Le temps a filé depuis la lettre de Misa. Au fond, Julie s'en fiche, elle aime Hugo, elle n'a pas besoin de l'avis de cette fille. Tous les jours en fin d'après midi, elle va le rejoindre. Elle grimpe la colline, et elle passe des heures avec lui, à parler, s'amuser, le regarder... Peut-être que c'est ça, le vrai bonheur ? Celui qu'elle a tant attendu. Un amour parfait. Sa peur des gens est éclipsée par cette lumière qu'il dégage. Il lui apprend des choses, prend soin d'elle, l'aime... Il l'aime, et c'est la plus belle chose qu'il aurait pu lui offrir.
Quelques fois, elle se demande si ce bonheur ne va pas lui échapper des mains. Être repris du jour au lendemain. Disparaître. Alors elle en prend soin. Elle s'investit, elle fait des efforts. Tout pour rester auprès d'Hugo. Elle sait que sans lui elle ne peut pas vivre. Que c'est lui qui l'a sortie du néant. Que c'est lui qui la rend si heureuse. La nuit, pendant ses insommnies, elle écrit. Des centaines de poèmes. Ou elle dessine, des fleurs, des visages et des yeux aux petites étincelles. Des étincelles jaunes. Dorées. Brillantes dans la nuit noire.
***
Les lèvres d'Hugo étreignent celle de Julie. Elle se sent... vivante. Son petit coeur tout sensible bat tellement fort qu'il s'apprête à sortir de sa poitrine. La main d'Hugo vient délicatement sur son épaule, faire glisser sur son bras la manche de son haut. Sa poitrine délicate se dénude. Julie rougit, mais ne dit rien. Elle sent les doigts d'Hugo effleurer ses clavicules, avant de descendre. Dans un souffle, elle détache ses lèvres des siennes pour murmurer :
- Euh Hugo... Je... je ne suis pas... prête à ça...
- Tu ne me fais pas confiance ?
Il s'écarte pour la regarder, les sourcils légèrement froncés.
- Si. Si bien sûr mais ce n'est pas une question de confiance, c'est juste moi qui...
- Tu ne me fais pas confiance !
Julie prend peur et remonte sa manche. Jaune s'emporte, se teinte d'un rouge, mais pas d'un rouge-amour. D'un rouge colère. Il a mal compris. Mal compris qu'elle a ses blessures et qu'il est dur pour elle de les surmonter. Mal compris qu'elle n'a pas confiance en elle, pas en lui. Ya t-'il forcément besoin d'avoir confiance en soi pour faire confiance aux autres ?
- Julie, je ne peux pas continuer avec toi si tu n'as pas confiance en moi.
- Mais j'ai confiance en toi !
Sa voix fuse, elle aimerait se justifier mais ne trouve pas quoi dire.
- Alors prouve-le. Mets toi nue. Là, maintenant devant moi.
- Hein ?! Ça va pas la tête, t'es malade !?
- Prouve moi que tu me fais confiance, sinon, on arrête tout là et je ne reviens plus jamais.
- Je... non... je ne peux pas.
- Alors adieu. Tu n'as pas su me le prouver. Ce fut un plaisir, mais c'en est fini.
Hugo se dirige vers la porte, il part. Le bonheur de Julie fuit. Il s'en va, lui échappe. Et c'est sa faute. Elle n'a pas su. Pas su faire un effort pour avoir confiance en Hugo. Jaune, sa chaleur quotidienne, son soleil, sa pépite.
- A, attends ! S'il te plaît, ne pars pas. Je vais le faire.
Hugo se retourne, un sourire sur les lèvres. Il s'asseoit et Julie se dévête. Une main pour cacher sa poitrine, son corps nu dévoilé à son regard, elle baisse les yeux, n'ose même pas regarder Hugo, et silencieuse, une larme roule sur sa joue. Comment est-ce qu'elle a fait pour en arriver là ? Elle l'a fait pour lui. Parce que le perdre serait trop douloureux. Ses blessures ont failli se rouvrir. Saigner, la brûler. Alors elle a évité ça. Mais sa mise à nu fait mal, elle aussi. Elle n'était pas prête. Mais elle n'avait pas le choix.
- Tu es belle, j'adore. Regarde moi. sèche ces larmes. Tu vois, ce n'est pas si terrible. Maintenant je peux te croire. C'est ce dont j'avais besoin. Je t'aime tu sais, je fais ça pour notre bien. Une relation ne peut pas fonctionner sans confiance.
Jaune rayonnant.
Noir mis à nu.