Murid 1

Par Kaohatl

J'ouvris ma valise pour la quatrième fois. Il fallait que je vérifie que j'avais bien pris tout ce dont j'avais besoin. Je savais que dans le pire des cas, je pourrais me faire livrer à l'université les oublis éventuels, mais la logique ne calmait pas le tigre d'angoisse qui me ravageait les entrailles. Une dizaine de caleçons, check. Quatre jeans, check. Trois pantalons de survêtement. Un tas de t-shirt que je n'avais même pas besoin de compter vu qu'ils prenaient la majeur partie de la place de la valise. Deux paires de lunettes de rechange, au cas où ma paire principale soit cassée. Un manteau. Deux paires de baskets de sport. Deux ceintures de rechange au cas où la mienne soit détruite en cours de magie pratique. Une fois mon inspection terminée, je soupirais de soulagement et refermais mon armoire portative. Je n'avais rien oublié. Cette saloperie de tigre me ronronna aux oreilles "Tu es certain, Murid ?" avec un ton presque séduisant, et je pestais alors que je recommençais une nouvelle, et dernière fois, mon inspection. Une dizaine de caleçons, check. Quatre jeans, trois pantalons de survêtement...

Un gloussement dans l'encadrement de la porte de ma chambre me fit sursauter et je me retournais pour voir ma sœur cadette d'un an qui m'observait avec un sourire mutin.

- Tu es certain d'avoir prit un nombre paire de chaussettes ?

Je lui jetais l'oreiller sur mon lit avec un grognement. Je n'étais pas vraiment fâché. J'avais l'habitude qu'elle me taquine sur mes angoisses et d'une certaine façon, j'aimais ça. C'était une des seules façon de me sortir de mon cercle vicieux de vérification.

- Je n'ai pas de toc ! Je peux emporter un nombre impair de chaussettes si je veux !

- Ah ? Tu laisserais une pauvre chaussette solitaire, alors ?

Un rire m'échappa alors qu'elle me renvoya l'oreiller en pleine figure. La tentation de démarrer une bataille était très forte, mais je n'avais pas le temps. Ma dernière vérification m'avait sûrement mis en retard. Ma petite sœur me regardait avec ses yeux d'un bleu éclatant avec amusement. Je m'approchais d'elle pour la prendre dans mes bras. Je savais qu'elle était trop fière pour les démonstrations d'affection en public et qu'une fois en bas avec nos parents, je n'aurais le droit qu'à un vague salut de la main. Comme d'habitude elle ronchonna comme si faire un câlin était une fantaisie qu'elle m'accordait du bout des bras, mais je la sentis serrer aussi fort que moi sinon plus. C'était à mon tour de l'astiquoter.

- Tu n'es pas pris de douche, ce matin ?
- Ferme la, crétin ! grogna-t-elle en me repoussant.
- Ok, ok ! Bon... Samia, je dois te faire mon discours de grand frère avant de partir.

Elle leva les yeux au ciel et se retourna pour s'en aller, mais je la rattrapais par le bras.

- Fais attention aux garçons, d'accord ?
- Tu te fous de moi, Mumu. Je suis lesbienne, tu te souviens ?
- Raison de plus.

Elle poussa un long soupir et m'encercla de nouveau de ses bras. Même si nous avions pratiquement le même âge, j'avais toujours l'impression de devoir la protéger. Ce qui était une réaction puéril parce qu'elle était plus débrouillarde que moi je ne le serais jamais. Elle faisait de la boxe depuis presque dix ans, alors que le seul sport que j'avais jamais pratiqué c'était de bougeait mes doigts sur des claviers ou des manettes. Elle n'avait jamais eu besoin de protection. Mais je tenais à elle, et vu qu'elle n'était pas très câlin et mots gentils, ma seule manière de lui montrer mon affection c'était de m'inquiéter pour elle. Elle me repoussa une fois de plus et parti dans la salle de bain.

- Allez, passe une bonne journée frangin. Déchire tout ! Et aussi, donne moi des nouvelles.
- La même pour toi !

La porte se referma derrière elle sans claquer, et j'interprétais ça comme une réponse positive à ma demande. Avant de descendre, j'attrapais ma valise aussi lourde qu'un chargement de béton. L'angoisse s'était dissipée. En bas, la voix de mon père m'appela et je me précipitais dans la cuisine. Mon petit déjeuner préféré m'attendait : un café, un paquet de biscuit au chocolat, et une banane. Je souris à mon père qui ne m'avait pas préparé un repas depuis des lustres, et ses rides se creusèrent lorsqu'il me sourit à son tour.

- Prends ton temps, gamin. On ne part que dans trente minutes.

Trente minutes, soit 1800 secondes. Je n'étais pas en retard. La conversion en seconde fit se recoucher le tigre qui avait levé une oreille, prêt à m'angoisser en me faisait croire que je n'avais pas assez de temps. Je vivais avec l'animal depuis mon enfance et j'avais appris quelques astuces pour le rassurer et ne pas paniquer constamment pour rien. Je pris le temps de m'asseoir et de commencer à tremper mes gâteaux dans le café bouillant. Mon père sortie de sa poche un sachet en velour et me le déposa à côté du mug. Alors que je lui jetais un regard interrogateur, il sourit.

- C'est un cadeau de la part de ta mère et moi. Ouvre le !

J'étais surpris qu'ils m'aient fait un cadeau. Je considérais qu'être accepté à Astreval était déjà largement un cadeau en soi, et ce n'était pas vraiment une tradition familiale de s'offrir des choses pour les grandes occasions. Pour les anniversaires, oui. Mais sinon... Nos parents nous avaient appris que faire un cadeau pour des occasions spécifiques n'était qu'un moyen d'implanter dans l'esprit qu'on ne recevait des récompenses que lorsqu'on n'agissait pour faire plaisir aux autres. Par contre, faire des cadeaux pour le simple plaisir de faire plaisir, sans rechercher une occasion pour, était vivement encouragé. Montrer aux gens qu'on tient à eux sans qu'ils doivent montrer patte blanche était monnaie courante chez moi. Un marque page sur un oreiller avec un petit mot gentil, un diner spécial préparé avec l'intention de faire plaisir à tous... Mais un petit paquet un jour important ? C'était très rare. J'aggripais le sachet et l'ouvris pour y trouver un bracelet fait de billes de pierres roses. Je l'enfilais à mon poignet avec un sourire fasciné et caressais les pierres avec douceur. Un sentiment d'appartenance et d'amour profond se glissa dans mes entrailles.

- C'est un bracelet enchanté. Chaque fois que tu caresses les billes, l'enchantement se déclenche et te faire sentir ce que ta famille ressent pour toi. Si jamais tu es angoissé... ça te rapellera que quoi qu'il arrive, on sera là pour toi. 

Je continuais à caresser mon bracelet lorsqu'une larme s'éclata dessus. D'un geste je m'essuyais les yeux et je me levais pour serrer mon père dans mes bras. C'était pile ce qu'il me fallait pour pouvoir affronter une vie loin de ma famille. Je ne le savais pas, mais mon père l'avait compris avant même qu'ils commencent à me manquer. Il me serra fort contre lui et je n'eus pas besoin du bracelet pour ressentir l'amour qu'il me portait. Je finis par le lâcher et retourner à mon petit déjeuner, sans ajouter de mots. Il n'y avait rien à rajouter. Tout avait été démontré par des actes. Il me restait 1200 secondes, et le tigre dormait comme un loir.

___


L'université d'Astreval était impressionnante. Construite dans le cirque verdoyant d'une vieille montagne, je regardais une rivière tumultueuse sortir de la roche pour creuser son lit à même l'enceinte de l'école. La pierre blanchâtre de la montagne avait été utilisée pour créer des bâtiments solides, assez rugueux, et je savais que les dortoirs étaient troglodytes à même la falaise. Une tour en laiton surplombait le cirque et était coiffée d'un dome en bronze. La tour d'astronomie. D'un côté de la rivière se situait une sorte de village avec des magasins et des débits de boissons, ainsi que les bâtiments administratifs de l'école et un peu plus éloignés le quartier des professeurs. Plusieurs bâtiments pour les cours entouraient un parc chaotique où se côtoyaient autant d'arbres et de verdures que d'endroit sec et rocheux. J'avais lu sur une brochure d'Astreval que plusieurs climats y étaient maintenus par magie afin que tout les élèves puissent s'y sentir à l'aise pour étudier. 

Un cri d'oiseau aussi magnifique que cristallin me fit lever les yeux au ciel. Trois oiseaux aussi grand qu'un lion dansaient dans les nuages, leurs ailes de couleurs chatoyantes brillaient au soleil. Un des oiseau fit une acrobatie aérienne et s'enflamma soudainement d'un feu si puissant qu'il était difficile de le regarder directement. Les deux autres s'embrasèrent aussi et ils continuèrent leur danse en n'étant plus que des soleils miniatures profitant de la vie. Des phénix. Si rares, presque éteint (sans mauvais jeu de mot). Un de leur dernier nid connu se trouvait au sommet du cirque et chaque année des ornithologues étaient sélectionnés pour venir les étudier. Il était strictement interdit de les approcher en-dehors d'un dérogation spéficique et les voir ainsi s'amuser me fit monter les larmes aux yeux. Un spectacle magnifique qui me gonfla de bonheur.

Plusieurs autres nouveaux élèves pointaient le ciel du doigts et profitaient aussi de la danse en la commentant avec effervescence. Quelques élèves plus vieux regardaient les oiseaux eux-aussi avec un sourire sur leurs visages. Peut-être que ce n'était pas si courant que ça s'ils arrêtaient leur flâneries pour y assister. Après une dizaine de minutes, les phénix éteignirent leurs flammes et allèrent se poser hors de vue. 

Le cœur léger, je repris ma valise et m'avançait jusqu'à atteindre un attroupement devant un bâtiment au centre du parc principal. Assez austère, il ne payait pas de mine en-dehors de ces quelques gargouilles tâchées par l'écoulement de la pluie. Au-dessus de la double porte en bois sombre se trouvait l'emblème d'Astreval : un étoile à huit branches entourée par un phénix enflammé. Sur les marches permettant d'accèder à aux portes se trouvaient quelques personnes à l'allure plus ou moins sérieuses. Les professeurs, sans doute. Un homme grand et massif se tenait au centre et discutait avec une femme deux têtes plus petites que lui. Le costume bleu ciel de l'homme contrastait avec sa peau noire et ses dreads lui cascadaient sur les épaules comme des tâches d'encre. La femme, quand à elle, était si pâle qu'elle paraissait presque transludécente et ses cheveux roux bouclés et épais semblaient presque lui faire une cape. L'homme ria à gorge déployée à une blague que lui fit la rousse et il déposa sa main sur son épaule avant de s'avancer pour se mettre face aux élèves.

- Votre attention ! S'il vous plait. Je suis Sayouba Kambire, le sous-directeur d'Astreval. Notre directrice n'étant pas rentrée de son voyage d'affaire, c'est moi qui vait vous accueillir aujourd'hui et vous souhaiter la bienvenue. Mais pour le moment, c'est notre petit secret ! Il reste une dizaine de minutes aux retardataires pour arriver. 

Il ponctua son discours d'un clin d'œil avant de se retourner et d'aller discuter avec d'autres administrés et d'autres professeurs. Certains élèves autours de moi se connaissaient et reprirent des discussions. Instinctivement, je caressais le bracelet que ma famille m'avait offert pour sentir la douce chaleur réconfortante m'envahir. J'étais un peu gêné d'être seul sans personne à qui parler. Je sorti de ma poche un tissu pour nettoyer mes lunettes afin de m'occuper un peu jusqu'à ce qu'une main posée sur mon épaule me fasse sursauter. Je lâchais mes lunettes et les ramassais vivement pour vérifier qu'elles n'étaient pas cassées.

- Merde, désolé.

Je me retournais vers la personne qui venait de presque détruire mes lunettes et découvrit une personne au sourire chaleureux. Les cheveux courts blonds aux pointes roses, un piercing au septum, une peau hâlée, et des yeux noisettes piqués d'or. Son allure générale ne me donnait pas d'indication sur son genre et je me reteins de fixer sa poitrine pour le deviner.

- C'est pas grave. Je peux quelque chose pour toi ? dis-je d'un ton amical.
- Non, non ! C'est juste que... tu as l'air de te faire chier. Et d'être seul. Et... moi aussi. Il n'y a personne que je connais, dans le coin. Alors je me suis dit...
- Oh ! C'est sympa. Hum... Je suis Murid. Et toi ?
- Andrea. 

Je lui souris avec sympathie mais un silence gêné s'installa. J'étais parfois mal à l'aise avec les gens et le tigre d'angoisse n'arrêtait pas de me répéter "ne fait pas de gaffe, ne soit pas bizarre... ne fait pas de gaffe, ne soit pas bizarre..." en boucle. Je lêchais mes lèvres pour me donner du courage et prendre la parole, mais la personne gloussa avec amusement et me piqua ma question.

- Iel. Aucun soucis, la question n'est pas gênante. Pas la peine d'avoir l'air aussi gêné !

Je passais ma main dans mes cheveux sombres courts et bouclés et je sentis mes joues s'embrasées. Ma peau caramel cachait parfois ce détail aux yeux des gens, mais vu la chaleur que je ressentais sur la peau, il n'y avait aucune chance que ça passe inaperçu. Andréa me bouscula l'épaule de la main.

- Allez, ne va pas tomber dans les vapes. On dirait que c'est la première fois que tu rencontres quelqu'un non-binaire.
- Oh non, c'est... ça ne me dérange pas ! Je ne voulais juste pas être bizarre. J'ai une sœur lesbienne, tu sais !

Andrea pencha un peu la tête avec un air surpris et amusé. Je sentis ma peau de nouveau chauffer sur les joues et je passais mes doigts sous mes lunettes pour me frotter les yeux et me reprendre. J'ai une sœur lesbienne. Parfait. Quelle réplique incroyable. On aurait dit un raciste qui cite le fait qu'il a un très bon ami noir. Le tigre rugit et commença à griffer mes entrailles et l'angoisse me submergea au point que je me pliais en deux pour essayer de respirer profondément. C'était vraiment un mauvais réflexe. On ne respirait pas mieux coupé en deux. Mais ça me permettait de couper mes yeux de la vision des gens qui peut-être étaient en train de se moquer de moi. J'entendis un élève demander ce qu'il m'arrivait et Andrea lui répondit que ce devait être une crise d'angoisse et qu'il fallait me ficher la paix. Je ne connaissais pas cette personne depuis longtemps, mais bénie soit-elle. Au bout de quelques minutes je réussi à reprendre le contrôle de mon corps et le tigre se recoucha, vigilant.

- Dé...désolé. Je...
- Hé, ne soit pas désolé. Ce n'est pas ta faute si tu as eu une crise d'angoisse. Et ce n'est pas ta faute non plus si tu as une sœur lesbienne.

La blague me fit écarquiller les yeux et je rigolais de bon cœur. Andrea me sourit amicalement et me tapota l'épaule. Je me sentis immédiatement à l'aise avec iel. Peut-être parce qu'iel était amical et qu'iel avait prit soin de mon espace vital alors que je faisais une crise d'angoisse. Ou peut-être parce que sa magie venait des émotions.

- Euh... Tu es jumelé avec un aquatique ? Un spirite ?
- C'est une bonne question. Beaucoup de gens qui me connaissent me disent la même chose, mais je n'ai pas encore eut ma révélation. Doooonc, je suis peut-être juste très amical. Et toi, tu es révélé ?
- Non, non, pas encore. Mais mes parents sont jumelés terrestre. Dryade, mon père, et faune, ma mère. Il y a des chances que je sois un terrestre aussi.
- Oh cool ! Les terrestres sont généralement de vrais rocs dans la vie.

Un maigre sourire étira mes lèvres. Je ne savais pas si je pouvais vraiment être un roc avec ces angoisses qui me faisaient parfois vivre un enfer. Mais les maladies n'étaient pas correlé à nos jumeaux spirituels, donc ça ne voulait pas dire grand chose. Une petite voix dans ma tête, celle du tigre, me chuchota que si mon jumeau était aussi un terrestre, j'en serais un bien piètre représentant. Heureusement j'avais l'habitude de la bête qui voulait saper ma confiance et je la fis taire sur le champ. Elle et moi, nous avions mené de nombreuses batailles l'une contre l'autre, et il m'avait fallu des années de pratique pour pouvoir en gagner certaines. Même si je n'étais pas un parangon de la confiance en soi, je n'étais plus un petit garçon qui se sous-estimait pour tout. Mon acceptation à Astreval m'avait donné une arme de choix pour combattre le tigre. Comment peut-il essayer de me faire croire que je ne valais rien alors que j'avais réussi à rentrer dans l'université magique la plus prestigieuse qui existe ? Mes angoisses n'avaient pas encore trouvé le moyen de retourner cette arme contre moi, et même si je savais qu'elles y arriveraient je préférais profiter de l'instant présent.

Alors que je m'apprêtais à continuer la conversation avec Andrea, Kambire demanda à nouveau le silence avec sa voix de stentor. 

- Bienvenue à toutes et à tous ! Je suis Sayouba Kambire, le sous-directeur d'Astreval. Vous n'aurez pas à faire à moi souvent, alors profitez bien de cette occasion ! Notre directrice n'est pas là aujourd'hui, mais je ne doute pas qu'elle fera un excellent discours à son retour. Astreval vous ouvre ses portes, désormais. D'où que vous veniez, qui que vous soyiez, quoi que vous veuillez faire dans la vie, vous avez passé les test et faites désormais partie de notre grande famille. Vous passerez les deux premières années ici à apprendre les bases de la magie, à vous familiariser avec votre jumelage lorsqu'il vous aura été révélé, et à toucher un peu à toutes les matières. Par la suite, vous devrez choisir des spécialisations, mais je mets la charrue avant les bœufs. Pour le moment, vous êtes des jeunes gens intelligents et à l'esprit ouvert à toutes les possibilités. Vous devrez travailler et étudier avec rigueur si vous voulez réussir vos examens et continuer votre route ici. Mais le corps enseignant ici présent a confiance en...

Une femme blonde vêtue d'un jean et d'un chemisier noir monta les marches pour se glisser dans le rang des professeurs. Elle portait des lunettes de soleil et avait à la main un gobelet de café fumant. Certains de ses collègues semblèrent se retenir de faire un commentaire désagréable à son intention tandis que d'autres avaient un sourire en coin. Kambire la regarda prendre sa place en laissant flotter son discours avant de reprendre comme si rien ne s'était passé.

- Le corps enseignant a confiance en vous et vos capacités. Vos professeurs seront disposés à vous aider si vous avez des soucis de compréhension, et en plus de cela vous avez chaque jour une heure obligatoire d'étude générale surveillée où vous pourrez poser toutes les questions que nous essayerons de résoudre avec vous. Chaque jour, vous aurez deux cours différents. Le premier de 9h à 11h30, le deuxième de 13h à 15h30. L'heure d'étude obligatoire, qui sera aussi une heure propice pour faire vos devoirs, est de 18h à 19h. Lors de votre première année, vous n'êtes pas obligée de prendre une activité extra-scolaire. À partir de votre deuxième année, cependant, cela deviendra obligatoire. Mais revenons à aujourd'hui ! C'est un grand jour pour vous. Les enseignants qui se sont proposés vont vous faire visiter l'université, puis les élèves en dernière année d'étude vous montreront vos chambres où vos affaires sont amenées dès à présent.

Il claqua des doigts et tout les bagages des élèves se volatilisèrent d'un seul coup. Certains poussèrent un petit cri de surprise qui se mua en rire et en murmures impressionnés. 

- Derrière moi se trouve le bâtiment de réunion. Il s'agit de l'endroit où vous viendrez prendre vos repas et où seront tenus les discours officiels. Le petit-déjeuner est servi de 6h à 8h30, le déjeuner de 11h30 à 13h, et le diner de 19h à 22h. Si jamais vous voulez une collation entre temps, il vous faudra aller acheter quelque chose au village universitaire. Chaque semaine vous aurez accès à de l'argent envoyé par vos familles ou donné par l'université. Afin de combattre les inégalités, chaque élève recevra la même sommes. Il est strictement interdit d'apporter de l'argent supplémentaire, et cela dans le but de laisser à tous les mêmes chances. Du samedi à 10h au dimanche à 16h, les portes d'Astreval seront ouvertes afin que vous puissiez partir ou que vos familles puissent venir en visite. Je tiens cependant à souligner que vous aurez sans doute des devoirs et qu'il sera important pour vous et votre avenir ici de vous réserver du temps de travail pendant les week-ends. Vous trouverez dans vos chambre votre emploi du temps et votre premier cours sera demain matin. Vous entrez dans l'âge adulte, jeune gens ! Et même si je sais à quel point cela peut être excitant, cela vient aussi avec des responsabilités. Personne ne sera là pour vous dire à quelle heure vous lever, à quelle heure vous coucher, et quoi manger. C'est à votre charge. Et le retard est très mal vu par le corps enseignant. C'est une chance d'avoir été accepté ici et j'espère que vous comprenez qu'il est de votre devoir de faire honneur à notre grande Astreval. Sur ceux, jeune gens, je vous souhaite la bienvenue au nom de tous ! Attendez qu'un professeur cite votre nom pour le rejoindre afin de constituer les groupes de visite. 

Les professeurs se mirent presque tous à applaudir le discours, suivit de près par les élèves. J'étais excité à l'idée de visiter les lieux qui seront ma maison pour les prochaines années, et un coup d'œil à Andrea me confirma qu'iel était dans le même état que moi. Kambire salua tout le monde avec un immense sourire avant de s'approcher de la prof retardataire pour discuter avec elle. Même avec ses lunettes de soleil, il était évident qu'elle était agacée par ce que lui disait le sous-directeur et elle finit par lever les deux mains au ciel en signe de rédition. 

Un à un les groupes furent constitués. Nous étions une centaine de nouveaux élèves pour six groupes. Hélas, Andrea fut appelé par un autre prof que le mien et nous nous séparâmes en nous promettant de nous retrouver plus tard. Le professeur de son groupe était un quincagénaire bedonnant avec une barbe en cotelette et à l'air guilleret, quand à moi je fus appelé par la prof en retard au ton blasé. Elle n'avait pas l'air d'être très heureuse de s'être proposée à faire faire le tour de l'université aux nouveaux, et je fus certain que c'était en réalité une punition pour son retard de la part de Kambire. 

- Allez les nouveaux, suivez moi. Je me suis proposée au dernier moment parce que j'adore marcher partout pour montrer à des jeunes ce qu'ils vont découvrir facilement par eux-même.

Oui, c'était certain. Elle n'avait pas l'air très heureuse de nous guider.

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