Métro boulot cachot

Le réseau suburbain est l'organe moteur
D'une ville en banlieue dont la périphérie,
Cité hypertrophiée, désormais éblouit
L'assemblée des actifs se levant de bonne heure.

Quand le métro s'en va, qu'il court tel un athlète
Sur des rails en état sans plus de maintenance,
Qu'il part à cent à l'heure offrir ses diligences,
On ne s'ébaubit plus de leurs phares funestes.

C'est un cercueil en fer qui se meut de partout :
L'ouvrier, l'étudiant, le psychiatre et le fou !
Tous dans un seul wagon qui les mène au calvaire.

Ces gens cadavéreux portent mal leur tabou :
Le travail les torture et leur creuse les joues ;
Le Seigneur sur la croix, leur collègue, est leur frère.

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fabulette
Posté le 19/06/2023
J'aime les poèmes urbains alors un poème sur le métro, je ne pouvais pas passer mon chemin sans commenter. Le dernier vers pour moi élève tout le poème, une réussite. On pourrait reprocher au poète, j'imagine, l'évidence du thème. Mais est ce que ça ne fait pas justement partie du propos ? "On ne s'ébaubit plus". Ce verbe m'a interpellée et fait penser à un monde désenchanté où on ne s'émerveille plus. Evidence du thème oui mais pas en poésie; je salue l'entreprise de mettre le sonnet au service de notre quotidien le moins parnassien. Je vois aussi dans ces vers quelque chose de baudelairien (un cachot !)
Adrien Vermeil
Posté le 24/06/2023
C'est bien l'entreprise poétique de ce recueil, en effet. Faire de la poésie contemporaine sans oublier de faire de la poésie. Merci beaucoup pour votre commentaire !
Elena
Posté le 07/07/2022
Encore un joli sonnet ; j'ai la même vision des choses concernant l'effervescence souvent pesante des villes, voir tant de gens différents se réunir dans un même autobus pour aller au même endroit : le travail...
Concernant le dernier vers, j'ai peur d'avoir mal compris : est-ce : "Le Seigneur sur la croix, leur collègue et leur frère" ou bien "Le Seigneur sur la croix, le collègue est leur frère" ?
Adrien Vermeil
Posté le 08/07/2022
Merci beaucoup ! Je l'ai plus imaginé comme : « Le Seigneur, qui est votre collègue, est aussi votre frère ». Mais libre au lecteur de l'interpréter à sa façon, c'est aussi ça qui est agréable en poésie.
Elena
Posté le 08/07/2022
D'accord, merci pour cette précision !
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