| Nous irons au bois |
Pétrifiée, Bobbie mis quelques secondes avant de choisir de fuir plutôt que de contempler un potentiel danger comme une sotte. Elle baissa les yeux, se forçant à oublier qu'un démon se trouvait quatre bons mètres au-dessus d'elle et que le moindre geste précipité brusquerait sa perte. Soulevant encore un peu plus haut sa lanterne, elle tira sur ses muscles sans se plaindre. La bougie… ne pas se priver de la bougie si elle pouvait lui être d'une quelconque utilité. Peut-être son message, sa couleur, lui permettrait de se carapater avant que le démon ne passe outre son message de paix ? Sur la pointe des pieds, Bo se mit à trotter, le dos droit comme si on y avait sanglé un tuteur.
Faire autant attention aux apparences s’avérait fatiguant, mais si cela lui permettait de ne pas avoir une âme plus que lunatique collée aux basques, il fallait l’endurer. Un spasme lui secoua les épaules et Bobbie enfonça un peu plus la tête dans son écharpe. Un démon à Edhyues, un démon ! Tobias lui répétait tout le temps que c'était impossible, que lui-même n'en avait jamais vu de sa vie. Il pouvait toujours parler.
Les démons, pour les passeurs, n'avaient rien de biblique. Pas de paradis chez les traqueurs d'âmes et pas d'enfer non plus. Les êtres à cornes venus des tréfonds de la Terre afin de répandre le chaos dans leur sillage n’avaient pas de place dans leurs croyances. Une âme, c'était l'énergie d'un mort, un brin de sa conscience et une pincée de ses souvenirs ; une entité non palpable à laquelle le commun du monde était insensible. Mais un démon, c'était une masse d'âmes. Un brouillon de pensées et de vécus ; des énergies en magma qui fusionnaient pour ne donner plus qu'un seul et unique être.
Le démon ne portait pas son nom pour faire joli et les chasseurs d'âmes étaient formés tout spécialement pour prévenir ces menaces qui échappaient aux lois de la nature. Si une simple âme errante jouait sur les nerfs de Bobbie, un amas d'esprits avait de quoi l'empêcher de dormir.
Les démons étaient rares et leur puissance toute singulière. Le démon pouvait choisir d’être vu. Le démon possédait sa propre image. Un fantôme avec un visage, ça ne trompait pas, pour Bobbie. Ces entités possédaient la capacité d'agir directement sur le monde du palpable et trop rares étaient les récits contant les aventures d’un démon doté de sens moral. Il n'était pas question d’instinct particulier qui incombait seulement aux passeurs en mission ; tout être vivant pouvait subir les attaques de ces anomalies aux volontés changeantes. Bobbie n’avait pas le niveau pour s’y frotter.
Au bout de quinze pas soigneusement comptés, Bo ralentit la cadence, bien que persuadée de ne pas être tirée d'affaire. Elle écartait les branches sur son passage avec raideur, traînait avec force ses bottes prises dans les ronces et les fougères. Sa lanterne se balançait à ses côtés sans qu’elle ne s'en soucie tandis qu'elle respirait comme une joggeuse mal entraînée tout en cherchant son chemin. Bobbie avançait à l'aveuglette, à tâtons, les bras tendus pour se protéger la figure. Et malgré le bruit de sa fuite, elle réussit à percevoir du mouvement tout près d'elle. Bo sursauta et fonça tête baissée plus en avant encore. Le démon l'avait peut-être rattrapée.
Elle fourra rapidement une main dans son sac à la recherche de la bourse de cuir et de la dambrédor et rabattit la capuche de son sweat-shirt sur sa tête. Elle cherchait, en vain, un moyen de se protéger et se cogna à son lampion dans la précipitation. Étourdie par la collision et la lueur trop vive de la bougie sur ses rétines, Bo percuta un arbre et, suite au rebond, s'écroula contre quelque chose de plus mou. Au milieu des points violets qui dansaient devant ses yeux, elle crut percevoir deux jambes, sur lesquelles elle était avachie. Il lui parut s’écouler une éternité et pourtant Bo ne perdit pas de temps ; elle hurla, d’un drôle de cri étranglé où perçait l’envie de décamper.
— Bobb... entendit-elle entre deux battements dans ses oreilles.
C’est à ce moment là qu’elle décida de lancer sa poignée de poudre sur l’ennemi et que son regard rencontra celui, charbon, de Tobias. Son cri mourut dans sa gorge.
— Putain…
— Un démon ! glapit-elle sans prévenir.
— Mais non, fit Tobias en crachant des paillettes, c'est moi.
— Là-bas, un démon ! recommença-t-elle en pointant les éboulis du doigt, un peu au hasard.
— T'es sérieuse, là ?
Bobbie se releva en s’aidant de la manche de son ami qui, lui, cherchait à se débarrasser de la poudre sur ses cils et cheveux. Elle ne chercha pas à comprendre comment il avait pu la retrouver au milieu de cette forêt ; sûrement le violet de sa bougie l'avait guidé à travers les arbres. Bo ne remarqua pas non plus que celle de Tobias était éteinte, ni qu'il se trouvait dans un aussi sale état qu'elle, boueux jusqu'aux genoux. Sauf que lui ne portait pas de bottes et que ses baskets d'ordinaire rouges, ce soir, faisaient vraiment la tête.
— T'as aperçu quelque chose ?
— Tobias, y'avait quelqu'un sur cette falaise.
Soucieux, il sonda les environs comme il put au milieu des toux que provoquait la dambrédor coincée dans sa gorge. Tobias était de nature très peu expressive et Bo ne parvint à repérer que quelques rares plis d’inquiétude onduler sur son front. Ce qui pourtant augmenta la sienne. Penaude, elle lui débarrassa les épaules d’un peu de poudre.
— J’verrais mal un promeneur nous tomber dessus en plein bois à cette heure-là, avoua l'adolescent. Mais je ne sens rien d'assez fort pour trahir la présence d'un démon, Bo.
— Mais…
Elle se retourna sur le reste de la forêt, trop noir pour lui laisser voir quoi que ce soit à plus de quelques mètres.
— Je te jure. J'ai pas rêvé.
— C'était peut-être une âme, fit-il en cherchant à la débarrasser des éclaboussures de boue sur ses joues. Y’a que ça dehors ce soir. J’ai pas pu passer te prendre, d’ailleurs. Désolé.
— Ce truc avait des yeux, des yeux ! souligna-t-elle sans écouter alors que son cerveau refusait de changer de sujet. Tu sais que c’est pas possible. Tu sais que chez moi ça marche pas comme ça.
Mais Bo, elle aussi sondant l’air, se rendait compte qu’aucune présence alarmante n'était percevable alentour. Son flair était certes moins aiguisé que celui de Tobias mais elle pouvait se faire confiance en ce qui concernait les démons. Ce n’était pas le genre de choses qui passait inaperçue, même pour les novices, et si Bobbie y avait fait attention plus tôt, sûrement aurait-elle remarqué qu'elle se trompait.
Cependant, s'ils n'avaient pas affaire à un démon – et elle se sentait bien bête à présent – Bo refusait de croire à une hallucination. Quelqu'un se trouvait dans le bois, avec eux.
— On va aller vérifier, proposa Tobias, pensant bien agir.
— T’es fou ! Si c'est un démon, on s'en va. Et s'il y a quelqu'un… Vaut mieux pas qu'il nous suive. Allez, viens.
— Dis, t'es bien autoritaire. Reprends ton souffle et laisse-moi faire, OK ?
— Tobias…
Avant qu'elle ne puisse l'en dissuader, le portable que Bobbie gardait toujours dans sa poche arrière se mit à sonner et les deux adolescents sursautèrent en cœur en serrant les lèvres pour ne pas crier. Tobias, parce qu'il n'était définitivement pas du genre démonstratif, et Bobbie, parce qu'elle reconnut à temps la sonnerie rythmée du téléphone de sa mère.
— Allô ?
Les larmes aux yeux, Bobbie tâchait de ne pas se laisser aller. S'il y en avait bien une qu'il ne fallait pas inquiéter, c'était sa mère. Mais Bo avait vécu trop d’événements en une seule soirée pour y parvenir avec brio. Une main sur la tête et les yeux braqués sur Tobias qui s'enfonçait entre les troncs avec une lampe de poche, elle essayait de reprendre consistance pour répondre à Molly qui commençait déjà à répéter son « Allô » de plus en plus fort.
— Oui maman, je t'entends.
— Ma chérie ! Ça va ? Tu en as encore pour longtemps ? Tu as trouvé Tobias ?
— Oui, oui-oui.
— Il va bien ?
— Oui.
— Le ciel se couvre encore, rentrez vite. Vous en avez pour combien de temps ?
— On y est presque, maman.
— Bien. Faites attention. Tu me raconteras à la maison. Tu n'as pas pris de parapluie, je suis sûre… Tu as une capuche, au moins ? Regarde bien où tu mets les pieds, hein.
— Si tu savais, maman.
— Comment ça ?
— Non, rien.
— Bobbie !
— Les trucs habituels, t’en fais pas.
— … Reviens vite !
— Oui, maman.
— Je t'aime, Bobinette.
Bobbie expira dans un rire nerveux. Avec sa mère au bout du fil, un démon qui n’en était pas un et Tobias qui revenait déjà vers elle, les choses s'amélioraient.
— Moi aussi.
Elle raccrocha après que sa mère lui ait rendu ses baisers, juste à temps pour que Tobias ne les entende pas. Il paraissait serein malgré la rudesse de ses mouvements et Bobbie commençait à comprendre qu'il avait sûrement froid dans sa tenue à moitié imbibée de boue.
— Alors ?
— J'ai rien vu, Bo.
— Quoi que ce soit, on va pas attendre que ça nous tombe dessus. On y va ? S'il te plaît…
Elle avait dans la voix ce petit air suppliant auquel son camarade ne put résister. Ramassant ses affaires restées au sol depuis sa collision avec Bobbie, Tobias s'autorisa un sourire rassurant tandis qu'il observait sa camarade s'enrouler dans son écharpe. Il lui demanda comment se portait sa mère pendant qu'ils reprenaient leur marche et, comme à son habitude, Bo lui répondit sans lui rendre la politesse. Elle ne savait même pas si Tobias avait des parents. Jamais il n'en parlait, même après une question, qu’il éludait. Mais l'adolescente comprenait que l'on puisse être attaché à l'idée d'une vie privée ; ce n'était pas non plus comme si elle se confiait beaucoup à ses amies. Megan le lui reprochait bien assez pour que Bobbie se formalise de l'attitude du jeune garçon.
Ils observèrent un nouvel instant de silence avant que Tobias s’inquiète de ne plus entendre Bo prononcer un mot.
— Ça va mieux ?
— Ouais, ouais, ça va, répondit-elle, encore un peu honteuse de sa méprise.
Ils s’enfonçaient dans la forêt sans un regard pour les âmes attirées par leur avancée. De plus en plus pressés d’en finir, ils maintenaient un rythme soutenu. Leurs retrouvailles chaotiques les avaient quelque peu secoués, agacés. La tension retombant, un vide inconfortable était en train de s’installer.
— Et l’école, ça va ? relança Tobias.
— On est pas obligé de parler des sujets qui fâchent, tu sais.
— Ouais…
C’était un peu raté pour entretenir la conversation. Le froid que Bo venait de jeter n’avait rien d’agréable, même pour deux loups solitaires de l’acabit de Tobias et Bobbie. Elle eut beau faire défiler les sujets de discussion dans sa tête, rien ne lui semblait assez bon pour retrouver le fil. Elle se réfugia alors vers des questions plus impersonnelles, s’inquiétant notamment des réserves d’audelune du garçon ; Bobbie se souvenait avec retard qu’elle n’en aurait pas assez pour se délester de l’âme de Mme Thornton.
*
Le mégalithe vers lequel ils se dirigeaient était inconnu du grand public. À vrai dire, il n’était pas très impressionnant. Une pierre levée à demi ensevelie sous des éboulis, accompagné d’une large roche en faible cuvette ; c’était cette dernière qui intéressait surtout Tobias et Bobbie.
— Donne-moi ta gourde, on va la finir, intima Tobias.
S’exécutant, Bobbie extirpa également son œcalice de sa besace en prévision de ce qui allait suivre. Pour un rituel de passage, il n’y avait pas besoin de faire long ou sophistiqué. Pourvu que l’on ait les bons outils, n’importe qui pouvait le pratiquer. La nature faisait le reste.
Sur la pierre plate, Tobias renversa les deux gourdes d’audelune par dessus les traces d’une de ses précédentes interventions. Molly racontait souvent à sa fille que lorsqu’elle était elle-même en initiation, elle se contentait de faire une flaque avant de passer à l’étape suivante. Bobbie, elle, préférait tracer un cercle avec l’eau ; la symbolique l’amusait. Quant à Tobias, il poussait la lubie jusqu’à dessiner des cibles, emmêlant des ronds et des croix.
L’audelune – une eau de pluie que l’on ne récupérait que quand la lune était pleine – exerçait un magnétisme fort sur les énergies résiduelles. On s’en servait comme base de tout rituel à laquelle on ajoutait de la dambrédor en guise de catalyseur, qui permettait d’ouvrir des brêches. D’ouvrir la porte. Le troisième et dernier élément qui entrait en jeu pour que les chances de réussite soient optimales était le lieu choisi pour procéder au passage ; c’était là que les dolmens, les tumulus ou les cairns avaient leur importance. Parce qu’ils marquaient des sites funèbres et des lieux où la mort était célébrée. Des endroits vibrant d’une activité plus vieille que l’ordre des passeurs lui-même ; des chemins que bon nombre d’âmes avaient déjà empruntés avant que l’on ne vienne y déverser le contenu des œcalices. Ici, les esprits savaient se repérer.
— C’est prêt.
— J’arrive.
De part et d’autre du rocher mais ne se faisant pas face, Tobias et Bobbie empoignaient leurs œufs dorés, beaucoup trop concentrés pour des jeunes de leur âge. Presque en même temps – ce n’était pas important – ils pianotèrent leur combinaison personnelle sur les pistons des œcalices et les ouvrirent, évitant de regarder dans celui du camarade. L’espace d’un cillement, la lumière dans le bois devint aveuglante avant que les orbes lumineux ne se reforment et rétrécissent. Un entre les mains de Tobias, l’autre devant le nez de Bobbie. La suite ne dépendait plus des adolescents ; les âmes trouvaient leur chemin toutes seules. Elles dansèrent un moment au dessus de l’audelune, jaugeant peut-être s’il fallait qu’elles cèdent à la tentation, avant d’y plonger et de disparaître en éblouissant une dernière fois Tobias et Bo.
Était-ce la fin du voyage ; n’était-ce que le commencement ? Les jeunes passeurs ne connaîtraient pas la réponse avant, il fallait le leur souhaiter, bien des années.
*
— Alors ça…
— Je t’avais dit qu’il y avait quelqu’un, baragouina Bobbie, déçue de ne pas s’être trompée.
Les deux amis avaient rebroussé chemin ; Bobbie, parce qu’elle devait rentrer chez elle, et Tobias, parce qu’il devait repartir en chasse. La falaise était désormais derrière eux, grimpée dans l’autre sens, et, les fesses en l’air, ils observaient de drôles de traces de pas au milieu d’un discret chemin caché par les branches mortes. On y discernait très nettement celles de Bobbie mais aussi celles d’un inconnu qui suivait de près ses déplacements. Elle en eut des frissons.
— Depuis combien de temps…
— N’y pense pas, fit trop rudement Tobias.
Maladroitement, il essayait de la rassurer. Lui-même ne faisait pourtant pas le fier.
— Tu as dû lui faire peur tout à l’heure, quand tu l’as repéré. Il est sûrement loin, les traces repartent.
— On est grillé ? Tu crois qu’on a tout gâché ?
— Ça va aller Bobbie, panique pas. De toute façon, t’as fait quoi ? Tu t’es promenée dans les bois à pas d’heure, et voila. Y’a rien à raconter. Je vais te raccompagner. Et je pense qu’on devrait quand même en parler à ta mère, parce que qui sait ce qu’il te voulait, celui-là.
— … Merci, vraiment, je me sens mieux.
— Chuis sûr que t’as pas eu besoin de moi pour y penser, se dépénalisa Tobias.
Beaucoup plus paniquée à l’idée de savoir un être de chair et de sang dans le bois plutôt que la ribambelle d’esprits aux aboies, Bobbie ne pouvait s’empêcher de surveiller ses arrières tous les trois pas, gardant les poings fermés juste au cas où il faudrait frapper. Tobias non plus ne traînait pas. C’était bien la première fois qu’ils avaient à faire à ce cas de figure et ils ne savaient trop comment réagir. Ils déboulèrent en ville bien plus vite que prévu et sans avoir pris le temps d’intercepter un esprit vagabond. Pour se rassurer, ils défilèrent dans les rues les mieux éclairées. Leurs pas boueux étaient à moitié étouffés sur les trottoirs pendant que le crépitement d’une pluie naissante finissait de couvrir leur marche.
Tobias n’avait jamais mis le nez chez Bobbie, refusant de s’imposer après avoir sonné. Seulement ce soir, alors qu’ils se pressaient tout alertés, le scénario allait peut-être changer et ce n’était pas pour déplaire à Bo.
— On aurait peut-être dû téléphoner, réalisa-t-elle en attrapant le portable dans sa poche arrière.
Mais il restait si peu de ruelles à traverser, encore, qu’elle se résolut à abandonner l’idée. Molly, de toute façon, n’aurait fait que paniquer à l’autre bout du fil.
Quand la maison fut enfin en vue, Bobbie et Tobias freinèrent sensiblement l’allure, savourant l’apaisement un très court instant. Il y avait une ombre sous le porche ; le genre d’ombre qui n’avait rien à faire là quand le ciel était déjà noir et que le monde s’enfermait derrière des volets clos. S’immobilisant complètement, les deux compères hésitaient manifestement sur la marche à suivre tandis que la silhouette se décollait du mur sans pour autant venir à leur rencontre. D’un geste, elle leur signifiait que c’était à eux de faire le reste du chemin. Ni Bobbie ni Tobias ne bougèrent, cependant.
— Hey, Davis ! appela alors, relativement bas, le garçon sous le porche.
Un ange passa, puis un second. Les informations mirent une éternité à se démêler dans la mémoire de Bobbie tandis que Tobias tirait sur la bretelle de son sac pour, ou obtenir des détails, ou leur faire rebrousser chemin. Cette voix nasillarde, Bobbie l’avait déjà entendu plus tôt dans la journée.
— C’est pas vrai…
— C’est qui celui-là ? questionna Tobias en emboîtant le pas à Bobbie qui paraissait beaucoup moins sur ses gardes.
— … Je peux savoir ce que tu fais ici ?
— Je t’attends, répondit innocemment Randall.
Tous trois se toisèrent avec plus ou moins de méfiance. Tobias, notamment, observait Randall en chien de faïence.
— Depuis quand tu sais où j’habite ?
— À cette heure ? surenchérit Tobias.
Mais Randall ne l’écoutait pas et se contenta de hausser les épaules en se tournant vers la seule fille du groupe.
— Bah… C’est l’endroit le plus logique pour te retrouver.
— … Oui. D’accord, mais…
— Comment tu sais où elle habite ? coupa une dernière fois Tobias à qui décidément personne ne voulait répondre.
Le silence retomba, plein d’impatience. Randall n’avait pas l’air d’humeur à leur mâcher le travail mais Bobbie n’était pas non plus en condition pour jouer aux devinettes indéfiniment. Il abdiqua à contre cœur en voyant qu’elle restait obstinément fermée à ses tentatives d’humour.
— T’es tellement longue à la détente, Davis, reprit-il avec un sourire chafouin.
Randy frappa alors dans un sac posé contre le mur et Tobias et Bobbie eurent une belle surprise en baissant le regard. Aux pieds crottés de Randall reposaient un barda ainsi qu’une lanterne de facture ancienne. Le type de lanterne que les adolescents connaissaient très bien.
— Tu m’avais pas dit, souffla Tobias.
— … J’en savais rien, bafouilla Bobbie.
Ils restèrent les bras ballants sous la pluie de plus en plus forte sans oser relever les yeux.
— Ça change beaucoup de choses, énonça Tobias sans grande émotion.
— Ça change tout, acquiesça-t-elle.
Il ne fallait pas être un crack pour en conclure que leur nouveau camarade partageait avec eux bien plus que le goût des randonnées nocturnes ; pour deviner qu’ils allaient être amené à se revoir très vite, et sans doute fréquemment. Pris au dépourvu, Tobias et Bobbie en étaient encore à se demander si cela leur plaisait vraiment.
J'avais lu ton texte il y a quelque temps en arrière, sans arriver au bout : je crois que le dernier chapitre n'était pas encore disponible à ce moment-là. Mais je suis contente d'avoir pu enfin m'y remettre !
Comme d'autres, je fais partie des déçus de savoir qu'il n'y aura pas de suite (du moins pas une suite directe) à cette histoire. J'ai lu que cette réaction t'avait fait plusieurs fois hésiter à retirer ton texte mais ce serait tellement dommage ! Si les lecteurs ressentent de la déception, c'est qu'ils se sont attachés à ton univers et à tes personnages : parvenir à ça en à peine quatre chapitres, je trouve que c'est plutôt génial si on y réfléchit, non ? En tout cas, je te tire mon chapeau !
C'est vrai que cette fin est ouverte et laisse présager quelque chose de plus grand. On assiste à la création d'un lien entre Bobbie, Thobias et Randall et on aurait envie d'en voir plus, de découvrir comment cette collaboration va se mettre en place, leur première "mission" ensemble, etc.
Mais tu as décidé de ne pas nous montrer tout ça. Et, au fond, on peut tout aussi bien l'imaginer et ce n'est pas si mal ;)
A l'époque où j'étais passée, je crois que je t'avais déjà dit que le matériel, le statut, les rituels et autres laissaient entrevoir un univers plus large. Et, si j'ai bien compris, tu comptes y revenir un jour ?
En tout cas, c'est avec grand plaisir que je t'y retrouverai ! Merci pour ce joli texte !
Fin toute aussi géniale que le reste, cependant ! Je ne sais pas trop quoi dire de plus, sinon que l'effet de ta plume, ce petit monde que tu retranscrit est bien présent, et v'est merveilleux <3
Quelle surprise aussi pour Randall, je l'avais pas vu venir ! x) Et puis Bo et Tobias sont super attachants, j'ai pas envie de les quitter ! En fait, j'ai presque l'impression que l'histoire continue, mais dans l'esprit de chacun. C'est là, comme une belle image fraîche (avec odeur d'humus retrouné en supplément), qui se met à bouger de temps en temps, ça donne quelque chose d'hyper précieux.(du coup, en fait, c'est beau qu'elle soit courte cette histoire, même si on est jamais contre une petite suite hein :D) (je rigole Beuleytte, c'est toi le maîytre)
Oh et j'ai oublié de te dire que les noms de chapitres sont trop cools :D Je fonds d'amour de manière continue !
Voilà, j'ai envie de vous faire des câlins, à toi, Bobbie, Tobias et même Randall <3 C'était super !
Mais c'est le début d'un nouveau truc hein ? On sent la fine équipe à la fin ! (moi-même je l'avais pas sentit venir)
La preuve que ton texte, même court, était marquant : je n'ai pas eu à relire les chapitres d'avant pour m'y remettre. En un paragraphe je me souvenais de Bobbie, de son école, de Tobias, de son matos de Passeuse... A la lecture de ce dernier chapitre j'ai retrouvé tout ce qui m'avait marqué en découvrant ton texte et ta plume : la douceur du personnage de Bobbie, son adorable relation avec sa maman, la richesse de ton imagination <3
J'ai vraiment vraiment très beaucoup aimé et je te félicite une fois de plus d'avoir repris ce chapitre et mené cette histoire à terme !
C'est une univers qui te ressemble toutafé je trouve, et qui est très attirant pour la lectrice que je suis : j'en redemande déjà ! C'était super <3
Tobias a, quand même, la classe incarnée (Randy aussi). Une fine équipe te dis-je<3
Encore bravo !
Dans l’optique où tu voudrais la reprendre un jour, j’ai une remarque de fond sur l’âge des personnages et leur liberté d’action : d’abord ils me semblent tous bien mûrs pour leur âge que ce soit Bo ou Tobias. Un ou deux ans de plus n’aurait pas été choquant. Ensuite, et ça rejoint le premier point, je trouve qu’ils ont des parents bien insouciants pour les laisser aller en pleine nuit en forêt. Surtout considérant que Molly elle-même connait les dangers des « fantômes » qui trainent (et il peut y avoir aussi des humains mal intentionnés…). Ca mériterait quelques explications au moins pour rendre le tout plus crédible.
En tout cas, bravo pour cette histoire et pour l’avoir terminé !
Quelques détails :
s'ils n'avaient pas à faire : affaire
Megan le lui reprochait bien assez pour que Bobbie ne se formalise de l'attitude du jeune garçon. : ne se formalise pas…
qu’elle se résolue à abandonner l’idée. : résolut
de plus ne plus forte : en
Bo qui a peur, qui pointe les éboulis au hasard, haha, j’ai trouvé ça amusant. Et j’ai adoré tous les dialogues avec Tobias. On sent Bo toute nerveuse, puis comme un peu honteuse de s’être trompée, mais en même temps soulagée. Et la conversation avec sa mère, aussi, j’ai bien aimé ! Ça faisait naturel. Encore une fois, j'ai senti Bo très humaine.
La scène où Bo et Tobias regardent les traces de pas aussi, ça m’a plu, j'avais vraiment une image dans ma tête. Et l’arrivée de Randall à la fin, je l’attendais pas du tout, celle-là ! Vraiment, j’ai adoré, bravo !
Je suis déçue d’avoir terminé. Il faudrait que je commence la Fiesta sous les Mottes, j’adore le titre, je n’y comprends rien.
Ah et au fait les titres des chapitres sont amusants.
Détails :
« Pétrifiée, Bobbie mis quelques secondes avant de choisir » : mit
« Ce n’était pas le genre de choses qui passait inaperçue » : inaperçu ?
« pour deviner qu’ils allaient être amené à se revoir très vite » : amenés
P.S. : j’aurais dû attendre d’être moins fatiguée avant de lire ton chapitre 3, j’avais du mal à me concentrer à cause de ça.
Des bisous Ethel ! ♥
Le pire, je crois, c'est d'apprendre que t'as fini en me balandant au hasard sur FPA. Non, ça va finir par devenir vexant, la Beulette ! J'étais même pas au courant que t'avais remis le nez dedans, encore moins que tu l'avais bouclée, cette belle histoire v.v
Bon, forcément, je crois qu'il m'a manqué des choses x'D mais l'avantage c'est que c'est court et que ça se boit (lit) comme du petit lait, alors je compte bien tout me refaire sous peu, et ainsi apprécier cette fin à sa juste valeur.
En tout cas ça m'a fait un immense plaisir de retrouver Bo, et ta plume. Comparaison ou non avec les premiers chapitres (qui m'avaient aussi totalement charmée à l'époque) t'as vraiment un style qui me parle. Je sais, je radote systématiquement, mais comme je les déguste, tes chapitres, par petites touches, c'est une éternelle redécouverte. Et une chouette redécouverte. J'ai avalé ce chapitre presque sans m'en apercevoir, c'est un bonheur d'être dans les chaussures boueuses de Bobbie <3
Aaah et ce Randall ! Rien qu'en voyant son nom apparaître, pleins de choses me sont revenues ! Et ça, non, je m'y attendais pas, tiens xD Le trio de choc ! Je suis sûre qu'ils vont finir par sympathiser (de toute façon il en pince pour Bobbie, c'est évident rien qu'ici. Non ? Non, alleeeez !) et qu'ils vivront encore de trépidantes aventures (quoiqu'un peu inquiétantes parfois x'D) avec les âmes !
C'était une petite histoire pleine de magie et de jolies images, Beulette. Je suis vraiment très heureuse que tu lui aies donné une fin, elle le méritait <3 Et toi aussi, pour avoir la satisfaction et la fierté d'avoir mené ce projet à bout !
Ziblove.
Danette.
J'ai lu ton histoire dans le cadre du concour ruban et j'ai trouvé ça très cool. L'ambiance est bonne et le personnage très atatchant.
Les histoires de "passeur" foisonnent mais ton histoirerend ta version poétique et attachante. Le fait que les esprits soient des hommes en costume me parait très intéressant. Surtout après avoir lu que tu étais un "garçon perdu" dans ta présentation. Il y a toujours plein de petites choses de nous-même que l'on glisse dans nos texte et dans ce cas précis, ces hommes sans visages me paraissent intéressants et touchants.
Le seul bémol peut-être: L'histoire est un peu courte à mon goût, on aimerait en savoir un peu plus. Mais j'ai lu quelque part que c'était l'idée de potentiellement faire quelque chose de plus gros avec cette idée de départ.
En tout cas merci pour ce bon moment de lecture :) et à bientôt!
GueuleDeLoup