De sa hauteur tutélaire, le ciel plante son décor et soumet aux terres sa lumière.
Des millénaires durant, sa semence humide et amère déborda au-dehors.
L'eau ruisselait à la surface de la terre, gravant dans le corps les guerres et les torts.
À la tête de l'afflux de pensées, des vagues héritières de trésors vinrent s'épancher dans les pores,
Et leur contenu, filtré par les ères et les temps,cristallisa aux frontières de la mort.
Depuis lors, ces mille photophores faits d'air et d'or laissent leur courbes singulières épouser la flamme qui les dévore.
J’aime l’harmonie de tes mots qui sonnent ensemble et donnent l’envie de les lire à haute voix. (Je pourrais parler de poésie, car il ne m’a pas échappé que tes initiales concordent avec celles de notre bien-aimé Rimbaud).
J’aime l’impression de ne rien comprendre… Mais, en même temps, de saisir très précisément de quoi il s’agit.
Merci beaucoup pour cette lecture. Au plaisir d’en lire d’avantage.
Plulume
Avant toute chose, merci pour ton commentaire! Il ne faut vraiment pas hésiter à lire les poèmes haute voix, ils peuvent prendre une toute autre teinte à l'oreille! Je le fais d'ailleurs régulièrement lorsque j'écris, pour vérifier que les sonorités me plaisent.
Pour revenir à ce poème, il est volontairement très difficile, très mystérieux, beaucoup trop flou. Et si je devais te donner le sens que je voulais lui insuffler lorsque je l'ai écrit, il ne ressemblerait sans doute en rien à ce que toi tu en avais compris. Mais tel est mon objectif, rappelé dans le titre et dans la note de pré lecture: le passage de la contemplation (ouah le texte est beau) à la compréhension (attend, mais qu'est-ce qu'il veut dire?) est loin d'être trivial.
Cependant, je tiens tout de même à te développer l'idée qui me plaît particulièrement, et qui m'a inspiré ces lignes. Je mets ça dans un autre message, dans le but de le distinguer de ma réponse.
Avant de terminer, je t'invite simplement à venir lire la scène d'introduction de ma nouvelle, dont la prose pourrait peut être te plaire, et puis, c'est mon projet le plus actuel!
Je te remercie encore!
Bien à toi,
A.R.
L'homme est soumis à ses sens(le "décor"), à sa conscience ("le ciel tutélaire"), à sa santé et à son inconscient. Autant de choses qui lui permettent d'interagir avec son environnement, mais qui l'amènent parfois à adopter des points de vue ou des comportements extrêmes et contraires, comme l'euphorie ou la dépression. Tel est notre fardeau: notre instabilité naturelle.
En premier lieu, je tente donc de décrire cette soumission à nos propres contradictions, cet afflux constant d'idées, dont plus de la moitié sont complétement erronées, qui nous parvient à chaque instant et avec lequel nous nous devons de maîtriser pour ne pas laisser les plus folles pensées opérer.
Alors, l'accès à leur vérité demande des remises en questions, des guerres intérieures qui ne nous laissent pas indifférents ("les guerres et les torts gravés dans le corps"), même s'il faut garder à l'esprit que ces conflits sont nécessaires pour éliminer les incohérences, les préjugés, et se rapprocher le plus du vrai, du plus sage possible du moins.
Viens ensuite un passage relativement visuel: les larmes, seules vestiges de ce qui nous émeut, ce qui nous transcende (larmes de joie, larmes de tristesse, larmes d'émotion...), roulent sur nos joues, sur notre corps, puis sèchent. Et les dépôts qui se forment, une fois filtrés par le temps (après réflexion et maturation ), puisqu'ils sont relativement transparents (ce sont des dépôts aqueux), vont diffuser la lumière qui les transperce, et plus poétiquement, le temps nous permettra d'accéder à l'harmonie recherchée, et donc de brûler de satisfaction, attisant encore le flamme de notre curiosité.
Finalement c'est la quête de la vérité face aux obstacles que sont l'obstination, les convictions et les sophismes entre autres, qui amènent à l'emportement et à l'irrationalité. Cependant, l'avance pas à pas permet l'adaptation, la correction et l'évolution. Dans cette vision optimiste, le temps finit, chez le volontaire, par le faire briller.
En généralisant mes propos, nous sommes ces larmes recyclées issues de conflits meurtriers d'idées et annonciatrices d'un progrès futur, peu importe sa nature.
Enfin et surtout, nous sommes ces photophores faits d'air et d'or. Ainsi, dépôts filtrés de nos erreurs passées, nous absorbons, convertissons et diffusons ce qu'il nous a été donné de comprendre.
Car le photophore ne filtrerait-il pas la lumière de la flamme en son cœur selon les courbes de sa surface? A travers les trous et les imperfections qui font sa singularité et la beauté des faisceaux qu'il laisse s'échapper?
Retenons:
L'homme est un photophore brûlant d'une flamme de vie, qui diffuse au monde sa propre lumière, son humanité, par le prisme de ses imperfections, de son expérience, de ses idées et de ses erreurs. Tout autant de courbes de vie et de traits de personnalité qui le définissent et le modèlent, le rendent unique et terriblement sublime.
(Finalement, tout mon poème est une métaphore de l'humain...ou devrais-je dire une métaphormose?)