« Dans les décennies qui suivirent les Premiers Pas, Velymène connut un essor considérable. Elle devint l’épicentre du commerce naval et la cité la plus peuplée de l’Archipel. Sa gouvernance par l’assemblée des Cinquante, chargée de l’élection annuelle d’un Podestà inspira un modèle politique encore majoritaire aujourd’hui. En l’an 79, la création du Protectorat consacra cette domination. Cependant, il manquait encore à Velymène un symbole à la hauteur de son prestige.
Deux ans plus tard, le Podestà Zéphiane obtint des Cinquante l’autorisation de bâtir un théâtre sur la colline à l’est de la ville. Fruit du travail conjoint des meilleurs architectes et artistes de l’Archipel, le chantier dura près de dix ans. Enfin, le dôme du Virena se dressa vers les cieux. Avec son toit couvert de sculptures, sa scène assez grande pour accueillir deux-cent comédiens, ses vitraux aux couleurs uniques, elle devint bientôt le cœur des plus grandes représentations dramaturgiques. Jeune acteur, j’y jouais mes plus belles scènes.
En 110, la Podestà Zelys fit ériger une gigantesque statue en or massif de Suspiro, dieu protecteur de la cité. Elle demeura entre les deux escaliers de marbre de l’entrée des gradins, symbole de l’orgueil de ses maîtres. Cette même vanité humaine qui allait entraîner la Guerre, trois ans plus tard. Après la chute de Velymène, Menestas fit enfermer les Cinquante dans le théâtre avant d’y mettre le feu. Ce fut en ce jour que le Virena connut sa dernière grande tragédie. »
Chroniques de l’Archipel, La Voix Errante
An 125 après les Premiers Pas, Mois de Suspiro
La fin du voyage jusqu’à Velymène se résuma en une longue lutte contre les ronces, bosquets et arbustes qui proliféraient sur les terres abandonnées. De temps à autre, Vaïos marchait sur un objet ou les fondations d’une ancienne maison. Quelques ruines aux murs noircis émergeaient de la végétation. Les disciples d’Andophane passèrent des journées entières à se frayer un chemin dans ce chaos à coups de bâton. Ils traversèrent aussi un marécage à l’odeur d’œuf pourri, jalonné de joncs brunâtres et de flaques de boue. Andophane les y guida avec une habileté qui trahissait sa connaissance de l’endroit.
Vaïos se demandait de plus en plus pourquoi le prêcheur les conduisait vers les vestiges de Velymène. Le voyage était épuisant, ingrat, parfois dangereux. Il peinait de plus en plus à le croire motivé par la simple passion pour des ruines. La fascination pour le passé ne valait pas une expédition vers d’autres terres. Tant de personnes avaient besoin d’entendre les prêches d’Andophane, de découvrir sa vision, d’être accueillies dans un groupe, comme il l’avait été quelques semaines plus tôt. Cette expédition lui semblait une occasion manquée de transmettre ces messages. Chaque jour qui passait, l’athlète rêvait de voir d’autres gens connaître le même destin que lui. Le même bonheur.
Alors qu’il se hissait sur un promontoire rocheux, Vaïos aperçut le tracé d’un long rempart en contrebas, dont les larges fondations dessinaient l’ancienne frontière de la ville. Derrière, des vestiges de jardin, avec des bosquets devenus sauvages, un chaos d’arbustes et de buissons au milieu de souches. Puis des ruines, à perte de vue. Des murs nus, des tuiles et briques, des pierres grises, des demi-colonnades, des poutres brisées, des portes démontées, des grilles tordues, des pavés délogés, des statues renversées et mille autres décombres. Vaïos réalisa pour la première fois à quel point la cité avait été gigantesque. Il ne voyait même pas la mer et l’ancien port, fameux pour ses dizaines de trières.On pouvait passer une vie avec Velymène comme seul point d’horizon.
Il demeura quelques secondes bouche-bée, imaginant le carnage gigantesque qui avait animé ces terres, seulement sept ans plus tôt. On avait détruit chacun des bâtiments avec un acharnement méthodique, comme pour s’assurer qu’elle ne se relèverait jamais. Le brasier avait dû être immense, la terre en était encore noircie et les ruines tachées de cendre. Comment avait-on pu vaincre et détruire une telle cité ? Pourquoi ne pas en avoir fait la conquête ? Son cœur se serra alors qu’il songeait aux innombrables défunts. Alors qu’il pleurait encore son frère aîné, combien d’autres enfants s’étaient effondrés en ces jours maudits ?
Une ambiance funèbre se répandit au reste du groupe à mesure que tous découvraient les restes du charnier. Alors qu’il aidait Daashur à se hisser à ses côtés, il vit que ses joues étaient inondées de larmes. Le vieillard tituba en observant les ruines, s’accrocha au bras de Vaïos pour ne pas tomber. Il murmura d’une voix rauque :
— Quelle tragédie…
Son émotion se transmit à son âme-liée, qui sentit sa gorge se nouer. Il se retourna pour quitter des yeux ce spectacle funeste. Derrière eux, Andophane marchait seul, contemplatif, suivi quelques mètres plus loin par Érione et Orcia, main dans la main. Son épouse s’était rapidement prise d’affection pour la jeune lépreuse, avec qui elle s’était découvert une passion commune pour la couture. En les voyant si complices, Vaïos ne pouvait chasser un certain malaise, partagé entre les affirmations confiantes d’Andophane et ses anciennes croyances sur la contagion. En même temps, il était heureux de voir Érione si joyeuse et surtout si tactile. Il ne l’avait jamais vue enlacer qui que ce soit : même Amione n’y avait jamais eu le droit.
Les deux jeunes femmes riaient, indifférentes à l’ambiance oppressante qui les entourait. Vaïos sourit à son tour, reconnaissant à Orcia de rendre Érione si heureuse. Il se retourna à nouveau, pour serrer l’épaule de Daashur.
— C’est fini. Depuis longtemps.
— Non, Vaï. Écoute le vent. Tant d’âmes hurlent. Regarde le récit de pierres et de cendres qui se dévoile devant nous. Il raconte la folie humaine, prête à détruire à nouveau.
L’athlète se tut. Que pouvait-il répondre ? Si ses sens n’étaient pas aussi aiguisés que ceux de Daashur, il était sensible à l’horreur alentour. Elle dépassait tout ce qu’il avait pu imaginer en écoutant les récits des soldats et les descriptions d’Andophane. Il fallait voir pour réaliser. Au moins un peu. Quand ils commencèrent à avancer au milieu des décombres, ses impressions furent décuplées.
À chaque pas, Vaïos pouvait voir, sentir et toucher des indices de vie humaine. Un parquet de faïence qui illustrait l’arrivée des Premiers Hommes. Un couteau de cuisine rouillé, une poupée de chiffons noircie par la boue, des draps élimés qui voletaient, écrasés sous les pierres, une niche qui avait résisté aux coups de hache, un morceau de masque de théâtre et de nombreux autres objets qui rappelaient combien la vie avait grouillé dans ces rues. À un moment, ils passèrent au milieu d’anciens thermes au carrelage presque intact. Vaïos eut l’horreur de découvrir des dizaines de squelettes empilés dans les bassins. Il serra les lèvres en réprimant une envie de vomir et fit signe au reste du groupe d’emprunter un autre chemin.
Comme Andophane demeurait en retrait, il se fit le guide des siens à travers l’horreur. Chargé du paquetage de Daashur en plus du sien, il tenta de son mieux d’éviter de nouveaux charniers mais il y en avait à chaque coin de rue. Vaïos tremblait en imaginant les massacres, le sang et les cris. Le vent murmurait leur écho. Il se mordit les lèvres, ignorant s’il était en train de profaner des tombes, ou de mener une forme de pèlerinage mémoriel. Son pas se fit machinal tandis que son regard errait sur des décombres de plus en plus imposante. Ils approchaient du centre de la cité, avec la colline du capitole. Premier lieu de vie de l’île, jadis entourée de forêts, elle enveloppait les visiteurs de son ombre. On lisait sur son flanc une partie de l’histoire de Velymène : le premier rempart, les restes du vieux temple de Suspiro, l’assemblée des Cinquante et le récent capitole, bâti peu après le Théâtre.
Même abattu, l’ancien épicentre de la vie politique de Velymène et de l’Archipel dégageait une forme de puissance évocatrice. Vaïos s’imagina les hommes et femmes les plus puissants du monde gravir les escaliers tortueux qui serpentaient jusqu’au capitole. Il se vit grimper avec eux jusqu’aux colonnades de marbre, assez haut pour voir autant la mer que les campagnes et forêts. Il entendit les débats animés des Cinquante, les conversations de leurs gardes postés sur les marches de l’entrée, le bruit du marché qui montait des rues. Il sentit l’odeur des plants de lavande aménagés tout autour des bâtiments, caressa le tronc des arbres du verger en admirant leurs fruits colorés.
— Arrête-toi, Vaïos !
La voix fluette d’Evius le tira de sa rêverie. Le groupe s’était arrêté sur les ruines des halles dont les murs protégeaient du vent et l’adolescent lui faisait signe de les rejoindre. Il revint sur ses pas, partagea le pain avec ses compagnons sans dire un mot, songeur. Il avait rêvé pendant des années de briller sous les couleurs de Clytène, admiré l’Archonte, envié ses proches. Or, la destruction de Velymène était signée de son nom. On la lui avait toujours présentée comme une victoire contre un ennemi mortel, comme une vengeance pour toutes les injustices subies. De quoi pouvait-on se venger si cruellement ? Comment l’homme qui avait ordonné la mort de tant pouvait-il continuer de gouverner ? Cette matinée venait de balayer ses dernières certitudes et de le plonger dans le doute.
Sa première volonté en émergeant de ces pensées fut de questionner Andophane mais le prêcheur était encore plus absent que lui. Il n’avait rien mangé et gardait un air sombre inhabituel. Il quitta même les siens alors que l’on ouvrait le baluchon de baies. Il commença à marcher seul vers la deuxième colline de Velymène, à l’est. Evius voulut le retenir mais Daashur lui intima de rester assis d’un geste de la main. Tous regardèrent le prêcheur s’éloigner sauf Érione et Orcia, trop occupées à discuter.
Après le repas, Vaïos installa des tentes, aida son âme-liée à soigner ses égratignures dans une petite rivière. Ils parlèrent un peu puis Daashur alla se coucher, épuisé par le trajet. L’athlète demeura seul, assis contre la souche d’un saule, bercé par le clapotis de l’eau. Il s’apprêtait à replonger dans de sombres pensées lorsqu’il entendit un pas léger dans son dos. Ce son lui rappela les arrivées tardives d’Érione dans leur appartement, alors qu’il somnolait déjà, fourbu par une journée d’effort.
— T’es pas avec Orcia ?
Comme son épouse ne disait rien, Vaïos se retourna brusquement. Elle avait les mains serrées sur ses épaules, le buste raidi et le visage figé. Elle s’effondra plus qu’elle ne s’assit à ses côtés et sa respiration s’affola. Son mari attrapa la cape qu’il avait installée sous son bassin pour lui en recouvrir les épaules et reprit les mots qu’il avait délaissés depuis des semaines :
— Tout va bien, il n’est pas là. Il est loin d’ici. Tu es en sécurité. Respire comme moi.
Érione sortit de sa crise en seulement une poignée de minutes. Elle demeura cependant pâle, le regard livide. Après être longtemps demeuré en silence, elle dit :
— Je veux partir d’ici.
— Je sais que cet endroit est horrible, mais…
— Je songe au destin des femmes qui vivaient ici, Vaï. Je ne peux plus de marcher au milieu de ce champ de massacres et de viols.
Vaïos se sentit stupide d’avoir cru sa femme insensible à Velymène, trop occupée par la compagnie d’Orcia. Un tel lieu ne pouvait que lui rappeler les horreurs du passé.
— Si tu préfères camper hors d’ici, tu en es libre. On pourra se retrouver après.
— Je veux être avec vous mais… Je ne comprends pas ce qu’on fait ici.
— Moi non plus. Je n’ai aucune idée de ce que veut Andophane.
— Demande-lui.
Après avoir chanté en même temps que déclinait le soleil, pour chasser les fantômes et les idées noires, hommes et femmes allèrent se coucher dans leurs tentes. Érione alla marcher avec Orcia. Andophane n’était toujours pas revenu. Sans Daashur, qui avait dormi toute l’après-midi, personne ne savait comment réagir. Vaïos y pensa tout le long de la veillée, son inquiétude grimpa après l’apparition de la lune. Peut-être qu’un accident empêchait Andophane de revenir au campement. Sinon, qu’est-ce qui pouvait le retenir si loin des siens ? L’athlète décida de suivre ses traces. Il se composa une torche de fortune et partit vers la colline est, seul.
Le ciel était si dégagé que les étoiles semblaient dessiner un relief sur le manteau noir de la nuit. L’opale lunaire éclairait le chemin. Vaïos avança à travers les ruines en criant parfois le nom du prêcheur. Sans réponse. Sa torche se consuma alors qu’il n’avait fait que la moitié du chemin vers la colline. Il ralentit le pas, enjambant les obstacles avec prudence. Il était hors de question de se tordre la cheville.
Dans l’obscurité, tous les décombres se ressemblaient, formant une allée aussi glauque que monotone. Ce qui avait dû être un grand quartier résidentiel se révéla difficile à gravir, avec un relief prononcé. Plus il approchait de la colline, plus Vaïos grimpait, ou escaladait à défaut d’escaliers. Cette ascension lui permit bientôt d’observer les hautes falaises de la côte, qui s’affaissaient au niveau de l’ancien port, en bas du capitole. Leurs parois creusées par les assauts des vagues se fondaient dans l’atmosphère sinistre. Il n’y avait aucun bruit, aucun animal, aucune végétation, seulement le sifflement du vent nocturne. Vaïos accéléra, mal à l’aise. Il avait l’impression d’entrer dans le tombeau de milliers d’inconnus, de troubler le repos de leurs âmes.
À défaut de ruines, la deuxième colline de Velymène avait été envahie d’herbes sauvages et de fourrés touffus. Vaïos dut se frayer un chemin à travers la végétation, ne put échapper à la morsure des ronces sur ses bras. Des filets de sang se dessinèrent sur sa peau en même temps qu’il montait vers la Virena. Andophane avait de maintes fois évoqué ce théâtre avec un air rêveur, comme s’il s’était agi d’un des plus beaux endroits du monde. Plus il cherchait, plus Vaïos avait l’intuition de le retrouver dans ces ruines. Alors il continua de grimper, malgré les blessures, la sueur et le silence écrasant.
Le premier vestige de la Virena fut une baguette de plomb plantée dans le sol, où était encore accroché un bout de vitrail rouge qui reflétait la lumière des étoiles. Vaïos se pencha pour le ramasser, fasciné par ce matériau inconnu, aux contours lisses et aux bords coupants. D’autres indices de la merveille qu’avait été le théâtre affleurèrent lors des pas suivants : des morceaux de sculpture, des tapisseries usées par les éléments, des éclats de vases et des brisures d’escalier. Enfin, il arriva au sommet. L’ancienne scène, craquelée de partout, brisée en trois, couvrait encore une cinquantaine de mètres. On devinait des coups de marteau sur la pierre mais les fondations de l’ouvrage avaient été assez solides pour y résister. Quelques arbustes avaient réussi à se frayer un passage de la terre jusqu’à l’air. Leurs feuilles tombaient sur le visage des statues abattues, sur les poutres qui subsistaient de l’incendie. Vaïos ne trouva d’abord pas Andophane, puis il l’appela.
— Que fais-tu là, mon ami ?
Le jeune homme sursauta. La voix venait de l’extrémité la plus haute de la scène, d’une ombre assise entre deux sculptures sans tête. Dans sa grande tunique sombre, Andophane se fondait parfaitement à son environnement. Sa voix avait perdu toute la passion qui l’animait habituellement pour inspirer une grande tristesse.
— J’étais inquiet, répondit Vaïos.
— Assez pour monter jusqu’ici ?
— Pourquoi n’es-tu pas revenu ce soir ?
— Je n’ai pas senti le temps passer. Je ne pensais qu’à lui.
— Qui ?
— Zane. Celui qui m’a fait venir vivre ici, la première fois. Il y avait tellement de gens dans ces gradins, que je n’avais même pas pu entendre le son de sa voix.
— C’était un acteur ?
— Pas seulement. Il écrivait, il dansait, il composait. Avec un déguisement, il pouvait devenir n’importe quelle personne de l’Archipel. Je le reconnaissais à peine quand j’allais le voir en coulisses.
En entendant les confidences d’Andophane, Vaïos réalisa que le prêcheur avait jusque-là été un presque inconnu, dont il ignorait toute l’histoire. Savoir sa vie marquée par les tragédies de la Guerre des Chaînes éclairait d’une autre lumière sa volonté d’aller à Velymène. Lorsqu’il parlait de Zane, Andophane avait la même voix que Daashur lorsqu’il évoquait Shérazni. Vaïos s’assit à ses côtés, puis rassembla son courage pour demander :
— Il est mort, n’est-ce pas ?
Le visage d’Andophane se ferma, ses mains tremblèrent.
— On courait vers le port quand il a pris une flèche dans le dos. C’était quelques rues en bas d’ici.
— Tu étais là quand…
— Non, j’ai fui avant les massacres, avant l’incendie. Mon navire a forcé le blocus par miracle. Quand je suis revenu, il ne restait plus que des cendres.
Le corps d’Andophane s’était immobilisé, seule sa voix chargée de tristesse et le flottement de ses longs cheveux blonds lui insufflaient un peu de vie. C’était étrange de voir le prêcheur si affirmé et éloquent dans un moment de grande fragilité, de voir la peine surmonter la joie, de se tenir debout alors qu’il était assis. Vaïos avait l’impression de découvrir pour la première fois Andophane l’homme, assez accessible pour s’installer à ses côtés. De cette position, la mer se dévoila à ses yeux avec comme plus bel atour le reflet scintillant de la lune. Cette mer où Andophane avait embarqué sept ans plus tôt, pleurant Zane alors qu’il fuyait la cité vaincue. Vaïos laissa le prêcheur poser sa tête contre son épaule, comme un petit enfant. Cette familiarité l’aurait surpris dans n’importe quelle autre circonstance mais Andophane était si triste qu’elle lui sembla naturelle.
— Tu as vécu longtemps ici ?
— Un an seulement. Zane me l’a fait découvrir au retour de son voyage à Asène. Je n’avais jamais vu de ville avant.
— Vraiment ?
— J’ai grandi dans les montagnes entre Asène et Andène, là où il y a plus de moutons que d’hommes. Alors quand j’ai découvert Velymène, j’ai cru que je trouvais la demeure des dieux. Cette cité est si … était si grande, si belle, si animée. J’aurais pu y vivre cent ans sans qu’aucun jour ne ressemble au précédent.
— Pourquoi l’ont-ils détruite ?
— L’Archonte voulait se venger. Ses parents faisaient partie de la délégation clytenaise brûlée par la Podestà Zelys après l’échec des négociations. Il a voulu infliger la même douleur à toute une cité.
— Personne ne l’a arrêté ?
— Le seul qui aurait pu était Pysctas Orphane. Il a vécu des années ici quand il était jeune, en tant que pupille du Podestà. Mais il n’a rien fait. Peut-être croyait-il qu’un tel massacre était le seul moyen de mettre fin pour de bon à cette guerre. Je ne sais pas. Tout cela est absurde.
Vaïos se tut un instant, se rappelant du jour où Pysctas et Menestas l’avaient regardé se faire éliminer. Il les voyait comme des héros, alors. Puis il demanda :
— C’est pour cela que tu prêches ? Pour que cela n’arrive plus ?
— Ma seule parole ne peut rien contre ce genre d’hommes. Je veux partager la pensée que l’on m’a transmis aux Cent-Lacs à assez de gens pour qu’elle se répande à tout l’Archipel. Je ne pouvais pas rester là-bas alors que tant de gens souffrent ici. Chacun de vous a confirmé que j’ai eu raison. Je referai cent fois ce voyage pour un seul d’entre vous. J’espère de tout mon cœur que vous continuerez de porter un message de paix quand je serai mort.
L’attitude d’Andophane s’était raffermie alors qu’il partageait sa vision. Sa voix avait repris sa douceur mélodieuse et son assurance.
— Jamais je ne pourrai parler comme toi. Jamais je n’aurai ce courage.
— Tu l’as déjà fait quand nous avons dormi chez les lépreux, tu les as invités à nous suivre.
— Ce n’est pas pareil.
— Non, Vaïos, mais c’était courageux.
Andophane avait relevé la tête et le regardait dans les yeux, son sourire retrouvé. Troublé, ému par ce compliment, Vaïos décida de changer de sujet :
— Que faisons-nous maintenant que nous sommes ici ?
— Penses-tu que j’y ai réfléchi ?
— Oui. Tu ne nous as pas amené ici seulement pour te recueillir.
Andophane plissa les yeux, amusé par sa perspicacité.
— Tu as raison. Je suis venu retrouver un homme que j’ai rencontré ici il y a fort longtemps. On m’a dit qu’il vivait encore dans ces ruines.
— Qui peut être assez fou pour rester ici ?
— La Voix Errante.
Je me lance donc dans ce dernier chapitre sur PA, prête à vous livrer mon ultime commentaire sur ces terres PAïennes :)
-Déjà, mention spéciale pour "Ce fut en ce jour que le Virena connut sa dernière grande tragédie. »
-On retourne auprès de Vaïos qui semble toujours dans son groupe de soutien philosophique/culte ! Voyons voir ça…
-"Il peinait de plus en plus à le croire motivé par la simple passion pour des ruines." --> m'est avis que ces ruines cachent un secret et que c'est là la véritable motivation d'Andophane. Comment, vous dites ? Moi, pleine de suspicion ? Moi, prêter des intentions à des personnages (supposément) innocents ? Meuh non, ce n'est pas mon genre…
-"Vaïos réalisa pour la première fois à quel point Velymène avait été gigantesque, bien plus grande que Clytène." --> je pense qu'il y a un effet de style à placer ici, reformuler la phrase pour lui donner le poids que vos descriptions laissent imaginer
-"En les voyant si complices, Vaïos ne pouvait chasser un certain malaise, " --> toux suspecte et femme mourante dans 3, 2, 1…
-"Il fallait voir pour réaliser, au moins un peu.(je comprends l’idée mais je découperai la phrase en deux) " --> MDR dites donc, les deux, votre écriture à deux mains a eu le hoquet x')
-"Pas compris de quelle phrase tu parles mdr " --> la suite de votre échange xD c'est marrant, ce dessous des scènes !
-"Vaïos eut l’horreur de découvrir des dizaines de squelettes empilés dans les bassins. " --> La description de ce paragraphe au début me semble un poil répétitive par rapport à ce que vous disiez juste avant, par contre cette phrase est top. L'image d'un carrelage propre au milieu des cendres, et des squelettes (quoique je vous conseillerais de voir la vitesse de putréfaction d'un cadavre, 7 ans c'est pas bézef pour un corps entier, à moins qu'ils n'aient été brûlés)
-"Vaïos tremblait en imaginant les massacres, le sang et les cris." --> j'ai lu trop vite au début et j'ai cru qu'il entendait les cris. Ça pourrait être une image sympa, en écho avec ce que disait Dashuur. D'ailleurs le paragraphe qui suit est pile dans ce style et c'est vraiment agréable à lire
-"sauf Érione et Orcia, trop occupées à discuter." --> Je refuse de croire que cette précision est anodine, vous mijotez quelque chose, c'est sûr
-"pour chanter les fantômes " --> pour chasser ?
-"L’opale légèrement entamé de la lune éclairait le chemin" --> pas besoin de préciser qu'elle est entamée, l'opale suffit et même renforce le visuel
-"Andophane avait de maintes fois évoqué ce théâtre avec un air rêveur" --> Indice n°2 sur les vraies intentions d'Andophane, noté
-"Zane." --> C'est moi qui suis perdue ou vous l'avez mentionné auparavant ? Ça me fait penser au chapitre de la Voix errante et à ses deux serviteurs
-"L’Archonte voulait se venger. Ses parents faisaient partie de la délégation clytenaise brûlée par la Podestà Zelys" --> parallèle aux actions de l'Archonte et la délégation qu'il a faite assassiner !
-"— La Voix Errante. " --> JE SAVAIS QU'IL Y AVAIT UN LIEN !!!
Ce chapitre distille des indices et laisse derrière lui plus de questions que de réponses, mais je saurai ronger mon frein en attendant la suite, va. J'ai hâte de retrouver cette histoire. À bientôt !
Oui, le dernier ici, arghhh, ça me manquera^^
Content que tu le relèves (=
"de Vaïos qui semble toujours dans son groupe de soutien philosophique/culte !" hahah
" toux suspecte et femme mourante dans 3, 2, 1…" comment ça ?? mdrr
Ahah oui, tu as les backstages mdrr, je corrige. C'est ça l'exclu !!
Zane est très rapidement évoqué dans le chapitre de LVE mais c'est sa première vraie apparition.
"-"— La Voix Errante. " --> JE SAVAIS QU'IL Y AVAIT UN LIEN !!!" Bien sûr xD Ca répond à tes questionnements sur le flashback, qui fait pas mal de liens avec le pdv de Vaïos dans ce chapitre et les suivants.
Un grand grand merci pour ton commentaire et tes impressions de lecture ! C'est très précieux pour nous.
A bientôt <3