J’ai jamais cru au Père Noël. J’ai jamais cru à la petite souris… Et j’ai jamais cru aux monstres.
Je sais bien que dans le placard débordant de jouets de ma chambre, dans les profondeurs humides de la cave familiale ou encore sous mon lit d’enfant, il n’y a rien d’autre que des mensonges et des frissons imaginaires.
Mes copains me racontent comme leurs parents essaient de les rassurer avant d’aller au lit, à coup de chasse aux monstres, de veilleuses laissées allumées et de planchers grinçants à éviter. Les miens n’ont jamais eu besoin de faire tant de cinéma.
Quand il est l’heure d’aller se coucher, je piétine avec insouciance l’ombre de mon lit. J’aime me blottir dans les draps, convaincu de mon immunité. Et lorsque Maman éteint la lumière, je n’ai pas besoin d’une lumière pour faire fuir les ombres pathétiques qui rampent sous ma fenêtre.
J’ai bien évidemment déjà regardé sous mon lit. Juste pour être sûr. Sous mon regard inquisiteur, pas d’ombres étranges, de mouvements en périphérie de vision ou de raclements inquiétants. Rien d’autre que la banale présence de ces petits amas de poussières qui glissent paresseusement sur le sol lorsque je souffle dessus. J’ai haussé les épaules et je n’ai plus douté de mon esprit logique.
Du moins jusqu’à ce soir…
Maman vient juste de fermer la porte. Mon nez dépassant à peine de la couverture, mes yeux piquent et se ferment doucement. Un bruit feutré, à peine audible, caresse mes oreilles. Je garde les yeux fermés mais mon esprit est maintenant attentif.
J’attends. Une fois, deux fois, trois fois, le bruit se répète. Le son se fait plus insistant, plus rapide. On dirait que ça vient de sous le lit. Je déglutis et ouvre un œil hésitant. Je l’ai dit, non ? Je ne crois pas aux monstres sous le lit… Et s’il faut que je le vérifie une fois de plus, je le ferais. Je rejette les couvertures, j’attrape mes lunettes posées sur la table de chevet et les juche d’un geste déterminé sur mon nez. Je rampe ensuite prudemment jusqu’au rebord du lit. Je penche la tête, certain de ne voir en dessous de moi que de simples lattes de bois…
C’est pourtant un étrange spectacle que je vois sous mon matelas : un nuage de poussières se déroule sur le plancher en de longues volutes d’un noir scintillant, pelucheux. Cet étrange amas ne cesse de grandir, et tend ses bas tentaculaires et cotonneux jusqu’à toucher le bout de mon nez tétanisé…
Le lendemain matin, quand mon père est venu me réveiller, il n’a rien trouvé. Pas de monstre sous le lit, ni dans le placard et encore moins à la cave. Pas de petit garçon non plus, d’ailleurs… Juste un lit vide et une paire de lunettes sur le sol.
Il est important de ne pas être trop rationnel quand n'importe quoi peut se passer !
C'est court, c'est clair. Il n'y a pas de fioritures, j'aime bien cette façon d'écrire...
La fin laisse le lecteur se poser des questions auxquelles il doit répondre tout seul... Qu'est devenu le petit garçon ? Quelle était cette chose ? Qu'a-t-elle fait ? Comment vont réagir les parents ?
J'aime beaucoup ! ^^
Vraiment chouette en tout cas, merci pour la lecture :)
Ah, et une petite faute s'est glissée en début de paragraphe : "J'attends."
Bon, je me connais, je vais sûrement imaginer que le monstre est bien plus gentil que ce qu'il laisse paraître et que c'est juste qu'on ne le montre pas. Mais ça n'empêche pas que c'est une très sympathique histoire avec un monstre bien fait (enfin, on doit se l'imaginer mais still).