Quand le héraut finit son cri de tambour, le Roi tonna d’un royal :
— Tournez vos clés !
Il y eut un déclic et le bouton de porte apparut ; un cristal de neige en glace polie. Je tendis une main hésitante pour l’empoigner. Ce n’était pas plus froid que du métal ordinaire. Il tourna sur lui-même sans la moindre résistance. Je poussai le battant en avant et… un calme de coton blanc se dévoila à mes yeux ébahis. Partout, la neige était intacte. Et elle recouvrait tout. Un champ immaculé s’étalait devant moi. Quelques pas sur la droite, sinuait un chemin délimité par de larges haies sauvages qui le bordaient de part et d’autre.
— Ça me semble un bon point de départ, chuchotai-je pour moi-même.
— Ç’aurait également été mon choix, me fit sursauter une voix grave que j’étais maintenant capable de reconnaitre.
Une brise glaciale me picota les joues, à l’opposée de la chaleur qu’irradiait le corps massif de Wolf Storm qui se tenait juste derrière moi. Je craignais le froid… Il me faudrait vivement me mettre en marche et maintenir un rythme soutenu, au moins le temps de chauffer mes muscles.
— Que l’Épreuve commence ! rugit Maguiar.
La cinquantaine de paires de pieds qui demeureraient dans la salle le temps de l’ Épreuve se mit à frapper le sol avec force et fracas. Le chambranle de ma porte tremblait.
— Courage et prudence, me murmura Wolf.
Sur l’impulsion de ses mots, j’entrai dans le paysage. Et tombai. Mollement puis durement : sous la neige, le sol était en béton armé. Tout ce blanc m’avait prise en traitre - la porte était surélevée. Je me redressai sur les genoux et regardai en arrière pour évaluer la hauteur d’où je venais de chuter. Wolf Storm n’avait pas bougé d’un cheveu et m’observait. Et alors qu’une main invisible poussait violemment sur le battant givré pour le rabattre, je lus une haine féroce dans la partie décharnée de son visage. Un rire cruel résonna dans ma tête. La porte claqua puis disparut. Devant moi, il n’y avait plus qu’un ciel froid parsemé de bancs de nuages ainsi que l’immense champ tapissé de plusieurs centimètres de neige. Le rire se dissipa lentement sous mon crâne jusqu’à n’y laisser qu’un grand silence. Je choisis de rester sur l’image, moins nette, de l’œil à l’iris bleu paon. J’y avais lu une bienveillante inquiétude.
Redresse-toi, m’ordonnai-je.
Je n’allais pas déjà détremper ma tenue.
Le soleil était bas. Que ce soit le soir ou le matin, avec toute cette végétation, il devait y avoir des oiseaux… Le claquement sonore de la porte devait les avoir mis sur le qui-vive. L’absence de bruit m’oppressait, j’avais hâte d’en entendre quelques-uns chanter. Lentement, j’entamai ma marche.
****
Instinctivement, j’avais avancé en laissant derrière moi l’endroit par lequel j’étais entrée. J’avançai à pas réguliers. Sur le sentier, l’épaisseur était moindre que dans le champ. Mais au fond, en était-ce un ? Il s’agissait peut-être d’une prairie, ou simplement d’une clairière. La neige étalait aussi des mystères.
J’avais vu et entendu quelques petits animaux, mais ici c’était l’hiver, ils passaient l’essentiel de leur temps dans leur nid, leur terrier… Pour certains, leur capacité à se maintenir au chaud était synonyme de survie. Je n’avais jamais été une grande sportive, même avec ce rythme que personne ne m’imposait, je sentais mon cœur palpiter sous mes épaisseurs de laine et de coton. Mon souffle était légèrement erratique. Mais je me refusais à réduire l’allure, pas pour le moment ; comme ces malignes petites bêtes, je faisais ce qu’il fallait pour maintenir mon corps au chaud. Car l’air était glacial. Autour de moi, la beauté froide de la nature ne cessait de couper mon souffle saccadé. Les branches dénudées se paraient de gouttes glacées, délicates stalactites à la courbe étincelante. Une brise légère les faisaient parfois danser. J’imaginai un bruit de clochette qui ne venait pas. Je dévalai une pente légère. Curieuse, j’en cassai une et la portai entre mes lèvres ; elle était fraiche. L’orée d’un bois ou d’une forêt s’étirait non loin de mon chemin. Le noir des troncs entremêlés tranchait sur l’immaculé de la neige. Enfin, partout autour de moi, le givre recouvrait de dentelles étoilées les plantes et les herbes sauvages, desséchées depuis leur dernier été, ainsi que les taillis fous qu’aucune main ne cherchait à dompter. Soudain, les flocons se mirent à tomber, dansant en vrilles autour de moi. Je m’arrêtai. C’était un tableau qu’il fallait prendre le temps de contempler.
Est-ce aussi magnifique pour les autres ?
Gare au froid. Je repris mon avancée, mais diminuai l’allure pour continuer à profiter du spectacle.
Ce monde est beau.
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J’avais profité d’une longue descente, mais la côte qui lui succédait était rude. J’avais gravi à peu près la moitié mais je dus m’arrêter. Pressant mes mains gantées sur mes côtes, je m’appliquai à reprendre mon souffle. J’aurais aimé m’asseoir pour soulager mes cuisses brûlantes, mais je craignais le froid qui ne manquerait pas cette occasion pour venir se loger dans mes os. Lorsque les flocons duveteux s’étaient arrêtés de tomber, un vent piquant avait pris leur place, chassant les nuages du ciel. Le soleil semblait à son zénith, haut dans un ciel topaze. J’aimais bien retrouver le juste nom des teintes, particulièrement celles des bleus. J’avais étudié les noms des couleurs, bien que j’ai oublié pourquoi. Songeuse, je laissai remonter un souvenir ; j’étais penchée sur un bureau, mélangeant des pigments d’une palette d’aquarelles à l’aide d’un pinceau à lavis pour créer des nuanciers. Était-ce par plaisir, dans le cadre d’études ou d’une profession ? Ces pans de mémoire insaisissables m’angoissaient. Je chassai le souvenir en me secouant tout entière. À mon retour au Château Lune, je ferai en sorte de me procurer des peintures à l’eau. Je déterminerai si, aujourd’hui, cela m’était ou non un plaisir. Je devais m’ériger des certitudes. J’avais besoin d’appuis solides pour avancer. Car la vie était comme cette marche, une avancée continue où des choses perduraient et où d’autres changeaient… Je me sentis moins sombre et repris mon ascension. Le bruit de mes pas dans la neige était grisant ; c’était un crissement particulier, une mâche d’oreille… J’en aurais pris plus de plaisir si mes pieds n’avaient commencé à souffrir de la morsure du froid. Je craignais que mes chaussures n’aient fini par percer - à l’œil, le cuir était détrempé. Pour me donner du courage, je m’autorisai à entamer mes provisions une fois la côte derrière moi.
****
Je venais d’entendre un orage gronder, au loin. Étrange… D’épais nuages jaunâtres s’amoncelaient au-dessus de moi. Il me semblait marcher depuis des heures, sans savoir ce qu’il en était vraiment. J’aurais aimé avoir une montre. Les haies m’avaient abandonnée, elles étaient loin derrière moi. J’avais la sensation de marcher sur une mer blanche, striée de vaguelettes. Je me repérai grâce au sommet des touffes d’herbes sauvages ; elles dépassaient en bouquets plus ou moins hauts de la croûte de neige. Je marchai en les épiant, relevant quelquefois les yeux pour observer plus globalement l’espace dégagé qui m’entourait. C’était différent, un peu effrayant, et toujours aussi beau. Trop pour l’ignorer. Je finis par m’arrêter, une fois encore, rien qu’un bref instant, juste pour me nourrir de cette toile éphémère dont j’étais spectatrice. L’arbre le plus proche, immense, était couvert de poudreuse blanche. Le givre en habillait l’écorce. Entre ses branches les plus basses, quelques toiles d’araignées s’étaient parées de perles brillantes. Je pris le temps de boire une gorgée d’eau et choisis le pied d’une falaise comme prochain point à atteindre.
Je ne m’engageai pas à la gravir - je n’en voyais pas l’utilité. En la longeant, je découvris une saillie d’où jaillissait une fontaine naturelle. Les températures négatives l’avaient figée dans son explosion d’eau pure, offrant une vague de glace qui se terminait par de longues stalactites acérées ; le mouvement figé par le froid. Sous l’épaisse couche translucide, on devinait un écoulement qui subsistait.
Des racines serpentaient tout le long de la roche, je pus y admirer d’autres stalactites. Je ne résistai pas à pousser sur l’une d’entre elles. Celle-ci se cassa et tomba. En la regardant s’enfoncer dans la neige, je réalisai que je m’étais mise à fredonner. Cela m’arrivait souvent dans les situations d’inconfort ou d’insécurité.
J’aurai aimé savoir si j’étais sur le bon chemin, s’il me restait peu ou beaucoup à parcourir…
****
Aussi loin que pouvait porter mon regard, je ne voyais pas la moindre trace d’un bâtiment ou d’une porte flottant seule dans le vide. J’avais mal aux cuisses, aux genoux, aux mollets et, étonnamment, aux bras. Ils ne portaient pourtant rien, mais je ne savais plus comment les positionner.
— Je suis une guerrière, je suis une guerrière, je suis une guerrière, murmurai-je depuis un moment, en boucle, comme un cliquetis de métronome, un mantra au rôle de béquille, psalmodié au rythme de mes pas.
J’étais las de chanter. Un pas militaire convenait mieux à ma fatigue.
Le paysage s’était assombri. Quelques flocons commençaient à se mêler au vent, me griffant presque le visage. Je grelottai, on aurait dit que la température avait chuté d’un cran. J’extirpai d’une poche de ma large cape les deux dernières galettes préparées par Midine et mangeai en marchant. Après, j’arrangerai au mieux mon écharpe pour me couvrir un maximum le visage. Le froid m’avait probablement brûlé les joues. L’épuisement me rendait moins sensible au paysage. La peur de la nuit à venir également.
Et si je comptai ? Jusqu’à cent, et là je m’arrêterai le temps de souffler un peu.
****
Il neigeait dru, des flocons lourds et silencieux. Je devais avancer lentement, ils tombaient tel un épais rideau. Mes mains et mes pieds étaient gelés. L’écharpe que j’avais remonté sur mon nez était mouillée. Mes yeux pleuraient à cause du froid. Je m’accrochais à l’espoir que tout cela serait bientôt terminé. Qu’on m’avait promis que j’en ressortirais vivante. Et de toute manière, que pouvais-je faire d’autre mis à part avancer ?
— Merde.
J’avais perdu le contact avec mes touffes d’herbes. Prudente, je m’arrêtai. Elles étaient visibles derrière moi, mais devant… il n’y avait qu’une uniforme couche blanche. Un peu plus loin, en contrebas, j’avais repéré une ligne de sapins ; ce serait un bon repère à longer. Il me fallait les atteindre. Avant de m’y mettre, je bus encore un peu d’eau. Je n’avais pas soif, mais je me sentais transpirer. Je faisais subir de gros efforts à mon corps, je devais veiller à l’hydrater.
J’observai les arbres les plus proches ; une longue branche assez fine me semblait accessible mais je devais revenir sur mes pas. Me remémorant les mots de Wolf Storm, je me dis que ce ne devrait pas poser problème. Il n’était de toute façon pas question d’avancer aveuglement dans cette neige. Je savais que j’évoluais sur un terrain inégal, sur lequel j’avais trébuché quelques fois, truffé de côtes et de descentes parfois abruptes. J’agrippai à deux mains la branche repérée et me laissai peser de tout mon poids. Je dus m’y reprendre à quelques fois pour parvenir à la casser. En nage, je retournai sur mes pas en marchant dans les trous que mes empreintes avaient laissés dans la neige crissante. Ensuite, je piquai et enfonçai mon bâton. Je poussai une flopée de jurons bien de chez moi. Presque toute la longueur de ma branche y était passée et je n’avais pas encore rencontré le sol. Était-ce un précipice ? un ravin ? Je grimpai en pente douce depuis un moment, c’était possible. Je remerciai qui de droit, je ne sais trop qui - l’Esprit de la Rivière peut-être ? - de m’avoir épargnée d’y tomber bêtement. Les arbres proches devaient avoir un tronc plus longs que ce que je m’étais imaginé. Je désirais toujours rejoindre ma ligne de sapins, mais il me faudrait trouver un sentier qui descende pour la rejoindre. Usant de ma sonde de fortune, je tâtai le terrain sur ma gauche et ma droite. Je compris assez vite que ça partait en pente de chaque côté. J’en choisis un, au hasard, et poursuivis mon avancée. J’étais confiante, la technique fonctionnait. Et c’est là que je tombai. Dans une fosse remplie de neige. J’avais posé un pied du mauvais côté. L’adrénaline me sauva ; je ne sais comment, je sus tordre mon buste pour l’envoyer vers le dernier endroit où mon bâton avait rencontré une surface dure. Mes mains adhérèrent à quelque chose de stable, m’évitant de tomber à la renverse dans la congère, m’évitant de peut-être y finir ensevelie. J’étais tendue comme un arc. Par chance, du bout des orteils, j’arrivais à sentir le sol. Mais j’étais enfoncée dans une neige dense, compacte. Le nez en l’air, je n’osai plus bouger. Il y avait comme un tunnel au-dessus de ma tête. Je redoutai de voir ces murs s’écrouler sur mes yeux, mon nez…
Elle va tomber dans une congère.
Le souvenir de cette voix, inconnue, vipère et moqueuse, déclencha une seconde décharge. Une rage m’amena à inspirer un bon coup. Dans la neige tassée, je cherchai une prise contre la roche en y frottant un pied puis, je tirai sur mes bras de toutes mes forces. Ma semelle dérapa. En retombant vers le fond, une pluie blanche me tomba sur la tête et s’insinua sous mes vêtements. Mais le pire fut la vive douleur que je ressentis au niveau de ma cuisse et de mon genou. Je réessayai sans même réfléchir. La deuxième fois fut heureusement la bonne. Sur un cri, je m’extirpai et revins sur le sentier. Je restai un long moment à genoux dans la neige. Je tremblai à m’en entrechoquer violemment les mâchoires. J’écoutai la douleur pulser de divers endroits. Comme souvent lorsqu’on se sent désespéré, une marée de souvenirs désagréables choisit cet instant pour me submerger. Bien qu’étrangement, celle-ci s’avéra coriace. Une foison de moqueries, de cruautés qu’aujourd’hui encore je ne comprenais pas, d’humiliations et de sensations de rejet… Une masse gluantes d’instants subits sans l’avoir cherché qui expliquait pourquoi je préférais fuir les gens plutôt que de les approcher, surtout s’ils étaient en bande… Pourquoi je préférais les personnalités atypiques aux standards des masses… Pourquoi j’avais finis par me représenter comme un électron libre, une pièce solitaire qui n’entrait dans aucun puzzle. Mes jambes devinrent plus lourdes, ma fatigue plus intense. Pourquoi se battre ? Le contact des autres pouvait m’être si violent. S’ils ne voulaient pas de moi, pourquoi devais-je m’infliger de rester vivre parmi eux ?
Faites simplement du mieux que vous le pouvez. Personne ne vous en tiendra rigueur si vous ne menez pas à terme cette Épreuve.
Je poussai un juron.
Je peux en être capable. Je vaux quelque chose. J’emmerde les imbéciles ! S’ils sont cons et heureux de l’être, je suis heureuse d’être la pièce isolée et incomprise que je suis !
Cette rage, encore. J’en fis un moteur. Je me relevai en chancelant. Surprise, je vis quelques traces rouges dans la neige. Je n’avais pas le courage d’ôter mes bottes pour soulever mon pantalon. Ce ne devait pas être trop grave puisque je tenais debout. Ce n’était pas comme si je sentais une marée de sang dégouliner contre ma peau. Péniblement, je me remis en route. Mon bâton avait miraculeusement survécu à cette chute impromptue. Je sondai minutieusement le sol avant de faire le moindre pas. Je continuai ainsi même lorsque je retrouvai mes touffes d’herbes. Je relâchai la pression quand j’atteins enfin ma lisière de sapins.
Dernière ligne droite, me dis-je.
Que ce soit vrai ou non, je refusai de me dire quoi que ce soit d’autre.
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L’extrémité de mes doigts étaient douloureuses. Mes orteils, qui picotaient et s’engourdissaient depuis un moment, avaient eux cessés de me faire mal. J’avais peur que ce ne soit pas forcément un bon signe. J’avais un goût de sang sur la langue, mes lèvres gercées s’étaient fissurées en plusieurs endroits. Mes joues brûlaient face à la bise malgré l’écharpe détrempée qui les couvrait en partie. Je marchais si lentement que s’en était ridicule.
Mais au moins, je ne recule pas.
Je m’étonnais moi-même de tenir encore debout, de ne pas m’effondrer dans la neige et de simplement attendre qu’on vienne m’y chercher.
Avance, ne cessai-je de m’exhorter.
Je passai une nouvelle fois ma langue sur mes lèvres au goût de rouille.
S’arrêter, c’est la fin. Marcher tient chaud. La porte est là, devant, je ne suis pas perdue.
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La neige fouettait tout.
C’est cela, un blizzard.
C’était spectaculaire. Mortellement beau. J’en venais à douter de cette promesse que nos vies seraient épargnées. Je me refusai à trop y réfléchir. Je tenais sur une certitude : Je ne m’arrête pas.
Je devais lever mes jambes haut pour avancer. La poudreuse me remontait jusqu’à mi-mollet. Je m’évoquai des images de chaleur. Je pensai à ces gens forcés de se blottir contre leur bétail au plus fort de l’hiver. Dans mon brouillard hagard, j’eus une idée. Serrant les dents, je retirai mes moufles - non sans mal - qui tombèrent dans la neige. Je choisis de les y abandonner, je n’avais pas la force de les ramasser. Je gémis en découvrant mes extrémités bleutées et légèrement boursoufflées. Prise de tremblements, je me contorsionnai pour reculer mes bras dans leurs manches et emprisonnai mes doigts sensibles et gelés sous mes aisselles. C’était terrible, horrible ; c’était trop froid.
Le temps de quelques minutes, pensai-je en claquant des dents, ça va les réchauffer. Juste le temps de quelques minutes.
Je sentais mes dernières larmes durcir au contact de l’air. Mes cils étaient plus lourds que d’ordinaire.
Dommage que je ne puisse en faire autant pour mes pieds…
Je me dis que le mieux, pour eux, était de continuer à avancer. La circulation sanguine participerait peut-être à les maintenir sains ? Je n’y connaissais rien… mais mieux valait rester sur cette idée réconfortante. Ce qui ne m’empêcha pas de songer avec horreur à l’amputation.
Je comptais mes pas.
Un, deux. Un, deux. Un, deux. Un…
J’étais dans un état second. Je ne soulevais même plus les jambes, je glissais. Pas plus de quelques millimètres par mouvement. J’étais prête à m’effondrer dans la neige.
Pitié.
Et elle fut là.
Je crus d’abord à un mirage. Je fermai les yeux puis les clignai plusieurs fois d’affilé. Elle était toujours là. Ses contours étaient nets, je distinguais même les lattes du battant blanc de givre. Le bouton de poignée rond en forme de cristal étincelait. Je n’avais pas la force de sourire. J’étais soulagée, mais si lasse, que je restai dans cet état second aux mouvements gauches, imprécis. Je la rejoins avec une atroce lenteur et appuyai mon nez contre le bois mouillé. Je devais sortir mes mains de sous mes aisselles pour l’ouvrir. J’en aurais versé de nouvelles larmes si j’avais pu. Je tremblais, de fatigue, de froid ; je m’en sentais incapable. De rage, je shootai du genou dans le battant. Deux, trois fois de suite. Et, ô, surprise, la porte s’ouvrit devant moi.
****
Encore un super chapitre, qui s'accorde très bien avec la musique. J'ai beaucoup aimé et je suis heureuse de voir que tu es de retour.
Hâte de découvrir ce qui se cache derrière cette porte <3
Heureuse que le chapitre t'ait plu (le rythme du début est à revoir).
Oui, je suis contente de revenir aussi, j'espère que je saurai reprendre l'avancée, mise en pause suite à un Kaboum IRL.
Merci pour ta lecture suivie <3
<3
À très vite ! Challenge de boucler le chapitre 43 avant la fin du mois !