Bribes: La folie des profondeurs oblige; ce n’est que dans la peur et la déraison d’un songe que je peux te faire mienne.
De l’autre côté des cauchemars,
Terres de recueil des idées noires,
De faibles lueurs en deuil s’éveillent avec lenteur dans de longues gabares
Meurtries et parsemées d’escarres.
Le cortège nuptial dérive endormi sur un fleuve de brouillard,
Coulant dans son sillage les vestiges de sa mémoire.
Au creux des humides caveaux flottants, des plaintes scélérates viennent se heurter à l’amas fissipare.
La détresse ambiante s’évapore dans une épaisse respiration, étouffant l’assemblée sous les volutes d’un vieux cigare;
Le maître de ce bâton de feu couvre ainsi la folie des passions d’un voile de hasard,
Et dicte les règles de ce monde en crémation suivant la frénésie qui l’empare.
Agonisant dans sa bourbe, Neptune le superbe coiffe le coeur des damnés d’une parure d’espoirs.
Alors seulement, unique survivant de sa douleur, l’aliéné s’éteint dans les bras sauveurs d’un geôlier du Tartare;
Et dès l’aube, âme emprise devient âme éprise, dévoreuse confirmée de ton regard.
A.R.
Ce poème est très vivant, ou du moins très vivace, je trouve. On est emporté dans ce monde inquiétant, qui se trouve "de l'autre côté des cauchemars" placé sous le signe de Neptune, dans les océans (et justement l'eau est le symbole amoureux par excellence dans la littérature). On a aussi cette fumée qui vient voiler ce qui se passe. J'ai l'impression que cet amour est du côté de l'avoir, de ce qui possède, notamment avec le jeu de mots sur l'âme emprise et éprise.
J'avoue que je classerais ce poème plus du côté de la prose que du vers libre, en raison de la longueur des vers, qui, même si théoriquement le vers libre peut accueillir des vers comme ceux-ci, me font penser à des phrases et ce, même si les rimes sont bien présentes. Je ne sais pas si d'autres lecteurs auront le même sentiment, mais c'est le mien :)
C'est donc un poème très obscur, mais très imagé et intéressant.
En effet, je ne m'attache pas de trop (peut être à tord), à la longueur des vers, je privilégie le rythme, les images, le sens et les sonorités. Ce qui donne sans doute cet effet un peu négligé...
Merci pour ton commentaire, j'aime avoir de tes retours ! :)