Meurtre à plusieurs facettes : chapitre 7

Par Folyse

« Donc, récapitulons ce que nous savons jusqu’ici », commença Lucie en accrochant la photo de Zack sur un tableau.

« Question ! » coupa Anne en levant la main. « Pourquoi ne sommes-nous toujours pas dans un bureau, mais dans un sous-sol cette fois-ci ? »

« Parce que Monier traîne de plus en plus près de l’accueil », répondit Lucas avec désintérêt tout en aidant la femme à accrocher les images.

« Deuxième question : pourquoi es-tu là et pas à l’accueil ? »

« Parce qu’il peut nous aider », déclara cette fois-ci Lucie.

« Et qui gère l’accueil ? »

« Le premier étage. »

« Et... »

« Anne, si cette question n’est pas sur l’affaire, je te promets que tu paieras le café », coupa Lucie en se retournant face à elle, les mains sur les hanches.

« Que savons-nous pour l’instant ? » finit la concernée avec un petit sourire en coin.

Soupirant en jetant un coup d’œil au tableau, Lucie s’assit aux côtés d’Anne sur la table en face de celui-ci. Peu après, Lucas fit de même. Hier soir, les trois avaient découvert que Chao Lin avait été l’amie de Zack grâce à une photo envoyée par Jaimie. Peu avant, ils avaient compris qu’elle était aussi la petite amie de Sebastian en 1999 et sa femme aujourd’hui.

« En cherchant un peu plus dans les fichiers de la bibliothèque, on constate que Chao était présente tous les soirs, sauf celui où Zack et Sebastian se sont fait kidnapper », expliqua Lucie en mordant le bout de son pouce.

« Cela pourrait faire d’elle une suspecte ? » demanda Anne en jetant un coup d’œil au dossier.

« Pour être capable de kidnapper deux personnes, d’en tuer une, tous deux des garçons de carrures assez imposantes... impossible à elle seule. »

« Des complices ? » continua Lucas avec un sourcil levé.

« Avant de chercher les complices, il faudrait savoir le motif. Pour quelle raison serait-elle une suspecte ? Elle était une amie de Zack. Le mieux serait de lui parler directement », expliqua Lucie en se levant.

« Avec son mari le PDG et son armée d’avocats, ça va être compliqué. De plus, nous n’avons aucune preuve directe ou indirecte la connectant au meurtre. »

« Et à la lettre ? Peut-être que c’est elle qui l’a écrite ? » tenta l’homme en la sortant. « Elle et Zack étaient proches, peut-être qu’elle sait quelque chose, ou peut-être que c’est elle qui l’a écrite », continua-t-il.

« Il nous manque toujours le motif... » murmura Lucie. « Ou peut-être qu’on peut faire sans... »

« À quoi tu penses ? » demanda Anne, voyant les yeux de son amie briller, signe qu’elle avait une idée qui pourrait les faire avancer.

« Quel est le métier de Chao ? »

« Médecin pédiatrique au Center Of Hope, une petite clinique, mais qui reste réputée. Pourquoi ? » répondit Lucas.

« Avons-nous accès à ses dossiers ? »

« Certains, oui. Sans mandat, ça peut être compliqué pour quelques-uns, mais pour les moins importants, on peut y avoir accès... »

« Alors nous pourrons avoir son écriture », finit Lucie en se retournant vers eux avec un sourire.

« Et nous pourrons la comparer avec celle de la lettre », continua Lucas en comprenant la suite.

« Si c’est bien elle qui l’a envoyée, alors on aura une raison valable de l’interroger officiellement », s’exclama Anne en commençant à taper sur son portable. « J’appelle Trisha, elle pourra nous dire si c’est la même ou non assez rapidement. »

Mais avant que Lucie ne puisse s’enthousiasmer davantage, son téléphone vibra. Le déverrouillant, elle constata que McFray la voulait dans son bureau dans une dizaine de minutes. Ne comprenant pas la raison derrière cela, elle salua tout le monde avant de foncer à l’étage des ACS.

Arrivée là-bas, elle remarqua depuis la vitre du bureau, la présence de Monier aux côtés de McFray. Soupirant en sachant qu’il mijotait quelque chose, elle ne tarda pas à rentrer pour faire face aux deux hommes.

« Monsieur, vous m’avez demandé ? »

« Play, je voudrais savoir comment avance l’enquête », répondit directement McFray en croisant les bras, toujours assis sur sa chaise. George, de son côté, fit un petit sourire en coin en la voyant.

« Monsieur, avec tout mon respect, pourquoi est-il présent ? » demanda calmement Lucie en lançant un coup d’œil à Monier.

« Il voulait savoir comment cela avançait, tout comme moi. Alors ? »

Comprenant qu’elle n’avait pas à débattre de la présence de l’homme plus longtemps, Lucie se tint bien droite avant de commencer à expliquer jusqu’où ils avaient avancé dans l’enquête.

« Vous vous attaquez à de gros poissons ma parole, si ce n’est pas le PDG, c’est sa femme », critiqua férocement George après que la femme eut fini. « Vous savez que notre réputation est aussi en jeu, non ? Ou vous êtes trop débutante pour le comprendre ? »

« Je sais clairement ce que ces accusations peuvent signifier, mais si cela peut faire avancer l’affaire, alors cela vient après ! » répliqua Lucie, laissant transparaître sa colère.

« Vous pensez m’apprendre mon métier ? Vous ne méritez pas votre poste, et encore moins depuis que... »

« Monier, ça suffit ! » coupa McFray en se levant. « Tous les deux, ça suffit ! Vous n’êtes pas des enfants mais des agents ! Monier, ce n’est plus votre affaire alors laissez Play enquêter comme elle le souhaite. »

« C’est n’importe quoi ! » s’exclama celui-ci en sortant colériquement du bureau. Lucie, de son côté, détourna le regard, toujours en colère par ce que sous-entendait l’homme.

« Play ! Quant à vous, faites bien attention où vous mettez les pieds. Simy est l’un des PDG les plus réputés ici à Verdas. S’attaquer à lui aurait de grandes conséquences sur le secteur des ACS », continua McFray en se rasseyant sur sa chaise tout en soupirant.

« Je sais, Monsieur… mais croyez-moi, je suis sur quelque chose, on approche du but », affirma la femme avec conviction.

« Alors continuez mais soyez prudente. Ne faites pas les mêmes erreurs qu’il y a un an. Et bon sang, allez me conclure le dossier Marine ! »

« Oui Monsieur, je m’en charge tout de suite », et avec ça, la femme quitta le bureau de McFray.

S’installant à son propre bureau, elle capta les regards noirs que lui envoyait Monier de l’autre bout de la pièce. N’y faisant pas attention, elle se concentra sur le dossier Marine, en attendant qu’Anne la contacte au sujet de l’écriture. Plissant les yeux sur le rapport qu’elle avait commencé, la femme constata qu’il manquait encore les registres téléphoniques de la victime.

« Foutus opérateurs ! » s’exclama-t-elle avant de commencer à rédiger mail après mail dans le but d’avoir les relevés qui mettraient enfin fin à ce dossier. Bien qu’au fond d’elle, elle croyait toujours que la femme n’était pas morte d’un simple AVC.

C’est aux alentours de 21h qu’elle reçut enfin un message d’Anne, celle-ci la pressant de la rejoindre, elle et Lucas, à l’accueil. Constatant qu’il ne restait pas grand monde au bureau pour remarquer son absence, elle ne perdit pas de temps à prendre l’ascenseur.

Arrivée au rez-de-chaussée, elle n’eut pas le temps de faire un pas, qu’Anne la tira par le bras, l’excitation bien marquée sur son visage.

« Tu ne devineras jamais ce qui se passe », s’exclama Anne en tirant Lucie vers le bureau à l’arrière du comptoir de l’accueil.

« J’écoute. »

« Nous avons les résultats concernant l’écriture de la lettre », commença la femme, mais Lucas la coupa.

« Elles correspondent ! » déclara-t-il tout excité. « Chao Simy est la personne qui a écrit la lettre ! »

« DANS TES DENTS MONIER ! » s’écria Lucie en levant les poings en l’air, sachant que les choses sérieuses avaient commencé.

« Mais ce n’est pas tout... » coupa Anne.

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