- Julie, tu as reçu une lettre ! annonce Hugo.
Julie regarde son sourire rayonnant. Elle saisit la lettre et l'ouvre. C'est Misa.
"Bonjour Julie,
Si j'ai accepté d'échanger avec toi, c'est pour mettre quelques points au clair.
Tu dois t'en douter, mais je ne suis pas sûre que tu sois la bienvenue parmi nous. Clélia et moi ne sommes pas le genre d'amies à accepter tout le monde, disons que seules quelques personnes restreintes comptent dans notre cercle. Ce qu'il se passe entre Hugo et toi ne nous regarde pas, cependant sache que je sera toujours là à veiller sur lui, et qu'entre l'amitié et l'amour, il choisira l'amitié. Tu en fais ce que tu veux.
Ces quelques mots pour te mettre en garde ne se veulent bien sûr pas méchants, le bien être d'Hugo passe avant tout, et je pense que tu peux le comprendre.
Je vous souhaite d'être heureux malgré vos différences,
Misa."
Le sourire de Julie s'affaisse. Blanc. Froid. Misa est froide et autoritaire. Et Julie n'aime pas ça du tout. C'est sans doute un malentendu... sa lettre a elle se voulait pacifique. Elle plie le morceau de papier dans sa poche. Elle relira plus tard. Hugo arrive, jaune joyeux, fidèle à d'habitude.
- Alors ?
- Elle est... sympa. Je ne l'imaginais pas comme ça mais je comprends que tu la respectes autant.
Bon, ce mensonge, il a lieu d'être. C'était sûrement Julie qui s'est trompée d'interprétation. Après tout Misa a dit qu'elle souhaitait qu'ils soient heureux...
Julie a le ventre un peu retourné. Rien n'est plus clair. Misa ne l’accepte pas, comme avait prédit Hugo. C'est sa faute, elle n'aurait pas dû insister pour la connaître. Hugo ne se doute de rien. Tant mieux. Julie ne veut pas avoir à lui expliquer. Ne pas le décevoir. Alors elle se laisse entraîner par cette chaleur jaune. Leurs mains se joignent, leurs regards, aussi. Hugo dépose un baiser sur son front, puis la guide à travers la petite cabane. Tout au fond, il y a une porte. Julie dépose une main sur la poignée de métal. Derrière la porte, il y a un jardin. Vert. Des tons de orange, de rouge, de jaune, un joli mélo de couleurs et de fleurs. Julie n'en croit pas ses yeux. Dans un coin, il y a un grand hamac tressé. Jaune et noir s'avancent et s'y assoient, Hugo prend Julie dans ses bras.
- Tu vois ce jardin ? C'est une nouvelle contrée rien qu'à nous. La colline, c'est notre refuge, et plus on s'y retrouve, plus elle nous montre des espaces qu'on avait pas vus avant. Cette bulle s'agrandit en même temps que notre relation. Il y a encore tellement de choses que j'aimerais découvrir avec toi.
- Je trouve ça fantastique...
Julie ferme les paupières. Elle est en sécurité. C'est comme un rêve, un concon de bonheur dans lequel elle se serait assoupie. Elle espère de toutes ses forces, Julie. Elle espère ne jamais se réveiller...
Une chaleur vient étreindre ses lèvres. Douce, pulpeuse. Les lèvres d'Hugo sur les siennes. Ses yeux s'ouvrent par surprise. Il est tellement proche d'elle, à quelques centimères à peine. Julie répond à son baiser. Elle n'avait jamais fait ça. Un goût un peu sucré, une sensation étrangère dans le ventre... rouge-amour est de retour.
Leur baiser se termine, jaune et noir restent blottis l'un contre l'autre sans bouger. Julie s'endort, plonge dans des rêves encore plus profonds, peuplés des yeux noisette d'Hugo, de sa tendresse et de leur petite cabane secrète en haut de la colline. Misa et son rejet balayés. Sa tristesse balayée. Noir balayé.
Noir relayé par jaune.