’ils venaient de chanter. Se rappelant de taper fort du talon pour accompagner les trois chiffres, il eut l’impression de le faire bien mieux à présent qu’il comprenait que c’était quelque chose d’incroyable. En s’arrêtant, il entendit tous les élèves l’applaudir. Fier, il décida de saluer comme pouvait saluer ses parents à la fin d’une soirée. La maîtresse calma les élèves et repris la présentation :
« Et donc, tu nous a parlé de ton père, Alexandre, mais ta maman, qu’est-ce qu’elle fait ?
– Ma maman ? Demanda le petit garçon, surpris.
– Et bien, oui ?
– Elle est danseuse aussi ta maman, Alexandre ? Demanda un de ses camarades.
– Et elle est irlandaise ? »
Maintenant qu’il avait fasciné tous les élèves avec son petit pas de chant et de danse, ils avaient envie de tout savoir sur lui. Les yeux grands ouvert, il se sentait davantage encore le centre de l’attention. Pour une raison inconnue, Alexandre sentit ses entailles se serrer. Lui qui ne rêvait que parler de son pama, qui l’admirait comme personne, eut pendant quelques secondes, peur de parler de lui. Et ce sentiment horrible lui fit avoir honte de lui comme s’il avait commis la plus grosse bêtise de sa vie. Mais après un moment silencieux, où il avait perdu toute son assurance, il murmura :
« Je n’ai pas de maman.
– Quoi ? Mais c’est trop triste ! S’exclama une petite fille.
– Elle est morte ? »
La maîtresse réclama à nouveau le calme. Elle regardait Alexandre avec un nouveau regard. Elle paraissait désormais assez suspicieuse.
– Mais enfin, Alexandre, quand tu t’es inscrit à l’école, il y avait bien quelqu’un qui accompagnait ton papa, non ?
– Oui, mais ce n’est pas une maman.
– C’est ta belle-maman ? Insista la maîtresse, espérant y comprendre quelque chose.
– Non, c’est juste pas une maman, continua Alexandre, buté. »
Il avait baissé les yeux. Sa fierté avait disparu. Il ne savait plus comment se sortir de cette situation qu’il aimait de moins en moins. Il repensa aux héros des histoires que lui racontait son pama et réalisa que les chevaliers fonçait face au danger. Prenant alors son courage à deux mains, il s’écria :
« Ce n’est, ni une maman, ni un papa, ni une belle-maman ou un beau-papa. Mon parent à moi, qui est marié à mon papa, c’est un Pama ! »
Même la surveillance de la maîtresse ne suffit pas à taire les protestations des élèves qui sortirent de cette affirmation farouche.
« C’est quoi, un pama ? Ça n’existe pas !
– Je le savais, c’est comme avec le coquelicot ! Alexandre, c’est un menteur !
– Bien sûr qu’il existe, mon pama ! Cria le petit garçon face à sa classe. Il existe même plus que vous ! »
Voyant que les choses s’envenimait, la maîtresse imposa fermement le silence. Alexandre, qui avait pourtant tenu bon jusque là, pleurait désormais silencieusement face aux élèves de sa classe. Il séchait ses larmes avec violence, se sentant honteux de n’avoir pas tenu comme il l’espérait. Il avait à nouveau envie de s’enfuir, courir après son pama qui existait, et qui devait pas se trouver très loin de l’école. Il fit un pas en avant, mais la voix douce de sa maîtresse l’arrêta :
« Voyons, Alexandre, est-ce que tu peux nous expliquer ce que tu entends par « pama » ? »
Elle le regardait toujours avec du doute dans les yeux. Il était clair, même pour un enfant de son âge, qu’elle ne comprenait pas ce qu’il essayait de dire. Mais elle avait senti que le sujet était sensible, et ne voulait pas laisser l’enfant sur cette note traumatisante. Reniflant courageusement, Alexandre essaya d’expliquer :
« Mon pama, c’est comme un papa ou une maman, mais c’est en même temps ni l’un ni l’autre. Ça veut dire qu’il peut faire ce qu’elle veut. Par exemple… Un matin, il peut se lever en étant une princesse. Un autre matin, elle peut être un pirate. Il s’habille comme il veut, il s’appelle comme il veut et c’est elle qui choisi qui elle est. Mon pama… C’est quelqu’un de libre !
– Ça veut rien dire, ce que tu dis ! S’exclama un élève dans la classe. Si ton papa est un papa, c’est que ton ’’pama’’, c’est forcément une maman que tu n’appelles pas comme il faut !
– Non, parce que c’est lui qui choisi !
– Bon, stop, ça suffit maintenant ! Interrompit la maîtresse. Alexandre, tu peux rejoindre ta place. On passe à un autre élève ? »
Le petit garçon jeta un regard brûlant à sa maîtresse. Elle ne l’aiderait pas , elle ne défendra pas son pama. Il avait pas fini la bataille, il était face à un immense dragon et il n’avait pas pu donner le coup fatal pour l’achever. Il l’entendait encore siffler, entre les cartables sans vie des autres enfants, leurs chuchotements moqueurs et insultants. Mais il revoyait le petit doigt de Charlie, le sourire qu’il lui avait offert quand il lui avait promis d’être sage et d’écouter la maîtresse. En une seconde, il imagina ce souvenir disparaître et son regard s’éteindre de déception. Alors, silencieux, les poings serrés, il retourna s’asseoir à sa place. Il attirait encore les regards de tous les autres camarades : leur tête s’étaient tournées à son passage. Mais ce n’était plus des yeux admiratifs qui l’observait, et il ne ressentait plus aucune fierté. S’étalant sur sa table, il espérait pouvoir s’enfoncer très profondément dans la terre.
« Bon… qui il y a après Alexandre… Béatrice ?
– Oui, maîtresse ! »
La petite fille assise devant lui se leva alors et prit sa place au tableau. Alexandre s’était promis de ne plus porter d’attention à aucun de ses camarades se surpris lui-même à l’admirer. Béatrice était une petite fille a la coiffure blonde bien soignée, portant une belle robe a fleur blanche. Ses yeux noisettes, cachés derrière des petites lunettes rondes, avaient une lueur sage et gentille. Leurs regards se croisèrent et Alexandre, brusquement timide, détourna le regard. La petite fille commença alors son petit discours, beaucoup plus réfléchi que celui d’Alex :
« Je m’appelle Béatrice Rocherie et j’ai eu six ans en juin. J’ai un chien qui s’appelle Cookie et que j’aime beaucoup ! Il a trois ans et c’est un berger australien. J’ai des photos, je peux les faire passer à la classe !
– Mais oui, bien sûr Béatrice. Je vais les passer. »
La maîtresse distribua les photos et on entendit très peu de temps après des cri d’enfant s’émerveillant de l’animal. Tout le monde avait immédiatement oublié Alexandre et ses histoires étranges. Quand il reçu la photo du petit chien dans l’herbe, le petit garçon se demanda s’il n’aurait pas pu demander à son pama de lui donner une photo de lui avant d’aller à l’école. Il s’allongea a nouveau sur sa table. Il se sentait particulièrement fatigué, et savoir que la journée avait à peine commencé le fatigua davantage. Il ouvrit son sac mangeur de soucis et murmura :
« Mes camarades de classe, ils ne comprennent rien à rien.
– Maîtresse ! Alexandre, il parle à son cartable ! »
Surpris, il se redressa d’un seul coup. Le regard de la maîtresse, sévère, le fusilla sur place. Il n’essaya même pas de se défendre, et même s’il l’avait voulu, la maîtresse déclara :
« Il faut écouter chacun de ses camarades avec précaution ! Ce n’est pas le moment de s’intéresser à autre chose ! Et je ne veux plus qu’on interrompe la personne qui est au tableau. Béatrice, tu peux reprendre.
– D’accord ! Tout ce que je peux dire, c’est que ma maman elle est aussi professeure de danse, comme le papa d’Alexandre, mais elle, elle fait de la danse classique ! Elle est très belle, quand elle danse, j’aimerais pouvoir faire pareil. Et mon papa, il fait de la musique dans un conservatoire.
– Oh, donc une famille d’artiste, alors ! C’est très bien, Béatrice. Qui est le suivant… Bérenger ? »
La petite fille retourna sagement à sa place et son sourire fit taire tous les enfants de la classe. Captivé, Alexandre le regardait sans réaliser qu’elle pouvait le regarder en retour. Quand Béatrice leva la tête vers lui, surpris, il recula sur sa chaise. Mais elle lui sourit davantage, avec une gentillesse que le petit garçon n’avait ressenti chez aucun autre de ses camarades. Des rêves pleins la tête, il réfléchissait à ce qu’il pourrait lui raconter quand ils auraient le droit de parler, priant pour qu’elle accepte de devenir son amie.
Même si son pama lui avait dit de ne pas être impatient, Alexandre était assez déçu d’à quel point l’apprentissage était lent en classe. Il finissait tous les exercices avant tout le monde et se retrouvait souvent à ne pas savoir quoi faire, cloué sur sa chaise par sa promesse. Alors dans sa tête, et des mouvements de pieds discrets sous sa chaise il se remémorait les mouvements de danse et les chants de ses parents. Quand William ne menait pas ses cours de danse, et quand Charlie ne menait pas ses veillées contées, les deux jouaient et chantaient des chansons traditionnelles irlandaises, écossaises ou anglaises. Très souvent, Alexandre les entendait répéter, quand ils ne l’emmenait pas tout simplement avec eux ou lui apprenait les chansons ou les pas d’une danse. Charlie et William étaient le genre de parents qui n’appelaient une baby-sitter qu’en cas d’extrême urgence. Ainsi, Alexandre avait nombre d’occasion pour apprendre à les imiter et ne manquait pas une occasion de s’en rappeler, surtout quand il ne pouvait rien faire rien d’autre. Essayant d’être discret pour ne pas se faire avoir comme pour le sac, il passa sa première journée de CP ainsi.
Il passa les récréations seul, mais au vu de tout ce qu’il s’était passé, il en était presque soulagé. Assis sur un banc, observant de loin les coquelicots dont il n’osait plus s’approcher, il regardait les autres enfants s’amuser et courir de partout et bougea encore ses pieds en imaginant ceux de son père dans sa tête. Lors de la dernière récréation, il était si concentré, essayant d’oublier les autres aux alentours, qu’il ne vit pas la petite Béatrice s’approcher de lui avec un sourire.
« Tu danses bien. »
Elle s’assit à coté de lui sans rien dire de plus. Le cœur d’Alexandre rata un bond. Avec les leçons, il avait oublié qu’il s’était dit qu’il allait lui parler et elle le prenait d’un seul coup de court. Rougissant alors, il bredouilla :
« Tu parles bien.
– Merci ! »
Elle lui accorda un sourire si beau qu’il eut l’impression d’être ébloui. Mais elle n’ajouta rien de plus et un silence entre leur deux petits corps s’installa. Alors qu’il cherchait ce qu’il aurait pu dire, elle dit :
« Tu veux bien danser à nouveau pour moi, Alexandre ?
– Mais… Mais on va se moquer ! S’écria le petit garçon.
– Mais non, tu danses trop bien pour qu’on se moque ! Allez, s’il te plaît ! »
Le regard si gentil de la petite fille lui fit flancher. Il se redressa sur ses pieds et essaya de se remémorer une chanson qui irait sur les pas de danse de son père.
« She looked so sweet, from her two bare feet, to the sheen of her nut blond hair, Such a winsome elf, I'm ashamed of meself, for to see I was staring there. »
Il ferma les yeux, pour se concentrer sur ce qu’il pouvait entendre dans sa tête. Ce qu’il marmonnait l’aidait simplement à l’entendre davantage. Il retrouva la fierté qu’il avait ressenti lors de son premier essai, au tableau, en sentant le regard de cette petite fille l’admirait en retenant son souffle. Mais alors qu’il reprenait un peu confiance en lui, il entendit au loin :
« Bouh ! Alexandre a encore menti ! En fait, il s’appelle Alexandra !
– Alexandre, c’est une fille ! C’est une fille ! »
Choqué, il s’arrêta immédiatement, comme s’il s’était pris un éclair sur la tête. Il était si perturbé de s’être fait sortir d’un moment aussi intense pour lui par une moquerie pure et simple qu’il ne trouva rien à dire, restant idiot, debout, immobile, la gorge bloquée. Il s’attendait encore une fois à se retrouver seul, quand il fit les yeux gentils de la petite fille s’illuminer de colère :
« Et vous, vous êtes que des idiots ! Laissez nous tranquille ou j’appelle la maîtresse !
– Oui, mais Alexandre est une fille ! La preuve, elle va se mettre à pleurer !
– C’est même pas vrai ! Hurla Alexandre.
– Laisse tomber, fit la petite fille en lui prenant la main. Ce sont des garçons, donc il sont méchants. Ma maman, elle me dit qu’ils sont tous comme ça ! »
Elle l’emmena à un autre coin, mais la cours de récréation était petite. Elle eut beau demander, supplier, faire semblant de pleurer, Alexandre ne céda pas et resta campé sur ses deux pieds.
A la fin de la journée, quand on lui assura qu’il pourrait retrouver son pama à la sortie du portail, il était si fatigué qu’il se sentait capable d’exploser en larme à tout bout de champ. Tout avait été si compliqué à gérer toute la journée, et il avait l’impression que la plupart de ses convictions les plus profondes avaient été détruites. Les autres élèves lui paraissaient méchant et idiot. Il ne voulait plus sociabiliser, il ne voulait plus aller à l’école. Il voulait demander à son pama de continuer à apprendre à la maison, loin de tous les autres. Quand il la vit, attendant un peu en retrait de tous les autres parents, lui faisant un geste de la main, il se précipita sur elle en courant. Surpris, Charlie se pencha pour le prendre dans ses bras :
« Qu’est-ce qu’il s’est passé, mon grand ? Ça ne s’est pas bien passé ?
– Je ne veux plus jamais danser de ma vie ! »
Il avait presque crié, mais c’est parce qu’il pensait qu’en parlant fort, les larmes ne viendraient pas. Charlie sentait les regards sur lui, mais cette fois-ci il n’était pas le seul qu’on regardait. Son enfant était également la cible de jugement que celui-ci n’aimait pas et essayait d’éviter en se cachant dans les bras de son parent. Ne se concentrant que sur Alex, elle le prit davantage contre lui :
« On va rentrer à la maison et on va faire des crêpes, d’accord ?
– Mmh… »
Le petit garçon cachait son visage dans la robe de son pama. Alors qu’il allait s’en détacher, il entendit la voix de Béatrice dire d’une voix douce :
« C’est lui, ton pama, Alexandre ? Il a l’air gentil. »
Choqué, Alex se redressa immédiatement vers la voix. La petite fille se tenait près de sa mère et lui adressait un signe de la main. Ne sachant pas quoi répondre, il eut le même geste. Soulagé, Charlie souffla au petit garçon :
« Et bien alors ! Tu t’es fait une copine, Alex ?
– Je ne sais pas, mais je l’aime bien. Elle est gentille.
– C’est bien ça ! On rentre à la maison ? »
Alexandre acquiesça et prit la main de Charlie avant de se diriger vers la maison. Il sentit que l’emprise était plus forte qu’au matin, mais il en était heureux. Maintenant que son pama le tenait, il avait l’impression qu’il ne pouvait plus jamais en séparer. Plus jamais, jusqu’au prochain jour d’école.
Alors sur la forme y a pas mal de coquilles et d'erreurs d'ortho mais sinon j'ai dévoré cette histoire avec plaisir. Sauf que Pama et William me manquent dans ce chapitre !
On découvre aussi la bêtise enfantine... que de merveilleux souvenirs de primaires cela me rappellent XD non plus sérieusement j'ai déjà vécu des trucs plus ou moins comme ça à cause de mes origines et je trouve que tu as bien réussi à retransmettre les émotions sans en faire des tonnes
«La cours de récréation comportait une partie pour apprendre aux enfants à jardiner » ; « D’autres enfants remarquant qu’Alexandre s’était précipité » ; « S’indigna Alexandre, blessé dans son honneur de petit enfant. » « Surpris, voyant le regard agressif de l’autre enfant, » : beaucoup de répétitions du mot « enfants » dès le début du chapitre, fais attention ^^
« – Pourquoi c’est un truc de fille ? S’indigna Alexandre, blessé dans son honneur de petit enfant. » « – Si ! Insista Alexandre » : il me semble qu’on ne met pas de majuscule au début d’une incise : « – Pourquoi c’est un truc de fille ? s’indigna Alexandre, blessé dans son honneur de petit enfant. »
« Alors, quand elles meurent, elles deviennent des coquelicot, parce qu’elles ont été si courageuse et si forte » : elles deviennent des coquelicots, parce qu’elles ont été si courageuses et fortes
« – Parce que… Parce que les coquelicots sont rouge ! » : les coquelicots sont rouges
« Les autres enfants, surpris, chuchotèrent entre eux, si bien que la maîtresse du » : la maîtresse dû
« il repensa aux soirées contes et aux applaudissement que pouvait recevoir ses parents » : que pouvaient
« il regarda la maîtresse en espérant que celle ci » : celle-ci
« « Alors, dis nous fort comment tu t’appelles ! » : dis-nous
« Il y en a parmi vous qui sont plus petit, ou plus grand » : petits, ou plus grands
« – Oui ! Récupérant la perche lancée par la maîtresse. » : je trouve cette incises assez maladroite
« – Est-ce qu’il y a des enfants qui sont né » : nés
« – Oh, c’est bien, Alexandre ! S’écria la maîtresse. » : je trouve que tu utilises beaucoup le verbe « s’écrier » en incise
« un homme fier de ses origine » : origines
« bien d’autres pays où lui et son compagnon avait pu » : avaient pu
« Se rappelant donc où le doigt pointait sur la carte, Alex pointa très grossièrement l’endroit » : attention à ne pas répéter le verbe « pointer » dans une même phrase, ça fait redondant. Pourquoi pas « Alex désigna très grossièrement »
« Fier, il décida de saluer comme pouvait saluer ses parents » : pouvaient
« réalisa que les chevaliers fonçait face au danger » : fonçaient
« Ce n’est, ni une maman, ni un papa, ni une belle-maman » : « Ce n’est ni une maman… » problème de virgules
« Voyant que les choses s’envenimait, » : s’envenimaient
« et qui devait pas se trouver très loin de l’école. » : « et qui ne devait pas… » juste pour savoir, tu écris avec ou sans la négation ?
« des yeux admiratifs qui l’observait, » : l’observaient
« ne petite fille a la coiffure blonde » : à
« très peu de temps après des cri d’enfant » : cris d’enfants
« – Oh, donc une famille d’artiste, alors ! » : artistes
« quand ils ne l’emmenait pas tout simplement avec eux ou lui apprenait les chansons » : « l’emmenaient » ; « apprenaient »
« surtout quand il ne pouvait rien faire rien d’autre » rien faire d’autre
« un silence entre leur deux petits corps » : leurs deux
« en sentant le regard de cette petite fille l’admirait » : cette petite fille qui l’admirait
« Laissez nous tranquille » : laissez-nous
« Ce sont des garçons, donc il sont méchants. » : ils sont
« Les autres élèves lui paraissaient méchant et idiot. » : méchants et idiots
Maintenant sur le fond : on s’en rend pas compte mais les attaques des autres enfants sont très violentes, et je m’inquiète pour Alex. J’espère que ses parents l’aideront à surmonter ce moment. C’est là qu’on voit que les enfants répètent ce que disent les adultes, en bien comme en pire.
Owwww et puis l’histoires sur les coccinelles est tellement mignonne, c’est le genre d’histoires que ma grande sœur aurait pu me raconter aussi.
Héhé mais j’adore les histoires de Pama !!
Pour moi la CP ça date d’il y a loooongtemps mais j’aurais bien aimé rencontré quelqu’un de cool comme Alex. D’ailleurs est-ce qu’il est bilingue ?
A plus !
Désolé pour les fautes promis je relirai ! (J'ai un peu honte xD)
Et t'inquiète pas Charlie et William reviennent bientôt ! Je suis content de voir que l'école marche bien néanmoins j'avais peur que ça fasse cliché... Merci beaucoup et à plus pour la suite ! :3