Note 1

Par Clem

   Ça a été une journée épuisante. Notre corps n’est pas fait pour nous permettre de courir dans le désert en plein soleil. Mais je suis content de ma prise. Alors rien n’a été perdu.

   Mes parents m’attendent à la porte Sud du village. Ils sont ravis de me voir rentrer victorieux, et surtout en un seul morceau. Je leur donne la tête du ver des sables. Ils sont trop vieux pour chasser de telles proies, et la tête leur fournira à manger pour les cinq prochains jours au moins. Ils acceptent mon offre avec des visages rayonnants, et me remercient mille fois pour ma gentillesse tout en s'excusant encore de n’avoir rien à m’offrir en retour. Comme à l’accoutumée, je leur réponds que ce n’était pas grave. Je leur propose d’aller boire un verre, mais ils refusent. Ils refusent toujours d’entrer dans le village. Mon père me glisse alors un mot sur l’importance de ma majorité, ce qui sous-entend bien sûr : quand est-ce que je leur présente une femme pour me marier. Cela faisait un an qu’ils me demandaient ça à chaque fois qu’on se voyait. Et comme à chaque fois, j’ignore la question. Je ne veux pas en parler.

   Ils partent après m’avoir embrassé sur les deux joues. Je les regarde s’éloigner, de la poussière se soulève à chacun de leurs pas au fur et à mesure qu’ils disparaissent dans l’horizon. Je tourne les talons en direction du village. L’ambiance est toujours à la fête. Je ne sais pas comment mes semblables font pour supporter une atmosphère si étouffante. Les gens se pressent les uns sur les autres, ils parlent bien trop fort, souvent pour ne rien dire… Malgré ma taille imposante, je me faufile à travers la foule. Une fois arrivé chez moi, je claque la porte avant de m’écrouler sur la banquette rembourrée à droite de l’entrée. Les bruits de l’extérieur sont à peine atténués, mais au moins des murs solides me protègent de la foule. 

   Je finis par m’endormir en fixant les rainures du bois au plafond.

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